- octobre 2023 -
 
     
 


 

Poétesse à qui les épreuves rendent plus forte

Tawhida Tanya Evanson a eu une veine incroyable avec la sortie de son premier roman Livre des ailes qui a été aussitôt remarqué et lui valant entre autres, le prix Nouvel Apport 2022 du festival Metropolis bleu. Nous à Culturehebdo on se fout comme d’une guigne les lauréats de çi et de ça, qui discriminent les autres qui n’ont pas été tirés au hasard par les atributeurs de distinctions. Tawhida n’aurait rien remporté que ça n’aurait rien changé au grand bonheur que nous avons eu à découvrir des pages d’une gourmande de poésie, nomade comme il ne s’en fait plus, et qui place l’humanisme au sommet de ses valeurs. Ça donne une espèce de journal de voyage avec un sens de l’observation. Il lui est arrivé moult épreuves qui a illustré mieux que jamais l’adage que ce qui ne nous tue pas rend plus fort. Un merveilleux ouvrage à mettre au-dessus de la pile de vos achats.
Livre des ailes Tawhida Tanya Evanson. Marchand de feuilles 239p. 

 




 

Le coin de la poésie

Aux éditions du Noroît une belle curiosité pour qui se délecte de l’envol des mots, des images. Il s’agit de Hector Ruiz qui débarque avec Appartenir. Qui mêlent poésie en prose et en vers. Ce recueil tombe à point nommé au moment où dans l’actualité on voit des masses migrantes qui cherchent à donner du sens à leur vie. L’auteur à son échelle cherche à s’ancrer à travers des pérégrinations. Il a de jolies expressions qui auraient fait plaisir à Boileau au XVIIème siècle quand il disait que ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. Extrait “L’horloge du complexe funéraire donne l’heure juste les employés font du temps supplémentaire les réveille-matins ne sont pas synchros le quotidien empêche d’aller plus vite”.

Chez L’Interligne, après une absence de quinze ans, Alexandre Yergeau nous donne de ses nouvelles avec un recueil senti au titre pour le moins intriguant Exhumer-moi Je vous appartiens. Dans un passage il lance qu’il n’a qu’une certitude, que tout explosera. Disons que c’est écrit au coin d’une certaine lucidité. Avec des passages forts que celui-ci, extrait “La douleur en transe de la rouille plein les mains  overdose en lambeaux le silence est un faux et la nuit est un fauve”. Sans doute que le poète nous partage une mauvaise passe. Mais qu’est-ce ça nous ressemble parfois.

Quand le poète fait ressurgir les dinosaures. Eh oui c’est à quoi parvient Baron Marc-André Lévesque dans Tricératopcanon aux éditions de ta mère. Aux changements climatiques, celle–là on ne l’avait pas vu venir, la résurgence de ces grosses bêtes. Mais comment va t-on réagir ? Et ces dinosaures comment vont-ils se comporter. Bien notre barde trouve des strophes pour décrire cette fiction assez imaginative merci. C’est la belle curiosité poétique de l’automne qui vaut le détour.

 


 

Une maman parfois grossière et sa fin dernière

Une maman, fut-elle une harpie, grossière avec les mots qui conviennent, demeure une génitrice avec tout ce que ça suppose de poids moral. Roger Levac nous le dit dans ses mots, dans ce roman qui à tout l’air d’une autofiction. Intitulé L’odeur de l’oubli ça raconte, les derniers instants et le décès d’une maman confinée dans une résidence de soins de longue durée. Elle se voit emprisonnée au tout début, et ne songe qu’à fuir ce lieu sans âme. Vous voyez le ton. C’est un livre coup de poing, qui disons le clairement, nous rappelle que la vie est tout, sauf un cadeau. On n’a pas le mode d’emploi et débrouillons nous.   On ne peut pas avoir un récit plus réaliste que dans ces pages. Le personnage, sa fille, a eu bien de la difficulté à transiger avec cette femme capable des plus grandes outrances langagières.  Ceux qui ont eu des problèmes relationnels avec leur maman, constitueront à eux seuls un vaste lectorat potentiel pour ce livre que nous recommandons hautement.
L’odeur de l’oubli Roger Levac. Éditions David 178p.   www.editionsdavid.com

 


 

Les bijoux du Bas-Saint-Laurent

C’est un vaste territoire le Bas-Saint-Laurent qui englobe le Kamouraska, Rivière-du-Loup, le Témiscouata, Les Basques, Rimouski-Neigette et La Mitis. Et comme si ce n’était déjà pas énorme, les  auteurs du 16ème numéro de la collection “Curiosités” Richard Saindon et Pierre Lahoud ont ajouté une partie de la Vallée de la Matapédia.  Peut-on vous dire qu’il y a là des trésors patrimoniaux. En voici deux exemples. A l’île Verte si chère à Gilles Carle, se trouve le doyen des phares au pays, érigé en 1809. Si important qu’il a été désigné en 1974  comme lieu historique national du Canada. Et dieu sait qu’il a été si utile aux marins, étant donné la réputation du Saint-Laurent un des plus difficilement navigable au monde. Ensuite à Rivière-du-Loup une somptueuse résidence qui a été, tenez-vous  bien, consulat américain! Bref, les heureuses surprises ne manquent pas à chaque page. On sort de cette lecture plus intelligent que lorsqu’on y est entré.
Curiosités du Bas-Saint-Laurent Richard Saindon et Pierre Lahoud. Les éditions GID 219p.      www.leseditionsgid.com

 


 

Un roman opportun sur fond de guerre israélo-palestinien

L’écrivain Ian Thomas Shaw tombe à point nommé, car son roman La colombe, ce volatile symbole de paix, se déroule en plein conflit israélo-palestinien. Son “héros” est un journaliste français, Marc Taragon. Il veut se donner le rôle de médiateur entre les factions belligérantes et en arriver à une paix qu’il souhaite définitive. C’est curieux, dans l’actualité on se demande même qui pourrait jouer ce rôle. Il va vouloir mettre dans le coup, des ressortissants des deux camps. Un jeu dangereux pour ces derniers car nombreux sont ceux qui d’office vont vouloir ruiner leur mission. En même temps, ce roman c’est aussi en parallèle l’histoire d’une journaliste canadienne, Marie Boivin qui compte sur Taragon pour en connaître sur son enfance qui ne s’est pas déroulée sous les meilleures auspices.  Un livre qui se lit d’une traite et qui va vous plonger au coeur de ce qui perpétue ce conflit qui s’éternise depuis l’instauration forcée de l’État d’Israël par les britanniques.
La colombe Ian Thomas Shaw. Éditions David 438p.     www.editionsdavid.com

 


 

Un livre d’érudition sur les corbillards à chevaux

La maison Lépine est une institution dans le monde funéraire de l’histoire du Québec et à Québec même, lieu d’opération. L’anthropologue Brigitte Garneau dispose d’un matériau de recherche inouïe, les archives de la maison funéraire. En effet, les descendants ont légué leur trésor au Musée de la civilisation à Québec. Et notamment, on a gardé pour la postérité, trois corbillards à traction hippomobile, vestiges de la flotte initiale. Car ces corbillards ont été en service de 1845 aux années trente. L’auteure nous raconte cette histoire merveilleuse dans Les corbillards à chevaux de la maison funéraire Germain Lépine à Québec: 1845-1975. Le livre est agrémenté de photos captivantes, nous montrant toutes sortes de modèles de corbillards, ovales, blanc à derrière bombé, d’apparat, etc. Et tous les accessoires décoratifs sont détaillés. Car le fabricant principal ne faisait pas tout. il léguait en sous-traitance à des artisans des décorations somptueuses, avec un luxe de détail. Il y a quelque chose de sinistre, à regarder ces images, au vu du sujet qui est la mort, mais bon sang qu’on savait faire les choses en grand.  Quel univers!
Les corbillards à chevaux de la maison funéraire Germain Lépine à Québec: 1845-1975   Brigitte Garneau. Les éditions GID 252p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Un essai fondateur sur les déplacements Métis et canadiens-français en Amérique du Nord

A la lumière de l’exploration approfondie de nouveaux documents ou de la numérisation de ceux-ci l’historien d’aujourd’hui bénéficie d’un éclairage majeur pour comprendre certains phénomènes. Comme la migration de population. C’est le travail que se sont donné deux professeurs d’histoire et un de géographie, dans l’ordre Yves Frenette professeur d’histoire à l’Université de Saint-Boniface, Marie-Ève Harton professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières et le géographe Marc St-Hilaire professeur à l’Université Laval. Leurs talents conjugués donnent au final cet essai de grande rigueur Déploiements canadiens-français et Métis en Amérique du Nord (18e-20e siècle. L’ouvrage, dépendant des sources, est dans les deux langues officielles. Ce qui est intéressant pour nous les québécois, c’est l’importante migration des nôtres dans les états de la Nouvelle-Angleterre. On en savait sur l’importance de celle-ci, mais là c’est bien chiffrée. On imagine sans peine ce que cela aurait donné chez nous comme population actuelle, si nos ancêtres n’avaient pas fui la “Belle Province” pour un mieux être au sud de la frontière, avec bien des désillusions à la clé, mais ça c’est une autre histoire. Saluons l’imposant travail de recherche préliminaire.
Déploiements canadiens-français et Métis en Amérique du Nord 18e-20ème siècle  Yves Frenette, Marie-Ève Harton et Marc St-Hilaire.  Les Presses de l’Université d’Ottawa  306p.         www.presses.uOttawa.ca

 


 

L’idéologie nazi par les mots

Victor Klemperer est un philologue (1881-1960) qui connut la dure réalité de la vie sous le Troisième Reich, destitué de son poste d’enseignant et envoyé en usine. Il échappa à la déportation. Sa science étant d’analyser la langue, il s’employa à décrypter tous les messages en surface et subliminaux transmis par la propagande nazie. Il baptisa d’un nom latin ce travail spécifique “Lingua Tertii Imperii” ou par les initiales LTI qui donne le titre à l’ouvrage qui paraît en format poche.  Il a passé au crible toute la littérature du temps. Pour en arriver à la conclusion que l’idéologie hitlérienne passait aussi par les mots, comme pour toutes les autres idéologies d’ailleurs. C’est un livre de grande rigueur intellectuelle que nous avons sous les yeux. Comme pour tout ouvrage se consacrant au nazisme, la fascination est toujours au rendez-vous.
LTI Victor Klemperer.  coll.  Espaces libres   Albin Michel 508 p.   

 


 

Naine et mère adoptive

Vous ne pouvez avoir parcours plus singulier que celui de Mathilde Brabant qui est, tenez-vous bien, à la fois naine et mère adoptive! On ne peut pas dire que l’écrivaine Isabelle Doré qui a donné naissance à ce personnage a exploité un sujet déjà visité. Qui célèbre deux vertus, la différence et la persévérance.  C’était son premier roman paru initialement en 1911 chez un autre éditeur et qui a été revu et augmenté. Nous sommes dans les années 50 où les petites gens, sont, on doit le dire, une attraction. Rappelez-vous de la Maison des nains sur la rue Rachel pour laquelle il y avait une entrée payante pour découvrir l’univers des petites personnes. Mathilde a du coeur au ventre et va se colleter au métier de comédienne avec des interventions remarquées à la radio. Et il y aura cet enfant adopté, sur lequel pèse un lourd secret concernant la mère biologique jamais dévoilée.  La femme de lettres a eu raison de relancer ce texte qui véhicule de très belles valeurs en perte de vitesse de nos jours. Si vous êtes à la recherche de modèles inspirants, vous êtes ici servi à souhait.
Mathilde Brabant  Isabelle Doré. Pleine lune 244p.   www.pleinelune.qc.ca

 


 

Collage des critiques théâtrales de Michel Bélair au Devoir

Michel Bélair a succédé en 1969 à Jean Basile comme critique théâtral au quotidien le Devoir. Il dit lui-même qu’il est arrivé à la rue Saint-Sacrement avec un petit lot d’arrogance.  Aujourd’hui retraité, il nous offre une sélection d’articles qui va de son arrivée à sa sortie, avec un trou de 1972 à 1995, car ses visées étaient ailleurs. C’est pourquoi Théâtre en direct ne se veut pas le reflet de toute l’activité artistique du domaine depuis l’électrochoc des Belles-Soeurs.  ce demi-siècle de création permet toutefois de mesurer l’espace parcouru et la venue de nouveaux fondateurs de compagnies théâtrales et d’acteurs qui vont changer la donne. Et les thèmes exploités dans la nouvelle dramaturgie ne seront pas les mêmes non plus.  Ceux qui ont été spectateurs des pièces commentées par le critique pourront confronter leur appréciation aux siennes. Et pour les autres, l’occasion de voir quelle trajectoire a pris notre théâtre. Un beau devoir de mémoire.
Théâtre en direct 50 ans de création au Québec Michel Bélair. Éditions Somme toute/ Le Devoir 341p.    www.sommetouteledevoir.com

 


 

Il était une fois la chasse aux phoques

L’anthropologue et professeur émérite de l’Université Laval de son domaine Paul Charest dément que la vieillesse est un naufrage selon l’expression malheureuse du général De Gaulle, puisqu’il a non seulement toutes ses facultés cognitives, mais nous gratifie d’un pavé éblouissant Modes d’exploitation du loup-marin sur la Côte-Nord du Saint-Laurent de la préhistoire à aujourd’hui. Le loup-marin c’est aussi plus communément le phoque. Qui a été chassé depuis des millénaires. Dès les premières présences humaines dans le Grand Nord. En près de 800 pages, doté d’une bibliographie exhaustive, le scientifique nous fait remonter loin, très loin dans le temps. Et avec lui nous voyons entre autres les Innus à l’oeuvre et les premiers européens. Et comme le docte professeur s’est fait une spécialité d’étude sur la sédentarité des Innus, il nous montre en quoi cette dernière a modifié leur mode de vie. Et aussi comment se porte la chasse aux phoques à l’ère de la multiplication de ceux-ci et la baisse par conséquent de leur cote sur les marchés mondiaux. Un immense travail qui force l’admiration.
Modes d’exploitation du loup-marin sur la Côte-Nord du Saint-Laurent de la préhistoire à aujourd’hui  Paul Charest. Les éditions GID 752 p.  www.leseditionsgid.com

 


 

Sillery dans tous ses états

Est-ce réducteur de mentionner que Sillery est à Québec ce que Outremont est à Montréal ? Chose certaine, les deux localités abritent une clientèle bourgeoise et fière de son appartenance. Nicole Dorion-Poussart a Sillery tatouée sur le coeur. Membre émérite de la Société d’histoire de Sillery, elle nous a donné aux éditions GID en 2007 “Voyages aux sources d’un pays, Sillery, Québec”.  Elle persiste et signe avec cette fois toujours chez le même éditeur Le Nouveau-Sillery. Il y a trois volets qui sont exploités dans ces pages: l’histoire du lieu, l’architecture et la nature. Côté architecture et c’est cela qui nous a enchanté, c’est de voir toutes ces jolies maisons, parfois autant de petits manoirs. Avec des styles bien caractéristiques, comme cette maison carrément Art déco de 1946. Spectaculaire. Ensuite il y a ce qu’on a fait du patrimoine religieux. On s’aperçoit comment les communautés religieuses, de femmes notamment ont investi significativement dans le secteur. Et ce que sont devenus ces immenses bâtiments. Un bel album à feuilleter et qui nous donne le goût de filer tout de suite là bas pour de visu apprécier la beauté de ces splendides maisons qui sont la carte de visite de Sillery.
Le Nouveau-Sillery  Nicole Dorion-Poussart. Les éditions GID 195p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Un jeune juif égyptien dans la France de mai 68 sauvé par la femme

En sortant de la lecture de Et si c’était une nuit de Tobie Nathan ç’a rappelé à un de nos collaborateurs la question une fois posée à un psychiatre, à savoir comment il faisait pour rétablir un individu atteint de lucidité et revenu de tout ? Et lui de répondre qu’il fallait aller travailler la fondation de l’édifice, son rapport à l’amour, seule chose qui compte. Ce livre est étiqueté par l’auteur de roman, mais il semble que l’on se trouve dans une autofiction, car le personnage central porte le même prénom que lui et le ton de l’histoire est à la première personne. Celle d’un Tobie dans la France de mai 68 et qui est un peu désoeuvré. Et qui va trouver son salut dans le bras des femmes. Femmes ici rédemptrices. C’est un beau portrait d’elles qu’il fait et qui nous rappelle, pour lui du moins, la chanson de Béart, ce qu’on est bien dans les bras d’une personne du sexe opposé.
Et si c’était une nuit Tobie Nathan.  Stock 392p.    www.editions-stock.fr

 


 

Se souvenir de nos chères traditions de Noël

Noël est un temps fort du calendrier. Un arrêt du travail prolongé qui permet de prendre de la distance. Et qui comporte un cortège de traditions, qui hélas se perdent. Question de les raviver Sylvie Blais et Pierre Lahoud ont concocté un merveilleux petit livre qui recèle tout ce que Noël a entraîné de rituels. Noël et ses traditions au Québec ne se limite pas à nos frontières. Il est question du “mumming” à Terre-Neuve, de l’histoire de la Nativité et son folklore à travers les âges.  On apprend une foule de choses. Saviez-vous que le premier arbre de Noël planté en Amérique du Nord l’a été à Sorel ? Que certaines mamans dévotes récitaient mille Ave au chapelet le 24 décembre pour que descende des bienfaits du Très-Haut sur la famille. C’est une lecture émouvante et qui nous fait penser qu’il serait temps de réhabiliter certains faits et gestes qui avaient beaucoup de poésie à l’époque. Parlez aux anciens qui ont connu non pas une, mais les trois messes de minuit!
Noël et ses traditions Sylvie Blais et Pierre Lahoud.  Les éditions GID 227p.   www.leseditionsgid.com

 


 

 Un essai qui se penche sur la crise de la main-d'oeuvre au Québec

Éric Desrosiers est attaché au quotidien Le Devoir comme journaliste de la chose économique. Il nous livre une petite étude de son cru concernant La crise de la main-d'oeuvre  dans la Belle Province. D'entrée de jeu il fait un amalgame intéressant entre cette problématique et celle du réchauffement climatique: on en parle, on en parle encore et on attend toujours d'être mis devant l'inéluctable pour agir. Dans son essai, il expose le problème et tout de suite oublier de faire travailler davantage les retraités ou l'arrivée d'immigrants. Ce ne serait que des pansements à un défi plus large. Car il nous fait voir des statistiques intéressantes à cet effet.
La crise de la main-d'oeuvre  Un Québec en panne de travailleurs. Éric Desrosiers Somme toute-Le Devoir 157p.  http://www.sommetouteledevoir.com

 


 

Du déclin physique et de la mort
Un médecin est peut-être mieux habilité que quiconque à évoquer le déclin physique et la mort. Le Dr. Marc Forget ajoute aussi le deuil dans son formidable roman qui a valeur de documentaire intitulé Petit calme. Son personnage principal est frappé par la maladie. L'occasion de mesurer la pertinence du passage terrestre et sa finalité. La description de la perte progressive de ses ressources est bien décrite et résulte bien entendu de la connaissance de terrain de l'auteur qui, comme son protagoniste, a fait dans l'humanitaire. Et le doc a du vocabulaire. Il sait mettre le sujet, le verbe et son complément sans recherche de style. Les phrases coulent de source. A ceux qui sont tiraillés par les questions métaphysiques vous êtes ici servi. C'est une des belles surprises de cette rentrée littéraire.
Petit calme Marc Forget.  Leméac 131p.

 


 

Et si au lieu de Jésus c'eût était Honorine
S'il y a un ouvrage auquel nous tenions absolument à recevoir c'est Et si Dieu avait envoyé sa fille de Marie-Françoise Hanquez-Maincent. Un mot d'amour sur l'auteure. C'est une docteure en études anglophones et en théologie Elle a une passion particulière pour l'image de la femme dans la société. Elle a épousé un diacre et a été un temps représenté les épouses de diacres au Comité National du Diaconat et fait partie du Bureau du Centre international du Diaconat. C'est une féministe tempérée qui ne cherche pas l'affrontement avec l'institution cléricale, bien qu'elle doit être au courant que des femmes qui ont siégé au Vatican sur des comités touchant à la place des femmes, et même à l'invitation du pape François, ont claqué la porte devant la mauvaise foi de l'Église. Elle s'y prend autrement, avec douceur. Avec elle nous avons un cours d'histoire de la relation de l'Église avec les femmes, avec pour objet central le célibat des prêtres. C'est un livre instructif en diable, excusez le jeu de mots facile. qui nous aide grandement à nous faire une idée. C'est amusant d'imaginer ce que le cours du monde aurait été si Dieu avait délégué une femme au lieu de Jésus. Un bel exercice de style.
Et si Dieu avait envoyé sa fille. Retrouver la place des femmes. Marie-Françoise Hanquez-Maincent. Médiaspaul 164p.   http://www.mediaspaul.ca

 


 

Un hommage de taille à l'oeuvre de Richard Desjardins
Cette année est à marquer d'une pierre blanche puisque c'est le 25ème anniversaire de la parution d'un album mythique de la chanson québécoise, Boom de Richard Desjardins. Aux éditions Quartz on a eu l'heureuse idée d'organiser un collectif d'auteurs pour que chacun(e) vienne dire ce que leur inspire l'auteur-compositeur-abitibien. Et le résultat doit certainement dépasser les attentes, car tous les participants ont puiser à fond dans tout leur être, pour faire ressortir tout ce que Desjardins incarne pour eux. Il y a de formidables envolées lyriques dans ces pages. En tout cas, si le but était de titiller notre curiosité pour aller entendre l'artiste, la partie est gagnée. Car les contributeurs ont en commun cette distance, sauf celle du coeur bien sûr, pour juger la hauteur de l'homme. "L'hommagé" quand il lira ces lignes aura de quoi rougir. On ne pouvait lui servir plus beau tribut.
Boom Boom. Collectif  Éditions Quartz 239p.  

 


 

Faire parler une mère qui ne s'exprimait jamais
Rarement on use du qualificatif de "beau livre" tant ça fait un peu éculé comme désignation. Mais on est tenu de l'employer pour La mère incertaine de Lise Vaillancourt qui à l'habitude de puiser chez les siens pour alimenter sa prose. Ainsi avait-elle déjà portraiturée son père dans "Nous étions nés pour ne jamais mourir" c'était en 2015 chez Leméac. Chez le même éditeur, c'est au tour de sa maman d'être décrite. Une femme qui ne semblait se passionner pour rien,  sauf peut-être à Montréal, un certain temps dans les grands magasins. Mais pour le reste, une femme murée dans son silence. Fallait lui arracher les mots. Au point où dans ce récit sa fille s'interroge, si ce silence ne venait pas d'un lourd secret, comme il en existe tant chez les êtres humains qui sont comme un tas de petits secrets pour reprendre le mot de Malraux. Chose certaine on a tous connu des personnes de ce genre et c'est tout le talent de cette femme de théâtre de rendre cette dure réalité. Elle trouve les mots appropriés pour nous faire partager le désarroi devant des gens qui n'ont rien à dire.
La mère incertaine. Lise Vaillancourt.  Éditions Leméac 134p.

 


 

La forêt dans les lettres

Ils se sont mis à deux Frédéric Calas et Pascale Auraix-Jonchère , passionnés qu'ils sont par la forêt pour superviser un collectif qui s'est donné pour objectif de rassembler des textes littéraires qui ont pour thème la forêt. Les superviseurs se sont dit que ce serait peut-être une autre avenue, plus directe pour les gens, de recevoir le ou les messages venant des forêts. C'est un travail de grande rigueur. Et que de messages sous-tendent nos forêts. Nouveaux récits sur la forêt fera le bonheur de bien des écologistes qui défendent nos arbres. Voilà que les auteurs viennent en renfort. En leur compagnie vous découvrirez assurément de nouvelles manières d'apprécier ces espaces verdoyants et comment ils concourent à rendre la vie plus belle. On trouvera dans ces citations de grande envolées lyriques. Chaque texte sélectionné est commenté brillamment.
Nouveaux récits sur la forêt. Collectif sous la direction de Frédéric Calas et Pascale Auraix-Jonchière. Presses Universitaires Blaise-Pascal 390p.       http://www.lcdpu.fr

 


 

Comment protéger son amie et faire respecter la loi

Telle est la question que se pose le commissaire fétiche de l'écrivain Donna Leon, le sieur Brunetti de la questure de Venise dans Le Don du mensonge. Nous sommes au lendemain de la pandémie. Et comme il arrive à tout enquêteur, on sera souvent mis sur une piste suite à une délation. Et voici qu'une maie du limier, vient lui livrer son gendre qui se consacrerait à des activités pas tout à fait catholiques. Et pour ajouter à l'odieux, c'est que la famille de la dénonciatrice s'en trouverait menacée. Et l'auteur qui a le mérite de valoriser la femme comme on sait, va adjoindre au commissaire deux enquêteuses d'office, la signorina Elettra et Claudia Griffoni. En faisant cela  il passe au-dessus des façons de faire de son département des affaires criminelles. Mais qu'importe si la fin justifie les moyens. Et en cours de route on ira de découvertes en découvertes et pas des plus belles. Du Donna Leon au zénith de son style maîtrisé. Et puis à Venise les crimes sont plus beaux qu'ailleurs...
Le Don du mensonge. Donna Leon. Calmann Lévy 358p.    http://www.calmann-levy.fr

 


 

Un camionneur qui a du bagage
La lecture est un vice impuni comme le disait si bien Valéry Larbaud. Et qu'est-ce que ça nous amène de joie. Lâchez vos bidules électroniques bandes d'incultes et précipitez vous par exemple sur L'épopée d'un camionneur de Olivier Risser. Ce professeur du Morbihan vampirise la peau d'un camionneur prénommée Zacharie qui, tout en avalant des kilomètres de route au long cours,  ne cesse de s'interroger sur tout. Or on sait que l'intelligence puise sa source dans la curiosité. C'est un camionneur atypique et philosophe. Il fera des rencontres. Et une qui le mystifie au propre comme au figuré, c'est sa rencontre avec un moine. Il est saisi par le détachement de ce dernier dace au monde. Ce sujet ferait un sacré beau film. Comme on dit fréquemment, aux scénaristes confrontés au syndrome de la page blanche vous avez ici un matériau en or. Et on verrait bien un Vincent Lindon dans la peau de Zacharie.
L'épopée d'un camionneur Olivier Risser. Médiaspaul 188p.   http://www.mediaspaul.ca

 


 

Une librairie d'occasion pas comme les autres à Québec

Une librairie doit être un lieu vivant. Pas besoin de le rappeler à John Pelham qui en tient une, spécialisée dans les livres rares, dans le quartier si poétique de Saint-Sauveur à Québec. Car sans qu'il le veuille, une faune d'individus, diversifiée s'amène à lui. Et c'est cet aréopage de personnes qui fait le sel de Chapitre 15 de Sylvie Nicolas. Elle portraiture très bien cette constellation d'êtres si différents et qui trouvent leur compte chez le libraire. Le communiqué de presse qui accompagne le roman titre bien ce qui attend le lecteur "Un délicieux roman d'ambiance". Les lignes nous manquent pour passer en revue les femmes, pour beaucoup qui peuplent ces pages. En plus, le libraire aura la tristesse de voir s'éteindre une de ces habituées. Et comme la romancière a des lettres, elle sait se servir comme pas une de son talent pour magnifier son histoire. Ici on a plusieurs histoires en une. C'est ce qui fait sa richesse. On a envie au terme de cette lecture d'aller dans Saint-Sauveur, question de saisir l'air du temps.
Chapitre 15. Sylvie Nicolas. Druide 233p.     http://www.editionsdruide.com

 


 

Le vertige à mains nues en BD

Catherine Destivelle la grande patronne des éditions du Mont-Blanc a décidé de faire alliance avec la maison d'édition Les Arènes section BD pour nous offrir une sorte d'anthologie de la grimpe à mains nues. D'abord c'est à la base un travail de recherche pour retracer les données. Elle a vu aussi à la scénarisation avec David Chambre. Et puis vient le dessin de Laurent Bidot qui vient magnifier le récit, car ici plus qu'ailleurs une image vaut mille mots. Et pour le dessin on est presque dans l'hyperréalisme avec les couleurs de Clémence Jollois. Au final une superbe BD fascinante à regarder. Puis allons au sujet même de la grimpe. Mais qu'est-ce qu'il fallait de pure folie à la base pour escalader des parois abruptes à la seule force de ses mains. On demeure pantois devant ces exploits. Il faut vraiment un peu beaucoup de folie pour s'aventurer de la sorte. C'est un beau fleuron au catalogue des maisons d'édition concernées.
Il était une fois l'escalade. Catherine Destivelle, David Chambre et Laurence Bidot. Éditions du Mont-Blanc-Les Arènes BD 193p.

 


 

L'ABC pour devenir un Alexandre Dumas
L'homme de théâtre Sacha Guitry a dit un jour avec ironie que "que ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseignent". Eh bien Alain Williamson qui se fait momentanément professeur sait de quoi il parle dans Écrire et être publié, car outre qu'il soit éditeur, il a à son actif des tas de bouquins salués de toutes parts. Donc c'est avec une très grande générosité qu'il prodigue ses conseils. En sa compagnie le novice qui est tenté par l'écriture d'un bouquin, est amené à découvrir l'industrie du livre, ses composantes, les acteurs qui interviennent. Ensuite comment aménager son manuscrit en évitant les pièges. Et l'auteur de nous dévoiler à quoi s'attend un éditeur. Williamson fait ici un excellent travail de pédagogie. Il n'y a pas de recette pour le talent, mais ces conseils contribuent à mettre celui-ci en valeur et ne pas faire de faux-pas.
Écrire et être publié. Alain Williamson. Le Dauphin Blanc 157p.      http://www.dauphinblanc.com

 


 

On est le fruit de son milieu
Sonia Kermen, ressortissante bretonne qui vit aux États-Unis, qui est institutrice mais qui a d'abord entrepris des études en psychologie, sait mieux que quiconque que nous sommes le fruit de notre milieu, de notre enfance. Et dans son cas, son origine familiale laissait grandement à désirer, avec une mère qui n'avait pas la fibre maternelle attendue de la part de sa fille. Puis une santé défaillante. Et elle a souffert de tout cela. Qui se raconte dans son autobiographie Il y a toujours un commencement. Ce récit nous rappelle que la vie de plusieurs individus que l'on qualifie maladroitement d'anonymes dans les médias, ont bien souvent de quoi écrire des pages intéressantes. Comme la vie de Kermen, dite ordinaire aux yeux sans doute de plusieurs, mais que la concernée vit intensément dans son âme. Et c'est ce qu'il y a dans ces pages, de l'âme. A l'ère du numérique où les gens se sont transformés en zombies, scotchés à leur téléphone intelligent, incapables d'en sortir, que c'est éclairant de lire un être pétri d'humanité.

Il y a toujours un commencement Sonia Kermen. Éditions Vérone 185p.  
 


 

Gilgamesh revisité en alexandrins
Dans l'histoire de l'humanité, une des premières fictions littéraires est l'épopée de Gilgamesh écrite sur des tablettes cunéiformes trois mille ans avant notre ère en Mésopotamie. C'est un personnage plus grand que nature, roi de la cité d'Uruk assez rude merci avec son milieu. Et on voudra corriger sa nature en  envoyant un adversaire à sa mesure, nommé Enkidu. On vous fera grâce ici des multiples rebondissements de cette figure mythique, pour vous dire qu'elle fascine jusqu'à aujourd'hui Michel Laverdière qui a transposé ses exploits en alexandrins. Faut quand même le faire, ce qui suppose un minimum d'érudition. Ce qui ne nous surprend pas de l'auteur, bourré de talents, qui a fait sa marque dans le monde de la musique classique au disque notamment. Il y a de la beauté dans ces strophes. Les histoires qui se succèdent font penser que Gilgamesh rapporté par ses contemporains, est peut-être l'ancêtre du genre littéraire de la fantasy anglo-saxonne qui entremêle plus d'un fait à la fois. Bref vous serez au contact de la beauté. C'est le plus beau compliment que l'on puisse faire.
Gilgamesh La quête de la vie éternelle. Michel Laverdière. Les éditions La Grenouillère  145p.  http://www.delagrenouillere.com

 


 

Une réflexion d'un médecin inquiet pour la validation de l'euthanasie
C'est un sujet récurrent dans l'actualité, l'aide médicale à mourir, l'euthanasie et le suicide assisté. Des thèmes on ne peut plus sérieux car ils dictent la finalité de la vie humaine. Le docteur Victor Larger apporte sa pierre à la réflexion avec son opinion mise en livre La liberté de mourir. Disons le tout de go. Il voit avec effroi une légalisation de l'euthanasie par exemple qui ouvrirait la porte à tous les abus. Comme on pourrait imaginer dans des EHPAD où des administrations considéreraient de facto, qu'il est temps monsieur ou madame de quitter ce monde, même si l'intéressé aurait une voix à faire entendre à ce propos. C'est un ouvrage à lire pour alimenter sa propre idée du sujet. Et il fait bien attention de ne pas vouloir passer pour un conservateur à tout crin. Il se veut garant surtout de la dignité humaine au moment des fins dernières. Il mérite d'être entendu.
La liberté de mourir. Docteur Victor Larger. Éditions Sauramps médical 134p.    http://www.livres-medicaux.com

 


 

La caractérielle Rose
Elle a un fichu caractère, cette Rose, personnage central de la fiction de Michèle Laframboise Rose du désert. Un de nos collègues, après avoir parcouru ces pages, nous confirme que de tels êtres existent, à preuve sa propre maman pour qui personne ne trouvait grâce à ses yeux. Dans la contrée où elle vit, une sécheresse pointe à l'horizon qui va changer la donne. Et qui va obliger par la force des choses notre chère Rose à s'humaniser en quelque sorte. Ce roman a le mérite de nous rappeler que les homo sapiens ont pour vocation à être grégaire. Que l'homme n'est pas une île. C'est un appel à l'altérité dont Rose apprendra la leçon. C'est écrit avec brio. Et les amateurs de fiction vont se trouver ici comme ceux qui ont la dent sucrée au coeur d'une bonbonnière.

Rose du désert. Michèle Laframboise. Éditions David 345p.  http://www.editionsdavid.com
 


 

Dialogues architecturaux entre une musicienne et un architecte sur la beauté

Disons-le tout de go, le livre dont il est question, est une pure élévation de l’esprit. Esprits étroits, éloignez-vous!  Car nous avons dans ces pages de Habiter en beauté un échange de très haut niveau esthétique entre la musicienne et animatrice radio-canadienne Catherine Perrin et l’architecte Pierre Thibault. Ce sont des pérégrinations dans des lieux dont l’architecture a porté la signature de ce dernier. Mais ce qui est éblouissant c’est le bonheur qu’éprouve ce duo à échanger sur ce qu’ils ressentent devant telle ou telle structure. On déborde parfois sur des considérations touchant à la formation de l’une et de l’autre. Et comme ils se montrent généreux, ils nous gratifient de leurs dialogues. Pierre Thibault au passage, c’est celui qui a participé à un projet de Lab-école pour rendre les lieux d’enseignements plus inspirants et non ces horribles bunkers que sont les polyvalentes du règne de Robert Bourassa.  Ce bouquin c’est de l’intelligence pur jus.
Habiter en beauté Pierre Thibault et Catherine Perrin. Les éditions La Presse 264p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Dans les arcanes des paillettes intellectuelles de Paris

Autant vous le dire d’entrée de jeu, c’est le livre qui nous a tenu captifs le plus longtemps, tellement on a l’impression de parcourir un ouvrage à clé, qui comme vous le savez cache des messages sous-jacents. Un peu comme le faisait jadis un Roger Peyrefitte, maître du genre. Louis-Henri de La Rochefoucauld est un écrivain de grand talent qui sait faire de sa noblesse une belle occupation. Dans Les petits farceurs il fait parler à la première personne Henri dit le Parisien qui nous brosse la figure d’un de ses grands portes, Paul Beuvron, au moment où ces deux amis tiraient des plans sur la comète. Ils avaient pour eux des envies de notoriété. Le second sera écrivain fantôme pour des gens qui ne savent pas écrire, lui qui se voyait déjà…La vie familiale du premier créera un éloignement. Lorsque Paul meurt, c’est Henri qui est bénéficiaire de son testament. L’occasion pour lui de revenir en arrière sur ce qu’était son ami. En même temps, l’écrivain livre une peinture du monde des arts avec beaucoup de mordant.
Les petits farceurs  Louis-Henri de La Rochefoucauld.  Robert Laffont 247p.   www.laffont.ca

 


 

Un ado rebelle à toute autorité se fonde une vie nouvelle basée sur l’amour

Et dire que le cinéma français nous ennuie avec des nanars subventionnés,  alors qu’il y a tant de beaux sujets à transposer au grand écran. Comme Les dragons de Jérôme Colin qui narre les tribulations d’un adolescent difficile (on comprendra pourquoi au fil des pages) qui en est rendu à ne plus piffer quelque autorité que ce ce soit. Et sa personnalité qui ne veut surtout pas se fondre dans le système, lui vaudra de se retrouver dans un centre de soins pour ados. Évidemment quand tu es en marge du système, tu es fatalement dérangé. Mais non, il veut faire sa trace et dans cet établissement, Cupidon l’attend lui décochant une flèche qui va faire en sorte que son coeur va battre la chamade pour une fille disjonctée au crâne rasée, vous voyez le genre. L’amour ne s’embarrasse pas de telles distinctions. On se prend d’affection pour Jérôme et sa douce. Comment vont-ils désormais composer avec le monde qui n’est pas fait pour eux ? On vous laisse la surprise.

Les dragons Jérôme Colin. Allary éditions 177p. 
 


 

La descente aux enfers d’un homo quadragénaire

L’Abîme de Nicolas Chemla devrait être ceinturé d’un bandeau avec pour indication “Interdit aux âmes sensibles”. Car ce que raconte du quotidien d’un homosexuel quadragénaire ne fait pas dans la dentelle. Le mec bourre de culs, assiste à des horreurs, dont le suicide d’un commissaire de police de sa connaissance. On descend vraiment dans le caniveau. Le romancier avance l’idée que des gays semblent chercher la voie de la liberté dans la luxure sexuelle. A méditer.  Le protagoniste, c’est ici plus relaxant, a une passion pour les félins. Les amoureux de ces derniers seront en bonne compagnie. Pour le reste, nous redoublons nos précautions, c’est du trash, du grandiose dans le genre. Et qui, nonobstant toute considération moralisante un produit achevé et attractif.
L’Abîme Nicolas Chemla. Le Cherche-Midi 295p.    www.cherche-midi.com

 


 

Rencontre fortuite de deux femmes si différentes

Transparence de la lumière de la turque Aysegül Savas est une histoire toute simple, justement belle car sans affectation littéraire. L’écrivaine nous invite à faire la découverte de deux femmes qui n’étaient pas destinées à se croiser. Du moins jusqu’à un certain temps. D’abord il y a une étudiante en arts visuels qui vient loger chez l’objet de sa recherche. Et ce dernier de l’informer que sa femme dont il est séparé mais en bons termes, va venir momentanéement loger au-dessus. Et elles vont fatalement se rencontrer. Deux personnalités on ne peut plus dissemblables mais qui ressentent le plaisir de se retrouver. Et Agnès la visiteuse de se raconter sur ses désillusions. Il n’y a aucun soubresaut dans le descriptif. C’est très linéaire, bien construit, apaisant. Vous aimerez comme nous avons aimé. Le bémol, la fin arrive trop vite, sans doute le plus beau compliment à faire.
Transparence de la lumière Aysegül Savas. Bouquins 179p.   

 


 

Autobiographie d’un prof d’université belge nous parle beaucoup des femmes

Il y a en qui vont s’interroger sur la pertinence de se mettre en scène à l’aide d’une autobiographie. Et pourquoi pas ? Si l’expérience des autres ne sert à rien, alors comment cheminer dans l’auto-suffisance de soi ? Petit préambule pour annoncer la parution de Jacki est sage de Jacques Sojcher, professeur émérite de philosophie de l’Université Libre de Bruxelles. Tout individu a de quoi raconter. Et la vie de cet enseignant de haut niveau ne manque pas de relief. Tout particulièrement dans son rapport avec les femmes. Il en a connu beaucoup, certaines plus intéressées par son aura que par sa communication. D’autres, qui menacent de se suicider.  Bref, il ne semble pas s’ennuyer le monsieur et a le mérite d’être transparent. Ça coule de source et ça se lit en un temps éclair. Trop pour notre bonheur.
Jack est sage Jacques Sojcher. Les impressions nouvelles 146p.    www.lesimpressionsnouvelles.com

 


 

Un digne Far West de 1850

Il y a d’abord le titre assez trash Les charognards visent toujours les yeux en premier qui devrait à lui seul attirer l’attention dans les rayonnages des librairies. Et il annonce bien le ton qui prévaut dans ces pages qui nous transportent dans un bled de l’Arizona. Et on n’est pas ici dans le Sergio Leone. Ça joue dur, avec un tueur sans foi ni loi qui a massacré plein de gens dans le coin. Et le pire c’est qu’il n’a pas le faciès de ce qu’on pourrait imaginer d’un fou de la gâchette. Au contraire, il a le visage d’un ange. Angelot ou pas, le shérif s’est donné comme mission de le rayer de la carte. Voilà le décor est en place. Si vous aimez les plaines, les western, alors précipitez-vous. Et l’auteur maîtrise très bien ce qu’il faut faire vous garder en haleine son lecteur. Et il nous laisse le soin de nous faire des images nous-mêmes. En passant, Symoens entreprend des études en scénarisation.
Les charognards visent toujours les yeux en premier Antoine Symoens. Fides  279p.       www.groupefides.com

 


 

La transcription d’un balado renommé sur des affaires criminelles

Elles sont deux qui sont passionnées comme ce n’est pas permis pour les affaires criminelles. Annie Laurin et Michèle Ouellette ont donné suite à leur centre d’intérêt en créant le balado Captives et qui cartonne. Car c’est un domaine qui rejoint un large auditoire, la preuve avec d’autres balados semblables dans la francophonie qui ont vite rejoint leur audience. Comme quoi l’homo sapiens n’en revient toujours pas du degré de monstruosité qui sommeille en nous. A preuve, imaginez seulement une société sans loi qui vous permettrait de régler de vous venger comme bon vous semble, trucider même. Ce serait un carnage. Eh bien des gens ont franchi cette ligne rouge et on fait des disparaître leurs semblables. Ce sont des cas répertoriés que les auteures ont sélectionnés, fort intéressant. Des cas résolus, d’autres non.
Captives Annie Laurin et Michèle Ouellette. Fides 219p.    www.groupefides.com

 


 

Le strip-tease de Mado

Mado c’est l’impératrice des drag-queens du Québec.  Et ce n’est pas elle qui le démentira, dotés qu’elle est d’un ego énorme comme ça, et qui ne tolère pas que les spectateurs viennent gêner ses prestations. On la regarde et on se pâme ou pas, point barre. Un personnage assez lourd à porter sans doute, car celui qui lui donne vie, Luc Provost a décidé de faire une sorte de coming-out en dévoilant qui il est. Ce n’est pas une démarche qui le tentait véritablement, mais lui-même avait le goût de s’exprimer dans une sorte de strip-tease psychologique. Car formé au métier de comédien, il aspire à monter sur scène dans sa propre peau.  Tout ce que vous avez voulu savoir sur Mado s’y trouve, et comment Luc Provost vit ses passions, notamment les voyages pour lesquels il nous abreuve d’anecdotes croustillantes. Est-ce vous dire que ce livre est distrayant au possible avec des illustrations sautées comme le personnage iconique.
Une Mado graphie Luc Provost. Les éditions La Presse 190p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Un bonhomme mal dégrossi et son rapport archaïque envers la gent féminine

Si en littérature vous aimez les personnages outranciers, eh bien avec Le sortilège de Juju de Patrick Courval vous allez trouver votre bonheur. Qui décrit très bien la catégorie de ce qu’on nomme le mononcle classique, mal dégrossi, et qui n’était pas au rendez-vous quand le raffinement est passé. Et l’auteur nous le montre, maladroit, souvent grossier dans son attitude envers les femmes. Le pire c’est qu’il ne se voit pas aller. Il n’a aucune distanciation et il fonce dans le tas. On rit beaucoup de ces déconvenues, en souhaitant ne jamais être confronté avec un  tel genre de bonhomme. Comme on rigole plusieurs fois dans ces pages, on peut attribuer à l’auteur le titre de bienfaiteur de l’humanité, car on a besoin de beaucoup rire par les temps qui courent.
Le sortilège de Juju Patrick Courval. Goélette 261p.    www.golette.ca

 


 

De la pertinence d’un conseil de presse

Oyé! Oyé! Voici que sort en librairie un essai sur la presse et l’autoréglementation Un conseil de presse est-il encore possible ? de Raymond Corriveau qui en fut un des présidents. Et à propos du conseil de presse, un de nos co-éditeurs en voit tout de suite la vacuité qui, il y a quelques années, s’était plaint à cet organisme, au sujet d’une célèbre relationniste qui boycottait notre site. Et qui fit l’objet d’une plainte au Conseil de presse.  Au motif qu’elle contrecarrait la liberté d’expression. Le Conseil qui est hélas que consultatif, prit la chose en délibéré, exigeant de l’accusée de produire une réplique. Qui fût ignorée superbement par cette dernière sans qu’elle fit l’objet d’une quelconque sanction. Et on imagine sans peine le Conseil devant réagir sur une accusation contre les médias au sujet du traitement uniforme de la Covid-19 par les médias sous l’emprise des pharmaceutiques. Ce serait une source de grande frustration. C’est pourquoi l’essai qui paraît est intéressant à parcourir pour confronter nos propres perceptions des médias qui ont perdu toutes leurs plumes.
Un conseil de presse est-il encore possible ? Raymond Corriveau. Presses de l’Université du Québec 214p.      www.puqc.ca

 


 

100 personnes nous livrent leur vision de l’existence

Martine Cédilotte a voulu savoir comment chacun et chacune chemine dans ce bas monde et quels sont les préceptes qui guident leur existence. Elle est donc allée à la rencontre de 100 personnes, des artistes comme des “anonymes” qui ont une petite idée de la recette de vie. Ginette Reno entre autres raconte un souvenir d’enfance. Ça donne un gros pavé intitulé Nous avons tous une histoire inspirante. Qui a été un travail de longue haleine, toutes ces rencontres à recueillir des pans de vie. De belles leçons en somme.  Car bien que l’on sache que la vie est tout sauf un cadeau, il y a de petites choses à quoi s’accrocher comme valeurs pour pouvoir survivre et attendre que la mort vienne nous chercher. Ce bouquin a la particularité d’être interactif avec des QR code qui nous mène un peu plus loin dans l’échange.
Nous avons tous une histoire inspirante Martine Cédilotte. Béliveau éditeur 450p.      www.beliveauediteur.com

 


 

Le 103,3 FM souffle ses 35 bougies

Au sein des radios communautaires du Québec, le 103,3 FM de la Rive-Sud de Montréal tient une place à part. Car c’est un lieu de combat permanent, même encore aujourd’hui pour rallier les villes du territoires à l’importance de leur station. C’est même le dernier texte du livre de Valérie Guibbaud 35 ans d’histoire FM 103,3” qui est un cri du coeur. Car pour se maintenir, dieu sait qu’on a ramé. Rien n’est d’ailleurs jamais gagné au Québec, ça on le sait.  L’ouvrage revient sur ces trente décennies avec de véritables héros. Au début la station a frôlé la faillite et même la Ville de Longueuil voulait entreprendre une saisie. Fort heureusement il n’y avait pas grand chose à rafler pour la municipalité. Il fallait avoir la foi du charbonnier pour réussir à croire à son avenir. C’est une histoire de lutte à laquelle on assiste et aussi à la nomenclature de gens qui ont débuté là au micro et qui ont fait ensuite de belles carrières.
35 ans d’histoire 103,3 FM  Valérie Guibbaud. Béliveau éditeur 241p.  www.beliveauediteur.com

 


 

Les périls de la monnaie de papier

L’économiste Charles Gaves n’a eu de cesse de nous mettre en garde contre les périls qui attendent les individus qui ne comptent que sur les avoirs en papier monnaie. Qui, si la tendance se maintient, ne vaudront guère mieux que les deutschmarks de la République de Weimar, de la monnaie de singe quoi.  Et de se tourner pour se prémunir du pire, vers l’étalon or ou argent. Ce préambule pour souligner la parution de Le standard argent du professeur Antal Fekete. En sous-titre “Comment investir son épargne en investissant dans de petites sommes”. Et c’est en même temps un cours d’histoire. Que notre politique monétaire dans le monde a vacillé quand ne pouvant sortir des lingots à volonté pour soutenir l’économie on s’est tourné ad nauseam vers la planche à billets. Un fabuleux récit qui nous fait réfléchir à la “solidité” de nos monnaies actuelles.
Le standard argent Antal Fekete. Le jardin des Livres 222p.  www.lejardindeslivres.fr

 


 

Deux titres qui valent le détour chez Florides helvètes

L’éditeur suisse Florides helvètes nous gratifie de deux beaux titres pour la rentrée. Le premier au titre intriguant La vaisselle des évêques est signé Georges Borgeaud. Cet écrivain mort en 1998 avait du style et on le voit bien dès les premières lignes de cette histoire de Pierre et de Denis qui s’installent dans un château qui a été jadis le fief de l’évêque du lieu qui a fui au moment de la Réforme. En somme l’auteur décrit les jours qui s’écoulent et des considérations opportunes sur le milieu bourgeois. Mais ce qui rend cette lecture édifiante c’est que l’écrivain sait mettre le sujet, le verbe et son complément à la bonne place. Une véritable classe de maître littéraire. Et c’est d’une lecture chic va sans dire.

Ailleurs c’est Alberto Nessi avec ses Fleurs d’ombre. On dit de cet écrivain suisse italien, qu’il a la particularité de se pencher sur les plus infortunés de l’existence dans une suisse qui les regarde si peu. C’est un homme de lettres humaniste. Ici l’histoire compte peu, sinon la joie de bénéficier de réflexions de l’auteur et de ses personnages sur le sens de la vie. C’est un roman de type initiatique en somme. Qui va obligatoirement nous interpeller pour peu que nous soyons intéressés aux questions existentielles. Nessi a été en 2016 lauréat du Grand Prix suisse de littérature. On pourrait reprendre à son compte le slogan de l’Oréal “car il le vaut bien”.

 


 

Le microcosme trash de Beeville

Josée Yvon avec ses titres précédents “Travesties-kamikazes” et “Danseuses-mamelouk” ne pouvait soudainement plus faire dans la dentelle. Elle s’est faite une identité dans le “trash” et elle est au sommet d’elle-même dans La cobaye paru une première fois en 1993, qui nous transporte dans un bled pourri nommé Beeville. Vous allez découvrir une série de femmes, danseuses, toxicomanes, fuckées de tout poils. Avec des disciples de sapho qui s’adonnent au BDSM. C’est glauque ce putain de bled. Si vous aimez le genre “nature” vraie vous allez être au comble. Elle a le mot cru la romancière. On aime car on ne peut pas lui reprocher d’être authentique. Isolément, tous ces êtres existent dans la vraie vie. Ici ils sont tous concentrés dans un même lieu. On adore que cette Josée soit tout sauf politiquement correct.  Ça fait du bien à lire dans ce monde aseptisé de rectitude et aussi malsain à sa façon. Dommage que Josée Yvon soit morte du sida en 1994. Qu’aurait-elle dit de notre monde sous l’emprise du wokisme ?
La cobaye Josée Yvon. Les herbes rouges 112p.   

 


 

Aux amérindiens qui parlent difficilement d’eux-mêmes

Georges E. Sioui un de nos grands intellectuels issu des Premières nations a pris très tôt conscience que ses frères amérindiens avaient de grandes difficultés à se mettre en valeur. Et son père lui avait laissé cet enseignement qu’il lui fallait faire ce travail de valoriser la grande richesse spirituelle et humaniste des siens. Aujourd’hui professeur retraité du Département d’études anciennes et de sciences des religions à la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa appartenant aux Hurons-Wendat, nous met en contact avec le riche patrimoine culturel amérindien dans Pour une autohistoire autochtone de l’Amérique. Que ce soit les amérindiens qui parlent d’eux-mêmes et non les blancs qui s’expriment à leur place si on veut comprendre la démarche. Est-ce vous dire que cette lecture donne un éclairage fantastique à ce qui nous échappe.
Pour une autohistoire autochtone de l’Amérique Nouvelle édition augmentée Georges E. Sioui Les Presses de l’Université Laval 142p.      www.pulaval.com

 


 

Un conte féministe et une disparition initiatique

Deux titres aux éditions Dalva nous rappellent que cette maison d’édition sait choisir pertinemment qui aura les honneurs de son catalogue. Qui privilégie des histoires captivantes. Et les deux titres qui sortent en sont la preuve. A commencer par La dent dure de Isabelle Garreau. C’est un premier roman pour cette novice des lettres qui augure bien du reste. Elle nous présente trois portraits de femmes dans différentes époques mais qui ont en commun un objet fétiche, une dent scellée dans de l’ambre, une relique dit-on convoitée à travers les âges. Une façon d’écrire sur un thème féministe, mais intéressant. Parce que pour chacune de ses héroïnes il y a un climat, parfois hostile. Et elles sont toutes courageuses à leur manière, que ce soit en Perse ou dans l’Hexagone de nos jours. A ceux qui attribuent des prix pour une première en littérature, regardez de ce côté-ci, elle le mérite bien.

Puis, autre climat, mais tout aussi envoûtant  L’enfant rivière de Isabelle Amonou qui raconte les tribulations d’une mère, qui à cause d’une inattention se mesurant en secondes, voit son fils disparu. Zoé, la maman, va immédiatement se mettre en quête de retrouver le petit Nathan. Elle a la certitude que son rejeton est en vie, mais où.  Elle va en abattre du kilomètre au Canada pour tenter de retrouver son petit amour. Déjà qu’une disparition de son enfant a quelque chose d’angoissant au départ, en plus de devoir errer sans trop savoir ajoute de la pression psychologique. C’est un roman d’une grande densité émotionnelle. Et en même temps un roman initiatique, car c’est tout un florilège de réflexions qui vous viennent dans ces moments-là qui vous viennent en tête. On ne vous dévoilera évidemment pas l’issue pour ne pas bouder votre plaisir.

 


 

Pour un réenchantement du monde

Il est un fait que le désenchantement est la marque distinctive de notre époque où les gens s’adonnent à toutes sortes de dépendances, dont les produits numériques afin de rendre le quotidien plus fréquentable. Mais est-ce à dire que nous devons continuellement supporter ce monde dure, cynique, en grave déficit d’altérité ? Le professeur retraité du département d’anthropologie de l’Université Laval Raymond Massé croit impératif de faire intervenir les enseignements du siècle des Lumières pour puiser de quoi ramener en enchantement du monde. Son essai Éloge du raisonnable est d’une formidable utilité publique au moment où quantité de gens ne trouvent plus leur place ici-bas.
Éloge du raisonnable Raymond Massé. Collection À propos aux Presses de l’Université Laval 221p.     www.pulaval.com

 


 

Aux antipodes d’un Dieu qui dans le Coran ne fait que châtier

Nous les catholiques avons souvenance d’un Dieu qui dans toute sa Majesté ne faisait que nous châtier, nous qui étions d’office atteint par le péché originel dès le berceau. Eh bien dans le monde musulman, les porte-paroles de cette religion joue des mêmes cordes de l’instrument. Omero Marongiu-Perria est allé aux sources même du Coran pour voir l’image qui se dégage. Ce théologien musulman découvre plutôt un Dieu de bienveillance, d’amour, loin de l’image que l’on veut détourner à d’autres fins. L’amour de Dieu dans le Coran rétabli le bon message distillé par les sourates.

L’amour de Dieu dans le Coran Omero Marongiu-Perria. Atlande 219p.
 


 

Mentir comme on respire en ex-Yougoslavie

Kristian Novak est défini comme un écrivain incarnant l’âme de son pays. Ce Croate nous sert une sorte de portrait psychologique du citoyen de l’ex-yougoslavie, pourquoi pas aussi des territoires actuels tant qu’à faire. Car la nouvelle découpe géographique, n’efface pas des tempéraments ancrés sur un claquement de doigt. Terre, mère noire nous fait voir un personnage qui a menti, ça semble récurrent chez lui. Au point que son amie de coeur n’en peut plus et le quitte. Il semble y avoir beaucoup de détresse dans cet ex-Yougoslavie, peu avant la guerre qui a tant fait l’actualité. Est-ce que c’est inscrit dans les génomes locaux que ces travestissements de la réalité ? L’auteur décrit bien les tourments intérieurs qui agitent les gens là-bas. Est-ce que l’on mentirait continuellement ? C’est un texte fort que l’on a adoré.
Terre, mère noire Kristian Novak, Les Argonautes 347 p.  www.argonautes-editeur.fr

 


 

Divagations bénéfiques sur les états d’âmes au féminin

Normalement le mot divagation a une connotation d’égarement sur n’importe quoi, d’errance. Mais permettez que l’on emploie ici divagation dans une optique positive comme ici dans Épines et pierres précieuses écrit par trois femmes Valérie Lebrun, Alice Michaud-Lapointe et Chloé Savoie-Bernard. Comment décrire ce qu’on y trouve ? C’est un livre inclassable. Chacune apporte une part de son vécu, de ses observations de vie. Il y a une chose par contre qui les unit, un formidable style d’écriture où les trois amies parviennent à trouver les bons mots sur ce qui les animent. Une par exemple, amoureuse des femmes, qui se tortille la vue de Charlize Theron, qui avoue son infidélité par omission. Une autre évoque la passion pour une Ginette Reno. On trouve de tout et c’est formidable. Des textes qui ont la qualité de ce qu’on trouve par exemple dans un journal, la transparence. A lire sans faute on vous le dit.
Épines et pierres précieuses Valérie Lebrun, Alice Michaud-Lapointe et Chloé Savoie-Bernard. Leméac  179 p.

 


 

Une fiction sur le fils de Maria Callas et d’Onassis

Dans la réalité la divina Maria Callas a donné naissance en mars 1960 à un fils mort-né. Fruit des amours entre la soprano et le magnat grec Aristote Onassis. Un amour interdit, puisque le milliardaire et qu’une femme officiellement célibataire, ça ne se faisait pas dans ces années là. Encore moins dans la Grèce conservatrice. Alors que serait-il arrivé si cet enfant prénommé Omero avait vécu sa vie ? C’est la fiction que s’est autorisé Christos Markogiannakis avec Omero le fils caché. Là, il laisse aller totalement son imagination. Car on imagine sans peine que ce ne doit pas être de tout repos d’être au milieu de deux monstres sacrés dans leur domaine. On appréciera que le romancier ne manque pas d’imagination bien au contraire. Ça se lit très bien et on pourrait imaginer le film qui pourrait en être tiré.
Omero le fils caché Christos Markogiannakis. Plon 445p. www.plon.fr

 


 

Il était une fois les études Inuit

Inuksiutiit cosigné par Louis-Jacques Dorais et Bernard Saladin d’Anglure revient sur cinquante ans d’études de la culture inuit. Il faut remonter pour celà dans les années soixante. Des anthropologues de chez nous, maîtrisant au départ, ce qui n’est pas évident, la langue inuit, vont aller à la rencontre des ces peuplades du Nunavik. Desquelles rencontres vont naître les premières études de civilisation de cette contrée du Grand nord. C’est toute une épopée que raconte particulièrement Bernard Saladin d’Anglure qui supervisa cette expédition. De ces premières investigations vont naître quantités d’études qui vont permettre d’approfondir cette culture si riche. Que de découvertes ont-ils faites. Hallucinant. En fin d’ouvrage il est question des difficultés que l’on rencontre pour rendre ces études pérennes, tellement on est confronté à des bureaucraties dont on sait la lourdeur, qui ne comprennent souvent rien aux enjeux.
Inuksiutiit  Un demi-siècle d’études inuit. Louis-Jacques Dorais et Bernard Saladin d’Anglure. Isberg UQAM  183 p.   

 


 

La Lune cours 101

Elle est à 384 mille kilomètres de la Terre, et ça prend trois jours pour s’y rendre en vaisseau spatial. De qui on parle ? La Lune. Qui a été foulé le 21 juillet 1969 par deux américains. Événement suivi par l’entièreté de notre planète, subjuguée par l’exploit. Et onse promet d’y retourner plus sérieusement. Mais qui est-elle cette planète qui nous regarde chaque soir et éclaire nos nuits ? Steeven Chapados la connaît bien qui lui consacre un album de vulgarisation qui livre tout ce qu’on veut savoir à son sujet. C’est une merveille de renseignements. Saviez-vous entre autres que sa superficie est 7,44% celle de la Terre et près de quatre fois la superficie du Canada. Vous apprendrez tellement à la lecture de ces pages qui en fait un professeur comme on aimerait en avoir tant dans nos classes. Ça mettrait fin illico au décrochage. Ouvrage qui d’ailleurs devrait figurer en bonne place dans toute bibliothécaire scolaire digne de ce nom. Et mieux encore, l’auteur n’est pas astronome, mais professeur de philosophie au cégep de Saint-Laurent!
Lune Steeven Chapados. Fides 152p.     www.groupefides.com

 




 

Le coin poésie

Chez L’Interligne pour commencer avec un titre accrocheur Exhumer-moi Je vous appartiens de Alexandre Yergeau. On ne peut pas dire que le poète courre après l’écriture, puisqu’il nous a fait faux bond durant quinze ans tout de même. Il exploite dans ces strophes, un souvenir douloureux, le suicide de son père qui était également poète. Comment exprimer l’indicible ? Surtout que de s’enlever la vie demeure un tabou. Bref, cela nous donne des passages sentis comme jamais extrait “La douleur en transe de la rouille plein les mains overdose en lambeaux le silence est un faux et la nuit est un fauve”. Nous méritions bien cette attente.

Au Noroît c’est une pointure littéraire Jacques Brault qui nous laisse un testament poétique, lui qui a quitté ce monde en 1922. A jamais son dernier opus, est devant nous, dans lequel il y a des regards, dirait-on les derniers de ce qui s’agite autour de lui. Ce sont des moments puissants. Pas étonnant que ce monument des lettres, lui qui a tout raflé ce que le pays peut réserver d’honneurs dans le domaine, nous frappe droit au plexus. Extrait “Maintenant, il fait froid, seulement froid. L’oubli laisse des bleus sur le visage des oubliés. On dirait des lunes éteintes sur fond de nuit…” Émouvant ? Un euphémisme.

Chez le même éditeur Laurence Gagné puise dans son expérience d’expatriée de la Gaspésie vers Montréal dans un recueil au titre explicite S’évincer et où elle raconte à la première personne et dans une écriture poétique bien stylée ce qu’il en va de quitter une région telle que celle qu’elle a connu au départ, pour arriver dans un milieu urbain. C’est une exploration de haute volée. Extrait “Un soir d’hiver en rentrant du restaurant où je travaille je commence à rassembler des idées que j’ai accumulées l’après-midi et le soir.”  Beaucoup d’images qui viennent à chaque page.

Puis deux beaux ouvrages aux éditions de l’Écume. D’abord par leur format longiligne qui confère une certaine classe, Et l’aménagement graphique des pages avec un goût sûr. L’éditeur a donné ses lettres de noblesse à de beaux textes. D’abord il y a cette Cosmogonie des corps signé Collectif Les Bourrasques.  Les contributeurs avaient on s’en doute le mandat d’y aller chacun(e) d’une vision du corps.  Extrait “quand la chair s’endort sur le comptoir instruments à la main je mens chaque centimètre dessiné sur le coin du mur ce n’est pas mon nom je ne grandis pas ne vous connais plus”.

L’autre titre Mailler les eaux est également un collectif avec moult participants. En quatrième de couverture s’annonce le programme “Je reviendrai sans cadran ni compas cartographier mon cri aux sanguines”. Ici il y a intention poético-scientifique puisque les textes sont inspirés par des canyons sous-marins que l’on trouvent le long de l’estuaire du Bas-du-Fleuve. Invisibles à l’oeil nu, ils jouent un rôle prépondérant pour l’écosystème. De quoi enflammer les imaginations poétiques de toutes sortes. Extrait “dans le mouillage l’alphabet se liquéfie on essaie d’exister entre les chiffres les sillons de pluie sur les vitres mais on coule des consonnes plein les poches un oursin dans la gorge”.

 


 

Heureuse qui comme Anaïs Favron fait de beaux voyages

Anaïs Favron a pu être appréciée comme “joker” de Guy A. Lepage à Tout le monde en parle. En plus c’est une grande voyageuse, curieuse de tout. Et qui veut faire partager à la multitude ses découvertes, ses coups de coeur. Ce qui nous donne Les carnets de voyages. C’est un gentil fourre-tout où elle entremêle ses pérégrinations autour du globe mais aussi elle a recueilli des témoignages d’autres personnes et leur relation au voyage, comme avec le médecin et footballeur Laurent Duvernay-Tardif. Les personnes qui ont la bougeotte et qui ne jurent que par le déplacement vont adorer. L’auteure agit comme une amie qui vous partage ses bons tuyaux. C’est toujours bon à prendre et qui est prévenu s’évite parfois des déconvenues. L’éditeur a mis un soin à la présentation graphique où ça regorge de photos.
Les carnets de voyages Anaïs Favron. Goélette 159p.   www.goelette.ca

 


 

Miser sur la procréation pour renaître à soi-même

En paraphrasant Simone de Beauvoir on ne naît pas mère on le devient. Et la maternité n’est pas forcément une équation naturelle avec la féminité. En France, un sondage demandait à des femmes, à savoir que, sachant ce qu’elles savent de l’expérience de donner la vie, si elles enfanteraient à nouveau. La réponse a été négative à 71%. Ce préambule pour parler de La naissance d’Agathe, le roman de July Giguère. Qui raconte l’histoire d’une femme qui provient d’un milieu familial où la violence était courante. Et qui a hérité de profonds problèmes d’insomnies. Et puis, question de voir la vie autrement et se refaire aussi une vie nouvelle, elle rencontre un gars duquel elle souhaite faire un enfant. Voilà pour l’essentiel. Tout le reste, ce sont des soliloques sur ce qu’elle vit dans ce nouveau projet. C’est très senti, et bien des femmes se sentiront interpellées par cette lecture édifiante.
La naissance d’Agathe July Giguère. Leméac 156p.   

 


 

Autobiographie d’un cowboy…noir

Si on croyait être au bout de nos surprises. Mais non. Saviez-vous qu’il y avait aussi dans le Far-West des cowboys noirs ? Comment cela se pouvait-il en pleine ségrégation raciale ? Pour le savoir il faut lire l’autobiographie de l’un deux Nat loveCowboy noir”. La traduction est de Thierry Beauchamp. Pourquoi signale t-on ici le traducteur, c’est qu’il a une passion pour les littératures oubliées. Et avec ces mémoires il avait un matériau de choix, qui a rangé d’ailleurs son Mr.Love à la reconnaissance de ses semblables. Ce cowboy qui a fait l’exact travail des congénères blancs, terminera comme porte bagages dans une compagnie ferroviaire. En introduction on se fait fort de mettre des balises au récit, car l’homme était sujet à de l’affabulation. Pas exactement certain d’être le cowboy qu’on s’attend, mais comme esclave il a assurément travaillé dans des ranchs où les noirs composaient souvent de la main-d’oeuvre. C’est toute une époque qui défile sous nos yeux. On ne s’ennuie pas une seconde, ce qui est déjà un grand compliment.
Cowboy noir Nat Love. Anacharsis 188p.    www.editions-anacharsis.com

 


 

Considérations sur le journalisme à une époque trouble

La planète, à l’ère numérique et des changements climatiques, vit un aggiornamento total. On ne sait pas ce qui s’en vient, mais on sait que ce ne sera plus pareil. Ainsi en va le journalisme qui a écopé fort au cours de la “pandémie” de la Covid-19, alors que la classe journalistique a été malmenée pour ne pas avoir donné l’antenne avec équité à ceux qui dénonçaient la vaccination que l’on voulait forcée avec un produit non abouti.  Ensuite un malheur ne venant jamais seul, arrive la ChatGPT, cette application redoutée qui pond des textes, qui heureusement pour le moment connaissent des ratés. Mais pour combien de temps ? L’occasion pour la journaliste Marie-Ève Martel de rappeler l’essence même de ce qu’est et doit-être un journaliste. Pas de lapin dans le chapeau des questions éthiques fondamentales. Un bel exercice intellectuel nécessaire dans ce monde qui ne trouve plus ses repères. Elle nous rappelle à quoi doit servir un journaliste et servir qui au fait ?
Pas de lapin dans le chapeau  Marie-Ève Martel. Éditions Somme toute 154p.    www.editionssommetoute.com

 


 

Pourquoi maman s’est donnée la mort ?

Le suicide est un sujet tabou qui fascine. Car comment, et souvent froidement, on en vient à briser le contrat avec la naissance ? Hugo Lindenberg avait un thème de choix avec l’histoire qu’il a bâti autour d’un étudiant désoeuvré qui découvre par la bouche d’une tante les circonstances du suicide de sa mère. C’était en gare de Lyon et le garçonnet avait alors 6 ans. Le protagoniste qui jusqu’ici n’avait donné aucun sens à son passage terrestre, va se donner une motivation. Celle de connaître quelle était la personnalité de sa génitrice. C’est comme une enquête qu’il mène auprès des êtres qui l’ont connu. Est-ce que la divulgation de certains faits l’aidera à mieux cheminer lui-même ? On vous le laisse découvrir dans ces pages servies par une sacrée belle écriture, sans recherche d’effets. De toute façon, le sujet en soi est canon. Une belle surprise de cette rentrée littéraire.

La nuit imaginaire Hugo Lindenberg. Flammarion 220p. 
 


 

Récit d’une mère monoparentale, veuve et en quête d’amour

Il y a une chose que la lecture favorise, c’est la surprise. Et pour exemple ce récit qui a été écrit avec le coeur vers les coeurs, un peu comme le définissait Beethoven dans l’acte de composer. C’est l’histoire de Marie-Claude Bissonnette qui a eu la douleur de perdre son conjoint, qu’elle aime toujours autant dans son souvenir. Et qui aime aimer si vous voyez ce que l’on veut dire. Elle est en grand déficit affectif, tant elle aurait à donner qu’à recevoir. C’est la trame de Prends soin, un ballon blanc et quatre saisons. Un témoignage qui, à l’ère numérique si déshumanisante, rappelle que l’humain n’est pas une île et que le voyage à deux rend le quotidien plus fréquentable. Allez lire ce petit livre côté contenant, mais énorme côté contenu.  C’est un beau fleuron pour le catalogue de l’éditeur.
Prends soin, un ballon blanc et quatre saisons Marie-Claude Bissonette. Les 3 colonnes 131p.   www.lestroiscolonnes.com

 


 

Un angle de vue sur ce qu’il y a à faire dans le système scolaire

Le problème insoluble du système scolaire, c’est qu’il est trop formaté, qui oblige de vingt à trente petites têtes ayant chacune son horloge biologique en propre, à recevoir une instruction pareille pour tous. En plus que l’on sait que la capacité d’écoute en classe est à peine de 20 minutes. En plus des conditions familiales atroces dans lesquelles proviennent ces jeunes, qui en plus ne déjeunent souvent pas. Alors bonne chance le système. Qui crée en plus des discriminations avec des notations qui font qu’un tel est meilleur que l’autre, alors que l’on sait que les grands entrepreneurs de ce monde ont été essentiellement des self made men. Ce long préambule de notre part pour introduire le témoignage d’un enseignant de carrière Simon Landry qui a ses propositions que l’on vous invite à découvrir et à confronter avec ce que l’on vient de mentionner. L’éducation au Québec en ce 21ème siècle est tout de même la voix de quelqu’un qui a à coeur sa profession et qui humblement nous soumet ses conclusions. Nous nous devions intellectuellement signaler cette présence dans le paysage éducatif.
L’éducation au Québec en ce 21ème siècle Simon Landry. Éditions du Tullinois 124p.   

 


 

Qui mérite d’être archivé dans cette masse d’information ?

L’archivistique connaît des défis sans précédents avec toute cette masse d’information qui nous tombe dessus en cette ère numérique. Le vrai côtoie le faux. Qu’est-ce qui est important pour la pérennité des connaissances ? Autant d’inconnues qui font l’objet d’un essai fondateur Archiver le présent un collectif sous la direction de Bertrand Gervais et Sophie Marcotte. La photo de couverture avec cette masse de documents jetés épars sur le sol en dit long sur le thème. Les collaborateurs posent la question, l’archive a t-elle sa limite ? C’est un aspect qui a été très peu étudié et qui apporte divers éclairages.
Archiver le présent Collectif sous la direction de Bertrand Gervais et Sophie Marcotte. Les Presses de l’Université Laval 258p.  www.pulaval.com

 


 

Une réédition entièrement remaniée d’un essai majeur sur le travail

Le monde du travail connaît en ce moment des transformations radicales. Les jeunes ne voudraient plus travailler, ou posent des conditions préalables censées ou non. On manque par conséquent de personnel partout. La rétention est difficile. Bref, du jamais vu. Et les patrons “obligés” de revoir à la hausse la rémunération, sinon adieu employés. Bref, c’est pourquoi ce classique de l’essai sur l’emploi D’où vient l’emploi ? dont c’est la troisième réédition de Frédéric Hanin professeur de relations industrielles à l’Université Laval a été entièrement revu. Qui en fait un ouvrage d’autorité qui n’a pas été démenti dans ses observations et conclusions.
D’où vient l’emploi ? Marché, État, action collective et mobilisations. Frédéric Hanin. Les Presses de l’Université Laval 604p.   www.pulaval.com

 


 

La saudade par écrit

La saudade est une chanson typiquement portugaise caractérisée par son style mélancolique. Qui nous va droit au coeur. On pourra faire le même compliment à Michel Gouveia qui lance L’héritier au sens non pécuniaire du mot mais à prendre dans une acception d’héritage culturel. Car dans son sang coule la culture portugaise dont il est issu par ses origines et celle de la montréalité ou québécitude, c’est selon. Il nous invite à découvrir à son tour ce qu’est l’âme portugaise. Après lecture vous ne verrez plus le Portugal de la même façon. C’est comme un guide touristique du coeur. C’est un texte en prose, un récit à vrai dire qui a beaucoup d’accent poétique. Vous aimerez, nous on a adoré.
L’héritier Michael Gouveia. Poètes en brousse 315 p.  

 


 

Sur le plus grand violeur planétaire de mineures

L’affaire Jeffrey Epstein et sa conclusion si mystérieuse, avec un étrange suicide en prison alors que sa geôle devait être a priori hyper surveillée. Il s’est écrit pas mal de livres depuis, sur ce personnage inquiétant et monstrueux. Surtout à glacer le sang, le réseau de personnalités qui ont joui pleinement de son hospitalité dans son île de nymphettes. Le criminologue Xavier Raufer a pu bénéficier de nouvelles informations qui ont fait jour depuis. Il nous livre une révision des faits grandement intéressante pour ceux qui auraient entendu cette histoire à distance sans en connaître les détails. Si Epstein a pu durant vingt ans, s’exercer à la pédophilie de haut niveau sans impunité c’est qu’il a fait chanté ses invités, sans l’ombre d’un doute. Bref, l’âme damnée de la IIIème culture comme il sous-titre son ouvrage pour décrire son sujet est une enquête fouillée qui ne néglige rien. Ce serait le seul livre à lire d’ailleurs sur ce crime odieux.
Jeffrey Epstein L’âme damnée de la IIIème culture. Éditions du Cerf 273 p.   www.editionsducerf.fr

 


 

Un roman poignant sur la précarité sociale au Zimbabwe

Il y a de ces gens de lettres qui écrivent et pas juste pour faire de beaux textes proposés à l’admiration de tous. Il y en a qui en même temps font oeuvre utile pour rapporter des situations intolérables. Leur dit “roman” a alors des allures de documentaire. C’est le cas de Tsitsi
Dangarembga qui, originaire du Zimbabwe, est à la fois romancière et femme engagée. Elle pèse de tout son poids comme écrivaine au point où elle s’est retrouvée dans les radars du Booker Prize où elle a été en lice. Elle nous gratifie d’un texte puissant Ce corps à pleurer sur les tribulations d’une femme d’un âge certain âge qui avait une diplomation et un avenir, mais qui va se retrouver paumée dans une auberge de jeunesse de Harare la capitale du Zimbabwe. Elle, qui est dotée d’un sens aigu de l’observation, prend acte de situations sociales inadmissibles où l’exploitation est le maître mot. Ce corps à pleurer bien qu’il soit le vécu d’une femme imaginée, est aussi un reportage sur une dure réalité. Sa protagoniste voit ses aspirations anéanties. Comment s’en sort-elle ? On vous laisse le soin de le découvrir pour ne pas bouder votre plaisir.
Ce corps à pleurer Tsitsi Dangarembga. Mémoire d’encrier 455p.    www.memoiredencrier.com

 


 

Un rare essai sur l’insuccès

Dans la littérature foisonnante des ouvrages sur la croissance personnelle, l’accent sera mis sur le développement du “je” permettant d’accéder au succès. Rarement on écrira sur une admission pourtant réelle, à savoir que l’insuccès existe. Le ratage et tout son cortège. Qui est pourtant une réalité très commune et qu’on ne veut pas voir. Malheur à ceux qui vivent dans le regard des autres et qui attendent leur lot de reconnaissance. Ils sont promis à bien des dérives psychologiques. Tout ça pour vous dire qu’ils s’y sont mis à deux Florian Grandena et Éric Mathieu pour nous offrir Échec et vomissements sous-titré “réflexions sur l’insuccès comme mode de vie et philosophie”. Ils défrichent un secteur inexploité de la psyché humaine et pourtant dieu sait s’il s’en écrit des ouvrages de psycho. L’échec n’est pas la fin du monde rappellent-ils. Le premier est prof de cinéma et le second lingusite. Ils font le tour de la question des insuccès qui, maîtrisés peuvent être source positive de leçons. Et ils nous livrent des exemples. Alors que vous soyez créateurs ou simple homo sapiens, allez parcourir ces pages qui démystifient la fatalité de l’échec.
Échecs et vomissements Florian Grandena et Éric Mathieu. Éditions Somme toute 222p.     www.editionssommetoute.com

 


 

Un excellent biographe est né

L’ex journaliste à Radio-Canada et ex-président du conseil d’administration de la STM Philippe Schnobb est revenu à ses anciennes amours du journalisme, pour se muer cette fois en biographe avec un sujet de choix et un défi à la fois, la vie de Louise Harel une figure emblématique du Parti québécois. Et faire dans la biographie à ses exigences. D’abord savoir faire les recherches appropriées, raconter une histoire et ne pas s’empêtrer dans les détails. Le biographe au noviciat du genre réussit hautement l’exercice. Car elle en a fait des choses la dame Harel. Comment séparer le superflu de l’essentiel de ses participations ? C’est une biographie semi-autorisée au sens où l’intéressée a donné carte blanche et à qui on a laissé tout de même voir le manuscrit avant publication. Elle a eu l’honnêteté de laisser des aspects d’elle moins glorieux comme d’avoir été une ministre un peu impossible et où il y a eu des changements nombreux parmi son personnel. Bref, un livre franc, une démarche transparente qui nous fait voir une militante qui a oeuvré surtout pour le logement social et l’équité salariale.
Louise Harel  Sans compromis Philippe Schnobb. Les éditions La Presse 377p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Une nordicité suédoise sollicitée pour les mauvaises raisons

Le septième volet de la saga Millenium arrive enfin (pour les empressés). Il s’intitule La fille dans les serres de l’aigle. L’attente en aura vraiment valu la peine car Karen Smirnoff n’a pas déméritée, elle qui sait tricoter un pola comme seule elle sait le faire. Nous la suivons dans le décor qu’elle a planté dans un bled perdu au Nord de la Suède qui a pour nom Gasskas. Qui est la contrée à la mode, dans l’oeil des écologistes et de ceux qui flairent le fric à distance et prêt à tout pour en faire. Lisbeth Salander, notre protagoniste que l’on suit depuis toujours, va retrouver une nièce esseulée dans ce coin de pays. Puis d’autres personnages vont graviter avec différentes motivations. On a donc des histoires en parallèle, mais dont l’écrivaine a le talent d’ouvrir des parenthèses et de savoir les fermer. Le roman a pour essence des conflits en pleine ère écolo. Donc sujet à la mode.
Millenium La fille dans les serres de l’aigle. Karin Smirnoff. Actes Sud 428p.     www.actes-sud.fr

 


 

Faire de la recherche scientifique, un guide du savoir-faire

C’est un gros pavé que cette Initiation au travail intellectuel et à la recherche sous la direction de Mireille Lalancette et Jason Luckerhoff. Qui tombe à point nommé alors que des recherches sont contestées parfois pour manque de rigueur. A preuve, la contestation du vaccin contre la Covid-19 qui a été mis sur le marché sans être abouti et dont une vp de Pfizer a reconnu qu’il n’a pas fait l’étape de l’essai sur les personnes. Aveu déterminant pour la suite des choses et qui donnait raison aux anti-vax. Ensuite que d’études autres, contestées pour les mêmes motifs. Dans ce livre qui est un véritable guide de comment faire une recherche scientifique dans les règles de l’art, 40 chercheurs ont mis leur expérience à contribution. Au final un ouvrage fondateur qui connaîtra nous n’en avons aucun doute, un rayonnement à l’international.
Initiation au travail intellectuel et à la recherche. Pratique réflexive de recherche scientifique. Collectif. Les Presses de l’Université du Québec 504 p.   www.puq.ca

 


 

Une disparition d’un ado fait craindre le pire

Les écrivains qui suent devant la page blanche, devrait prendre exemple sur Katrine Engberg qui ne révolutionne pas le genre, mais qui a appris la règle incontournable qui fait un bon roman, savoir conter une bonne histoire. C’est ce qu’elle démontre avec Le passé doit mourir qui s’ouvre sur la disparition d’un adolescent de 15 ans dont on retrouve le canot et avec un message qui laisse planer une possible fugue. Mais ce n’est pas le genre de chose à ce qu’on s’attend du jeune homme. De sorte que comme pour toute disparition, la résolution tient dans la vitesse des battues qui vont s’organiser. Plus le temps file, plus le risque est grand du pire. Et peut-être comme ici, révélateurs de faits que l’on aurait peut-être aimé laisser enfouir. Vous l’aurez deviné, nous sommes en face d’un sacré bon thriller.
Le passé doit mourir Katrine Engberg. Fleuve noir  396p.     www.fleuve-editions.fr

 


 

La pauvre, huit ans, obèse et black aux États-Unis

La grossophobie connaît hélas une propagation exponentielle, pire encore avec les plateformes sur Tik Tok qui prône les nymphettes sexy filiformes et avec grosse poitrine. Mecca Jamilah Sullivan qui enseigne la langue de Shakespeare à l’Université de Washington, s’est inspirée de son vécu dit-on pour accoucher d’un roman mais qui est plutôt de l’ordre de l’autofiction Big girl qui narre les malheurs d’une fillette de huit ans, black, et pesant soixante-seize kilos. Sa mère n’a de cesse de la faire maigrir de force, sans succès. Et puis il y a l’intégration en classe de blancs fortunés. Déjà qu’au sud de la frontière ètre, est une tare, imaginez en surpoids. Ce ne peut-être pire. Que va t-il arriver comme destin à l’héroïne de cette histoire ? Allez juger par vous-même. Elle a du courage la petite. Ce livre est grand par son degré d’humanité et de persévérance.
Big girl Mecca Jamilah Sullivan. Plon 492p.     www.plon.fr

 


 

Retour d’enquête sur des meurtres sordides d’enfants

N’y a-t-il pas plus odieux qu’un enfant assassiné par un pervers ? C’est un fait qui taraude depuis toujours Stéphan Parent cinéaste enquêteur qui a produit un documentaire salué un peu partout sur la planète intitulé “Novembre 84” qui relate la mort cruelle ce mois-là de quatre enfants, dont trois ont été enlevés la même journée, dans l’ordre: Denis Roux-Bergevin, 5 ans, Maurice Viens 4 ans, Sébastien Métivier 8 ans et Wilton Lubin 12 ans. Avec des indices d’un auteur de crimes en série qui a laissé des signatures comme cela se vérifie pour ce type de criminel. Du documentaire découle un livre Les enfants de novembre 1984 toujours du sieur Parent et préfacé par le journaliste renommé des affaires judiciaires, l’iconique Claude Poirier. On voit dans ces pages à quel point l’auteur potasse les dossiers d’enquête de la police. Cela demande une patience infinie. Pas toujours des réponses quant au(x) signataire(s) de ces faits horribles.
Pour que l’on n’oublie jamais la mémoire de ces petites victimes.
Les enfants de novembre 1984 Stéphan Parent. Les éditions JCL 278p.    www.editionsjcl.com

 


 

En fuite d’un désastre naturel, la rencontre avec un misanthrope

A classer dans la catégorie des romans initiatiques, dont le message pour l’auteur l’emporte davantage que la recherche d’effets littéraires, Mont Mirador de Myriam Beaudoin est un bel exemple d’une lecture qui, à la toute fin, va vous laisser pensif, tant il s’est développé au fil des pages des observations. En gros c’est à la suite d’une catastrophe naturelle, une femme fuit le sinistre, parcours épuisant s’il en est. Elle aura secouru un enfant fragilisé. Les deux êtres vont gravir une colline, qui fait figure de mirador. Et là, la jeune femme va se rendre compte de la proxomité d’un misanthrope pour qui toute relation humaine a quelque chose de toxique. Que va t’il arriver dans ces circonstances ? Tant d’un côté comme de l’autre on est en mode survie. La grande question sous-jacente est “la vie est-elle finalement un cadeau ?”.
Mont Mirador Myriam Beaudoin. Leméac 172p.  

 


 

Présenté comme le dernier roman scout

C’est ainsi que se lit le sous-titre de Espace Montauban une réédition d’un livre jeunesse de 1996 de Jean Désy ce médecin et homme de lettres qui n’a plus besoin de présentation. On est en milieu scout avec un triumvirat d’amis: Paul, Clément et Roger. Et Montauban, c’est ce lac qui sera le décor de bien des activités et des sentiments humains de fratrie. La beauté de l’exercice ici, c’est que l’écrivain a su “vampiriser” l’âme de ce que peut penser un jeune. C’est dire que Désy n’a rien perdu de sa jeunesse ou comme a dit quelqu’un un jour, on traîne toujours son enfance. Au-delà de ces considérations métaphysiques, nous nous trouvons en face d’un roman touchant. Ceux qui ont fait du scoutisme ou ceux qui ont été frustrés de ne jamais en avoir fait partie, apprécieront particulièrement. Et si l’écrivain parle si bien de la nature, c’est qu’il ne s’en est jamais éloigné tout au long de sa vie, et même maintenant.
Espace Montauban  Jean Désy. Les éditions de l’Écume 206p.   www.editionsdelecume.com

 


 

L’attrait de la nature en art contemporain

Avec Au coeur du vivant nous nous trouvons de ce qu’on appelait jadis avec condescendance un beau livre pour table à café. Avec le temps on s’est rendu compte que si c’étaient justement de beaux écrins c’est que le contenant se doit d’être à la hauteur de son contenu. Ici Valérie Belmokhtar est allée vérifier de quelle manière la nature atteignait nos artistes contemporains. Le résultat de ses recherches produit un grand album pour lequel l’éditeur n’a rien lésiné. C’est étonnant de constater qu’en dépit d’un monde qui n’est plus pareil comme avant, les liens entre les artistes et la nature sont indéfectibles. Que l’on soit figuratif ou abstrait, la nature vient inspirer encore et toujours. On ne se lasse pas de feuilleter ces pages dont certaines nous laissent méditatifs. Pour qui aime le beau, c’est un joyau à offrir en cadeau.
Au coeur du vivant Valérie Belmokhtar. Pyramyd 312p.   www.pyramyd-editions.com

 


 

Variations sur les relations mère fille

En psychologie, c’est un classique, les relations mère fille sont parfois teintées de violence morale, sans compter toute une kyrielle d’attitudes souvent négatives. Bref, c’est jamais simple. La romancière israélienne Hila Blum en fait le thème de son deuxième roman Comment aimer sa fille. L’histoire d’une grand-maman qui se retrouve en Hollande retrouver sa fille et surtout connaître ses petites-filles qu’elle n’a jamais rencontré. C’est que sa fille avait quitté Jérusalem pour faire sa vie ailleurs avec silence radio à la clé. Dans quel climat va se vivre ses retrouvailles, c’est la réponse au titre du livre. Excellent portrait de femmes. Et au passage, typographie augmentée qui plaira à ceux qui peinent avec leurs yeux.
Comment aimer sa fille Hila Blum. Robert Laffont 337p.  www.laffont.fr

 


 

Une histoire d’infanticide qui déconcerte

Il n’y a bien que Harlan Coben pour construire une histoire aussi déconcertante que celle de ce David qui croupit en tôle pour le meurtre de son fils Matthew et dont on apprend plus loin grâce à une belle-soeur, que le fiston loin d’être mort est bien vivant! Comment ce retournement de situation est-il possible. On vous en livre une clé, les avancées de l’ADN mais plus encore. Sur tes traces est la démarche d’un père qui va se mettre en quête de son enfant. C’est rodé au quart de tour avec tous les ingrédients qui fait que Coben vous ne lâche pas. Quel film à faire en passant!
Sur tes traces Harlan Coben. Belfond 380 p.     www.belfond.fr

 


 

Psychodrame à Strasbourg en 1518

A l’été, une tradition veut que les femmes dansent éperdument au pied de la cathédrale de Strasbourg. Pendant que la fête bat son plein, Lisbet s’affaire à ses ruches. Ce qui la taraude, c’est le retour d’Agnethe que l’on n’avait plus vue depuis sept ans pour cause de crime. Cette dernière est la belle-soeur de la première et traîne avec  elle son lot de secrets familiaux. Ah ces fameux squelettes dans le placard qui font le beurre de tant de romans. Pour ce second roman pour adultes Kiran Millwood Hargrave sait bien exploiter ce terreau de mystères. On se souviendra que le premier roman, Les Graciées, avait été mis en lice pour le Femina de 2020. Quel accueil réserveront les attributeurs de prix littéraires à ce deuxième opus ? Ça n’a pas d’importance les lecteurs, on le prédit, apprécieront.
La danse des damnées Kiran Millwood Hargrave. Robert Laffont 345p.  www.laffont.fr

 


 

Une écrivaine à la hauteur d’une Toni Morrison

Quand la grande femmes de lettres Toni Morrison est décédée on s’est empressé de proclamer qu’elle sera irremplaçable. C’est toujours des éloges formatés qui suivent un décès. Si effectivement Morrison a été d’une classe à part, cela ne veut pas dire que la relève est à oublier. Eh bien Honorée Fanonne Jeffers et avec un seul premier roman que voici Les chants d’amour de Wood Place reprend le flambeau avec 900 pages en main et le seul risque, une tendinite, mais une tonne d’émotions à recevoir en pleine figure. C’est-à-dire qu’elle aussi s’attache à raconter la saga d’une famille, d’une collectivité afro-américaine. Ces gens ont tellement subi d’infortunes qu’il y a là un puits sans fond de grandeur des sentiments. Il y a eu unanimité autour de la sortie de ce livre, l’influente Oprah Winfrey qui a dit haut et fort à quelle enseigne elle avait été captivée par la modernité de cette famille noire. Car c’est bien le message sous-jacent que l’on est le fruit de son passé. Un chef-d’oeuvre.
Les chants d’amour de Wood Place  Honorée Fanonne Jeffers. Les Escales  904p.    www.lesescales.fr

 


 

Réhabilitation de femmes philosophes

Vous avez peut-être déjà entendu ce poncif que le génie semble être dans l’Histoire le fait des hommes et que la contribution des femmes est minime, voire inexistante pour les pires misogynes. s de philosophie à Montréal, Maya Ombasic s’est donnée pour mission de remettre dans la lumière des femmes reléguées parfois dans l’ombre. Cela donne Femmes philosophes. Dans son panthéon, elle a retenu vingt et un noms. Des femmes de tous les horizons allant de Hipparchia à Catherine Malabou, ces deux-là à découvrir, en passant par la militante politique allemande Rosa Luxemburg et Élisabeth Badinter. Si une jeune fille est à la recherche de modèles inspirants c’est de ce côté-ci qu’il faut regarder. Et parce que cet ouvrage décrit des orientations de vie, il lui faudrait se retrouver en lieu et bonne place dans toutes les bibliothèques scolaires dignes de ce nom.
Femmes philosophes  Maya Ombasic sur des illustrations de Evelyne Smith.  Fides 133 p.   www.groupefides.com

 




 

Le coin de la BD

De beaux arrivages sur les rayonnages BD de nos librairies. On débute chez Glénat avec Magané de Eldiablo sous-titré “une plongée dans ma zone d’inconfort”. C’est un ressortissant français, à qui des connaissances l’ont prévenu de ce qui l’attendrait à Montréal. La réalité lui est tombée dessus en pleine figure. C’est tragi comique ce qui va arriver à notre franchouillard dans la Belle Province. Il est sympathique comme tout et on voudrait pourtant l’aider. On se contente de l’observer. Une bande dessinée attendrissante au possible.

Toujours chez Glénat c’est une célébrité qui débarque Titeuf avec le tome 18 de ses aventures que narre et illustre Zep. Dans Suivez la mèche notre héros qui se rêve en célébrité et voulant aider de la sorte les siens dont acheter….un cerveau à Thérèse!. C’est une satyre amusante sur la notoriété, à tout le moins les ambitions. Et Titeuf n’en manque surtout pas.

Elle vous émoustille la couverture de Inguinis Origines: A principio ad finem ? C’est que vous n’avez pas encore ouvert l’album. Ouh, là, là, bienvenue la sensualité. Le duo Katia Even et Nicolas Guenet mettent le paquet. Nous sommes dans la Rome antique et une esclave Chrysanthe est à la manoeuvre pour s’affranchir et ne lésiner sur rien, entendez-vous, pour se sortir de sa condition. Dans sa quête de liberté, elle fait des découvertes étonnantes sur ce qui se déroule dans la haute société romaine. Aux éditions Tabou et pas ailleurs.

 




 

De quoi partager avec les bambini

Aux éditions Les malins, le tandem formé par Marie-Aliette Forges et Amélie-Canne Calmo nous offre une historiette charmante La coiffure d’une princesse. Qui aborde tout ce qui peut accaparer une jeune fille de race noire avec sa capillarité. Il y a de quoi faire plus d’une histoire. On va faire preuve d’innovation artistique au sujet d’une coiffure qu’elle porte et qui va se heurter aux traditions villageoises. Une façon judicieuse d’aborder le thème de la diversité.

Les livres ont leur importance et ce n’est pas à nous chez Culturehebdo d’en douter. C’est pourquoi on est très heureux qu’un livre pour enfant porte ce titre Les superpouvoirs des livres aux éditions Gründ. Sur un scénario de Marja Monette et Marjorie Blais Simard. C’est une incursion interactive à partir de l’univers livresque. Le petit lecteur est mis à contribution et au final il ne peut en résulter que du bien.

Chez l’éditeur 1,2,3 Soleil Alessandro Montagna présente La magie du chat. C’est, il était une fois, un chat qui débarque en ville avec, portant sur sa tête un haut de forme et avec une valise accusant de l’âge à la main. Ses tours de magie font peur aux souris. On craint ce félin. Et pourtant il a le coeur sur la main et il est sensible comme pas un. Comment va t-il parvenir à s’intégrer à son nouveau milieu ?

 


 

Se sucrer le bec avec Roxane

Roxane fait partie des auteures de livres de cuisine avec qui il faut compter. Elle nous avait déjà donné un premier ouvrage de ses coups de coeur gourmands et il ne lui restait qu’à nous sucrer le bec. A ceux qui justement évitent le sucré pour ne pas augmenter en kilos, elle se fait rassurante que l’on peut aisément se faire plaisir de ce côté-là sans devoir se culpabiliser pas une once de plus. Collations regroupe 60 recettes allant des muffins, galettes et une belle panoplie de tentations. Des recettes qui ont en commun d’être réalisées facilement et avec une économie d’ingrédients.
Collations Roxane. Pratico 147p.    www.pratico-pratiques.com

 




 

Le coin santé psychique et physique

Par honnêteté intellectuelle nous nous devons de signaler l’existence de cet ouvrage Psychologie de la vaccination aux Éditions de l’Université de Bruxelles. Les deux auteurs sont Olivier Klein professeur de psychologie à l’Université libre de Bruxelles et Vincent Yzerbyt professeur lui aussi de psychologie mais à l’Université de Louvain. Dans cet essai également une recherche on a voulu comprendre les motivations des antivax. Ils partent du principe presque qu’il est d’utilité de se faire vacciner aveuglément. Concernant le vaccin contre le Covid-19 ils rapportent les “prétendus” effets secondaires, qui sont pourtant une réalité assez vaste pour inquiéter. Nous à la rédaction on a, extraordinairement et rarement pris une position anti-vaccin pour ce qui est de la Covid, qui est une grande arnaque qui a mené à des mesures dictatoriales sanitaires comme au Canada où si un fonctionnaire ne se faisait pas vacciner il était congédié et pire encore, interdit de recevoir des allocations d’assurance-emploi. Reconnaissant toutefois que la vaccination a par ailleurs montré ses effets bénéfiques, notamment la pénicilline, produit canadien dont nous sommes fiers. Lisez quand même cet ouvrage pour nourrir vos arguments contraires.

Aux éditions Stratégikus Romain Gagnon qui est pourtant un ingénieur de formation s’est pourtant fendu d’un ouvrage de grande rigueur analysant l’espèce humaine et ses comportements.  La biologie de l’amour est une étude de toutes les composantes biologiques de l’homo sapiens, de sa relation inter-sexuelle. L’auteur puise aussi des exemples du côté animal. Il est abondamment question de la notion de genre qui est si récurrente dans l’actualité. Cet ouvrage de vulgarisation scientifique est d’un niveau tel d’apprentissage qu’il devrait être mis obligatoirement au m éducatif du niveau secondaire, ou à tout le moins se trouver dans toutes les bibliothèques scolaires. 

Enfin aux Presses de l’Université Laval Sarah Paquette, Julien Chopin et Francis Fortin lancent un essai aux Crimes sexuels en ligne, délinquants et victimes. Dieu sait que cette étude est opportune où la cybercriminalité fait florès. Ces jeunes qui se font intimider jusqu’aux petites heures du matin, ou bien des images intimes d’ex-amants qui circulent sans consentement sur la Toile anéantissant les pauvres personnes dont la nudité et des gestes sexuels sont offerts à la multitude. A peine sorti des presses, ce travail d’une grande hauteur de vue mérite une grande circulation pour qui veut en comprendre les enjeux.