- MARS 2025 -
 
     
 


 

Construire une décoloniale internationale

Houria Bouteldja est une militante toute axée sur la décolonisation, culturelle, sociale et politique. A la fin de septembre 2024, elle était invitée à prononcer une allocution dans ce qu’on nomme un Bandung qui s’est tenu à Montréal. Grâce aux éditions de la rue Dorion, nous avons le texte de cette conférence intitulé Des barbares, on veut des barbares! Le titre en soi annonce la couleur. C’est une petite plaquette dont le contenu l’emporte largement sur le contenant et où elle en profite pour lancer un vif plaidoyer pour la cohabitation des races. La métropole montréalaise était le théâtre tout trouvé, car si on critique bien la ville, la coexistence des cultures est un bel exemple.
Des barbares, on veut des barbares! Houria Bouteldja. Éditions de la rue Dorion 130p.    www.ruedorion.ca

 


 

Le one woman show et récit d’une femme

Une comédienne que nous affectionnons particulièrement est Julie Vincent. Sans doute, comme bien de ses consoeurs et confrères artistes, à défaut de voir venir les rôles, se dit qu’on est jamais mieux servi que par soi-même. Ce qui donne des one woman show, comme elle nous en sert un pétri d’humanisme au féminin La chair de Julia. Elle se dévoile dans plusieurs aspects. Et si de lire les répliques est fort distrayant, on imagine l’impact quand ces textes sortent de la gorge de l’intéressée. Celles et ceux qui ont un intérêt pour la condition féminine, vont trouver ici leur change. Il y a de beaux passages punchés. On peut figurer que cela a été sans doute pour elle un exercice thérapeutique. Rien de tel que de coucher sur papier ses états d’âme, véritable délivrance. Que du bonheur. Chapeau à la comédienne!
La chair de Julia Julie Vincent. Pleine lune 111p.    www.pleinelune.qc.ca

 


 

Il n’y a pas de résistance ordinaire

Claire Chevrillon est l’une de ses héroïnes résistantes oubliées de la Libération de Paris et par extension, de la France. Durant l’Occupation allemande, elle a agit comme une sorte de boîte aux lettres, postillonne de messages chiffrés destinés à ses collègues combattants. Vous ne pouviez avoir mission plus périlleuse, car souvent c’étaient des proches de votre entourage qui servaient de délateurs auprès de la Gestapo. Et si jamais vous tombiez dans les mains de ses sbires, vous étiez livrés à des tortures effroyables dignes du Moyen-Âge. Cette battante a écrit ses souvenir Une résistance ordinaire titre trop humble, car en vérité il n’y avait pas de résistance ordinaire. Ces personnes ont fait sacrifice de leur vie pour préserver la liberté. A lire sans faute.
Une résistance ordinaire Claire Chevrillon. Éditions du félin 305p. 

 


 

Deux ouvrages impératifs pour ceux que passionnent l’écologie

Vous remarquerez que dès qu’il est question de la sauvegarde de la planète, notamment au chapitre du réchauffement climatique, on réfère incontournablement sur les fonds marins et nos forêts. Eh bien aux éditions Quanto deux ouvrages qu’il faut absolument avoir lu pour être au courant des richesses de ces deux espaces. Le premier 10 choses que vous devez savoir sur les fonds marins de Jon Copley et Les arbres de Carolyn Fry. Ces deux bouquins ont en commun de rendre accessible tout ce qu’il faut savoir. Comment agissent en interactivité forêts et vie animale par exemple. On donne par exemple le cas des écureuils qui cachent dans des interstices de branches des noisettes pour ne pas qu’elles tombent au sol. Et on sait pour les fonds marins à quel point la hausse de la température prive d’oxygène les poissons et autres mammifères qui nagent dans les eaux. Ces deux parutions devraient être obligatoirement au programme scolaire, ou à défaut dans les bibliothèques scolaires dignes de ce nom.

 


 

Le capitalisme fidèle à ses bas instincts

La formule “plus ça change, plus c’est pareil” peut sembler éculé, mais en ce qui a trait au captitalisme, si des théoriciens au vu des technologies nouvelles, de la mondialisation et quoi encore, se sont mis à rêver d’une évolution du capitalisme, force est de constater que les pires travers associés à l’argent sont toujours en place. C’est rien de moins que ce nous dit l’universitaire George Caffentzis marxiste déclaré, qui dans son essai rigoureux et surtout brillantissime En lettres de feu et de sang. Quelle est la philosophie du travail en ce XXIème siècle. Il y a toujours les exploités et les exploitants. Cet exposé se veut une exhortation à plus de réalisme. C’est encore la loi du plus fort qui l’emporte. Les technologies ont beau évoluer à une vitesse étourdissante, c’est à se demander si l’homme n’est pas, lui, un demeuré.
En lettres de feu et de sang George Caffentzis. Éditions de la rue Dorion 499p.     www.ruedorion.ca

 


 

Choc autour de deux mondes

L’académicien Andreï Makine nous arrive avec un roman Prisonnier du rêve écarlate, fiction certes mais qui à l’apparence d’une étude de cas. Celle de son personnage central Lucien Baert d’obédience communiste, qui va s’amener dans la capitale russe en 1939. Il était auparavant nourri du credo du parti des soviets, qui proclamant la concrétisation d’une société égalitaire. Or il déchante notre homme. Ce qu’il découvre est tout sauf une parcelle de bonheur. Plutôt un totalitarisme malveillant avec tous les tares à la clé: arrestations arbitraires, tortures, propagande d’une vie de rêve alors que les rations manquent cruellement. Nous faisons ensuite un saut en avant de trente ans. Il y a une “évolution” qui déconcerte tout autant ce monsieur autrefois pétri d’idéalisme. Ce livre qui se dévore et c’est un euphémisme, nous fait voir la Russie de l’intérieur. A mettre sur le dessus de votre prochaine liste de titres à vous procurer.
Prisonnier du rêve écarlate Andreï Makine. Grasset 413p.

 


 

Récit d’une maison

Il y a bien des avenues pour dérouler une histoire. Par exemple, dans l’optique de la question qui fut posée jadis “objets inanimés avez-vous une âme” ici c’est une franco-ontarienne Paulette Tourangeau qui lance Brinch à branch où le personnage central est une maison qui raconte tout ce qui s’y est déroulé au fil des décennies. On part d’une ascendance écossaise, on fait un détour par la grippe espagnole et au fil des pages on se rapproche de notre époque. Le talent merveilleux de cette écrivaine c’est qu’elle a un sens du détail comme ces romanciers qui avant l’ère de la photographie, détaillaient tout pour que le lecteur “voit”. C’est la même chose ici. Ce qui donne un supplément d’intérêt.
Brinch à branch Paulette Tourangeau. Les 3 colonnes 166p.   www.lestroiscolonnes.com

 


 

Oh! la jolie famille…

F. LeRoy avait retenu l’attention avec un précédent titre, son premier en fait “La Surdose de l’âme”. Il persiste et signe avec un autre roman marqué par une violence sans nom Masques de porcelaine qui nous amène dans une famille totalement sous la domination infâme du matriarcat faite femme, Claire, mère de famille qui vastre psychologiquement tous les siens. Mais plus les chapitres avancent, plus on gravit des sommets de monstruosité. Car comme dans toute bonne famille, il y a des squelettes dans le placard. Et ici c’est la totale. L’hémoglobine est au rendez-vous. Ce pourrait faire un sacré film de type sanglant, précédé d’un suspense psychologique insoutenable. A défaut du grand écran vous pourrez ici faire vos propres images. Et si vous trouvez qu’on arrive trop vite à la fin du livre, rassurez-vous, c’est le Tome 1.
Masques de porcelaine F. LeRoy. La Plume d’Or 249p.    www.editionslpd.com

 


 

Se redécouvrir au Mexique

Nous connaissions déjà le talent de comédienne de Geneviève Brouillette. Mais on ignorait qu’il se doublait de celui d’écrivaine. Et quelle ne fut pas notre étonnement ravi de parcourir les chapitres de son roman Traverser la tempête avec un sombrero. Pour échafauder son histoire, elle a puisé dans un milieu qu’elle connaît bien, celui de la télévision. Son héroïne Juliette Beausoleil a cartonné comme productrice d’un jeu-questionnaire. Mais dans ce monde impitoyable vous êtes toujours sur un siège éjectable où les bisous fusent, mais qui ont la saveur des baisers de Judas. Bref elle connaîtra une sacrée déveine qui la fera s’exiler au Mexique. Que lui réserve sa carte astrologique au pays de la tequila, sombrero et mariachis ? Nous ne vous en dévoilons rien de crainte de bouder votre plaisir. Mais retenons que dame Brouillette maîtrise bien le sujet, le verbe et son complément. Nous avons savouré de pages en pages.
Traverser la tempête avec un sombrero Geneviève Brouillette. Druide 296p.     www.editionsdruide.com

 


 

Le triomphe de la volonté

Le nom de Thomas Platter (1499-1582) ne vous dit sans doute rien, et vous en êtes excusé, car le gars a vécu au XVIème siècle, ce qui fait loin. Et il figure injustement comme un anonyme selon ce que baptisent les médias quand ils n’ont pas affaire à une célébrité. Il est temps de réparer cette injure et c’est en lisant son autobiographie que vous allez vous passionner pour cet homme gardien de chèvres et orphelin qui finira sa vie comme recteur du gymnase de Bâle. Si l’expression “une vie de roman” a été galvaudé tant de fois, ici ça colle exactement à la réalité de ce personnage qui a compris très vite en autodidacte que c’était grâce à la connaissance qu’il allait sortir de sa condition. De quoi faire un film assurément.
Ma vie Thomas Platter. Florides helvètes 107p.  www.florideshelvetes.ch

 


 

Les dernières et éprouvantes heures de la libération d’Auschwitz

Si vous croyez que l’arrivée des libérateurs russes au camp d’extermination d’Auschwitz tournait la page des malheurs des déportés, vous avez tout faux. Au drame d’être livrés aux bourreaux nazis, succédait la question de savoir dans quelles conditions allait se dérouler la sortie de cet enfer et comment les SS, jusqu’à la fin, ont continué de tourmenter leurs victimes avec les fameuses marches de la mort. C’est toute cette saga que reprend le professeur et historien Alexandre Bande dans Auschwitz 1945. La Shoah n’en finit plus de dérouler ses analyses sur ces atrocités hors du commun. Cette publication agit comme un devoir de mémoire car rappelez-vous ce sinistre adage qui dit que quiconque ignore l’Histoire est condamné à la revivre….
Auschwitz 1945 Alexandre Bande. Passés composés 139p.    www.passes-composes.com

 


 

Une femme clame son affirmation de genre et ses nuances

C’est assez caractéristique des femmes de s’interroger à l’infini sur leur condition. Sans doute des antécédents historiques sociétaux expliquent la chose. Camilla Sironi est l’une d’elles. A la différence que dans son pamphlet Je suis qui je suis et c’est assez elle a fini par trouver l’apaisement et de s’affirmer par la même occasion. Cet ouvrage est forgé de courts textes qui fait un tour d’horizon de ce qu’est une femme, à tout le moins la signataire. Il y a un chapitre très intéressant c’est la mise en valeur de sa sensibilité masculine. Un sacré coup de pied aux Donald Trump et Pierre Poilièvre qui proclament qu’il n’y a désormais que deux genres: homme et femme avec tout le côté caricatural que cela suppose. Dame Sironi exhorte ses semblables et même les hommes invités à la lire, pour signifier que l’humain n’est pas un bloc monolithique. Rappelons Malraux qui le définissait comme un tas de petits tiroirs.
Je suis qui je suis et c’est assez Camilla Sironi. E2 Au carré 125p.     www.editionsaucarre.com

 




 

Le coin de la poésie

Cela fait un petit bout de temps que nous ne vous avions pas donné de nouvelles de ce qui se faisait côté poésie. Voici deux belles occasions de se rattraper avec des strophes fortes qui nous élèvent toujours au-dessus de notre condition. A commencer par la poétesse manitobaine Dominique Hétu qui frappe “dans le dash” avec son recueil Il n’y aura pas de safety word chez l’éditeur Hurlantes. Deux extraits qui donnent le ton “emmuré à côté d’un gars qui prend toute la crisse de place” et cet autre perle de réalisme qui orne la quatrième de couverture “que vaut une ride devant un bourrelet brûlé de peau tendue veinée y’a-tu une crème pour ça chez Séphora”  Nous vous voyons courir à toute jambes vers votre libraire, vous faites bien.

Chez l’éditeur Perce-Neige voici au tour de Maxime Boudreau qui s’invite à nous communiquer ce qui l’inspire venant d’une église et son cimetière voisin dans Paroisse. Sorte de métaphore sur la vie et la mort. A partir de ce prétexte il papillonne avec des pensées qui vont sans doute interpeller grandement le lecteur. Extrait “Parce ce que, parce que rien pis toute en même temps parce que les wipers n’arrivent plus à essuyer les larmes qui coulent” À qui ces nuages dans l’esprit ne nous ont pas traversé un jour ou l’autre

 


 

Tout ce qu’il faut savoir du journalisme

Même si la profession de journaliste est grevée par un degré inquiétant de précarité, surtout que les comptables des salles de nouvelles, fantasment à la perspective de ne plus payer personne et de recourir à l’intelligence artificielle. Mais il demeure que le métier fascine encore, même s’il est discrédité au chapitre de la bonne foi, et que des jeunes caressent le rêve de taper sur le clavier leurs premiers papiers. Pour tout savoir sur ce qu’il en est, un collectif de journalistes de La Presse livrent généreusement toutes les facettes de leur quotidien, sans masquer les écueils reliés à l’exercice de la cueillette de l’information. A la rédaction de Culturehebdo on a été conquis par la somme d’informations que recèle Devenir journaliste. C’est vraiment bien fait. Et chacun dans sa spécialité décrit qu’est-ce qui alimente leur routine. Dans le genre didactique on ne peut faire mieux. Lecture et curiosité sont à la base de tout pour exceller.
Devenir journaliste Collectif sous la supervision de Katia Gagnon. Les éditions La Presse 365p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Fin du cycle de l’Expansion

Dans le créneau du livre d’anticipation, Mathieu Muir s’est gagné un important lectorat avec les deux premiers tomes de sa saga sur l’Expansion: “L’ère de l’Expansion” et ‘“Les héritiers de l’Expansion” dans lesquels un peuple migrait vers une autre planète, laissant la Terre livrée à elle-même avec toutes les intempéries possibles. Voilà que sort sur nos rayons la conclusion de cette trilogie avec Les erreurs de l’Expansion. Sans être une terminaison en forme de happening, l’auteur entrevoit tout de même un avenir assez reluisant. Dans ce tome, il fait une analyse rétrospective des erreurs commises par une famille un peu trop soucieuse de la galaxie. Si vous avez aimé les deux premiers opus, alors là vous faites en terrain familial avec un style imparable. Puis pour ceux qui ont des petits problèmes, saluons l’utilisation de caractères typographiques un peu plus gros que la moyenne. 
Les erreurs de l’Expansion Mathieu Muir. Éditions David collection 14|18
368p.    

 


 

Un roman qui suinte la poésie

Michel Sidoroff est venu à la littérature par le biais de la poésie. Il entre cette fois dans le roman avec Pont suspendu qui reprend un thème qui lui est cher, la condition de l’homme, particulièrement de la classe ouvrière. Ici il nous emmène dans le quartier de Plaisance où se trouve un pont qui divise deux classes sociales, d’un côté les nantis, l’autre les besogneux. Un homme et une femme atteints par Cupidon et un même goût pour les sciences vont transcender ce clivage social. Et il arrivera que la disparition d’un père en montagne, allégorie de tout ce qui peut composer les aléas de la vie humaine. Et l’auteur, si vous n’avez pas le tournis, va vous surprendre. Vers la fin de l’ouvrage, de longs passages sont écrits à l’envers puis retour à l’endroit, etc. Autant vous prévenir pour ne pas être dérouté. Ce livre à connotation métaphysique marque positivement ce premier pas dans le genre du roman.
Pont suspendu Michel Sidoroff. Le temps des cerises 395p.   

 


 

La grande place prise par la mère

Que l’on remette en question le matriarcat, le personnage de la mère est incontournable dans la société des hommes, on aime ou on déteste sa mère. Il ne semble pas y avoir de juste milieu. On ne peut pas s’affranchir de sa présence. Ce personnage de la vie de l’homo sapiens a inspiré deux auteurs Isabelle Rivest et Francine Turbide qui, à quatre mains, lancent Nos mères meurent dont il y aura une adaptation théâtrale. C’est un texte collage qui rassemble plusieurs styles, sur les impressions que peuvent laisser une mère morte. Ici la mère est une pointure, car écrivaine. Elle n’aura pas laissé indifférent son milieu familial. A ceux que la présence d’une mère obnubilent, se trouveront ici en terrain familier.
Nos mères meurent Isabelle Rivest et Francie Turbide. Quartz 120p.    www.editionsduquartz.com

 


 

Impressions sensorielles de ressortissants migrants au Québec

Liza Bolen est professeure adjointe à la Faculté des Arts de l’Université du Nouveau-Brunswick à Saint-Jean. Sa spécialisation touche à la mémoire sensorielle dans la littérature. Et elle le montre magistralement dans cet essai Mémoire sensorielle et migration dans le roman québécois contemporain. Pour son exposé, elle a puisé dans quatre ouvrages écrits par des ressortissants venus d’un peu partout: La mémoire de l’eau de Ying Chen, Le pavillon des miroirs de Sergio Kokis, L’odeur du café de Dany Laferrière et Ru de Kim Thuy. On exploite ici deux regards, d’abord celui de l’évolution de la vie même de l’enfance à l’état adulte et aussi sur ce qu’a été la migration et son importance dans leur existence, à eux auteurs et transposée dans leur écriture. C’est un travail de haute volée universitaire on s’entend bien. Mais ceux qui ont lu ces ouvrages ou qui s’apprêtent à le faire, trouveront ici des pistes nouvelles d’intérêt.
Mémoire sensorielle et migration dans le roman québécois Liza Bolen. Les éditions de l’Épaulard 265p.  

 


 

Semer la démocratie chez les jeunes têtes

Alors que les montées des populismes et quand on voit celui qui trône tel un Néron à la Maison-Blanche, on prend conscience que la démocratie n’est pas un acquis définitif coulé dans le béton. Et on a vu durant la “pandémie” de la Covid-19, comment les gouvernements ont asséné une dictature sanitaire avec des confinements qui ont laissé des traces psychiques chez les gens. Donc la question de l’état de la démocratie est un enjeu de première. Des universitaires ont mené des recherches sous forme d’enquêtes rapportant des expériences menées chez des jeunes du Québec et leur lien avec la démocratie.Ça donne une radiographie fort intéressante Faire l’expérience de la démocratie. On assiste à différentes formes d’intervention en sensibilisation au sujet.
Faire l’expérience de la démocratie Les tiers-lieux de l’éducation à la citoyenneté des jeunes au Québec. Collectif sous la direction de Stéphanie Gaudet et Caroline Caron. Avec la collaboration de Sophie Théwissen-LeBlanc. Les Presses de l’Université d’Ottawa 260p.    www.presses.uOttawa.ca

 


 

Six nouvelles inspirées du travail des gardiens de musée

Il y en a dans chaque salle d’exposition des musées, ces hommes et ces femmes, chargés du gardiennage des oeuvres d’art. Ils se montrent effacés au point de se faire oublier. Mais Vava Sibb les a bien observés dans leur quotidien. De quoi faire un recueil de nouvelles sur le rapport émotionnel de ces agents de la paix bien spéciaux avec les ouvrages qu’ils ont pour mission de veiller. Cela donne Je ne suis pas une nature morte. Et le talent des nouvellistes est surtout celui de l’observation. Et la romancière n’en manque pas. Et qui a les honneurs du premier sujet d’observation, la Joconde elle-même. Qu’en dit la personne qui vit avec elle quasi au quotidien ? Allez lire, vous n’allez pas croire ce qui peut se passer dans la tête de ces gens.
Je ne suis pas une nature morte  Vava Sibb. Pleine lune 93p.    www.pleinelune.qc.ca

 


 

Une Bible plurielle et inclusive

Est-il imaginable que la Bible soit plus ouverte que les Donald Trump, J.D. Vance et Marco Rubio pour qui il n’y a, et c’est coulé dans un décret par la houpette orange, qu’il n’y a sur terre que deux genres, homme et femme ? Eh bien, si vous voulez bousculer tous les a priori concernant le livre sacré, allez lire la thèse table rase du professeur d’études bibliques à l’Université Laval Sébastien Doane qui débarque avec un brûlot qui remet les pendules à l’heure. La diversité est très présente dans les pages de l’auguste livre. L’humain n’est surtout pas le bloc monolithique que l’on voudrait qu’il soit. C’est une lecture avec un prisme queer, rien de moins. Saluons l’auteur et chercheur de faire évoluer la connaissance humaine nous concernant.
Bible, genres et sexualités Sébastien Doane. Les Presses de l’Université Laval 271p.   www.pulaval.com

 


 

Comme archéologie du visible: une balançoire au gré des cultures

Comme quoi tout objet, toute chose peut faire le thème d’une recherche pour qui veut s’en donner la peine. Javier Moscoso directeur de recherche en histoire et philosophie des sciences à l’Institut d’histoire du Conseil supérieur de la recherche scientifique à Madrid, a par exemple, trouvé que l’innocente balançoire, sur laquelle combien de gens se sont bercés au gré des époques et des pays, méritait son histoire et des analyses. Une histoire renversante de la balançoire vous partagera des observations étonnantes. L’objet en soi n’est pas si innocent que ça en soi et nullement passif. Et aussi en quoi cet objet a des implications en psychologie, comme le fait de se bercer suggère la fuite de quelque chose, pour trouver de l’apaisement.
Une histoire renversante de la balançoire Javier Moscoso. Éditions de la Sorbonne 232p.    www.editionsdelasorbonne.fr

 


 

Il était une fois la République démocratique allemande

Si nous en Amérique avons un peu perdu de l’esprit ce qu’a été la vie en RDA, les européens s’en souviennent. Et que dire surtout des allemands qui ont dû vivre avec ce symbole du mur de Berlin, qui scinda la ville durant tant de décennies et la source de tant de malheurs, de pertes de vie. Et aussi le quotidien de ses habitants, qui s’ils avaient le malheur d’espérer la liberté, étaient confrontés au quotidien, à la peur, la délation. Avec toujours la Stasi, la police locale qui ne faisait pas de quartier avec les opposants au régime est-allemand. L’historienne Katja Hoyer retrace dans un pavé fondateur l’épopée de ce mur. Chercheuse entre autres au King’s College en Angleterre, l’auteure sait de quoi elle traite au plus profond de son être, car elle est née en RDA. Tout y est ou presque, des tensions de l’après Seconde Guerre mondiale, la guerre froide, la construction du mur en 1961 et le quotidien, voire l’enfermement de ceux qui ont eu le malheur de vivre à l’Est.
Au-delà du mur Histoire de la RDA Katja Hover. Passés composés 428p.   www.passes-composes.com

 


 

Les pensées de la première femme Nobel de l’Amérique latine

En terminant la lecture du journal de Gabriela Mistral on se rend compte à quel point nous sommes des nains devant la connaissance. En effet, faites un micro-trottoir ou un vox pop au choix, et posez la question à n’imoprte quel badaud, s’il sait qui est cette femme. Vous aurez une entièreté de réponses négatives. Et pourtant quelle tristesse quand on sait que la dame Mistral a été la première femme en Amérique latine à recevoir le Prix Nobel de littérature. Au lieu de vous flageller de votre ignorance, rattrapez-vous en allant lire son journal intime Bénie soit ma langue. Il y a parfois de ces journaux qui évoquent le plus plat des quotidiens. Mais ici on plane en hauteur, car l’auteure ne se cantonne pas aux petites routines. Elle est en mode constant de réflexion. Nous faisons connaissance avec une femme engagée et qui porte des analyses pertinentes sur l’état du monde, surtout d’un thème qui lui est cher, la libre circulation des idées. Rien ne destinait cette figure née dans la cordillère chilienne, qui deviendra enseignante et diplomate. À lire absolument.
Bénie soit ma langue Gabriela Mistral. Éditions des femmes Antoinette Fouque 268p.     www.desfemmes.fr

 


 

Féminisme et racisation en milieu carcéral

Nous avions une bonne idée que ce ne doit pas être jojo d’être en prison, loin des clichés style Club Med. Mais pire encore, il y a une dimension de l’incarcération qui prête flanc à toutes les injustices, celle d’être femme, et en plus d’être de couleur. Un essai se veut une sensibilisation à des pratiques décriées Abolition, féminisme tout de suite signé par Angela Y. DAvis, Gina Dent, Erica R. Meiners et Bert E. Richie. On nous montre la corrélation entre le capitalisme et la criminalisation. Car c’est bien souvent par précarité que l’on va commettre des crimes de niveau mineur, mais avec des conséquences sociales épouvantables. C’est une analyse qui manquait à ce chapitre et dont le fossé est comblé.
Abolition féminisme tout de suite Collectif. Éditions Daronnes 296p.    www.editionsdaronnes.fr

 


 

Un roman d’un Ivoirien sensible à la déportation des Acadiens

Jean-Louis Grosmaire est natif d’Abidjan capitale de la Côte d’Ivoire. C’est bien le dernier duquel on s’attendrait à ce qu’il nous émeuve au sujet de la déportation des Acadiens. Et il en fait un roman de haute volée Mouvance et espérance. Qui met en scène au fort Beauséjour à la lisière de l’Acadie, un soldat français blessé et une jeune acadienne qui va lui apporter des premiers soins. Mais le destin va les séparer géographiquement, la famille de cette dernière migrant vers la vallée du Saint-Laurent pour échapper au triste sort des siens aux mains des anglais. Mais notre milicien va se mettre en quête de la retrouver. Une belle histoire d’amour classique sur fond de réalité historique, voici deux ingrédients qui devraient plaire au lecteur. Surtout servi par une maîtrise de la langue française et un sens de la narration. En fin d’ouvrage, l’auteur nous gratifie d’une solide bibliographique pour qui veut fouiller le volet historique concerné.
Mouvance et espérance Jean-Louis Grosmaire Les Presses de l’Université d’Ottawa 316p.    www.Presses.uOttawa.ca

 


 

Une relecture de la philosophie antique

Nicolas Comtois est chercheur postdoctoral à l’École pratique des hautes études qui se penche sur le travail de Pierre Hadot spécialiste de patristique et de philosophie hellénistique et romaine. Qui a centré tout son travail sur la philosophie liée au mode de vie, notamment les exercices spirituels. Pour lesquels il a apporté un éclairage nouveau qui n’a eu de cesse de fouiller. Comtois signe donc Apprendre à lire avec en sous-titre “l’art de l’interprétation chez Pierre Hadot”. C’est un travail de grande rigueur intellectuelle qui réclame du lecteur un niveau d’exigence à la hauteur de l’investissement consenti. Ceux qui se passionnent pour la philosophie antique se trouvent ici dans une véritable bonbonnière d’idées.
Apprendre à lire Nicolas Comtois. Les Presses de l’Université Laval 406 www.pulaval.com

 


 

Réédition d’une histoire de la mort au Québec

Pour preuve que ce livre a fait sa niche chez les gourmets férus de l’Histoire du Québec, on réédite La vie, la mort, hier et aujourd’hui de l’historien et professeur Serge Gagnon. Évidemment, ce thème est étroitement lié au rapport de l’Église omnipuissante qui dictait comment gérer les dépouilles et les âmes. Ça n’a pas toujours été des relations de tout repos. Surtout quand des nantis avaient des caprices qui n’allaient pas toujours dans le sens des volontés de l’épiscopat. L’argent avait finalement toujours le dernier mot. C’est une lecture riche en anecdotes qui démontrent que l’auteur a fouillé son sujet jusque dans ses derniers replis. Aussi, l’attitude des nôtres au fil des siècles face à la fin de vie. A mettre impérativement au sommet de votre prochaine liste de lectures.
La vie, la mort, hier et aujourd’hui  Serge Gagnon. Les Presses de l’Université Laval 172p.    www.pulaval.com

 


 

Frédéric Beigbeder à la découverte de son père

C’est une démarche périlleuse que de fouiller dans les histoires de ses parents. On risque d’être heurté par ce que l’on vient de découvrir. L’ex publiciste et personnage “pipole” Frédéric Beigbeder a pris ce risque. Il sera gratifié de pas mal de découvertes concernant son paternel William Harbert Carthew (1938-2023) alias Jean-Michel Beigbeder. Son fiston reprend le parcours en dents de scie de son géniteur qui a eu plusieurs intérêts professionnels. Qui finira dans la dèche. Même dans sa jeunesse il sera confronté à des accès de déprime et voudra mettre fin à ses jours, à peine âgé de vingt-deux ans. C’est un récit absolument touchant sur la précarité de la condition terrestre. Et cela a dû être pour l’auteur un travail de rédemption. Car il a dit que cela lui a permis de mieux se connaître. Ça se lit pour nous avec bonheur. La riche histoire d’un anonyme.
Un homme seul Frédéric Beigbeder. Grasset 212p.

 


 

A l’ère numérique, comment ne pas se faire f…

Le saviez-vous, nous sommes dans l’ère numérique qui a succédé à la civilisation judéo-chrétienne dans le monde et éradiqué bien d’autres civilisations par la même occasion. Conséquence, vous les zombies, êtes assailli de sollicitations pour vous abonner à divers services et plateformes qui se multiplient à l’infini. Alain McKenna le journaliste de La Presse et véritable crac en techno dont il s’est fait une spécialité journalistique, nous offre un guide inestimable Payez moins pour s’y retrouver dans cette jungle du monde moderne, et étourdissante. Il a fait un travail titanesque pour illustrer l’offre du marché, ce qui est valable, couçi couça ou voire minable et les meilleurs prix possibles à valeur égale.
Payez moins Alain McKenna. Éditions La Presse 165p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Commisération d’un anarchiste pour le paysan

Élisée Reclus (1830-1905) géographe, communiste et anarchiste, il fut régulièrement banni de France pour ses idées révolutionnaires. Il prônait l’alimentation végétarienne et le naturisme! Pensez donc, au XIXème siècle puritain. En exil souvent, il atterrira en Irlande où il sera témoin de la terrible famine. C’est pour ça qu’il a entretenu beaucoup de compassion pour le dur labeur de paysan. Pour lequel il écrira une plaquette hommage À mon frère le paysan. Un court texte où il écrira en peu de mots son admiration, son soutien pour la cause paysanne. Saluons l’éditeur de remettre sur les rayons ce beau tribut.
À mon frère le paysan Élisée Reclus. Éditions Reliefs 32p.  

 


 

Une fillette avide d’un autre monde

Le plus grand tabou ce n’est pas le c…mais la procréation. Venir au monde sans l’avoir demandé. Ne vous demandez pas après coup pourquoi les addictions fleurissent, notamment drogues et alcool, pour geler ce mal de vivre. La petite Camille du roman merveilleux La petite fille qui voulait aller au bout du monde de Francine Lemay elle aussi ne se sent pas sécure dans sa famille disjonctée. Ah les belles familles que cela donne. A cinq ans, sur sa bicyclette, elle pédalait à fond pour sa quête d’un monde meilleur. Et quatre ans plus tard, c’est l’écriture qui sera son exutoire. La romancière a bien investi l’âme de la petite, son désarroi, ses aspirations. Comme si elle avait puisé dans sa propre enfance pour faire rejaillir les émotions qui peuvent vous parcourir à un si bas âge. C’est une belle surprise à travers la cargaison de livres qui se publient chaque mois. Et pour les personnes qui éprouvent des ennuis visuels, l’éditeur a prévu de plus gros caractères typographiques.
La petite fille qui voulait aller au bout du monde Francine Lemay. Éditions Louis Martin 330p.    www.leseditionslm.ca

 


 

Comment on est “contaminé” par la culture dans un Québec profond

Raymond Montpetit est une pointure dans le paysage muséologique au Québec. Professeur émérite au Département d’histoire de l’art de l’UQAM il en a été le directeur fondateur de la maîtrise en muséologie, une première comme formation universitaire de cette spécialisation. Il publie ses souvenirs dans Accéder à la culture et la diffuser. Lui, le bardé de décorations dans sa sphère et qui a plongé et produit des articles et thèses hermétiques dans son domaine a le grand mérite de se raconter ici en toute simplicité. Ce qui vaut le détour de cette lecture, c’est comment dans son cas il a été happé par le goût de la connaissance des arts. Parce qu’il faut bien l’avouer, le Québec n’a jamais été une friche pour l’appétit culturel. C’est toujours un mystère de savoir comment un individu dans un tel contexte a pu être séduit culturellement parlant. Nous avons été enchanté au superlatif de parcourir ces pages qui prennent comme point de départ la Révolution tranquille.
Accéder à la culture et la diffuser Raymond Montpetit. Les Presses de l’Université Laval 345p.     www.pulaval.com

 


 

Comment on évacuait pisse et merde à travers l’Histoire

C’est dit crûment de la sorte, mais comment l’écrire autrement cette disposition des déchets humains ? Olivia Meikle et Katie Nelson ne se sont pas embarrassés de convenances pour nous raconter cette petite histoire qui fait la grande, et terriblement humaine. Cela donne un album ludique et illustré par Ella Kasperowicz qui a pour titre La puante histoire des toilettes. Vous saurez tout de comment les déjections humaines étaient rejetées et à travers les exemples de plusieurs nations dont les Vikings. C’est dire que rien n’a été négligé. Après lecture vous pourrez stupéfier vos proches avec ces connaissances si particulières.
La puante histoire des toilettes Olivia Meikle et Katie Nelson sur des illustrations d’Ella Kasperowicz. Éditions Métamorphe 48p.   www.editionspetitsgenies.ca

 


 

Philosophie vs religion

Il ya plusieurs mois, le philosophe Michel Onfray était appelé à débattre avec un dominicain au sujet du livre qu’il venait de publier affirmant que le personnage de Jésus était une pure mystification. Le premier opposait la raison au second qui prônait la Foi sans se poser de questions. Philosophie et religion sont-elles compatibles ? Voilà la question que pose une petite plaquette conçue en collectif sous la direction de Marcel Côté et Syliane Malinowski-Charles. Ils font un tour d’horizon de quelques philosophes clés et leur rapport à la religion. Lecture édifiante pour quiconque veut se forger sa propre opinion.
Philosophie et religion sont-elles compatibles ? Collectif. Les Presses de l’Université Laval 91p.     www.pulaval.com

 


 

Au sujet du travail à la con

L’anthropologue David Graeber disparu en 2020, était professeur à la London School of Economics.  Son passage terrestre n’aura pas été inutile car il nous a laissé entre autres un bijou de rébellion Bullshit jobs une dénonciation magistrale du boulot répétitif et peu stimulant. Nous, à Culturehebdo on a hurlé de bonheur car nous avons une philosophie que l’expression la plus indécente est “gagner sa vie” alors qu’on ne l’a même pas choisie. Et en plus, supplément de grossièreté on viendra nous dire que la vie est un cadeau…Le prof Graeber fait la démonstration que trop de gens consacrent des heures de leurs journées à des travaux vides de sens. Qu’ils ne sont même plus des individus, mais des ressources humaines. Tous ceux qui en ont marre de leur gagne-pain trouveront un merveilleux exutoire dans ces pages. Et l’auteur en rajoute en exposant certes la problématique, mais nous livre aussi des clés pour pouvoir s’en sortir.
Bullshit jobs David Graeber. Les liens qui libèrent 443p.    www.editionslesliensquiliberent.fr

 


 

Tout connaître des Mohawks

La collection “les récits de notre terre” aux éditions des Presses de l’Université Laval, fait paraître Les Mohawks de Daniel Clément avec les hurons Wendat, les Mohawks, pour les montréalais en tout cas, sont les plus connus parmi les Premières nations, car géographiquement de proximité. L’anthropologue dénombre 20 mille Mohawks, numériquement la plus peuplée des peuples autochtones. Et ce vocable englobe une série de sous-représentants avec des désignations spécifiques, que l’auteur se fait fort de détailler. C’est une lecture à faire impérativement, d’une part pour bien les connaître, mais en reconnaissance à ce qu’ils ont apporté à la culture et à notre propre descendance. Comme le rappelait le regretté Serge Bouchard, on descend pour majorité de ces indiens, et qui ont imprimé nos moeurs par rapport aux bas de soie des colonisateurs.
Les récits de notre terre Les Mohawks. Daniel Clément. Presses de l’Université Laval 154p.   www.pulaval.com

 


 

Jadis le Tiers-monde maintenant devenu le Sud global

C’est une lapalissade que le monde a bien changé. Notamment dans les appellations géo-économiques. Ainsi on ne dit plus Tiers-monde mais Sud global. Le fossé est abyssal entre les conditions de vie des occidentaux et le reste du monde. Et ce n’est pas l’administration calamiteuse avec l’imprévisible locataire du Bureau ovale qui va aider à rapprocher les pays. Ainsi pour comprendre ce qui ne va plus et la montée des conservatismes on réédite L’heure du sud un essai magistral qui radiographie l’état de la planète, un collectif sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal.Et ce qui est rapporté dans ces chapitres n’a rien de rassurant. Encore une fois et depuis que le monde est monde, les puissances de l’argent font table de toutes les conventions et éthiques.
L’heure du sud Collectif. Les liens qui libèrent 292p.   www.editionslesliensquiliberent.fr

 


 

Les défis de publier en mode indépendant

Alors que le coût de la vie est prohibitif et les salaires ne suivant plus, on comprendra que l’achat d’un livre n’est pas la priorité absolue. Mais miracle tout de même, le livre se vend encore, cela dépendant des sujets ou de la notoriété des auteurs. Les éditeurs indépendants de leur côté font des pieds et des mains pour passer au travers. Un livre leur est consacré Précarité de l’édition indépendante un ouvrage écrit en collectif qui ne se penche pas que sur la situation en France, mais aussi ailleurs dans le monde de la francophonie. Ainsi s’est-on posé la question comment se porte l’édition en Haïti ? Vous trouverez la réponse dans ces pages. Un chapitre est consacré au Québec où l’édition indépendante jouit de conditions un peu semblables côté soutien, à ce qui se fait en France. Mais le maître mot pour qualifier ce qui se déroule en ce moment, fragilité.
Précarité de l’édition indépendante Collectif. Éditions Double ponctuation 172p.    

 


 

Le père du tueur de la grande mosquée de Québec s’exprime

Cette date du 29 janvier 2017 restera à jamais gravée dans les annales des affaires criminelles du Québec, alors que le jeune Alexandre Bissonnette s’introduisit arme au poing pour faucher la vie de six musulmans. Dans la Vieille Capitale, si criminellement paisible, on n’a jamais assisté à un tel carnage. L’auteur terminera sa vie derrière le barreau. Son paternel Raymond Bissonnette a tenu à exprimer que les victimes ne se comptent pas qu’au temple, il y a aussi la famille Bissonnette aussi qui a été impactée dans cette affaire remuante au possible. Il nous offre Quand il n’y a pas de mots. Le titre est paradoxal, car s’il n’y a pas de mots, il en a trouvé suffisamment pour faire un livre. Et non pas un plaidoyer pour disculper son fils avec des circonstances atténuantes. Il cherche comme nous des explications. On apprend notamment qu’adolescent, le futur tueur a été victime du plus grand fléau jamais résolu dans les écoles, l’intimidation. On l’écartait car il ne partageait pas les goûts. Discriminer un être et il y aura des conséquences. C’est à lire pour donner un angle de vue qui nous échappe.
Quand il n’y a pas de mots Raymond Bissonnette. Les éditions JCL 204p.     www.editionsjcl.com

 


 

Une admiration destructrice

Il était une fois un journaliste pigiste, François Lafrenière, qui se rend à la rencontre d’un compositeur Derek Doyle qui a établi ses pénates en Gaspésie où il s’adonne à de la création novatrice. Auparavant, ce dernier a connu une période de gloriole à Londres. Lafrenière va donc à la rencontre de cet artiste qu’il admire. Mais peut-être un peu trop, au point de ressentir des pulsions amoureuses. Vibrations sentimentales si négatives en bout de piste qu’il tentera de mettre fin à ses jours. En résumé voici la trame du premier roman de Jacques Lemaire “La vie et l’oeuvre de Derek Doyle”. Ce noviciat dans le monde des lettres est un passage réussi. Il y a entre les deux protagonistes des échanges de haute volée où on fait intervenir Des Esseintes et Deleuze. Le romancier a assurément des lettres. C’est une exploration de la sensibilité humaine. Qui plaira, nous en sommes assurés, à plusieurs. En tout cas, c’est un joyau qui s’ajoute au riche catalogue de la maison d’édition qui soigne ses sorties.
La vie et l’oeuvre de Derek Doyle  Jacques Lemaine. Les éditions Sémaphore 212p.   www.editionssemaphore,qc.ca

 


 

Le deuil expliqué au petit Fred

En éducation, la carence de l’enseignement des vraies choses de la vie est abyssale. Et on ne parle pas seulement de la façon dont on fait les bébés, qui s’expliquent encore aujourd’hui d’une manière gênée et du bout des lèvres. Les cigognes ont encore beau jeu. Non, il s’agit aussi de la mort. Comment la rendre accessible aux jeunes enfants ? Le conte certes et en voici Es-tu là Tonton Théo ? du tandem formé par Anne Renaud sur des illustrations de Beva Nguyen. Qui en gros raconte la belle relation de proximité entre un petit neveu et un grand-oncle prénommé Théodore. Et un jour, brusquement, ce dernier ne sera plus au rendez-vous. S’agit maintenant de raconter pourquoi.  Attendrissant et formateur.
Es-tu là Tonton Théo ? Anne Renaud et Beva Nguyen. Éditions Petits Génies    www.editionspetitsgenies.ca

 


 

Le coin de la BD

Chez l’éditeur Dupuis une nouvelle saga Tanis qui, à en juger le tome 1 “Les tombeaux d’Atlantis” annonce des lendemains qui chantent. Issu du talent combiné de ce trio de choc formé de Denis Bajram, Valérie Mangin et Stéphane Perger. Nous sommes plongés dans l’Égypte antique, tandis que deux adolescents soudés comme ce n’est pas permis vont oser s’aventurer dans le tombeau d’Osiris.On sait ce qu’il en coûte de profaner la quiétude d’un dieu égyptien. Vous voyez d’ici la somme des aventures qui attendent les deux garçons. Du bonbon pour ceux qui aiment ces grands retours dans le passé.

 


 

Le poète Gilles Lacombe s’amène avec une anthologie

Gilles Lacombe n’en demandait pas tant. Le poète s’est vu proposer par la maison d’édition l’Interligne de publier une anthologie de sa poésie étalée sur vingt-cinq ans. Quel bonheur et en même temps un embarras, comme de choisir lequel de ses enfants on aime le plus. Il a donc puisé dans treize recueils de quoi donner une large idée des thèmes qu’il a abordés et qu’il l’anime encore. Cela donne un recueil qui a pour titre Chétive magnificence. Fragilité oui, car c’est la structure même de l’être humain. L’homme de lettres à une vision assez positive de l’existence et c’est pourquoi le lire est peut-être la meilleure des antidotes à un monde assez déprimant. Extrait “Dans les failles d’une vie à une autre et le souvenir de la beauté vers laquelle on ne cesse de revenir”.
Chétive magnificence Gilles Lacombe. L’Interligne 210p.    www.interligne.ca

 


 

Chez la BQ petits formats mais textes géants

La collection de poche Bibliothèque québécoise ne cesse de voir grandir son catalogue de belles pépites. En voici deux qui débarquent sur les rayons de nos librairies. A commencer par Désormais ma demeure de Nicholas Dawson. C’est un récit. L’homme qui est directeur littéraire des éditions Triptyque nous laisse pénétrer dans son existence. Dès les premières pages il se met en scène avec son amoureux et laisse mille impressions le traverser. Il brosse un portrait assez cruel et réaliste du milieu gay. C’est richement écrit. C’est une belle étude de caractère de ce qui traverse l’hypersensibilité homosexuelle.

Tout autre climat chez BQ avec La patience du lichen de Noémie Pomerleau-Cloutier. C’est un recueil de poésie inspiré par la réalité de la Côte-Nord du Québec. Elle rapporte ce que les communautés innues ont à partager. Il y a aussi de larges emportements sans doute résultant de la grande beauté rude des paysages. Extrait “les chansons depuis vos aurores les rites dès l’écloserie les histoires à la brunante les vagues sonores du code qu’on vous insuffle. Cela donne un avant-goût de ce qui attend le lecteur avide de grands transports sentimentaux. Chapeau à la poétesse qui véhicule une belle culture si injustement ignorée. Une belle occasion nous est donnée de nous faire pardonner et de faire du rattrapage.

 


 

L’humour de Virginie Fortin dans le texte

Habituellement on reçoit le matériel de l’artiste de manière orale en spectacle. Mais pour qui veut pousser plus loin, il y a la possibilité de lire les textes qui ont servi aux monologues. Exercice intéressant car il permet de prendre connaissance de la teneur des messages. Ainsi la talentueuse Virginie Fortin nous présente Mes sentiments. Le titre dit bien de son contenu. Car les réflexions de l’humoriste ont le voit bien à la lecture, puisent dans la plus grande lucidité des faits de l’existence. A sa façon, elle fait acte de sensibilisation aux thèmes qui lui sont chers.
Mes sentiments Virginie Fortin. Atelier 10 p. 62   www.atelier10.ca

 


 

Une autre enquête du maître du polar islandais

Les accros au polar connaissent bien le nom de l’islandais Arnaldur Indridason, surtout son enquêteur emblématique, Konrad qui nous revient avec comme toile de fond l’Islande des années 70 avec des espions soviétiques qui avaient pour niche l’ambassade russe dans la capitale Reykjavik. Le romancier le dit d’entrée de jeu, il a inventé de toutes pièces Les lendemains qui chantent en capitalisant sur une fiction d’espionnage potentielle. C’est le privilège des gens de lettres de faire intervenir toute l’imagination possible. Ici, Konrad est mis à contribution avec son acolyte, pour élucider des faits mystérieux se déroulant dans son pays. Indridason met à contribution tous les ingrédients du polar classique mais avec son supplément de sauce. On en redemande. Le défaut ? On arrive trop vite à la fin.
Les lendemains qui chantent Arnaldur Indridason. Métailié 326p.    www.editions-metailie.com

 


 

Un roman en forme d’aveu

Les squelettes familiaux dans le placard ont toujours été un terreau facile pour les écrivains confrontés au syndrome de la page blanche. A croire que le mensonge est le ciment des familles. Le roman de Marceau Miller s’inscrit parfaitement dans cette ligne directrice de la littérature de ce genre. Nous faisons connaissance avec celui qui donne son nom au titre avec comme nom d’auteur rien de moins que Marceau Miller! Est-ce un récit, une autofiction ou une fiction tout court. Quelle démarche étrange. Voici pourquoi. Le Marceau Miller en question est un écrivain qui doit s’ennuyer car il est perpétuellement à la recherche de défis physiques. Il va le payer de sa vie en chutant de montagne près du Lac Léman. Il laisse à sa famille un manuscrit dans lequel il revient sur la mort de sa soeur vingt ans passés. Il lève un voile. Sa veuve découvrira qui était son homme véritablement. Passionnant mais étrange. Est-ce que cet homme a réellement existé puisque le livre porte son nom. Bref ce mystère pimente tout.
Le roman de Marceau Miller. Marceau Miller. Éditions de La Martinière 392p.     www.editionsdelamartiniere.fr

 


 

Les dimensions insoupçonnées de la voix humaine

Agathe Tupula Kabola est orthophoniste, chargée de cours et de clinique à l’Université de Montréal. Les fidèles de la radio de Radio-Canada peuvent aussi l’entendre comme chroniqueuse. Elle se fend de tout son savoir dans un bouquin d’une rare densité qui dévoile tout des ressources de la voix humaine, Ayant pour titre Dis-moi tout elle rappelle scientifiquement à quel point les timbres graves chez les hommes jouent de leurs ascendant dominant. Que les tonalités des voix de femmes se sont modifiées en raison de leur présence davantage massive sur le marché du travail. Le sous-titre dit bien à quoi on est en droit de s’attendre, des surprises “les dessous étonnants de la communication”. En fin d’ouvrage on prendra certes plus d’attention à la voix des autres et ce que ça implique d’influences réelles ou subliminales.
Dis-moi tout Agathe Tupula Kabola. Éditions Cardinal 366p.     www.editions-cardinal.ca

 


 

Un tribut à Nice et ses environs

Il s’appelle Georges Chauvet et est niçois de naissance. Il a un amour sans fin pour le lieu qui l’a vu naître et a cru bon le coucher sur papier. Ça, mais aussi des tranches de vie, dont son emploi du temps au moment de la Première Guerre mondiale. 15 rue Delille est fort agréable à parcourir, mais surtout il y a du sentiment. On voit bien que c’est un homme de l’avant ère numérique, qui a vu et voit autour de soi, et non scotché comme aujourd’hui cette génération perdue qui ne voit plus le monde hors leur nombril.
15, rue Delille Georges Chauvet. Éditions Baudelaire 121p.

 


 

Les paillettes de la vie de gangster, surtout des mirages

Ziad Arradi était de ces adolescents, sans doute masculiniste pour employer de mot “in” de notre époque, qui voyait dans la vie de délinquant et de gangster des éléments oh combien attrayants par rapport à la morne vie qui semblait être la sienne. Il est entré dans un gang et a commis l’irréparable avec deux meurtres à la clé, ce qui lui a valu au total quatre années en centre jeunesse et plus de trente ans en tôle. Avec la collaboration du chef des enquêtes à La Presse Vincent Larouche il revient sur son terrible parcours et livre des enseignements. Il remet les pendules à l’heure à ceux qui croient que c’est une vie rêvée avec filles et fric en veux-tu en voilà. La facture à payer dans ce monde est très lourde. Ce livre coup de poing devrait être lu dans toutes les classes aux ados qui s’emmerdent en classe et qui croient que la vie de gang est une panacée. Moi, Ziad, soldat des gangs de rue Ziad Arradi et Vincent Larouche. Éditions La Presse 210p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Le coin santé physique et psychique

Il est effarant de voir le nombre de jeunes qui, encore au niveau du collégial, ne semble pas s’être fixé sur un choix de carrière. Pire, il ne s’intéresse carrément à rien. Il faut dire que le numérique en a rendu majoritairement des zombies déconnectés du monde. Mais il leur faudra bien tôt ou tard qu’il “gagne leur vie” expression horrible pour une existence que l’on n’a même pas choisie. Mais ça c’est une autre histoire. Il faudra bien qu’il y ait un choix de carrière. Voici un ouvrage didactique Présence attentive et autocompassion au service de la carrière coécrit par Geneviève Taylor et Gabrielle Beaupré toutes deux des professionnelles en orientation. Qui dispensent des outils d’écoute pour ceux qui accueillent des égarés en ce monde à la recherche de leur identité professionnelle.
Présence attentive et autocompassion au service de la carrière  Geneviève Taylor et Gabrielle Beaupré. Septembre éditeur 242p.