- AVRIL 2022 -
 
     
 


 

Un portrait d’Anouar El-Sadate

Des personnalités de la trempe de feu le président égyptien Anouar El-Sadate ne peuvent pas être autrement que complexes. Et c’est cela qui les rends intéressants. Mais qui était au juste Sadate ? Pour démêler le tout et arriver au plus près de la psychologie de sa personne voici que deux de nos compatriotes Sami Aoun bien connu dans nos médias et Gilles Vandal tous deux issus de l’Université de Sherbrooke, tentent d’apporter une réponse dans cet essai en forme de biographie politique Anouar El-Sadate chef de guerre devenu homme de paix ? On voit ses débuts dans la vie militaire, fidèle de Nasser qui forcera l’abdication du roi Farouk jusqu’à son ouverture à une paix négociée avec Israël et sa fin tragique que l’on connaît. Ce portrait permet de se forger une idée de cette grande figure honnie par le monde arabe.
Anouar El-Sadate chef de guerre devenu homme de paix ? Sami Aoun et Gilles Vandal. Mardaga 253p.      www.editionsmardaga.com

 


 


Quand Dieu devient un supplément d’amour

Peut-être qu’il y en a qui ne seront pas d’accord avec l’idée de faire intervenir Dieu dans son quotidien, mais en tout cas la journaliste et chroniqueuse Brigitte Bédard témoigne de ce que la présence divine a apporté dans la vie de son couple dans son livre Je me suis laissé aimer…C’est une chrétienne pas plus catho que ça, mais qui a permis de faire de la place au Christ dans sa vie et elle a joué ainsi la carte gagnante. C’est un ouvrage de style cas vécu, où l’autodérision a une large place. Elle raconte comment cette spiritualité s’intègre dans sa vie de couple. C’est écrit avec une grande transparence et la sincérité du propos en touchera plusieurs et qui donnera peut-être le goût “d’essayer” Dieu. Pourquoi pas ?
Je me suis laissé aimer Brigitte Bédard. Novalis 278p.     www.novalis.ca

 


 

Un amour aux relents incestueux

Ce n’est pas à proprement parler une histoire d’amour incestueuse, mais Nos déchirures de Caroline Provost relate comment Justine Gagé est tombée follement dingue du fils du chum de sa mère, qui pourrait présenter en apparence la figure d’un nouveau petit frère. Il arrivera qu’elle sera “trahie” par cet Antoine, l’objet de toutes ses passions. Il lui faudra consulter pour tenter de s’en sortir. Mais comment arracher la flèche décochée par Cupidon, bien ancrée dans sa chair ? L’auteure a bien investi l’âme de l’infortunée amoureuse ce qui fait que ce roman vaut le détour. A placer au-dessus de sa pile d’achat de prochains livres. A recommander à ceux et celles qui se sentent concernées par les grandes affaires de coeur. L’écrivaine maîtrise aussi bien les phrases, sachant mettre dans l’ordre, le sujet, le verbe et son complément.
Nos déchirures Caroline Provost. Hauteville 446p.   www.editions-hauteville.fr

 


 


Des gangs de filles de l’ombre en Afghanistan

Quand on connaît le sort des femmes en Afghanistan aux mains des talibans, on ne peut qu’écarquiller les yeux devant le courage de plusieurs d’entre elles qui osent défier l’ordre établi. Comme celles issues de la Pill Force, un réseau clandestin qui distribue des pilules abortives auprès de malheureuses qui ont eu le tort d’avoir fait l’amour et qui tombent enceintes hors mariage. C’est ce dont raconte la correspondante Solène Chalvon-Fioriti qui bosse pour plusieurs médias français. Elle décrit ce qu’elle a vu dans La femme qui s’est éveillée. Des femmes qui n’ont pas froid aux yeux et qui n’acceptent pas le diktat des barbus. C’est un récit palpitant où on partage la crainte de ces rebelles qui risquent carrément leur vie à promouvoir une certaine liberté. Tout un documentaire qui défile sous nos yeux.
La femme qui s’est éveillée Solène Chalvon-Fioriti. Flammarion 278p.  

 


 


Le printemps érable donne naissance à un roman

C’était en 2012. Alors que les québécois sont des frileux congénitaux qui ne manifestent jamais ou si peu, voici que tout à coup des hordes d’étudiants sont descendus dans les rues pour protester contre les hausses des frais de scolarité. Ḑu 13 février au 7 septembre de cette année là, les étudiants ont défié les corps policiers, souvent de violentes façons. A cela s’est ajouté le bruit des casseroles venant d’un plus large public venu appuyer les revendications estudiantines. Le gouvernement Charest en a eu plein les épaules. On s’étonnait que cette page marquante de notre histoire n’ait pas donné lieu à un roman. Eh bien le voici et il est de bonne facture. La diversité des tactiques de Antonin Marquis donne naissance à des personnages qui vont faire l’expérience de cette contestation unique dans les annales. C’est très vibrant. C’aurait pu être un essai, mais le roman donne ici son supplément d’âme. L’auteur a été concerné au premier plan, car à cette époque il avait dû interrompre ses études de maîtrise en création littéraire à l’UQAM.
La diversité des tactiques Antonin Marquis. XYZ 345p.    www.editionsxyz.com

 


 


Un thriller 2.0

Le virtuel peut aussi devenir le terreau d’histoires d’horreurs, teintées d’homicides. Le bel exemple nous en est offert avec Killercatchers…go! dont l’auteure Nadia Savard sait jouer habilement avec les ingrédients qui font les bons romans policiers. Ici, le crime a un habillage très contemporain. Il était une fois à Brooklyn la découverte du corps d’une jeune femme trouvée dans son bain. Avec le corps marqué d’inquiétants messages tatoués. En marge de cette macabre découverte, vous avez deux hommes qui remportent le prix du jeu virtuel Killercatchers. Le maître d’oeuvre de ce jeu 2.0 se terre dans l’anonymat. Les lauréats tout heureux du prix qui est un voyage autour du monde n’ont pas idée de ce qui se dissimule derrière tout ça. Un limier, Vince Carter, a pour mission d’élucider cette sordide affaire de meurtre. La romancière a établi un pont entre le créateur du jeu et le signataire de l’homicide. Quel est le rapport ? Nous ne voulons pas bouder votre plaisir en vous dévoilant la fin. Ce serait trop facile. Allez à la découverte de ce polar dynamique comme tout.
Killercatchers…go!  Nadia Savard. Éditions de l’Apothéose 286p.    www.leseditionsdelapotheose.com

 


 


Un cas rare de rébellion contre la soumission juridique des femmes

Yvan Lamonde professeur émérite de l’Université McGill, est un spécialiste de Papineau et du rapport des américains au Québec au cours de l’Histoire.  Chercheur infatigable, il s’est intéressé au cas de Marie-Zoé-Aimée Renaud dans le cadre d’un procès pour séparation de corps contre son mari François-Xavier-Anselme Trudel. Nous sommes alors à la Cour supérieure de Montréal en 1880. Rappelons qu’à cette époque la femme n’avait aucune existence juridique et qu’il faudra attendre jusqu’à 1964 pour ce faire grâce aux efforts de la première femme députée au Québec Claire Kirkland-Casgrain. Auparavant on ne la considérait pas mieux comme une immature petite fille au terme de la loi. Cette Zoé-Aimée va faire figure d’exception dans son combat d’émancipation qui fait l’objet d’une plaquette passionnante sur le cadre ultramontain de l’époque. Inutile de mentionner que le combat de la femme fut présentée comme celui d’une folle. Un petit fait juridique mais lourd de messages.
Se soumettre de bon coeur à son mari Le combat d’une femme face à l’autoritarisme marital. Yvan Lamonde. Presses de l’Université Laval 110p.   www.pulaval.com

 


 


Polar, une clé USB inquiétante

Même si, a priori, c’est aux autorités policières que sont dévolues de résoudre des crimes, rien n’interdit à quiconque d’entreprendre sa propre enquête quand il est question d’élucider un meurtre. John Grisham qui est un familier des best-sellers depuis toujours, va confier à un libraire de trouver le coupable dans Le cas Nelson Kerr titre de sa dernière ponte. C’est que le libraire en question, Bruce Cable qui opère son commerce sur l’île de Camino, verra cette dernière frappée par un cyclone. Il y aura des victimes à la clé, dont un écrivain Nelson Kerr. On croit en premier qu’il a péri en raison du cyclone, mais il n’en est rien. Et puis, ce dernier était en possession d’une clé USB dans laquelle se trouve son dernier roman. Mais le contenu est quelque peu troublant. C’est en fait un ouvrage de dénonciations. Est-ce celà qui a causé sa perte ? Devenait-il à ce point gênant que l’on veuille sa perte ? Voilà les ingrédients qui constituent ce polar bien ficelé tel que nous a habitué Grisham.
Le cas Nelson Kerr John Grisham. JC Lattès 333p.     www.editions-jclattes.fr

 


 


L’âme japonaise

Au sortir de la lecture du roman époustouflant de Denis Thériault “Le samouraï à l’oeillet rouge” on ne peut que vérifier à quel point les codes sociaux sont complexes au Japon. Ici on voit se développer l’apprentissage littéraire du jeune Matsuo.  Dans ces pages, tout n’est que symbole.  On voit bien que l’auteur est tout à fait pénétré de cette culture qui l’enchante et qu’il nous partage. Comme pour tout ce qui est éducation en pays nippon, il y a une rigueur qui ne laisse place à aucune faiblesse. Par exemple, ces wakas, poèmes traditionnels, correspondent à des codes d’écriture stricts. Pour ceux qui aiment l’exotisme, c’est un buffet à volonté que nous sert le romancier. Le lecteur sort de cet ouvrage plus intelligent qu’il n’y est entré, ce qui est le plus beau compliment que l’on peut attribuer à ce livre.
Le samouraï à l’oeillet rouge. Denis Thériault. Leméac 283p.  

 


 


Carnet de bord d’une malencontreuse expédition Arctique

C’était en 1908.  Une autre expédition, nommée Ellesmere, part à la rencontre de cet immense territoire hostile qu’est l’Arctique. Hélas on ne revit plus l’équipage englouti par les glaces. Il faudra attendre de nos jours le pilote Yann Fourny qui a retrouvé le journal de bord d’un cartographe Erwin Inglefield. Il se trouvait à la base d’un petit empilement de pierres, tout à côté de la rivière James Creek. Quel trésor, qu’il nous offre à lire à la suite de quoi il commente. C’est le premier livre de son cru, et qu’elle réussite. Le gars est pilote ambulancier dans les communautés du Nunavut. Il connaît bien l’Arctique qu’il aime. Il rend bien dans ces pages, outre la transmission de son incunable, l’amour qu’il porte à cette contrée de glace, rebutante et fascinante à la fois. A ceux qui aiment le grand nord, vous êtes ici comme dans une bonbonnière. De notre côté on a adoré revivre les péripéties de cette expédition Ellesmere qui s’ajoutait à d’autres réussies et d’autres, non.
Dans la nuit de l’Arctique Yann Fourny. Leméac 323p.    

 


 


La mésadaptation d’un père colombien au Québec

Pour tout premier roman qui est en fait un récit,  l’entrée en littérature de Mali Navia n’aura pas été été le fait du syndrome de la page blanche. Car la novice a tout simplement puisé sur l’histoire familiale, dont l’implantation en terres étrangères sera une réussite ou un échec. La banalité d’un tir raconte les tribulations d’une famille colombienne exilée au Québec. Si pour l’ensemble de la famille ça se passe plutôt bien, pour le paternel ce n’est pas la même chanson. Et il se fait fort de clamer son ressenti. Tellement qu’à brûle-pourpoint il décidera de rentrer au pays en laissant les siens au Québec. Ça ne va pas bien se terminer pour lui. On ne vous en dit pas plus. C’est un beau texte où les émotions de tous les personnages sont bien répercutées. Ça promet pour le reste et cette Navia est à suivre.
La banalité d’un tir Mali Navia. Leméac 189p.  

 


 


De ne pas croire en Dieu

Pour les tenants d’une quelconque religion, il est inconcevable de ne pas croire en l’existence de Dieu. Et l’athée qui se proclame comme tel sera soumis par ses interlocuteurs à un interrogatoire serré.  Et pourtant qu’y a-t-il de mal à émettre des réserves sur l’existence potentielle ou non d’un créateur des mondes visibles et invisibles ? La Condition de l’Homme athée du philosophe Yvon Quiniou nous montre que l’athée ne forme pas un bloc monolithique. Il y a des nuances chez les uns et les autres. Et il prend appui pour sa démonstration avec le cas d’athées connu dans l’Histoire. Est-il possible de vivre un athéisme tranquille, voilà la question. Ce petit essai de réflexion est à recommander fortement à ceux qui ont la religion comme béquille de vie, et qui ne peuvent imaginer autre chose que ce à quoi ils croient.
La Condition de l’Homme athée  Yvon Quiniou. Le Temps des Cerises 94p.    www.letempsdescerises.net

 


 


Les échanges de Louis Dantin le critique littéraire au Québec des années 30

Louis Dantin un des douze pseudonymes de celui qui en réalité s’appelait Eugène Seers a eu un parcours hors norme dans le Québec des années 30 alors qu’il en était le critique littéraire en vue. D’abord membre de la Congrégation des Pères du Très-Saint Sacrement, il défroquera en raison de son inaptitude avec le voeu de chasteté. Typographe dans sa vie laïque, il s’exilera aux États-Unis où il finira sa vie professionnelle comme correcteur d’épreuves pour l’imprimerie de l’Université Harvard. Une universitaire Yvette Francoli créa un véritable tsunami en lui accordant la véritable paternité des poèmes d’Émile Nelligan. Le débat persiste. Bref, Louis Dantin ce bisexuel qui associa à l’érotisme féminin un certain mysticisme, ne mena pas une existence banale. Les Presses de l’Université Laval publie ses correspondances avec la jeunesse littéraire de son temps, qui a eu en commun d’être née au début de 1900. Ses destinataires sont Jovette Bernier, Robert Choquette, Alice Lemieux, Simone Routier, Éva Sénécal, ainsi que les éditeurs Albert Lévesque et Albert Pelletier. A lire ces lettres on n’a pas l’impression d’être dans la Grande Noirceur tant décrite de cette époque, tellement il y a de la vitalité littéraire. Chose certaine c’est infiniment mieux que la pauvreté de notre actuelle ère numérique. C’est tout un monde qui s’ouvre devant nous qui avait ceci de marquant que les correspondants avaient le désir de changer leur monde. On se rend compte aussi du degré de sacralisation de l’écriture qui était le lot de ces personnes engagées dans une société sous la coupe des soutanes.
La correspondance entre Louis Dantin et la jeunesse littéraire des années 1930. Établie par Stéphanie Bernier et Pierre Hébert. Les Presses de l’Université Laval 572p.       www.pulaval.com

 


 


Le coin de la poésie

Les éditions du Noroît nous gâtent avec deux recueils inspirants. Éloïse Demers Pinard nous arrive avec une démarche poétique singulière inspirée par une pathologie dont elle est atteinte. En effet, l’auteure a reçu un diagnostic du syndrome des ovaires polykystiques très menaçant pour la fertilité. Elle s’est entretenue par la suite avec onze femmes se trouvant dans la même situation. Et c’est la voix de toutes ces femmes qui résonnent par écrit dans C’est pourquoi meurent les jardins qui nous permet de prendre la mesure du rôle de la procréation dans la vie de la femme. Extrait “Ni fille ni mère. Parce que les filles disparaissent. Les filles cherchent leurs soeurs. Parce que les mères pleurent les filles, pleurent leur sort devant les tombes. “
Avec Emmanuelle Tremblay et Nous le lac c’est du costaud. Car on est dans la psychanalyse et la contemplation. Il y a des strophes coups de poing teintées au coin du plus grand réalisme. Et tantôt c’est planant. C’est un peu de sa condition humaine qui défile et aussi un peu de la nôtre. Voici comment elle attaque dès les premières lignes, qui donne la couleur “tu est l’onde première cette part de l’atome qui veut être du monde non pas la victime ni la splendeur ni rien qui ne soit en tout”.

 


 


Tout savoir sur le soleil

Il y a quelques années déjà, une éruption solaire d’une certaine intensité provoqua des perturbations sérieuses au réseau hydroélectrique du Québec. On a déjà dit qu’une seule éruption majeure rayerait de la carte tout nos systèmes de communication terrestre et énergétique, nous ramenant rien de moins qu’à une sorte de vie préhistorique! C’est pourquoi, cette étoile , car c’en est une, joue un tel rôle pour tout notre écosystème. Suivons le physicien solaire Frédéric Clette pour qui il n’a plus de secret, ou si peu. Il travaille à l’Osservatoire Royal de Belgique. Il produit un ouvrage de vulgarisation absolument fabuleux Le soleil et nous considéré comme la bible du sujet. C’est une entité quand même assez méconnue. Le scientifique nous en dévoile tous les secrets. C’est captivant au possible et c’est un euphémisme. Après lecture, on ne regardera plus le soleil de la même façon et on en appréciera que davantage les bienfaits.
Le soleil et nous Frédéric Clette. Favre 487p.    www.editionsfavre.com

 


 


Vivre selon nos convictions ou vivre ensemble ?

C’est le questionnement en toile de fond de cet essai de Micaël Bérubé “L’éthique qu’il nous faut”. Ce professeur qui enseigne la philosophie au Collège Montmorency fait appel aux penseurs de l’antiquité qui sont passés maîtres pour ce qui est de l’éthique qui fait l’objet de grands passages. Il est aussi question de vertu, du pourquoi de la liberté. Des bases de réflexion pour savoir comment arrimer ses idées à celles des autres et que cela ne vire pas au dialogue de sourds. Encore qu’à l’ère numérique où le narcissisme domine, ce livre vaut son pesant d’or, car nous nageons tellement dans l’individualisme au mépris du bien commun.
L’éthique qu’il nous faut Micaël Bérubé. Fides 286p.    www.groupefides.com

 


 


La croisière s’amuse mais pas tout à fait….

Voici un petit roman distrayant comme tout. Croisière paradis de Agnès Ruiz raconte les mésaventures (un malheur ne venant jamais seul) d’une québécoise partie travailler en Floride. Son patron, un asiatique, deviendra son amant. On le sait, à ne pas confondre. Il arriva ce qu’il devint arriver, le mec va planter là sa douce pour une autre. L’infortunée Romy, dans un premier temps ne saura trop que faire, perdre un amour c’est une chose, son boulot de surcroît, quelle engeance! Malgré tout, elle trouvera un job d’animatrice sur un bateau de croisière. Mais qui se trouve à bord ? Oui, vous l’avez deviné, le salopard de patron et sa nouvelle conquête. Que va faire notre “héroïne” en pareille circonstance ? Le reste vous verrez, serez un alignement des étoiles….C’est vraiment une histoire légère comme tout qui pourrait faire un bon petit film à popcorn, chez soi et sans masque….
Croisière paradis Agnès Ruiz. Goélette 269p.     www.goelette.ca

 


 


Enfin, un premier essai sur le plus grand tabou jamais mis au jour

Devinette. Quel est selon vous le sujet de discussion qui est le plus grand tabou. Le sexe ? Vous avez tout faux. C’est la remise en question de la procréation. Tentez seulement de glisser l’idée dans une conversation que l’on devrait cesser de faire des enfants pour remédier aux mots de la planète, et vous allez soulever aussitôt un concert de protestation. Nous sommes déjà trop sur cette planète qui étouffe. Et de constater que même dans la misère la plus infâme comme à Port-au-Prince, des femmes font des fournées de cinq enfants ou huit comme dans les bidonvilles de Manille. Les religions sont pour beaucoup dans cette frénésie d’engendrer coûte que coûte. Et pourtant il faut regarder ça froidement. Mettre un stop à l’enfantement peut se voir sous un angle philosophique ou écologique,  mais aussi à partir de données socio-économiques qui nous alertent du pire à venir comme dans cet essai unique de  Emmanuel Pont Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?”.  Avec des chiffres qui donnent à penser qu’il faudrait y penser à deux fois avant d’éjaculer pour la mauvaise raison.
Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? Emmanuel Pont. Payot 285p.      www.payot-rivages.fr

 


 


Le garde-manger idéal et économique est autour de nous

C’est rendu qu’un pied de céleri coûte…cinq dollars. L’actualité nous ramène sans cesse la hausse astronomique du panier d’épicerie. Même les pâtes alimentaires ont connu une hausse de 16%. Alors que faire ? Surveiller les rares spéciaux et collectionner les coupons de réduction ? Ou encore, se rendre dans la nature et aller chercher soi-même ses victuailles. C’est le beau défi que nous propose le duo formé par Nathalie Le Coz et Martin Perreault avec leur guide Cantine sauvage. Pour que la nature toute entière devienne notre garde-manger. De méchantes économies d’échelles et un beau pied de nez au monde vorace agro-alimentaire. On trouve pleins de judicieux conseils pour chasser et pêcher, comment apprêter ses cueillettes au moyen de recettes. Bref, un vademecum indispensable que l’on conservera précieusement dans sa bibliothèque de cuisine.
Cantine sauvage Nathalie Le Coz et Martin Perreault. Fides 123p.    www.groupefides.com

 


 


Le coin de la BD

Les affres d’un prisonnier chinois dans les geôles irakiennes. Voilà le contenu de la BD de Xu Ziran et Liu Tuo intitulée Prisonnier en Irak aux éditions Mosquito. On ne peut trouver plus mal amalgame que deux cultures aussi étrangères qui se rencontrent que celles, chinois et irakienne. Comment notre infortuné “héros” va t-il sortir de son enfer ?  Mais au fait, comment s’est-il retrouvé dans cette galère. Un récit d’aventure bien ficelé qui tient son lecteur captif jusqu’à la fin.
Ailleurs chez Dargaud, grâce à Mikaël vous allez faire la rencontre d’une femme de poigne afro-américaine qui a réellement existé, Stéphanie St-Clair, ressortissante de la Martinique, qui opéra une loterie clandestine dans le quartier nord de Manhattan. On la surnommait Queenie. La mafia locale, autour de 1931, qui commençait à faire moins de fric du fait de l’abolition de la Prohibition, s’énervait de voir cette femme mener ses affaires de façon indépendante. On voudra s’approprier son terrain de jeu. Mais la dame avait tout un caractère. Le bédéiste s’est donc largement inspiré de ce personnage coloré pour son Harlem un diptyque dont nous avons le premier tome. Passionnant comme tout, d’autant que ce sont de vraies affaires qu’on y trouve.

 


 


Deux essais signifiants aux Presses de l’Université Laval

Deux titres de grande rigueur paraissent aux Presses de l’Université Laval qui enrichissent le catalogue de cet éditeur d’une de nos grandes institutions de haut savoir. D’abord Simon Harel professeur titulaire au Département de littérature et de langues du monde de l’Université de Montréal et fortement impliqué dans la recherche identitaire.  Dans son essai Artaud l’astre errant il se fait presque psychanalyste pour tenter d’introspecter celui qu’il qualifie dans son Panthéon des écrivains “méchants”. A ne surtout pas prendre au pied de la lettre, car il affectionne son sujet plus que tout. Et il rend un tribut à Paule Thévenin qu’il a rencontré, celle à qui il doit énormément. C’est à cette femme qu’Artaud confiera la gestion de son oeuvre au grand dam des ayants droits officiels qui lui mettront des bâtons dans les rous au moment du projet des oeuvres complètes chez Gallimard. Cette femme de calibre majeur, trop affaiblie pour venir à un colloque organisé par Harel l’éapulera tout de même. Nous avons ici le fruit de cette proximité pour laquelle l’essayiste tente des pistes de compréhension de ce géant de la littérature française.

Autre champ d’expertise, l’anthropologie des religions où Raphaël Mathieu Legault-Laberge pour lequel nous citerons la quatrième de couverture afin de rendre au plus près la démarche scientifique proposée. “Cet ouvrage entend contribuer à une vision systémique de l'anthropologie des religions, ralliant le fait religieux à ce qui constitue l'holistique de l'humain, dans ses aspects autant individuels que sociétaux. Le religieux des églises évangéliques, la manipulation de serpents venimeux à des fins rituelles et le rite du peyotl sont ici abordés en tant que phénomènes s'inscrivant dans des dynamiques complexes qui interpellent notamment l'intégration des personnes immigrantes et la tolérance de pratiques religieuses marginales, voire la reconnaissance sociale de ces pratiques. Ce livre aborde également les défis méthodologiques rencontrés par les anthropologues lorsqu'ils mènent des ethnographies auprès de groupes religieux. Il propose des pistes de réflexions épistémologiques de ce qu'est la recherche dans le domaine de l'anthropologie des religions, recherche conçue comme une création s'inscrivant à l'interface de communautés religieuses et scientifiques et s'ouvrant au « plus grand » que l'humain.”

 




 


Le coin santé physique et psychique (1)

 

Assez paradoxal que l’on veuille puiser dans l’oeuvre de Françoise Sagan des enseignements pour mieux vivre, alors que la célèbre écrivaine consommait drogue et alcool pour alléger son fardeau du mal de vivre. C’est pourtant ce que fait Eve-Alice Roustang agrégée de lettres modernes et docteure de l’Université de Columbia et familière du corpus littéraire de l’auteure de Bonjour tristesse. Elle est allée chercher des segments parmi ses romans pour proposer des solutions devant des situations données. Cela donne Comme dans un roman de Sagan chez Flammarion. On retiendra surtout que c’est une bonne initiation aux thèmes exploités par cette femme de lettres qui vivait à des kilomètres heures.

Le cerveau est une merveille en soi dont on n’a pas fini d’en explorer les possibilités. Tellement que les tenants de l’intelligence artificielle reconnaissent avec humilité que l’on ne parviendra jamais à égaler voire dépasser la complexité de ce qui vit dans notre boîte crânienne. Comme c’est un organe précieux, par conséquent il faut en prendre soin. C’est que nous dit pas moins Richard Chevalier qui est un spécialiste de l’éducation physique. Étonnant travail de celui qui fait travailler tout ce qui se trouve sous le cerveau. Comme il l’explique dans Bougez! pour un cerveau en santé il y a une corrélation très nette entre la fin d’un accomplissement corporel et notre cerveau qui se remodèle selon ses mots. Il propose donc sa méthode échelonnée sur quinze jours. Et comment la bonne forme physique a des incidences bénéfiques sur des pathologies comme l’Alzheimer et le Parkinson.

La question qui tue. Qu’est-ce qu’un homme ? A quoi le reconnaît-on ? C’est que la réponse est complexe car maintenant il n’y a pas qu’une seule représentation du mâle. Alain Delon a la sienne, ancrée dans une vision machiste, alors que vous avez le bisexuel qui jongle avec sa dualité sensible. Entre les deux un large éventail. L’homme a fait des progrès et il n’est plus rare de le voir pousser le carrosse du bébé sans qu’il se sente dévalorisé dans sa virilité. Bref, ce préambule pour signaler la réédition revue et augmentée d’un livre fondateur Regards sur les hommes et les masculinités aux Presses de l’Université Laval, un travail en collectif issu du Pôle d’expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes. Signalons la préface admirative de Boris Cyrulnik.
Chez le même éditeur, de David Gaudreault, c’est Chronique de la violence une généalogie de l’intimidation scolaire. L’intimidation scolaire qui est un véritable fléau. La société doit beaucoup à Jasmin Roy qui a révélé son ampleur car elle touchait un élève sur trois au Québec! On taxe même les handicapés. Freud nous avait bien prévenu que l’homo sapiens avait la violence inscrite dans son ADN. L’intimidation scolaire remonte à loin historiquement et la littérature a connu un grand classique du domaine “Les désarrois de l’élève Törless” de Robert Musil daté de 1906 et qui a fait l’objet d’un film du même nom de Volker Schlöndorff. Pour revenir à Gaudreault qui est chercheur doctorant au Département de sociologie de l’Université Laval, nous montre l’évolution de la prise de conscience de la problématique et comment elle s’est construite au fil du temps.

 




 


Le coin santé physique et psychique (2)

Dans son manifeste Désirer à tout prix aux éditions Binge le féministe trans Tal Madesta annonce la couleur avec un en-tête de chapitre qui se lit comme suit “Le plaisir est déjà pris: désirer autrement”. C’est une charge à la fois contre l’hypersexualisation dont la plateforme Tik Tok se fait championne, avec des nénettes quasi à poil, à faire virer Simone de Beauvoir dans sa tombe, et en même temps un triste constat de l’absence de séduction à l’ère numérique. Y aurait-il une alternative à la dure réalité sexuelle ? Voilà le propos. Un livre chargé de conscientisation qui ne vous laissera pas indifférents.
Chez les éditions Érès c’est la sortie de Les nouvelles beautés fatales de Micheli-Rechtman qui porte, tenez vous bien, quatre casquettes professionnelles: médecin, psychanalyste, psychiatre et philosophe! Avec un tel bagage, cette femme a droit à l’antenne. Dans cet ouvrage elle rappelle que l’image idéalisée plus que jamais de la femme sur les réseaux sociaux, avec des images souvent retouchées, engendre des pathologies sans nombre, dont de nombreux troubles alimentaires, sans compter les dégâts psychologiques. Comme si l’univers féminin proposé ce devait d’être semblable à ces canons de beauté magnifiés qui déambulent en micro-bikini dandinant du popotin, quand elles ne se prennent pas les protubérances mammaires refaites tels des fruits sur le marché. C’est toute la problématique qui est expliquée dans ces pages et qui nous montre tout l’aspect effrayant de la déformation de l’image féminine.

Saluons les éditions Michel Lafon qui font oeuvre utile en nous présentant dans son catalogue souvent les deux versants de la médaille. Ainsi on a publié de même les ouvrages du professeur Didier Raoult qui s’en est pris comme on sait aux grandes pharmaceutiques dans la lutte contre la Covid-19. Cette fois l’antenne est offerte à la partie adverse alors que le Dr. Albert Bourla P.D.G. de Pfizer signe Réaliser l’impossible dans lequel il décrit la conception rapido presto du fameux vaccin controversé à l’ARN messager. Et il n’élude aucune question qui font rage comme, comment expliquer que l’on ait produit en 260 jours seulement un vaccin qui prend normalement dix années de recherche. Pourquoi des discussions en tête-à-tête avec les chefs d’État pour faire avaliser le vaccin en question. Un livre qui complétera la lecture à venir de Didier Raoult qui sort sous peu “Carnets de guerre Covid-19” toujours chez Lafon.

Il y a de cela plusieurs années, on claironnait la nécessité de la simplicité volontaire dans nos modes de vie. De ne s’entourer que de ce qu’on a besoin réellement et de se passer du superflu. Hélas, avec l’arrivée dans le monde des ventes en ligne et surtout du géant Amazon, nous faisons face à du jamais vu du côté de la surconsommation. C’est pourquoi l’idée de remettre à la mode la simplicité volontaire est la bienvenue. Car le matérialisme, on le sait bien, n’a jamais provoqué le bonheur sinon l’espace d’un bref moment. Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus présentent Aimer les gens utiliser les choses aux éditions Hugo. Car ils savent bien que si c’est de se “priver” de biens matériels certes, mais on compense avec quoi ? Et leur credo est de penser aux autres, l’altruisme, l’altérité, appelez cela comme vous voudrez. Le duo dénonce le confort comme un mensonge. L’acquisition des biens avec comme finalité d’être “arrivé” est un dangereux leurre. Et il y a des passages lucides sur l’endettement des gens. Une part importante de la population, alertent-ils, est dangereusement fauché et va droit dans le mur. Bref, des conseils de sagesse.

La reine Elizabeth conseillait au premier ministre Tony Blair de marcher, comme étant le meilleur moyen de se retrouver avec soi et de prendre de la distance face aux choses. On peut dire que chez Sa Majesté la recette a réussi. La marche étant une activité complète qui ne le dispute qu’à la natation dans le même domaine. Annabel Streets est une romancière qui marche énormément. Et elle module ses mouvements selon ses besoins et partage son savoir dans 52 façons de marcher aux éditions Michel Lafon. Elle ne se limite pas qu’à cet exercice évoquant aussi le sommeil et des particularités, comme le bienfait de placer son corps sous une cascade…Des enseignements qui ne peuvent que faire du bien à nos pauvres anatomies malmenées.

 


 


Un nouvelliste haïtien qui a du brio

Quelquefois on désespère du monde, mais en revanche il demeure un grand plaisir de vivre, celui de faire des découvertes littéraires. Et c’est ce qui nous est arrivé avec la lecture de Treize nouvelles vaudou de Gary Victor un auteur haïtien dont on dit qu’il est l’auteur le plus lu dans son pays.  Et il n’est jamais trop tard pour se rattraper. Quel plaisir on a pris à parcourir ces courts textes. Le gars ne manque pas d’humour. Et particulièrement dans cette nouvelle où il entend à la radio l’annonce….de son décès. L’écrivain a cette qualité indispensable d’être un fin observateur de ce qui l’entoure, qui est un atout majeur si on veut performer dans ce style littéraire. Notre bémol, qu’il faut prendre ici pour un compliment, c’est que c’est trop court.
Treize nouvelles vaudou Gary Victor. Mémoire d’encrier 154p.      www.memoiredencrier.com

 


 


Découverte psychiatrique

Il était une fois une jeune femme répondant au prénom d’Aline qui se torturait les méninges depuis des lustres, en raison de la disparition de sa soeur dont elle se sentait en partie responasable, Pour retrouver la quiétude de l’esprit, elle va tenter d’en savoir plus long. Sombre folie de Éva Delambre explore la psychiatrie dans laquelle elle se trouvait au milieu du XXème siècle. Cette auteure bien connue dans le domaine de la littérature érotique, donne cette fois dans un autre registre dont elle se tire drôlement bien d’affaire, se mettant dans l’âme de ses personnages. C’est une belle surprise en ce printemps. Le bémol, c’est que c’est trop court, qu’il faut interpréter ici comme le plus beau des compliments.
Sombre folie Eva Delambre. Fragrances 202p.     

 


 


Un coin de voile levée sur l’arrestation d’Anne Frank

Le 4 août 1944 est une date clé de l’Holocauste, l’arrestation de la famille d’Anne Frank à Amsterdam, qui s’étuait réfugié dans des combles durant un peu plus de deux ans. Ce fut un  confinement des plus terribles, à savoir ne jamais voir la lumière du jour. Cette famille juive fut trahie sur une dénonciation. On n’avait jamais su qui avait appelé la Gestapo ? Une équipe d’enquêteurs a mis des années à potasser une quantité de documents de l’époque. Pour en arriver à mettre le doigt sur l’infâme individu qui a livré ces infortunés aux barbares nazis. Cela donne Qui a trahi Anne Frank ? de Rosemary Sullivan. Le pire c’est que l’unique survivant de cette famille, Otto le père, savait qui était ce Judas. Mais il n’en a dit mot pour protéger les proches de ce dernier. Une histoire rocambolesque qui célèbre les mérites de la recherche historique quand elle est menée avec insistance et rigueur. 
Qui a trahi Anne Frank ? Rosemary Sullivan. Harper Collins 420p.  www.harpercollins.fr

 


 


L’autre fille noire 

Le décor ? Une maison d’édition new-yorkaise. Y travaille Nella, une afro-américaine qui rempile au vu du climat un peu toxique qui prévaut. Elle a de l’ambition et c’est ce qui la fait tenir. Mais il arrivera que va débarquer chez cet éditeur une autre fille black, Hazel. Qui est l’objet de l’admiration de Nella qui se projette en elle. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que la nouvelle arrivante signe un climat infernal de travail. Black girl est signé Zakiya Dalila Harris elle-même afro-américaine et qui a connu la vie en maison d’édition, Knopf, pour ne pas la nommer. C’est son premier roman en carrière et ça cartonne. En même temps, c’est un regard  sur les tensions qui existent même au sein de la société afro-américaine. On savait que l’humain ne se sent à l’aise, qu’en dévorant une tranche de son prochain. On en a ici une autre illustration.
Black girl Zakiya Dalila Harris. Calmann Levy  381p.    www.calmann-levy.fr

 


 


Le traité d’origine qui lança le karaté dans le monde 

Originaire d’Okinawa Gichin Funakoshi (1868-1935) pratiquait les ferments d’un art martial propre à son île. Il en développa la pédagogie le Karate Do Kyohan un traité qu’il fut tout fier de présenter en personne à l’empereur Hiro Hito, un dieu vivant. Ce fut ainsi que se répandit de par le monde ces techniques chargées de symboliques. Eh bien ce traité nous avons le privilège de pouvoir en prendre connaissance aussi longtemps que l’on veut grâce à ce bel album richement documenté, tant au niveau du texte que l’iconographie qui reprend les mouvements à effectuer. Du beau travail d’édition qui démontre encore une fois à quel point le karaté n’est pas qu’une simple affaire de self défense. Il y a aussi cette élévation spirituelle propre à la culture nippone.  Nous devons la traduction, grâce à Harum Suzuki-Johnson et Alex Febo. 
Karate Do Kyohan Gichin Funakoshi.  Budo éditions 262p.   www.budo.fr

 


 


Un autre regard sur Manhattan

Non pas que le quartier de Manhattan n’en a pas fini de livrer tous ses secrets, mais c’est dans le regard des autres que l’on trouve des pépites qui n’ont parfois échappé. Jean-Claude Charles (1948-2008) a bien connu ce coin de la Grosse Pomme magnifié par la suite par un Woody Allen. Il y a placé son protagoniste qui a déambulé à profusion et qui nous sert des réflexions qui sont dignes d’être connues. Manhattan blues le dit bien par son titre, c’est un lieu où un certain spleen gagne celui qui arpente ses rues. L’auteur a trouvé les mots justes pour rendre compte de ce qui attend le visiteur. Encore mieux quand on y vit. Ceux qui ont un parti-pris favorable pour New York ont tout intérêt à faire un détour par ces pages chargées d’images. Ça donne aussi le goût de fouler les mêmes secteurs. 
Manhattan blues Jean-Claude Charles. Mémoire d’encrier 284p.    www.memoiredencrier.com

 




 


Le coin de la poésie

Notre époque pandémique qui semble pérenniser à outrance, nous permet d’apprécier les poètes qui ont ce grand privilège de nous faire décoller de terre. Chapeau donc à Marie Bélisle avec son dernier opus Camera lucida qui sont autant d’impressions que possible que puisse évoquer une chambre. Et dans une vie, quand on s’y arrête, que de successions de chambres. Ce sont de courts textes mais gavés d’images. Extrait “En quelle chambre me reconnaîtrais-je  plus qu’une autre  ? A quelle chambre m’attacher ? A l’une des deux où j’ai vécu seule…”  Et comme elle est une artiste disciplinaire, elle nous gratifie aussi de petits dessins évocateurs de son propos.  C’est aux éditions du Noroît.
Ailleurs chez Mémoire d’encrier c’est Noir lumière de David Bouchet. Comment qualifier sa démarche sinon qu’il est une sorte de généraliste, tout ce qui gravite autour de lui semblant l’inspirer, le sentiment affectueux autant que des éléments de la nature. A telle enseigne que comme il existe, sérieux, le poste de poète officiel du gouvernement canadien, on devrait songer à lui comme prochain titulaire, tellement il serait un barde digne de la fonction. Vous voulez un poète qui l’est par toutes les pores de la peau, en voici un. Extrait “ Mon âme éparse luit au soleil mon corps coulé sur les marges de ta nuit petite patrie de falaises calcaires.”
Aux éditions Le Temps des Cerises vous avez une double sensibilité pour le prix d’un. En effet Mal d’amour le recueil de Oscar Hahn est offert dans sa traduction espagnole Mal de amor. Le titre en soi annonce la couleur. Et qu’est-ce que la douleur de l’éloignement de l’être aimé peut causer ? Le poète d‘origine chilienne qui enseigne à l’Université de l’Iowa, avait livré une première mouture partielle en 1981. Nous avons cette fois l’édition dans sa totalité.  Pablo Neruda l’a tenu en haute estime. Extrait qui fait immédiatement image “La vitesse de l’amour brise la barrière du réel et le monde vole en éclats de rêve sans le moindre égard pour ceux qui sont éveillés”. 

La petite maison d’édition Shanaprod s’est donnée pour mission de révéler de nouveaux auteurs de toutes les formes littéraires, auditoire adulte, livre jeunesse, poésie etc. Et voici que nous arrive Le monde virait au bleu dont la couverture chatoyante avec ce ciel bleu qui happe l’oeil et le captive. Son auteur Ada Bessomo est camerounais d’origine qui s’est amené en France pour y faire des études de droit. C’est à l’évidence un sensuel. Jugez vous-même “Affronter en combats singuliers ton regard cette tombe . Ton ombre contre mes soupirs . La charge de tes jambes longues. “ Voilà des pistes pour attiser notre curiosité imaginative. Un début qui promet. A suivre le sieur Bessomo. 

Aux éditions David, un familier de la poésie Michel Pleau qui a trouvé un matériau de choix pour marquer ses trente ans de fréquentation poétique, à savoir les animaux qui fraient dans le quartier de son enfance. Cela donne Le petit bestiaire. Un thème sur lequel on peut devenir intarissable. Il a même trouvé des accents d’enfance dont le propre comme on sait est d’entretenir l’émerveillement. Les proses sont appuyées par de jolies illustrations de Lyne Richard. Extrait “ Début janvier j’étudie la lenteur des empreintes d’un oiseau peut-être ont-elles la mémoire du ciel. “

 


 


Une libre adaptation théâtrale des Quatre filles du Dr. March

Les filles du Dr. March est un classique anglo-saxon de la littérature qui a vu le jour en 1868 sous le titre “Little Women” sous la plume de Louisa May Alcott, a connu notamment des adaptations au cinéma dont celles de Gillian Armstrong en 1994 et Greta Gerwig en 2019 où les cinéphiles se sont sans pâmé(e)s par la présence de Timothée Chalamet. Plus près de nous c’est Julie-Anne Ranger-Beauregard qui donne libre cours à son inspiration dans une version théâtrale de son cru. Qui donne Quatre filles et qui restitue assez bien le vécu de ces filles dans un contexte baignant dans un certain puritanisme où ces filles en voie de devenir femme cherchent à s’affranchir des conventions étouffantes de leur milieu. On ne va pas épiloguer davantage car pour ce qui est des textes théâtraux, ce sont les comédiens qui donnent de la valeur aux dialogues. Qui doit-on quand même le signaler sont suffisamment percutants pour délecter l’amateur des planches. 
Quatre filles Julie-Anne Ranger-Beauregard. Théâtre Leméac 105p.   

 


 


Une traversée d’Europe en scooter

Il était une fois le paternel, Gil Kemeid qui pour profiter pleinement de sa jeunesse, entrepris de sillonner une partie de l’Europe en scooter. Nous sommes alors dans l’effervescence de Mai 1968. Étape par étape, il envoyait des cartes postales à sa douce. Des années plus tard, enhardi par ces récits épiques de tourisme bien originaux, voilà que le fils Olivier, l’actuel directeur du Théâtre de Quat’Sous à Montréal, a repris le scooter pour emprunter les mêmes voies que son géniteur. Il y a de tout dans cette petite plaquette dense par son contenu qui a le mérite de rendre son lecteur plus intelligent à la sortie qu’il n’y est entré. Toutes sortes de considérations entrent ici en ligne de compte, que ce soit la germanisation culturelle de Strasbourg aux folles nuit romaines. On se met à regretter qu’avec cette pandémie dont on ne veut pas qu’elle nous lâche, que des initiatives semblables nous soient aujourd’hui permises. On se contentera d’envier ce père et ce fils qui s’en sont donné à coeur joie. Ce livre intitulé avec justesse Le vieux monde derrière nous a de la fraîcheur. Il est vrai que selon l’adage bien connu, les voyages forment la jeunesse. 
Le vieux monde derrière nous Olivier Kemeid. Leméac 140p.    

 


 


Un novice en littérature qui s’attaque au pastiche et qui gagne

Il ne manque pas de culot ce David Spector qui pour son entrée dans le monde des lettres a choisi rien de moins que la forme du pastiche pour rendre une fine fleur à des auteurs qu’il doit aimer pour les rendre si bien, tel un imitateur qui traduit la voix de son sujet jusque dans ses moindres subtilités. On s’étonnera de voir le nom du ministre macronien Bruno Le Maire voisiner les Houellebecq, Proust, Nabokov, Levy, Bellegueule, Carrière, Dostoïevski, Feydeau, Flaubert et Perc qui figurent à son Panthéon. On admirera la virtuosité dont le pasticheur fait preuve pour coller au plus près des auteurs retenus. Confondant. Comment décrire ce qu’il a entrepris, sinon de vous recommander hautement cette virtuosité littéraire. Imaginez que s’il sait imiter de grands écrivains, alors à quoi s’attendre de sa part lorsqu’il signera un prochain opus de son seul nom. On a bien hâte à ce moment. En fin d’ouvrage, il cite les  sources précises qui l’ont inspiré.
7500 euros David Spector. Wombat 124p.    

 


 


Une fresque de Pierre Lemaitre au temps des Trente Glorieuses

Pierre Lemaitre a un patronyme prédestiné, car dans son registre il est un maître et peut donner d’admirables leçons de classe en techniques du roman. Et il le montre encore une fois avec maestria avec ce premier tome qui annonce une saga Le Grande Monde. Il fait démarrer sa fresque en 1948 où on vit au fil des Trente Glorieuses, les hauts et les bas de la famille Pelletier, quatre enfants et leurs parents. Ces derniers tiennent une savonnerie à Beyrouth. Et il faut s’imaginer la capitale du Liban de cette époque comme l’a raconté l’autre jour l’animateur vedette de Sud Radio en France, André Bercoff, natif de cette ville qui était le supermarché de l’Orient avec Alep en Syrie. Lemaitre restitue tout ça et déplace son action selon les enfants grandissants, à Beyrouth d’abord, puis Paris et Saïgon. Des homicides viennent pimenter le récit. C’est le style et la façon d’ouvrir des parenthèses et savoir comment les fermer. Vivement le tome deux.
Le Grand Monde Pierre Lemaitre. Calmann Levy 584p.   www.calmann-levy.fr

 


 


Un livre et un film sur l’ermitage en forêt

C’est une belle utopie, que voulant fuir ce monde l’ère Legault, que l’on ait envie de se réfugier en forêt, sans masque et de pouvoir respirer loin de cette société toxique. Mais comme le mentionne avec acuité la romancière Jocelyne Saucier en avant-propos de Il pleuvait des oiseaux, c’est une idéalisation, encore faut-il maîtriser la survie en forêt alors que la majorité d’entre nous n’en possède plus les codes. Il y a eu aussi ce film du même titre de Louise Archambault, qui sera la dernière prestation au grand écran de la sublime comédienne Andrée Lachapelle. Dont on regrette d’autant la disparition qu’un de nos coéditeurs a eu le privilège de travailler avec elle. Ce livre et son adaptation au septième art racontent des gens qui ont décidé de vivre dans la forêt pour n’entendre que les bruits de la nature. Andrée Lachapelle aura une tendresse réciproque avec l’autre personnage principal joué par Gilbert Sicotte. Si vous n’avez pas vu le film, reportez vous sur le livre qui détaille davantage toutes les perceptions qui peuvent être les nôtres en forêt. Un sacré beau roman. 

Il pleuvait des oiseaux Jocelyne Saucier. XYZ éditeur  213p.    www.editionsxyz.com

 


 


Un groupe choc de prospective qui planche sur des guerres à venir

La Red Team est un groupe de réflexion, sorte de think tank né de la collaboration entre le ministère français des Armées et l’Université Paris Sciences et Lettres. Les collaborateurs viennent d’horizons aussi divers que l’artistique, la science, romanciers, analystes en tout genre et chercheurs. Avec le mandat d’imaginer de quelle nature seront les conflits mondiaux du futur. Au final cela donne une sorte d’anticipation que n’aurait pas dédaigné un George Orwell Ces guerres qui nous attendent 2030-2060. Dieu que la notion de guerre locale ou mondiale est dans l’air du temps. On se plaît à imaginer le conflit ukrainien comme le terreau d’un cataclysme planétaire. Et voici que des “idéateurs” planchent sur des conflits. Décidément la violence est dans l’ADN de l’homo sapiens, la bête la plus dangereuse sur la terre.
Ces guerres qui nous attendent 2030-2060  Red Team collectif. PSL Équateurs 221p.      www.editionsdesequateurs.fr

 


 


Dans la tête d’un homme et futur père

Règle générale, l’homme est écarté du rapport à la procréation, au point que parfois les femmes, sans s’en rendre compte, vont dire “mon enfant” comme si elle l’avait engendrée seule, oubliant aussi d’où provient la matière première…L’homme et le le désir d’enfant ou pas, est un thème trop peu exploité en littérature. A l’image de ce qui se passe dans la société. Avez-vous entendu un jour dans une brasserie quelqu’un au milieu d’un groupe d’hommes se mettre à clamer haut et fort son désir d’un bébé ? Bref, tout ce préambule pour signaler la sortie d’un premier roman de Yannick Marcoux qui comble un vide. Car en effet dans L’île sans pont le protagoniste sera bientôt père. Et de temps en temps il se rend en chaloupe sur une île où il a passé du temps durant son enfance et qui lui aura laissé une trace indélébile. Il soliloque l’homme sur sa destinée. Comme entrée dans le monde des lettres, de par l’originalité de son approche et le style qui est au rendez-vous, c’est une réussite à tout point de vue.  C’est sans doute la raison pour laquelle la maison d’édition l’a classé dans sa prestigieuse collection “romanichels”.
L’île sans pont Yannick Marcoux. Romanichels XYZ   228p.

 


 


L’affaire Sacco et Vanzetti

Il est toujours de bon ton, de revoir l’Histoire ancienne à la lumière de différents nouveaux éléments. Prenez l’affaire Sacco et Vanzetti. En 1919 et 1920 ont lieu deux braquages aux États-Unis. Les soupçons se portent sur deux individus associés au courant anarchiste, Nicolas Sacco et Bartolomeo Vanzetti. Nommée période rouge, les années 10 et 20 verront de nombreuses et violentes revendications de la classe ouvrière, outrée d’être vue corvéable à merci avec une maigre pitance pour salaire. Et des vols sont alors commis pour financer la cause anarchiste. Les deux italiens, sans preuve formelle, seront inculpés, confinés en asile psychiatrique et condamnés à la chaise électrique de manière expéditive. L’affaire soulèvera un tollé mondial. Même Aragon ira d’un poème. Et dans les décennies qui vont suivre, différentes manifestations artistiques reprendront cette cause célèbre.  Howard Fast auteur du célébrissime roman Spartacus sera de la partie avec La passion Sacco et Vanzetti. Cet écrivain sera lui-même victime du maccarthysme et sa carrière en souffrira. Il nous livre ici ce qu’il pensait de ce fait divers qui prit des proportions, au point que même encore, on n’est ni sûr de leur innocence ou de leur culpabilité.
La passion Sacco et Vanzetti Howard Fat. Le Temps des Cerises 246p.   www.letempsdescerises.net

 


 


La pauvre culture qui prend le bord

Rappelez-vous aux premières heures de la pandémie, le gouvernement Macron ordonnait la fermeture de tous les commerces non essentiels, et celà comprenait les librairies. A la suite de cette annonce, et c’est tout à l’honneur des français, du moins d’une grange forte, il eut un tollé qui força le gouvernement à faire marche arrière et à laisser les librairies ouvertes. Mais celà montrait à quel point en haut lieu la culture et la connaissance ne faisaient pas figure de priorité. C’est que lorsque l’on sait que l’on a moins peur, et un peuple qui n’a pas peur…fait peur. Et on voit que la première chasse à l’homme de dictatures naissantes est la traque des intellectuels. Tout ceci pour signaler la parution d’un sonneur d’alerte journaliste au Figaro et à Valeurs actuelles Jean-Luc Jeener qui signe un brûlot Pour en finir avec la culture. Le constat est assez affligeant notamment l’enseignement de la culture générale dans les écoles qui s’efface graduellement. A lire sans faute.
Pour en finir avec la culture Jean-Luc Jeener. Atlande 167p.     www.Atlande.eu

 


 


Un Le Pen à connaître, électricien au service des humbles ouvriers

Si au Québec nous avons eu un Michel Chartrand syndicaliste légendaire qui prit fait et cause pour la classe ouvrière, dans l’Hexagone il y a eu dans les années trente un Julien Le Pen humble électricien de son état, qui avait son journal Le Peuple, dans lequel il n’a cessé de défendre la condition laborieuse. Au passage, ce patronyme bien connu n’a rien à voir avec la dynastie politicienne que l’on connaît. Grâce à Sylvain Boulouque on a un collage de plusieurs textes percutants de Le Pen, qui si on ne savait pas l’année de leur production, sont hélas encore d’une terrible actualité. Dans un des chapitres il déplore qu’outre la crise financière (n’oublions pas le contexte du Krach de 1929) s’ajoute la vie chère des biens de consommation. Ce Boulouque à qui nous devons par ailleurs un portrait de Le Pen intitulé “Julien Le Pen, un lutteur syndicaliste et libertaire”. Et quand on voit les ressortissants des Grandes écoles lever le nez sur le prolétariat pour cause de faute d’études, on se console en se disant qu’un homme de la trempe de Le Pen avait pour lui la connaissance, davantage supérieure aux études qui n’ont de mérite que de résulter d’un forcing conduisant au diplôme, mais aucune culture générale à la clé. Ce Le Pen est à découvrir. 
Le Pen Le Peuple introduit et édité par Sylvain Boulouque. Atlande 216p.    www.Atlande.eu

 


 

Ce qui fait que Paris est la Ville Lumière

Lorsque le communiqué des éditions du Septentrion nous est parvenu nous annonçant la parution de Paris moments phares et symboles de Éric Dussault on s’est demandé ce qu’un énième livre sur la capitale française n’aurait pas quelque chose de redondant. Et quand nous l’avons eu sur la main, on a compris que l’auteur qui est historien, a voulu faire oeuvre utile sans doute pour suppléer à l’absence de culture générale dans la population. Ce qu’il a fait, c’est de saisir des moments phares de l’histoire de la ville à partir du XIXème siècle. Que ce soit les expositions universelles qui ont marqué leur époque, dont celle qui a vu l’érection de la Tour Eiffel, puis la période Saint-Germain-des-Prés. Pour quelqu’un qui reconnaît avoir des carences en la matière c’est la meilleure préparation qui soit pour qui veut entreprendre un voyage là-bas. Et en plus, ce qui ne gâche rien, l’auteur est un bon conteur. C’est une lecture qui nous laisse rêveur et qui nous rappelle en quoi Paris se distingue des autres villes du monde. Paris sera toujours Paris comme le chantait Maurice Chevalier.
Paris moments phares et symboles de Éric Dussault. Septentrion 205p.     www.septentrion.qc.ca

 


 


Un roman troublant sur un mal de la mémoire inquiétant

Tout a été écrit dites-vous ? En connaissez-vous qui porte sur la prosopagnosie qui est un trouble de la mémoire qui fait en sorte que la personne qui en est affligée, ne parvient plus à distinguer les visages, parfois même le sien. Avec de la chance, les personnes proches, la famille échappent aux manifestations de cette pathologie. Tout ceci pour vous mentionner la sortie de ce qui complète le triptyque d’André Lamontagne Dans la mémoire de Québec” intitulé Les visages. Étrange coïncidence de parler de la force des visages alors que les gouvernements, nous les veulent masquer de moitié. Bref c’est une autre histoire sordide qui fera bien l’objet d’un roman. Pour revenir au sujet qui nous occupe, c’est Olivier Dumais, le personnage central atteint de cette maladie rare va sans dire. Une maladie qui aura raison même de sa carrière de journaliste à Vancouver. Il va revenir à Québec la ville où il a vu le jour afin de conserver dans sa tête divers visages. L’occasion aussi d’en connaître davantage sur son paternel. Quand on lit un si beau texte on se dit qu’il n’y a jamais assez de livres.
Les visages André Lamontagne Éditions David 183p.     www.editionsdavid.com

 


 


A la rencontre de Françoise David

Autrefois quand la culture ne se confondait pas avec la variété, la télévision de Radio-Canada diffusait maints émissions d’affaires publiques du plus grand sérieux où nous avions l’occasion d’entendre des débats de la plus haute intelligence ou des entrevues en têtes-à-tête comme le Sel de la Semaine et Propos et confidences. Quand est arrivé le canal 10 avec Cré Basile, on a vite déserté la télé d’État qui pour rapatrier son auditoire perdu s’est mise à faire comme son nouveau concurrent. Pour vous dire que pour aller vers la connaissance intelligente des choses, on doit maintenant se reporter sur de bons livres comme ces propos de Françoise David recueillis Lisa-Marie Gervais Du coeur au combat Françoise David en cinq temps. La cofondatrice de Québec solidaire et ex- présidente de la Fédération des femmes du Québec revient sur son parcours de militante. C’est une rare pure du domaine public qui a eu une trajectoire sans tache.  Et la formule employée ici, très dynamique, garde son lecteur en haleine jusqu’au bout. 
Du coeur au combat Françoise David en cinq temps propos recueillis par Lisa-Marie Gervais Atelier 10  127p.     www.atelier10.ca
Repères pour illustration:

 


 


Un historique de la consommation au Québec

C’est un travail de haute volée qui nous est permis d’apprécier avec cet essai Revisiter le consumérisme au Québec qui est un regard jeté sur nos habitudes de consommation dans la Belle Province au cours des dernières décennies et comment le législateur a accompagné le citoyen. Le spectre de l’étude est large allant de l’endettement des jeunes, de la fraude, du consentement à l’achat. Bref, cette étude exhaustive fera date. En quinze chapitres tout y passe dont, et non le moindre sujet, la protection du consommateur qui a évolué véritablement dans l’intérêt du portefeuille du grand public. Nous devons ce travail intellectuel remarquable à la supervision éclairée des Claudine Ouellet, Bernard Korai, Laurence Godin et Ann-Marie Gosselin.
Revisiter le consumérisme au Québec Collectif Les Presses de l’Université Laval 422p.   www.pulaval.com

 




 


Le coin de la BD

Pour commencer, deux arrivages chez Dargaud. Du duo Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain c’est Le monde sans fin. Tout débute à l’été de 2018 alors que Blain roule en voiture et que sa douce durant le trajet lui fait lecture d’un article sur le réchauffement climatique. Et parmi les malheur annoncé on indiquait que pas plus tard qu’en 2050 Paris pourrait enregistrer une température aussi élevée que 50 degrés celsius. Ça été comme un électrochoc pour le bédéiste qui s’est dit qu’il fallait faire quelque chose. D’où cette association avec Jancovici. Il y a bien des façons de faire une prise de conscience de ce qui nous attend. La BD peut faire oeuvre utile compte tenu du large lectorat qu’elle rejoint. Les coauteurs sont devenus comme des sonneurs d’alerte. La question récurrente, est-il déjà trop tard ou peut-on encore intervenir pour inverser la funeste tendance ? 

Et dans un tout autre contexte, cette fois de Enrico Marini c’est un combiné de tomes 1 et 2 coiffé sous le titre Noir Burlesque.  C’est une histoire faite de passion surdimensionnée. Jugez-vous même. Vous avez une artiste du burlesque, nous sommes à New York dans les années 50 qui revient à son appartement après la fin de son spectacle. Et qui l’attend qui a pris place dans un fauteuil ? Slick, une petite frappe qui a été jadis son amant et qui doit de l’argent à un boss de la mafia que doit justement prendre pour époux la jolie dame. Que va t’il se passer ? Le gangster a essayé en vain de se refaire avec un casse qui a foiré. Vous avez là des ingrédients de choix, servis par un maître de la BD qui déploie ici le zénith de son talent.

Et puis un classique chez Dupuis l’aviateur célébrissime Buck Danny un album portant le titre de Origines le pilote à l’aile brisée. C’est le tome 1. Sur un scénario de Yann et au dessin Giuseppe De Luca notre héros apprend d’abord la mort de son père. Ça lui ruine le moral. Il pense tout le temps à ça. En juin 42 son Wildcat est abattu. Il va se retrouver perdu dans le Pacifique, seul à bord d’un pneumatique. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, on connaît l’adage, voici qu’un sous-marin japonais remonte à la surface. Comment Buck Danny va-t-il se sortir de cette triple épreuve ? A vous de le découvrir. Est-il utile de rappeler que notre gars est une figure emblématique des plus belles réussites du 9ème art. Il n’est pas mauvais d’aller de temps à autre revoir ses classiques.  

 


 


Un vétéran essayiste nouveau venu dans la nouvelle

Normand Baillargeon n’a plus besoin de présentation, connu depuis longtemps comme une pointure à titre d’essayiste, se consacrant majoritairement à tout ce qui touche à l’éducation. Il s’écarte momentanément de cette voie pour faire cette fois dans la nouvelle, un genre qui a ses exigences et pour laquelle, le novice se tire drôlement bien d’affaires. Car la nouvelle se distingue par cette nécessité de faire sa marque par l’observation des êtres et des âmes.  Fins de mondes emprunte son titre aux différents deuils que l’on doit faire ici bas à un moment de nos vies. Une nouvelle l’illustre fort bien qui a pour titre La montre, qui nous fait voir un homme à qui ses filles offrent une montre. Il est obèse et a tenu à perdre du poids et il lui faut marcher. Il calculera donc ses pas un peu de manière obsessive. Ses manies sont bien décrites et c’est là que l’écrivain a passé sa probation pour être décrété pleinement nouvelliste. C’est la littérature québécoise qui en sort gagnante. Notons que beaucoup de ses nouvelles mettent en scène l’univers de l’éducation, un univers qu’il connaît évidemment très bien et qui lui évite certainement le syndrome de la page blanche.
Fins de mondes Normand Baillargeon. Leméac 100p.   

 


 


Le tour de l’île de Montréal de Rodolphe Lasnes…une géopoétique

Félix Leclerc a chanté son Tour de l’île, l’île d’Orléans. Rodolphe Lasnes a choisi d’écrire sur son tour de l’île à lui, l’île de Montréal…à pied. Cinq jours de randonnée pédestre pour compléter un parcours qui totalise 160 kilomètres, ce qui n’est pas rien. Et comme il a publié des guides touristiques, sans  doute un vieux réflexe, il a regardé notre grande île avec un peu l’oeil du touriste qui voit tout en neuf. Ça donne un ensemble de courts textes mais d’une grande élévation de réflexions. L’auteur est un ressortissant français qui vit maintenant dans la métropole. A sa manière, il célèbre sa nouvelle terre hospitalière.  Il nous donne l’occasion de voir des choses qui, ayant l’habitude d’être collé dessus, nous empêchent de les voir. Il dit de sa démarche que ce serait comme un guide idéal. On le croit sans peine à lire ces belles lignes. 

J’habite une île Rodolphe Lasnes Leméac 189p.    

 


 


Une refondation de la conservation de l’environnement

André Desrochers est professeur d’écologie, de conservation et de modélisation statistique à l’Université Laval. Il est détenteur d’un doctorat de l’Université de Cambridge. A l’heure où la littérature touchant à l’écologie est abondante et nécessaire, il apporte une contribution avec un essai Repenser la conservation de l’environnement qui jette un regard nouveau sur l’approche que devraient avoir les politiques. Comme on le mentionne “il propose un regard critique envers l’establishment environnemental et les nombreux jugements de valeur maquillés en science”. Il en veut au climat anxiogène qui est créé en ce moment alors que des indices laissent entrevoir des encouragements. Un ouvrage à peine paru qui va faire référence assurément et guider les gouvernements sur les choix à faire.
Repenser la conservation de l’environnement André Desrochers. Les Presses de l’Université Laval 250p.     www.pulaval.com

 


 


Le duo d’enquêteurs choc Bonneau et Larouche de retour

Ceux qui ont pris plaisir à lire la première enquête du tandem de limiers Bonneau et Larouche, Silence des pélicans,  née du talent de leur auteur J.L. Blanchard voient leur patience récompensée, car les voici de retour pour une seconde investigation qui ne manque pas de piquant, car elle se déroule dans un manoir chic. Les os de la méduse nous emmène dans une résidence cossue donc, où on a fait la macabre découverte comme le veut la terminologie policière et journalistique d’un macchabée décharné dans une penderie. Vous avez ce premier élément à élucider. Maintenant, les détectives seront mis au fait devant des indices qui soulèvent des questions. Comme l’auteur est un  familier des plateaux de télé et de cinéma, il a ce goût de l’image qu’il traduit bien dans ces chapitres. Comme la première mouture des enquêteurs a trouvé à la fois un bon lectorat et d’excellentes critiques, on peut-être en mesure d’avancer qu’on fera également bon accueil à cette parution. Nous en tout cas on a bien aimé et c’est un euphémisme.
Les os de la méduse Fides 374p.     www.groupefides.com

 


 


Un premier procès livresque de la gestion de la pandémie

Habituellement pour tout ce qui touche à la santé on aurait rangé cette présente recension dans notre section estimée “Le coin santé physique et psychique”. Mais comme le livre est d’une telle importance, que nous avons voulu l’isoler du reste pour lui donner toute la place. Voici pourquoi. Il est assuré que cette pandémie de la Covid-19 cache de lourds squelettes dans le placard. Et même si elle n’est pas terminée et qu’elle est entretenue soigneusement pour maintenir le climat de peur, des enquêteurs du monde journalistique commencent déjà à faire l’autopsie de la gestion. Comme ici en France où Marc Payet du quotidien Le Parisien signe un dossier coup de poing sur ce qui s’est passé au Ministère de la santé en France. Où il a pris le temps de consigner tel un moine, toutes les incohérences. Et comment le corps médical a commis des entorses à l’éthique. C’est un brûlot troublant qui ne peut que nous faire poser d’autres questions qui sont pour le moment encore sans réponse. Le ministère des bras cassés est le premier à ouvrir les hostilités contre le mensonge public. 
Le ministère des bras cassés Marc Payet. Albin Michel 204p.   

 


 


Historiettes de propriétaires de chiens conquis par leur animal

Autant vous le dire d’entrée de jeu, ceux qui en ont contre l’humanisation des animaux peuvent passer leur chemin, car les quatre personnes sollicitées pour Histoires qui ont du chien, Josée Bournival, Billy Robinson, Ariane Arpin-Delorme et Joanie Godin ont pour leur chien un attachement qui pose question. Sacré Walt Disney à qui revient la faute. Bien qu’en même temps on comprend l’attendrissement qui est le leur devant des mimiques canines pour lesquelles on fond littéralement. Si vous partagez ce niveau d’intérêt pour votre canidé, vous aimerez ces quatre récits. Le chien est le meilleur ami de l’homme selon le vieil adage. Ce devrait être pourtant un autre être humain….
Histoires qui ont du chien Collectif  Goélette 200p.     www.goelette.ca

 

 


 


Le charme de l’Italie du nord

Dans la collection “Explorez” des guides Ulysse, c’est une invitation à la beauté qui vous est faite par la découverte de la Florence et la Toscane. On n’a qu’à évoquer Pise, Sienne et Florence pour qu’il nous vienne à l’esprit des effluves de beauté. Prenez le fameux Chianti, ce doux nectar qui nous vient de la région. Ce petit guide mis à jour, livre les endroits d’hébergement et de restaurations. En fin d’ouvrage comme pour Florence, vous avez un rapide rappel des bonnes adresses. Celle qui a conçu le manuel Jennifer Doré Dallas a vraiment retenu ce qui pouvait faire du voyage quelque chose de mémorable. Maintenant que les restrictions de voyage s’assouplissent, peut-être serait-il opportun de regarder vers l’Italie du nord.
Florence et Toscane Ulysse 221p.     www.guidesulysse.com

 


 


Les clés de Squid game à portée de main

Le Squid game est ce jeu virtuel du web qui a dépassé en utilisateurs, majoritairement des jeunes tout ce que vous pouvez imaginer. Ce sont des milliards de visites. Pourtant, ce jeu en épisode aurait pu terminer sa vie utile comme bien d’autres. Bien non, on trouve continuellement des actions à exploiter. Park Minjoon nous permet de comprendre la fascination de ce jeu pourtant doté d’une bonne dose de violence contrebalancer par un soupçon d’humour. C’est le défoulement de l’heure. Il a rédigé une sorte de guide Entrez dans le Squid game où il reprend chacun des épisodes en leur donnant de la valeur ajoutée. Et les plus vieux qui se demandent en quoi le jeu fait-il tant d’accros chez les plus jeunes, ce livre permettra d’être moins ignorant en la matière et de rattraper le temps perdu,
Entrez dans le Squid game Park Minjoon.  Michel Lafon 162p.    www.michel-lafon.com

 


 


Le nouveau roi du polar fait mouche avec son troisième opus

Alexis Laipsker a arraché au passage le prix du lauréat des nouvelles voix du polar et il l’a bien mérité. Car ce journaliste au Point et familier des plateaux de télé et studios de radio est de plus, un adepte du poker. A ces talents, il a ajouté l’écriture du genre polar pour lequel il s’est vite attiré une cohorte de lecteurs fidèles. Pour sa troisième ponte Les poupées il entremêle deux histoires qui vont peut-être se confondre, on ne vous en dit pas plus pour ne pas bouder votre plaisir. D’un côté la découverte dans une chapelle, rien de moins qu’un charnier. Et de l’autre une jeune femme qui pratique la voyance dans un bled forestier est l’objet de phénomènes étranges, inexpliqués. Le commissaire Venturi, mis sur l’affaire, homme impatient s’il en est, va quand même devoir prendre le temps de s’arrêter à l’affaire. Il va s’adjoindre les services d’une psy profileuse.  Bref, vous avez là de quoi vous tenir occupée de bonnes heures avant de connaître le dénouement.
Les poupées Alexis Laipsker. Michel Lafon  398p.     www.michel-lafon.com

 


 


La petite Lou en a marre des règles de vie dans sa tribu des êtres lunaires

Elle est mignonne comme tout, cette jeune fille qui se prénomme Lou. Pour son malheur, elle fait partie d’un groupe humain bien spécial, une sorte de tribu nommée les êtres lunaires. Ces personnes sont dotées de pouvoirs spéciaux. Hélas, leur culture est imprégnée d’une bonne dose de violence. Ce à quoi s’oppose Lou. Lorsqu’on lui demandera de trucider un rebelle, la coupe est pleine. C’est son loup apprivoisé, avec qui elle va fuguer. Elle n’a pas le choix car son père ne fera pas de quartier, il la tuera carrément, lui qui n’a pas hésité à la frapper et la jeter au fond d’un puits. Que va-t-il maintenant lui arriver ? Voilà la trame de Lou et le pouvoir de la lune de Laetitia Lajoinie un roman jeunesse qui a mérité à son auteure le prix du nouvel auteur jeunesse de l’éditeur Michel Lafon.
Lou et le pouvoir de la lune Laetitia Lajoinie. Michel Lafon 316p.    www.michel-lafon.com

 


 


Le roman qui a fait mouche en Italie

Comme le marché du film américain est un dominant impérialiste, on ne connaît plus trop ce qui se fait côté cinéma ailleurs dans le monde. Ainsi le nom de Ferzan Ozpetek cinéaste turco-italien ne vous dira pas grand chose et c’est normal. La chance de voir un de ses films au réseau TVA est aussi rare que de gagner à la Loto. Et pourtant il est à découvrir. Non seulement pour le volet cinoche, mais c’est aussi un écrivain méritant qui réussit à gagner 400 mille lecteurs pour son troisième roman Comme un souffle. Nous sommes à Rome et un couple décide d’en inviter deux autres à leur appartement. Et tout a leur préparatifs voici que l’on sonne à la porte. Se pointe une femme répondant au nom de Elsa Corti, venue d’Istanbul, qui leur dit qu’elle a déjà vécu dans cet appartement et demande la permission de le revoir. Elle a aussi entre les mains une pile de lettres dont le contenu, vous le verrez, va remuer tous les gens présents, couples amis compris. Une histoire encore de gros secrets. C’est fou comme l’absence de vérité fait surgir de grandes histoires. Il y a peut-être des chances que l’écrivain se serve de son livre pour le porter au grand écran. C’est en tout cas une sacrée histoire enlevante.
Comme un souffle Ferzan Ozpetek. Michel Lafon 232p.     www.michel-lafon.com

 


 


Dans les coulisses de la vie parlementaire à Ottawa

Gilbert Lavoie a été un journaliste qui a successivement été à La Presse, au Droit et au Soleil, dans les deux derniers quotidiens à titre de rédacteur en chef. Avec un intérim comme attaché de presse de Brian Mulroney. Auparavant il avait été correspondant parlementaire de La Presse sous le règne de Pierre-Elliott Trudeau. Il a donc vu la vie parlementaire des deux côtés de la clôture. Comme correspondant il était au fait des politiques et des politiciens. Comme attaché de presse au bureau du premier ministre, il voyait vivre la lourde machine des fonctionnaires et des apparatchiks du pouvoir. Ce qu’il y a de formidable à cette lecture, c’est la franchise de l’auteur qui n’a plus rien à perdre, ne se reconnaissant plus dans le monde des médias tel qu’il se pratique de nos jours, inféodé au marché publicitaire. Par exemple, il nomme carrément un journaliste du groupe Sun d’imbécile. Dévoile une lettre confidentielle à André Desmarais dans laquelle il l’accusait de ne pas prendre en considération les pensions de vieillesse des quotidiens régionaux du Groupe Gesca qu’il avait vendu. Il ne se gêne pas pour qualifier cet homme d’affaires de sans coeur. L’ouvrage est aussi un tribut à Brian Mulroney qui a toute son estime, un homme attentif au plus petit, s’informant même de l’état de santé de ses adversaires, si injustement maltraité par la presse canadienne anglo-saxonne. Vous verrez comment se vit le pouvoir au quotidien. Une radiographie éblouissante. 
Dans la cour des grands Gilbert Lavoie. Septentrion 201p.    www.septentrion.qc.ca

 


 


Itinéraires d’un alpiniste hors du commun

Retenez ce nom car c’est celui d’un phénomène. Il s’appelle Nimsdai Purja. Ce népalais qui est arrivé à l’alpinisme comme une vocation tardive a commis un exploit hors du commun, à savoir d’avoir gravi les 14 sommets les plus hauts du monde en moins de sept mois!. Et autre tour de force, il a escaladé le fameux K2 en saison hivernale tenez-vous bien, et sans l’aide d’oxygène. On pourrait imaginer ce type comme une sorte de mâle alpha, machiste à souhait. Eh bien non, il rend même hommage à sa maman qui demeure sa source d’inspiration et à qui il consacre une photo dans les pages de ses souvenirs Au-delà du possible 14 sommets avec pour sous-titre “Ma vie dans la zone de la mort” qui annonce tout un programme. Ce qu’il y a de merveilleux avec la maison d’édition du Mont-Blanc qui accueille cet ouvrage, c’est que bien qu’ayant choisi une ligne éditoriale consacrée essentiellement à la montagne et ses dérivés, c’est toute une dimension humaine qui sous-tend qui va intéresser même ceux que l’alpinisme au premier plan n’accrochera pas. Il y a une photo saisissante où au sommet d’une de ces terrifiantes montagnes, notre gars est…au-dessus des nuages.  A lire sans faute, sinon vous passez à côté de quelque chose.
Au-delà du possible 14 sommets Nimsdai Purja. Éditions du Mont-Blanc 343p.   www.leseditionsdumontgblanc.com 

 


 


Suivons le guide vers le cosmos

Sébastien Carassou est un jeune astrophysicien qui tout comme tout, et fort jeune, regardait le ciel se demandant de quoi est fait l’univers si grandiose. Il en a même fait son gagne-pain et offre des conférences tout comme il anime sa chaîne YouTube “Le Sense of Wonder” qui attire des dizaines de milliers de curieux. Poursuivant son travail de vulgarisation, il signe un bouquin qui, s’il n’a pas la prétention de livrer toutes les réponses donnent des informations de premier plan. Il explore les hypothèses de la création du monde, la structure de l’ADN, en quoi la station spatiale internationale est un peu plus pour l’avancée des connaissances cosmiques, etc. C’est un conteur de premier plan qui réussit à mettre à notre portée des notions complexes. Après lecture vous ne regarderez sans doute plus le ciel de la même façon.
Le cosmos et nous Sébastien Carassou. Équateurs 284p.      www.editionsdesequateurs.fr

 


 


Deux petits contes mignons pour jeunes têtes imaginatives

Les parents trop addicts à leur esclavage numériques ont abandonné depuis belle lurette de lire des contes à leurs enfants. Et c’est un tort. Car tous les pédopsychiatres vous le diront, il n’y a rien de tel que les contes pour enflammer l’imagination enfantine. Et si vous désirez vous y mettre chers géniteurs soucieux de la bonne éducation de votre progéniture, voici justement deux belles propositions dans la collection “Une histoire et Oli” chez Michel Lafon en partenariat avec France Inter. Le premier, de Julien Blanc-Gras et Damien Catala La vie secrète de Doudou Lapin” raconte genre “il était une foisun charmant petit lapereau qui a chuté de la poche dans laquelle il se trouvait alors que son gentil maître Arthur pédalait à vélo. On est la nuit. Par chance l’infortuné animal va tomber sur une Doudou Lapine qui va le mener sur des chemins joyeux. 
Ailleurs c’est Claude Askolovitch et Madeleine Brunelet qui présentent Le petit chevalier. Le chevalier dont il est question ici est, dit-on, pas plus grand qu’une fourmi! Il est tombé raide dingue d’une princesse, qui elle, est promise à un malabar robuste et à l’absence de quotient intellectuel. C’est la présence d’un dragon allié qui va arriver dans le décor pour dénouer l’inextricable. Dans ces deux contes, il y a comme dénominateur commun de belles leçons de vie, indispensables à la formation d’un enfant. A bon entendeur.

 


 


Des leçons d’économie écologique pour nos gouvernants et leaders d’industrie

Il n’y a pas à chercher de midi à quatorze heures, les dérèglements écologiques n’ont pas surgi tout seul, ils sont le fruit de pratiques industrielles et de laisser-aller gouvernementaux. Sous la direction de Alejandra Zaga Mendez, Jean-François Bissonnette et Jérôme Dupras une équipe pluridisciplinaire de chercheurs ont accouché d’un volume qui est rien de moins qu’un ensemble de propositions pour que se vive une interaction entre l’économie et l’écologie. Une économie écologique pour le Québec est à peine sortie des presses qu’il fait déjà référence. C’est que rien n’a été négligé dans cette étude exhaustive. On appréciera notamment les regards qui sont posés sur l’industrie forestière. Ce magnifique travail de recherche sera d’une grande utilité, surtout pour ceux qui ont à prendre des décisions politiques ou industrielles au vu de la protection du climat.
Une économie écologique pour le Québec . Presses de l’Université du Québec 353p.     www.puq.ca

 


 


L’utilisation de nos données numériques par l’administration publique

On l’a dit et redit, nos données personnelles valent de l’or pour ceux qui sont animés de sombres desseins. Au moment où les administrations publiques ne se lassent jamais de nous demander de plus en plus de codes et d’identifiants qui peuvent facilement être à la merci de hackers. Pierre Desrochers est professeur auxiliaire à l’École des sciences de l’information de l’Université d’Ottawa, chargé d’enseignement à l’École nationale d’administration publique et enseignant associé de de l’Académie du numérique de l’École de la fonction publique du Canada. Et comme si ce n’était pas assez, il est lui-même fonctionnaire au fédéral! S’il en est un qui connaît bien les enjeux de l’utilisation numérique de nos informations personnelles, c’est bien lui qui nous gratifie d’une petite étude en quatre volets Les données administratives publiques dans l’espace numérique. Il brosse le tableau des procédures en place et il y va de recommandations sur ce qu’il y aurait lieu de faire. Est-ce nécessaire de rappeler à quel point c’est une préoccupation récurrente dans l’actualité. Ce petit traité tombe à point nommé.
Les données administratives publiques dans l’espace numérique Pierre Desrochers. Presses de l’Université du Québec  96p.       www.puq.ca

 


 


La famille, l’inépuisable sujet 

Pour un romancier en mal d’inspiration ou non, la famille est un terreau inépuisable. Car si on parle de liens du sang dans une fratrie ou avec les géniteurs, l’expérience nous a bien appris qu’on est souvent plus étrangers avec les siens qu’avec des amis que l’on s’est choisi. Tout ça pour vous dire que le cinéaste et écrivain Bernard Émond a puisé dans les bonnes veines car il nous arrive avec Quatre histoires de famille. Qui nous remet en mémoire que dans le cas où vous avez été avec une femme avec laquelle vous ne vous entendez plus, si par malheur vous avez eu des enfants avec elle, tant est que vous souhaitiez vous en débarrasser, elle demeurera toujours la mère de vos enfants et présente dans votre vie jusqu’à la fin. C’est une des leçons que l’on retient d’une de ces histoires.  L’auteur qui est un homme d’images, se sert bien de cette faculté pour nous en mettre plein dans ces pages. Il a bien vampirisé l’âme de ses personnages et restitue bien tout ce qui habite leur for intérieur. Ce roman qui a presque valeur de documentaire comme sa spécialité cinématographique, est une des belles surprises printanières.
Quatre histoires de famille Bernard Émond. Leméac 126p.    

 






 


Le coin santé physique et psychique

S’il y a une chose que la société censure c’est bien la colère. Qu’est-ce qu’on a la hantise des débordements! Voyez dans les officines de la fonction publique, on prévient de conserver un échange courtois, que les manifestations hostiles sont prohibées. De même dans les services publics au téléphone, on vous invite à garder le calme, que l’on ne tolère pas les comportements disgracieux. Bref, toute manifestation contraire aux paramètres sociétaux est proscrite. La colère doit s’effacer du paysage. Et curieusement, alors que l’on croirait que la littérature en psychologie a tout abordé des faits et gestes de l’homo sapiens, la colère a été très peu exploité. D’où l’intérêt que lui porte la docteure en philosophie Sophie Galabru dans Le visage de nos colères chez Flammarion. Elle lui consacre des pages édifiantes qui explorent le monde de l’énervement comme jamais.

Un autre sujet, que l’on n’a jamais vu à notre connaissance dans la littérature en psychologie est la…stupidité. Et dieu sait que ça touche pas mal de monde, tant du côté de ceux qui le sont, stupides, que ceux qui doivent les subir. Et un de nos collègues à la rédaction dit souvent que le Créateur doit les aimer les cons car il en a fait beaucoup!. Bref, Serge Larivée, professeur en psychoéducation à l’Université de Montréal, nous livre ses considérations avec Bienvenue dans l’univers de la stupidité aux éditions JFD.  Dans un film dialogué par le célèbre Michel Audiard, on a une réplique culte, émanant si notre souvenir est bon de Bernard Blier “et le pire c’est que les cons ont une opinion et c’est ça qu’on les reconnaît”. Justement, l’essayiste consacré un long passage à l’opinion. Avoir une opinion est-il un marqueur de l’intelligence ? Et puis les QI résistent-ils à l’analyse, le nombre est en déclin depuis 1990, qui coïncide avec l’ère du numérique, le cerveau s’en remettant au bidule techno. Il conclut en appelant de tous ses voeux, la recherche des faits plutôt que de se contenter de rumeurs que l’on ensuite colporter. 

Estelle Dossin porte la double casquette de psychologue clinicienne et psychanalyste. C’est une “marieuse”. En effet, elle anime sur la chaîne M6 en France une émission intitulée “Mariés au premier regard”. Par le biais des ondes elle tente de créer des couples au moyen de grilles psychométriques de son cru. A sa prestation médiatique elle ajoute l’écrit avec Réussir en amour c’est possible. Dans ce tout petit livre, elle dit grosso modo que nous sommes les artisans de notre malheur et que si on y met du sien en adoptant une meilleure posture mentale, tout devient possible. Avis aux malchanceux qui n’ont pas été dans la ligne de mire de Cupidon. C’est chez Michel Lafon.

Aux éditions Mardaga, le médecin généraliste Thomas Orban est aussi membre de la Société française d’alcoologie. En compagnie du journaliste de l’actualité médicale Vincent Liévin ils ont écrit à quatre mains Alcool ce qu’on ne vous a jamais dit. Un titre à prime abord intrigant quand on croit que tout a été dit sur cette maladie des émotions et ses ravages.  Attention, on ne vous arrive pas ici avec des infos fracassantes. Simplement que le médecin, très tôt, voyait des confrères, boire, et même énormément. Et l’alcoolémie l’a captivé dès les premiers temps. Dans ce livre, il rapporte toutes les nouvelles données scientifiques concernant la dépendance à l’alcool. Et il commence par l’ABC de ce qu’il faut savoir de ce liquide séduisant mais qui peut s’avérer infernal pour peu que nous soyons en perte d’équilibre. Et comme avec l’internet, et la surabondance d’information qu’on y trouve, il y a le risque que l’alcoolique s’y perdre. Les auteurs ne font pas autre chose que de livrer l’heure juste.

L’auteur-compositeur-interprète Christophe Maé avait fait un carton il y a quelques années avec sa chanson “Il est où le bonheur ?”  Marianne Chaillan professeure de philosophie à Marseille, se pose la même question. Son credo est que d’espérer le bonheur est la voie royale pour ne jamais l’atteindre. Et que c’est là que la philosophie est un outil précieux pour explorer ce sentiment. Davantage que tous ces livres de croissance personnelle, qui ont l’apparence de faire du bien mais qui n’agissent pas mieux qu’un effet placebo. Où est donc le bonheur ? qu’elle lance aux éditions Équateurs est dans le prolongement de son enseignement. Ouvrage d’autant plus souhaité que les cours de philosophie dans les programmes scolaires se comptent sur les doigts. On forme plutôt des cancres que des être en pleine possession de leurs moyens. A défaut de pouvoir suivre les cours de dame Chaillan, on a la chance de puiser dans les pistes de la connaissance qu’elle nous propose. Et on le sait, qui sait a moins peur. Et l’absence de peur ouvre peut-être la porte à ce qui peut s’apparenter sinon au bonheur, à de multiples instants de joie. Les atteints de lucidité chronique trouveront dans ces chapitres des sources d’espoir.