- AOÛT - septembre 2023 -
 
     
 


 

Un périple initiatique

Parmi les grands textes, et on emploi le qualificatif à escient, se trouve Sur la route des grandes sagesses de Jean Bédard. Un livre de poche trapu dont le contenu fait figure de roman initiatique, un peu comme dans le fameux L’alchimiste de Paulo Coelho. Le tout débute dans la phase pré-Jésus en Galilée. Un jeune rabbin étouffe dans le climat socio religieux qui est le sien. Il va décamper pour entreprendre avec sa fille âgée de douze ans, une sorte de pèlerinage spirituel qui va le conduire en Syrie, en Iran, en Afghanistan et jusque dans les hauteurs du Tibet.  Chemin faisant, il va croiser sur sa longue route une galerie de personnages, des malins comme des personnalités de haute volée spirituelle. Le tout va s’étendre sur trois décennies, après quoi il revient au bercail avec une confrontation qui va éclairer son existence. Comme l’auteur est à la ville philosophe, il a le loisir de nous faire partager différents angles de vues sur les fondements de notre passage terrestre. On a dit un grand livre à défaut de trouver un adjectif plus approprié.
Sur la route des grandes sagesses Jean Bédard. Nomades 519p.
www.lemeac.com

 


 

Jean Bédard se raconte

Si vous avez aimez son livre précédent “Sur la route des grandes sagesses” et que vous regrettiez que la fin arrive trop rapidement, eh bien, l’auteur vous invite à découvrir des pans de sa vie dans ce récit autobiographique au titre de toute beauté Grimper sur des lambeaux de lumière. Ce qu’il y a d’intéressant ce n’est pas ici que le parcours de vie, mais l’homme et son époque. Car il nous rappelle que le temps a bien passé sur le Québec avant, pendant et après la Révolution dite tranquille, qui ne le fut pas autant que ça. Il y a eu des violences mais sourdes. Un passage intéressant est l’achat de son premier cheval où il livre des impressions prenantes sur la communication avec ce qu’on a nommé la plus belle conquête de l’homme. En tout cas, ce que le cheval peut apporter d’apaisement à celui qui le chevauche. Puis il y a ces souvenirs d’enfance qui forgent le futur, qui valent le détour. Bref, de la belle ouvrage sur une vie bien remplie, en tout cas bien observée.
Grimper sur des lambeaux de lumière Jean Bédard. Leméac 191p.  

 


 

Un tableau obsédant qui prend vie

Notre précédente recension rappelait la charge initiatique de son contenu. On pourrait en dire autant de La Varangue de Virginie Bouyx. Qui met en scène deux orphelins, un jeune homme Andréa et une jeune fille Yoko. Des personnalités aussi opposées que possible. Lui il est fonctionnaire, elle, lycéenne. Ce qu’ils ont communément, c’est une étrange obsession pour un tableau figuratif représentant un domaine qui a une belle histoire au départ. Comme au Taj Mahal pour un amoureux éperdu va édifier de temple éblouissant, ici plus modestement mais avec autant d’intensité, un botaniste s’éprend d’une ancienne esclave et lui édifie une maison remarquée et remarquable, dotée d’une véranda, que l’on appelle aussi varangue qui donne son nom au titre. Là où la magie et la liberté créatrice opère, c’est que la romancière va imaginer que ces deux-là vont tellement observer avec intensité la toile qu’ils vont être happés par elle. C’est un conte difficile pour lequel il est difficile d’établir un compte-rendu, positif au passage, mais si difficile à traduire. Si vous aimez le fantastique, la rêverie, alors vous êtes dans une bonbonnière.
La Varangue Virginie Bouyx. Le Pommier 184p.   

 


 

Un jeune haïtien fou de violon

Un des nôtres à la rédaction qui a été un acteur important de la vie musicale classique à Montréal, après terminé la dernière page de Le violon d’Adrien se faisait la réflexion qu’il existe un racisme latent dans le monde de la musique classique. En effet on compte sur les doigts d’une demi-main les célébrités musiciennes noires du passé ou actuel. Rappelons-nous la ségrégation à laquelle a été confronté la soprano afro-américaine Marian Anderson. Bref, dans ce roman du romancier haïtien le plus en vogue Gary Victor, il relate ce par quoi doit passer un jeune enfant fou de violon dans un milieu de vie d’une pauvreté absolue, pour vivre son rêve. L’auteur a lui-même été frustré de ne pas avoir eu cet instrument sublimé faute de sous. C’est très tendre et on se prend d’attachement pour ce musicien dans l’âme. Et sans vous dévoiler la fin, comment il va sans sortir. Et à quoi distingue-t-on un grand écrivain ? C’est qu’il n’a pas à faire d’épate pour éblouir. Les mots viennent simplement et comme pour la musique selon Beethoven qui disait que ça part du coeur vers les coeurs.
Le violon d’Adrien Gary Victor. Mémoire d’encrier 184p.    www.memoiredencrier.com

 


 

Une pièce de douze heures tirée de l’oeuvre de Michel Tremblay

La traversée du siècle de Michel Tremblay et Alice Ronfard sur une idée d’André Brassard à qui ce monument est dédié revient sur 60 années de théâtre de notre dramaturge national. Tout part d’une visite de courtoisie de dame Ronfard auprès de Brassard, très malade, qu’elle n’avait pas vu depuis des lustres. Petite gêne d’abord, puis les deux piliers de notre théâtre se mettent au travail pour accoucher d’une pièce fleuve de douze heures qui nous permet de voir évoluer trois générations de femmes, Victoire, Albertine et Thérèse. Qui permet en même temps est une manière de regarder comment le Québec a évolué socialement. La première de ce spectacle qui a sidéré Tremblay lui-même a eu lieu sur la scène de l’Espace Libre à Montréal le 27 août 2022.  La maison d’édition Leméac nous présente le texte intégral qui nous donne la mesure du colossal investissement que cela a demandé à tous les contributeurs.
La traversée du siècle Michel Tremblay, Alice Ronfard, sur une idée de André Brassard. Leméac 455p.  

 


 

Un roman actuel comme jamais sur l’intelligence artificielle

L’actualité nous ramène de façon récurrente les effroyables avancées de l’intelligence artificielle. Chaque jour qui semble nous rappeler que nous les humains sommes conduits à être mis au rancart. Cela dit, il fallait bien que la littérature s’en mêle. Et elle n’est pas encore très présente comme thématique dans le monde des lettres. De sorte que Dissident de Jean-Pierre Gorkynian a une petite longueur d’avance. Son protagoniste est un mec qui évolue professionnellement dans le monde de l’IA et la cybersécurité. On ne peut mieux être dans l’air du temps. L’informaticien Adel, c’est son prénom, est pointé comme terroriste par un système d’intelligence artificielle! Il y aura procès. Le sien oui, mais aussi d’une société malade. D’ailleurs en guise de prologue ces premières lignes d’une si grande lucidité “de fait, les machines n’étaient pas inhumaines, et ne pouvaient le devenir,seuls les humains pouvaient être inhumains”. Ça vous donne le ton du contenu. A lire absolument sinon l’IA vous accusera d’être passé à côté de quelque chose qui la concerne.
Dissident  Jean-Pierre Gorkynian. Mémoire d’encrier 280p.   www.memoiredencrier.com

 


 

Une nouvelliste s’attarde à l’âgisme et au temps qui passe

Parmi les ouvrages à encercler pour votre prochaine liste d’achats de livres, il y a ce recueil de vingt-cinq nouvelles fort distrayant ayant pour titre Bonne nuit, Lucette! de Monique Le Maner. Dont le dénominateur commun, bien que les climats changent du tout au tout dans le temps et l’espace, c’est le grand âge. Alors que notre époque maudit le vieillissement, l’auteure lui donne ici quelques attraits. Car avec l’âge, si on a bien vécu, vient l’expérience et idéalement la sagesse. Les textes de l’écrivaine sont le fruit de pas mal d’observations marquées au coin de la lucidité. Ça se lit avec régal. Et que de films pourraient naître de certaines d’entre ces nouvelles. Avis aux scénaristes atteints du syndrome de la page blanche.
Bonne nuit, Lucette!  Monique Le Maner. Pleine lune 163p.   www.pleinelune.qc.ca

 


 

De démontrer que l’on est de bons parents

Imaginez que la DPJ frappe à votre porte ou vous convoque, et de là se met en demeure de suspecter que vous faites peut-être preuve de maltraitance envers vos enfants. Vous tomberiez sans doute de votre chaise, surtout que le bras de l’organisme s’est mis en marche sur un seul appel anonyme. Eh bien c’est une variante de cela qui arrive à la narratrice de En garde de Amélie Cordonnier. C’est un roman certes mais qui a valeur de documentaire. Les organisations de protection de l’enfance que ce soit ici ou en France sont débordées par les cas rapportés et ne suffisent plus à la demande. Par conséquent, ce livre est a priori candidat à un large lectorat. C’est une sorte d’enfer qui attend les parents pris dans l’engrenage de la machine administrative. Devoir prouver que l’on est de bons parents, quel défi!
En garde Amélie Cordonnier. Flammarion 223p.  

 


 

Un vibrant plaidoyer pour la coopération

A l’heure où la planète croule sous les effets désastreux des changements climatiques, la coopération est plus nécessaire que jamais. Encore faut-il y croire. Nous avons tendance à faire dans la procrastination. Or l’agronome Colette Lebel chantre de la coopération écrit bien “cessons d’attendre ceci ou cela. Il nous manquera toujours quelque chose. Commençons avec nos propres atouts”. C’est un extrait d’une des rubriques qu’elle a écrites et qui sont regroupées dans Plaidoyer pour la coopération. S’il y en a une qui sait que l’homme n’est pas une île c’est bien elle, qui est invitée dans de nombreuses missions de coopération internationale. Elle est une disciple du regretté Albert Jacquard qui ne disait pas autrement si nous voulons faire face à l’adversité.
Plaidoyer pour la coopération Colette Lebel. Fides 237   www.groupefides.com

 


 

Tout savoir sur le polygraphe et la méthode payante de la douceur durant les interrogations

Autrefois ce n’était pas jojo dans les cellules au moment des interrogatoires, vous receviez un coup en plein ventre avant même que l’on demande de vous identifier. Puis est arrivé le polygraphe. Qui a été une grande révolution pour la récolte des aveux, les résultats par contre ne sont toujours pas admis en preuve. Sauf des admissions de crime a posteriori des séances avec la machine qui a changé de dimension avec les années. Le maître du genre est Jacques Landry qui est devenu une sommité internationale à la suite de sa vaste expertise récoltée du maniement du polygraphe et de la méthode empathique au cours des interrogatoires menées dans les bureaux de la Sûreté du Québec. La journaliste de La Presse Katia Gagnon retrace le parcours de ce limier d’exception qui a changé la manière d’aborder un prévenu. Avec de très grands résultats qui a fait l’admiration entre autres de la gendarmerie française. Dans ces pages, des anecdotes à la pelle, toutes aussi fascinantes les unes que les autres.
Détecteurs de mensonges Katia Gagnon. Les éditions La Presse 229p.     www.editionslapresse.ca

 


 

L’émeute salutaire

Il y a plusieurs années, le nonagénaire Stéphane Hessel publiait une toute petite plaquette qui a atteint le million de ventes intitulée “Indignez-vous!”  Eh bien en 2023 vous avez Jacques Deschamps professeur de philosophie de son état, qui va un peu plus loin en faisant L’éloge de l’émeute. Car si après avoir épuisé toutes sortes de recours auprès des administrations, que vous reste t-il pour vous faire entendre ? Il exhorte à faire dérailler la machine rien de moins et que c’est un moyen tout simple d’assurer la survie de l’espèce humaine. Que c’est rafraîchissant de lire ces pages appelant à la rébellion. Un brûlot qui doit être lu par tous les français et autres peuples opprimés par des gouvernements qui n’écoutent que les pouvoirs de la finance. C’est un livre à lire impérativement au risque de devenir des esclaves du système.
L’éloge de l’émeute Jacques Deschamps. Les liens qui libèrent 151p.   

 


 

Sur les circonstances troubles du décès de Pablo Neruda

Il y a 50 ans nous quittait dans des circonstances non élucidées le prix Nobel de littérature Pablo Neruda. Il s’est éteint dans la Chambre 406 d’une clinique de Santiago au Chili. Et ce, quelques jours après le coup d’État d’Augusto Pinochet. A l’occasion de ces deux commémorations on publie une enquête fouillée menée par la journaliste d’investigation Laurie Fachaux-Cygan correspondante de plusieurs médias français. C’est que l’on ne prend pas pour du comptant la cause exacte de la mort du grand écrivain. On a parlé de septicémie. Mais l’aurait-on aidé à disparaître ? Tout est permis. Le mystère subsiste toujours et encore plus à la lecture de cette enquête majeure qui a demandée dix ans d’efforts. Aussi bon qu’un Agatha Christie.
Chambre 406 L’affaire Pablo Neruda  Laurie Fachaux-Cygan. Les éditions de l’atelier 199p.   www.editionsatelier.com

 


 

Survol du phénomène Stromae

Au départ il ce belge Paul Van Haver qui va se métamorphoser en Stromae pour la scène. C’est la grosse pointure masculine de l’heure de la chanson francophone. On croit en savoir pas mal, mais l’artiste sait toujours mettre de la distance. De sorte de lui coller une étiquette. Et il sait mieux que quiconque faire le buzz. Rappelons cette fameuse chanson interprétée “spontanément” en plein JT de TF1. Qui en a choqué plus d’un, accusant les infos de faire maintenant dans la promotion. On sait maintenant que tout avait été orchestré à l’avance. Pour en savoir un peu plus sur ce qui n’est pas une biographie comme le souligne Thierry Coljon mais un regard artistique, nous rapporte ce qu’il y a à savoir, surtout pour ceux qui ne le connaissent pas encore tout à fait.
Stromae les dessous d’un phénomène. Thierry Coljon. Mardaga 158p.   www.editionsmardaga.com

 


 

Ce Costa Rica qui captive de plus en plus

Sur Tik Tok on voit de plus en plus de québécois qui nous livrent leurs impressions sur ce pays dont ils n’ont plus assez de qualificatifs pour en vanter les attraits. Et mieux encore, il y en a qui ont décidé de quitter le Canada pour s’y établir et repartir à zéro. Mais qu’est-ce que pousse le Costa Rica que les autres non pas ? Eh bien pour en saisir l’âme et les ressources nous vous recommandons hautement Fabuleux Costa Rica des éditions Ulysse. Déjà l’étrange petit paresseux qui se balance en couverture, suscite la curiosité concernant la faune locale. Sous la direction de Claude Morneau un collectif de recherchistes a planché pour mettre en lumière les éléments d’intérêt. On ne peut avoir de guide plus complet, hormis les lieux de restaurations et d’hébergements qui ne composent pas cette série. Tout ce que vous voulez savoir sur la géographie, la faune, l’histoire etc, s’y trouve. Et si cet ouvrage vous donne le goût de vous y rendre, c’est que les auteurs auront gagné leur pari de vous séduire.
Fabuleux Costa Rica Collectif. Ulysse 252p.     www.guidesulysse.com

 


 

L’histoire du chiffre zéro

Tout à une histoire. Même le chiffre zéro. Le statisticien Antoine Houlou-Garcia nous le montre bien avec son Il était une fois le zéro. Pour le commun des mortels, ça se limite au début de la numérotation, encore que l’on débute souvent par le chiffre zéro. Mais c’est bien plus que cela. De quoi occuper plus de 200 pages. Et l’auteur, pédagogue hors-pair réussit ici de quoi intéresser même ceux que les mathématiques font fuir. C’est qu’au delà du chiffre en soi, zéro est une symbolique de pas mal de faits qu’on n’imagine même pas. Si on avait eu de tels profs en classe, que les mathématiques auraient alors été séduisantes.

Il était une fois le zéro Antoine Houlou-Garcia. Alisio 200p.    www.alisio.fr
 


 

Un polar au temps de la Renaissance florentine

Si vous aimez les polars et de surcroît les romans historiques, alors là vous serez conquis d’emblée par Perspectives de Laurent Binet. Une enquête menée par un nommé Vasari mandaté par le duc de Florence pour élucider le meurtre du peintre Pontormo. Un peu comme dans Agatha Christie il y a plusieurs suspects potentiels. Et l’ouvrage est constitué de correspondances entre des contemporains de l’affaire et bien entendu de l’enquêteur qui rend compte de l’évolution de ses recherches auprès de son noble employeur. Vasari va même chercher la collaboration de Michel-Ange à Rome. D’ailleurs on se transporte régulièrement entre la capitale italienne et Florence. Le lauréat 2010 du prix Goncourt du premier roman fait preuve ici de grandes qualités littéraires. On voit aussi qu’il a certainement fait précéder son travail d’écriture par un travail de recherche sur l’époque et les moeurs ambiantes. Le résultat est à la hauteur de l’investissement.
Perspectives  Laurent Binet. Grasset 291p.   

 


 

Il prenait en photo les futures victimes d’Auschwitz

Wilhelm Brasse a eu une existence hors-normes. Jugez-vous même. Ce polonais de 22 ans est photographe. Déporté au sinistre camp d’Auschwitz-Birkenau,il devra la vie à son occupation professionnelle, puisqu’on va lui demander de photographier chacun des prisonniers qui arrivent au camp. Ces célèbres photos que l’on a vu dans combien de livres d’histoires et de documentaires. Voyant que les alliés s’approchent du camp en 1945, la Kommandantur exigea de tout détruire des preuves accablantes. Malgré cela, Brasse réussit à sauver 40 mille clichés qui serviront de pièces à conviction de premier plan lors du procès de Nuremberg. Pour le jeune photographe, on ne se contenta pas de lui demander de prendre des clichés des déportés, mais aussi des malheureuses victimes des expériences médicales de l’atroce Dr. Mengele. C’est cette existence que racontent Luca Crippa et Maurizio Onnis.
Le photographe d’Auschwitz Luca Crippa et Maurizio Onnis. Alisio 317p.   www.alisio.fr

 


 

Qui a trahi Jean Moulin ?

C’est un des grands mystères non résolus de la Seconde Guerre mondiale. Qui a trahi le chef de la résistance française Jean Moulin ? Le 21 juin 1943 à Caluire, dans le cabinet du docteur Dugonjon doit se tenir une réunion secrète d’un groupuscule de la résistance. Parmi ceux-ci, Jean Moulin alias Max. Tout à coup la Gestapo débarque et emmène tout le monde, sauf René Hardy qui parvient “miraculeusement” à s’échapper. On aurait pu lui tirer dessus facilement, mais…Il demeure à ce jour pour bien des historiens le suspect numéro 1, indicateur auprès de Klaus Barbie. Néanmoins Isabelle Infante et José Gomès revisite les faits, les exposent pour que vous puissiez tirer vos propres conclusions.
Les ombres de Caluire Isabelle Infante et José Gomès. Alisio 187p.   www.alisio.fr

 


 

L’harmonisateur de nos cantiques de Noël

Ernest Gagnon (1834-1915) ne dit sans doute plus rien à nos contemporains. S’il est injustement oublié, son travail demeure pour bien des chorales actuelles et des musiciens qui inscrivent encore à leur répertoire, ses harmonisations des cantiques de Noël les plus connu. Le regretté Raymond Daveluy, organiste de l’Oratoire Saint-Joseph les mettaient régulièrement dans ses programmes du temps des Fêtes. Qui était cette figure importante de la vie culturelle québécoise du XIXème siècle qui coiffait plusieurs casquettes: musicien, folkloriste, écrivain,historien, officier public et quoi encore ? Grâce au travail combiné de Bernard Cimon et avec la collaboration de Madeleine Gagnon on réhabilite le travail incessant de cet homme qui a établi régulièrement des ponts avec la douce France. Cette biographie s’inscrit dans la collection des archives de folklore des Presses de l’Université Laval.
Ernest Gagnon et l’âme du Canada français Bernard Cimon avec la collaboration de Madeleine Gagnon. Presses de l’Université Laval 384p.    www.pulaval.com

 


 

La saga du premier consul honoraire de Suisse en Californie et de l’Orégon

Si on vous nomme Gottlieb Rudolf von Rütte, cela ne vous dira certainement pas grand-chose. Et vous êtes d’avance pardonné car il utilisera surtout sa nouvelle identité de Théophile de Rutté. Que les férus d’histoire connaissent peut-être un peu car il a été le premier consul honoraire de Suisse en Californie et en Orégon. Une fonction qui n’a pas a priori de quoi exciter des lecteurs. Mais attendez! L’autobiographie de celui-ci Les aventures d’un jeune Suisse en Californie tient de l’exceptionnel. C’est que ce fils de pasteur rêve d’aventures. Et c’est d’abord le Brésil qui le chauffe où il vivra trois années. Et puis il entend parler de la ruée vers l’or en Californie. Il s’y rend, mais le pactole n’est pas au rendez-vous. Il connaîtra mille petites et grandes misères. Marié, il va planter ses pénates à Bordeaux où il fera carrière dans les assurances maritimes. Le récit est extraordinaire et alléchant. Voyez déjà les premières lignes “J’habitais à Rio depuis trois ans et je commençais à me lasser de ce ciel toujours bleu”. Un mec qui s’ennuie devant un ciel bleu, ça vaut le détour.
Les aventures d’un jeune suisse en Californie Théophile de Rutté. Florides helvètes 232p.     www.florideshelvetes.ch

 


 

La plumeuse qui fait plaisir

En général lorsque l’on dit que l’on se fait plumer, ce n’est généralement pas très positif. Mais avec celle qui se fait connaître comme Peau-de-sang on est dans le bonheur ou presque. Cette plumeuse d’un village qui se perd dans l’identité, la localisation et l’espace temps, accueille son monde avec empathie. C’est une femme forte, fruit de l’imagination de l’auteure Andrée Wilhelmy qui fera plaisir à un large électorat féminin soucieux de trouver des modèles. Cette peau-de-sang a quelque chose qui tient du chamanisme, de la magie. Comment qualifier cette démarche littéraire sinon comme la range l’auteure, c’est un conte ravissant.

Peau-de-sang Andrée Wilhelmy. Leméac 199p. 
 


 

Les ambitions de Vic Verdier et de ses potes

Dans la saga “Les chroniques du Mile-End Vic Verdier nous entraîne dans une sorte de journal qui n’ose dire son nom. Nous sommes donc dans ce quartier montréalais qui se caractérise par une forte représentation multi-ethnique comme l’est le quartier Côte-des-Neiges. Avec une dimension artistique en prime. Dans L’artiste, le clown et le sauveur il va s’établir dans un appartement occupé par quelqu’un qui fait le clown et voisin dit-on de deux autres parmi ses meilleurs amis. Tout ce beau monde a en commun d’être nourri d’ambitions, parfois assez grandes. Mais comment conjuguer ce désir d’obtenir mieux avec les contingences de la réalité, là est la question ? Le fameux to be or not to be de vous savez qui. C’est pétri d’humanité dans ces pages. On ne voit pas trop de cellulaires à l’horizon. Dans ces pages les gens communiquent encore en vrai. Vous aimerez pour cette raison, que l’homme n’est pas une île.
L’artiste, le clown et le sauveur Vic Verdier. Monarque 322p.    www.ada-inc.com

 


 

Écologie, surtout ne pas faire l’autruche concernant notre responsabilité

A entendre certains, autour de nous-même, c’est à croire que les actions que nous avons posé ne permettaient pas d’imaginer que cela allait avoir des conséquences sur notre environnement. Et ce n’est pas faute d’avoir eu des lanceurs d’alerte. Aux éditions Les liens qui libèrent on a la démonstration du contraire avec cette anthologie qui regroupe des textes de personnalités qui nous ont mis en garde et parfois depuis fort longtemps. Qui démontre hors de tout doute que nous avons fait la sourde oreille. Les penseurs de l’écologie rassemble des textes fondateurs allant de Saint-François (eh oui) à Greta Thunberg en passant par Jacques Ellul et Jean-Jacques Rousseau, de même que Ivan Illich et Paul Crutzen. Un aréopage de gens de qualité qui nous mettent un miroir devant qui nous sommes. Si cet ouvrage nous procure quelques remords, il aura accompli sa raison d’être.
Les penseurs de l’écologie Collectif. Les liens qui libèrent 178p.   

 


 

Comme si trois grandes nouvelles s’entrecroisaient

En littérature, la forme admise de la nouvelle est d’être courte, concise et avoir le brio de tout raconter en quelques pages. Et le nouvelliste a alors le champ libre pour faire voisiner une nouvelle par une autre, avec son climat propre. Camilla Gibb a décidé, elle, de faire comme trois nouvelles qui s’entrecroisent. Vous avez le vécu de Lila, travailleuse sociale à la ville, un couple lesbien Tess et Emily dont la rupture sera douloureuse, et Adam pris en otage par une phalange terroriste en Somalie. Vous n’avez rien de plus discordant que ces vies, et pourtant l’écrivaine livre un raccord entre ces destinées. Docteure en anthropologie de la prestigieuse université d’Oxford, elle semble en connaître un rayon sur nos moeurs égarées d’homo sapiens.  Une belle surprise pour cette rentrée.
De proches parents Camilla Gibb. Leméac 203p.  

 


 

Ces créatures extraordinaires qui peuplent les abysses marins

On les a parfois vues grâce à des bathyscaphes qui sont allé dans les profondeurs des mers, ces créatures vraiment étranges, souvent d’allure translucide. Ici l’adjectif fascinant est un euphémisme. Et encore que la science à ce chapitre reconnaît en être à ses balbutiements. Pour ce qu’on en sait, il faut en référer à ce livre captivant au possible Abysses l’ultime frontière signé Olivier Lascar. Cet ingénieur de formation, couplé de la qualité de journaliste scientifique, nous entraîne au plus profond des mers. Il détaille certes sur ce qu’on peut y apercevoir, mais son ouvrage prend surtout appui sur les convoitises des grandes puissances et les saccages environnementaux. Ces territoires de plusieurs kilomètres de profondeurs attisent des enjeux pas très honorables. Là où l’humain peut faire du fric et dilapider les ressources, il répond présent. C’est le cas ici. C’est pourquoi le sous-titre est à propos “Les grands fonds corne d’abondance ou bombe à retardement”.
Abysses l’ultime frontière Oliviers Lascar. Alisio sciences 194p.     www.alisio.fr

 


 

Une pièce de théâtre sur les derniers instants d’André Brassard

Le metteur en scène célébrissime de la scène théâtrale au Québec, André Brassard se voyait ni plus ni moins comme un personnage de Beckett attendant la mort. Sans doute une appréciation de fin de vie, car s’il y en a un qui a brûlé la chandelle par les deux bouts c’est bien lui. L’homme de théâtre Olivier Choinière qui a été l’élève de Brassard a tenu à lui faire une sorte de “tombeau” comme on nommait au Siècle des Lumières des hommages artistiques posthumes. Il a d’abord réalisé des entrevues du vivant de son sujet et en a fait une transposition pour la scène dont nous avons le texte publié sous le titre La dernière cassette. Une très belle façon d’appréhender la personnalité de celui qui entre autres a magnifié l’oeuvre de son complice Michel Tremblay, pour le porter aux nues.
La dernière cassette Un portrait d’André Brassard. Olivier Choinière. Atelier 10.  

 


 

Ses années auprès du pire gourou de l’histoire du Québec

Ceux qui sont versés dans la connaissance de nos annales judiciaires au Québec se souviendront certainement de la secte dirigée par Roch Thériault que l’on a connu aussi sous le nom de Moïse Thériault. Il a fait de nombreuses victimes, des gens qui erraient en ce bas monde et qui ne demandaient pas mieux que de trouver la clé heureuse de l’existence. Ce maître de la manipulation utilisera tous les recours de domination psychiques et physiques. Une de ses ex-adeptes et victime comme ce n’est pas permis Gabrielle Lavallée témoigne de ce qu’elle a vécu. Un sérieux avertissement qu’elle lance auprès de ceux qui se laissent séduire par les pseudo détenteurs de la vérité. Il y a des passages à glacer le sang. A lire pour ne pas avoir à regretter plus tard. La connaissance est la meilleure arme qui soit.
L’alliance de la brebis Gabrielle Lavallée. Les éditions JCL 349p.    www.editionsjcl.com

 


 

L’univers paranormal d’Odile

Dans la catégorie livre jeunesse, deux tomes paraissent narrant les tribulations d’Odile que nous rapporte Ariane Charland. Le premier tome s’intitule dans la saga “Le monde paranormal d’Odile” “Bloody Lily” alors que le second se nomme “Les cousins Chevalier”. La petite Odile vedette de ces deux ouvrages est dotée de dons. Outre qu’elle a des visions, dont elle redoute qu’elles soient prémonitoires, elle a la faculté de pouvoir recevoir des communications de l’Au-delà. Pour moins que ça on vous marginalise en société, surtout que parfois on la surprend l’air de se parler toute seule. En somme l’écrivaine qui a une imagination débordante à souhait, a cette capacité de “vampiriser” l’âme de son héroïne et de se mettre dans la peau d’une personne de cet âge confrontée à un monde paranormal.
Le monde paranormal d’Odile  Ariane Charland. Éditions Michel Quintin.    www.editionsmichelquintin.ca

 


 

Faire de l’information à la radio cours 101

Ils sont deux auteurs qui enseignent le journalisme au Département d’information et de communication de l’Université Laval, Dominique Payette et Henri Assogba. La première nous est mieux connue de par ses interventions publiques, parfois polémiques. A quatre mains ils présentent Le journalisme audio. D’abord la radio se porte encore très bien, car et pensez-y, quand vous êtes en voiture, que faites-vous pour tromper votre impatience dans un bouchon de circulation, ou simplement écouter de la musique. Le journalisme radio à ses règles de fonctionnement qui sont très bien expliquées dans ce livre qui est ni plus ni moins un guide. Qui a le mérite de tout dire auprès de ceux que la carrière tente, et aussi de prendre la main de lecteurs qui veulent pénétrer dans les coulisses de ce monde. Au final, on sort avec une capacité d’analyse bien meilleure des événements. En fin d’ouvrage une bibliographie d’intérêt sur le sujet.
Le journalisme audio Dominique Payette et Henri Assogba. JFD éditions 205p.    www.editionsjfd.com

 


 

Il était une fois Albert Camus

Albert Camus a eu une enfance comme tout le monde. Et la psychanalyse nous a appris et la pédo-pédiatrie de même que tout se joue dès les premières années. Et c’est à quoi s’attache Aurélie Palud qui se penche sur son milieu familial. Cette enseignante en lettres, philo et culture générale à Toulouse revient sur le berceau qui a été le sien. Une mère muette, un père absent, une grand-mère déséquilibrée et violente. Il y a entre autres un oncle qui ne voit pas d’un bon oeil que son neveu amène des filles dans sa chambre. Bref, toute la smala est passée en revue. Et qui nous permet de mieux comprendre le rapport de Camus homme à femmes s’il en est. En plus, ce qui ne nuit pas, la biographe est une excellente conteuse.
L’enfance d’Albert Camus Aurélie Palud. Atlande 214p.    

 


 

Un véritable nomade du Québec se livre

Dire de quelqu’un qu’il a fait mille métiers est un raccourci qui nous fait l’économie de devoir détailler tout ce que quelqu’un a fait durant son existence. Force nous est d’y recourir à cette expression, tant la vie de Julien Pelletier est une somme d’expériences de vie incroyable. Il a tout fait, culture de cannabis qui lui a valu la prison, travail dans les mines et quoi encore. Tout débute dans cette île de l’Abitibi nommée Népawa qu’il fuit. Il a besoin du grand air. Et on connaît ce que veut dire le triomphe de la volonté. Heureux qui comme Julien a fait, disons-le, de beaux voyages, même si des obstacles ont jalonné la route. Nous avons pris beaucoup de plaisir à le suivre dans ses pérégrinations. Souvent les auteurs, romanciers ou autres sont confrontés au syndrome de la page blanche. Et pourtant des vies dites “d’anonymes” recèlent parfois des trésors. Vous manquez quelque chose si vous passez à côté de ce titre.
Quand j’ai quitté Népawa Julien Pelletier. Julliard 230p.

 


 

Tout connaître des Abénakis

A l’heure où l’intérêt est grandissant concernant l’apprentissage des cultures de nos Premières nations, saluons l’arrivée du tout dernier opus de cette collection estimée “Les récits de notre terre” aux Presses de l’Université Laval et qui est consacrée aux Abénakis. Dont on apprend qu’ils ont migré de la Nouvelle-Angleterre vers la Nouvelle-France au XVIIème siècle. Ils se sont disséminés entre ce qui serait Sillery aujourd’hui et jusqu’à Trois-Rivières. Vous avez un assemblage de 56 récits qui nous les présentent sous tous leurs contours. En fin de lecture on a honte pour la race blanche qui s’est toujours senti supérieure à ces “sauvages”. Oui, honte sur nous. Comme acte de contrition, nous nous devons d’aller à leur rencontre, d’abord par cette lecture éclairante fruit de l’anthropologue Daniel Clément d’un passé que nous avons voulu éradiquer de la carte.
Les récits de notre terre Les Abénakis. Daniel Clément. Presses de l’Université Laval 146p.     www.pulaval.com

 


 

Qui eu crû, Marie-Madeleine au coeur d’un thriller chrétien!

Le personnage de Marie-Madeleine a écopé de beaucoup de tractation à son endroit. Certains en ont fait la compagne de Jésus et si ce n’était que de ça! Glenn Cooper la place au coeur d’un thriller qui montre bien que l’imagination n’a pas de limites et pas besoin de prendre des substances pour trouver la matière. Ainsi il débute son histoire Le Secret de Marie-Madeleine par un professeur de religion et d’archéologie qui est tiré du lit en pleine nuit par une ancienne élève qui a mis la main sur un artefact du tonnerre, un papyrus sur lequel on peut lire trois phrases que l’on ignorait à ce jour tiré de l’Évangile de Marie-Madeleine. Et ce document doit être d’une importance sans nom, puisque la jeune femme va être découverte assassinée. Alors où est maintenant ce document de si grande valeur. Commence une traque du professeur. Il semble que si le contenu venait à être porté à la connaissance de la multitude, la chrétienté s’en trouverait changé à jamais. Est-ce assez pour éveiller votre curiosité ? Nous, on a aimé au superlatif. Surtout quand le Vatican est de la partie.
Le Secret de Marie-Madeleine Glenn Cooper. City 381p.    www.city-editions.com

 


 

Il était une fois le bordel de nos deux aéroports

Nous avons encore en mémoire ces images d’archives où le premier ministre canadien Pierre-Elliott Trudeau vient inaugurer en grandes pompes l’aéroport de Mirabel qui devait changer positivement et considérablement la donne dans le secteur du transport aérien au Québec et pour tout le pays. Des terres parmi les plus cultivables ont été expropriées pour faire place à ces pistes mastodontes. Au final un flop monumental. Et on ne parle pas du développement de l’aéroport de Dorval qui portera le nom de ce même premier ministre canadien et qui provoque la rage de passagers internationaux qui ne veulent plus y mettre les pieds, tant il y a de la désorganisation. Jacques Roy est professeur de logistique aux HEC et expert du domaine. Il a revu pour nous ce qui a conduit à ces gâchis, le meilleur qualificatif qui puisse convenir.
La saga des aéroports de Mirabel et Dorval  Jacques Roy. JFD éditions 149p.       www.editionsjfd.com

 


 

Initier vos jeunes têtes à la physique

Chers parents, si vous parvenez à arracher vos rejetons aux jeux électroniques, d’office nous vous considérons comme des héros. Car l’addiction est forte au monde numérique. Ensuite de les amener à s’amuser par le biais de la physique. Ils deviendront des mini-créateurs scientifiques. Et comme guide, un album didactique merveilleux dans la collection “Le coin des génies” de l’éditeur Broquet. Qui a pour titre Expériences de physique extraordinaires! L’auteur Jonny Berliner a recensé des trucs qui en épateront plus d’un, comme les fusées bouteilles, le lanceur de vortex, la curieuse catapulte et quoi encore. Un total de 40 expériences à mener qui requiert des accessoires de pacotille, souvent pas davantage qu’un cure-dent!
Expériences de physique extraordinaires Jonny Berliner. Broquet 152p.   www.broquet.ca

 


 

Penser Québec pour vos évasions romanesques

Les bouleversements climatiques, tornades, ouragans, explosions volcaniques, tempêtes de sable, inondations massives qui ont impacté tant de pays, ont amené bien des québécois à repenser leur destination de rêve. Quand on pense que même Hawaï n’a pas été épargné et même les canaux de Venise à sec, du jamais vu.  Mais souvent pour ce qui est de notre Belle Province, on demeure souvent dans sa zone de confort. Saluons les guides Ulysse qui nous invitent à pousser plus loin nos explorations de notre cher Québec qui fascine tant les Européens pour la grandeur des paysages. Un collectif d’auteurs nous livre leurs coups de coeur qui deviendront les nôtres après avoir surtout vu ces belles photos. Il y a une foule de choses à faire en Beauce, dans les Cantons, les forts du Richelieu. Beaucoup de diversité sur un territoire qui englobe quatre fois la France. Il y a là des séductions à chaque page.
Le Québec 50 itinéraires de rêve Collectif. Ulysse 205p.  www.guidesulysse.com

 


 

Une anthologie d’auteures qui font dans l’horreur

Au cinéma français le film d’horreur ou le gothique est le parent pauvre. En littérature de l’Hexagone c’est à peine mieux. Comme si c’était un genre mineur.  Mais il y a un petit progrès de ce côté-là. En tout cas des femmes s’y mettent et c’est que qui fait la portée de cette anthologie qui sera une révélation pour plusieurs, celle rassemblant des auteures qui plongent dans les abysses humaines. Cela donne Nous parlons depuis les ténèbres. Le titre à lui seul est tout un programme et fait frémir. Vous trouverez des noms comme Barbara Cordier, Floriane Soulas et Aurélie Wellenstein parmi les dix retenues pour l’exercice. Chacune se dépassant pour amener dans des climats à glacer le sang. C’est une belle trouvaille à faire pour qui se passionne pour ce genre indémodable, car la peur nous suit comme notre ombre. Brrrr!!!!
Nous parlons depuis les ténèbres Anthologie. Éditions Goater 235p.  www.editions-goater.org

 


 

Dégâts corollaires de la guerre au Vietnam

Ce n’est pas parce que les bombes et les arrosages au napalm à l’américaine ont cessé de pleuvoir au Vietnam que les pertes ont cessé pour autant. Il y a aussi des effets corollaires psychologiques qui perdurent. C’est ce que veut montrer l’écrivaine canadienne Caroline Vu ressortissante vietnamienne avec son roman poignant Boulevard Catinat. C’est cette rue de l’ancien Saïgon, aujourd’hui rebaptisée Dong Khoi qui donne son titre à ce roman poignant au possible. Et où une des deux amies protagonistes de cette histoire a rencontré un GI noir duquel elle aura un enfant, qui sera abandonné par le géniteur et qui n’aura de cesse de le retracer ensuite à New York. L’autre copine était militante communiste à l’époque du conflit. Tout un magma émotionnel que l’auteure réussit à tricoter sans s’entremêler. Car vous avez ici plusieurs histoires en une. C’est en même temps un vibrant plaidoyer contre la guerre et ses séquelles. Ne tuez pas la beauté du monde en somme, comme dans cette belle chanson du duo Berger/Plamondon.
Boulevard Catinat  Caroline Vu. Pleine lune 430p.  

 


 

Divagations sur la ville

Jonathan Siksou à la fois journaliste et écrivain, semble éprouver une tendresse pour la ville. Si cette dernière est souvent décriée pour sa promiscuité, les compromis avec l’automobile, parfois de l’insalubrité, elle est un organisme sociétal vivant au possible. Il lui rend hommage dans un livre de fines observations à son propos Vivre en ville. Il devient une sorte de Saint-Simon de la vie urbaine contemporaine. Des générations plus tard, grâce à lui, on saura comment se comportaient les homo sapiens des agglomérations. Il nous donne à regarder autrement. C’est un ouvrage excellent sur nos moeurs actuelles. Et qui retardera peut-être pour certains le fantasme  “idyllique” de vivre à la campagne.
Vivre en ville Jonathan Siksou. Cerf 250p.   www.editionsducerf.fr

 


 

La bataille épique pour préserver l’héritage des pharaons

Claudine Le Tourneur d’Ison avait déjà publié un ouvrage à Christiane Desroches Noblecourt la baptisant dans ce livre de reine de l’égyptologie. Elle a eu raison de lui consacrer un deuxième bouquin, celui-là axé sur son combat acharné pour préserver la Nubie sous la disparition des eaux engendrée par la construction du barrage d’Assouan selon la volonté du nouveau président Nasser. Elle a agité toutes les tribunes dans un contexte politique loin d’être favorable. Elle a pu au moins compter sur un allié non négligeable, curieusement, le ministre de la Culture de Nasser, Sarwa Okacha. La Noblecourt qui était archéologue et qui deviendra conservatrice du département des antiquités égyptiennes au Louvre. Elle aura aussi les appuis de l’Unesco et d’André Malraux. C’est toute une aventure de préservation titanesque. La femme sexe faible disait-on outrageusement jadis ?
Les immortels L’épopée de Christiane Desroches Noblecourt pour sauver les temples de Nubie. Claudine Le Tourneur d’Ison. Cerf 220p.   www.editionsducerf.fr

 


 

Un auteur de thriller qui se fait rouler dans la farine

C’est un gars qui gagne sa vie avec l’écriture. Il est rompu à rédiger des histoires qui révèle les aspects les moins reluisants de la nature humaine. Mais un cordonnier est toujours mal chaussé, c’est bien connu. Il arrivera que Le scénariste va se faire avoir financièrement par un courtier. Dès lors, il n’y a pas un moment où la victime de l’escroc ne cesse d’imaginer la manière dont il va envoyer son fraudeur dans l’autre monde. Arrêtons ici ce qu’il a en tête, pour vous laisser imaginer s’il passera à l’acte. Ce serait bouder d’en révéler l’issue aux mains de Yves D. Poirier qui a concocté cette histoire avec grande habileté. L’écrivain, doit-on vous savoir, sera à la fois dans les radars de la Sûreté du Québec et d’un avocat. Il s’est donc passé quelque chose ? A lire sans faute. 
Le scénariste Yves D. Poirier. Fides 202p.     www.groupefides.com

 


 

Être infirmière dans la Grand nord québécois

L’actualité nous le redit constamment, les infirmières sont mises à rude épreuve dans les hôpitaux de nos grandes villes. Imaginez alors ce que doivent être leurs conditions, quand elles sont en mission dans le Nunavik, le Grand nord québécois. Céleste Fournier est une française qui a passé dix ans dans la Belle Province où elle est venue chercher son doctorat en sciences de la gestion aux HEC. Curieuse, elle s’est prise d’intérêt pour le travail des infirmières dans ce contexte social et climatologique très rude. Il ressort que c’est paradoxalement éprouvant et enrichissant. Ses observations aboutissent à un ouvrage Sortir de la nuit blanche qui relate le quotidien de ces spécialistes de la santé au profil héroïque.

Sortir de la nuit blanche Plongée dans le quotidien des infirmières en dispensaire au Nunavik. Céleste Fournier. Presses de l’Université Laval 158p.     www.pulval.com

 


 

Deux titres charmants chez l’Interligne

Nous appréhendions que les éditions de l’Interligne allaient nous sortir des pépites littéraires. C’est le cas. Pour deux opus qui valent le détour. Deux petites plaquettes mais dont le contenu l’emporte sur le contenant. A commencer avec V.S. Goela qui débarque avec Gaucher.ère contrarié.e qui est un recueil de nouvelles qui est en somme un assemblage d’observations, beaucoup teintées de multiculturalisme canadien. Une célébration de la coexistence des genres. On y parle du goût nouveau pour le canard, de l’emballement pour le design du métro de Montréal et quoi encore. Des divagations distrayantes qui nous permettent de porter un regard personnel sur ce que nous sommes invités à voir autour de nous.

Ailleurs c’est Guy Bélizaire et A l’ombre des érables et des palmiers. Ce ressortissant haïtien, également nouvelliste, fait le grand écart entre deux mondes celui des érables et l’autre des palmiers comme l’indique le titre. Un exercice de comparaison. Le gars, on le voit bien à travers ces lignes, ne se voile pas la face devant la misère des hommes, peu importe le décor. C’est un excellent transcripteur de la réalité. La nouvelle intitulée “Le dernier acte” fournit la couleur ambiante. C’est du dur, mais c’est aussi ça “le beau cadeau de la vie”.

 


 

Quand fouiller dans le téléphone de l’autre peut se montrer utile

Robbie reste est un roman pleinement ancré dans l’ère numérique, car c’est sont bien des bidules de notre temps, qui vont permettre au personnage principal de ce roman bien ficelé de Guillaume Bourque de bien pouvoir cheminer après la mort violente de son pote Robbie. Ce dernier s’est tué en moto. Accident ou suicide ? On demeure perplexe. Harold l’ami survivant est endeuillé comme jamais. Et puis il va se mettre à fouiller dans le portable et l’ordinateur du défunt. Et qu’est-ce qu’on en apprend par ce biais où les gens se révèlent tant. Il va donc mieux appréhender la personnalité de son ami disparu. Mais que découvre-t-il au juste ? Alors on ne va pas bouder votre plaisir, vous laissant le loisir d’en connaître davantage par vous-même. Bref, une sacrée belle histoire, même si on s’interrogera sur la validité morale de fouiner dans les affaires de l’autre.
Robbie reste Guillaume Bourque. Leméac 261 p.

 


 

Un jeune homme vraiment tourmenté

D’abord quel beau titre Les jambes qui dansaient sous la neige, premier opus du sieur Alain Chaperon édité chez les éditions Sémaphore, qui soignent leur catalogue et qui ajoutent cette pépite littéraire fort surprenante. Qui met en scène Jérémy Lesage qui a une particularité, à savoir de tousser de façon récurrente. C’est qu’il est tourmenté. C’est un gars tendre. Alors imaginez à l’école entouré de macho qui sont obsédé à l’idée de ne surtout pas ressembler à des filles. Et ça ne manquera pas de retomber sur notre “héros” qui s’interroge sur son orientation sexuelle. Et les parents qui te tombent toujours sur le dos, les garants de la vertu, modèles eux-mêmes si déficients. C’est une belle étude psychologique que nous offre le romancier sur la question de l’orientation sexuelle, à tout le moins la différence dans nos sociétés. Dans les livres de croissance on se fait fort de vous dire “affirmez votre je” mais lorsque vous le faites alors là “mais dites-donc pour qui il se prend”.
Les jambes qui dansaient sous la neige Alain Chaperon. Les éditions Sémaphore 149p.     www.editionssemaphore.qc.ca

 


 

Le virtuel et le dur réel

Ils étaient tout jeunes Sam et Sadie quand leurs routes se sont croisées pour la première fois. Une décade est passée entre-temps et voilà que sur le quai d’une station de métro ils vont se retrouver. Ils sont encore aux études mais vont se trouver une passion créatrice dans l’univers des jeux vidéo. Et la chance va leur réussir. Une opportunité qui va leur faire connaître la réussite à l’américaine. Avec tout ce que ça comporte de fric en banque et de reconnaissance sociale. Mais le syndrome d’Icare n’est jamais trop loin, qui veut que ce qui monte doit retomber. Ils vont rencontrer l’adversité mais, en persistant, ils vont conjurer celle-ci. Demain et demain et demain de Gabrielle Zevin est tellement un ouvrage sur notre époque et la fascination des jeux virtuels que la Paramount a mis une option en vue de porter ce roman très contemporain sur grand écran.
Demain et demain et demain Gabrielle Zevin. Fleuve 524 p. www.fleuve-editions.fr

 


 

Cette pauvre innocente d’Ethel Rosenberg grillée vive

C’est une histoire des plus sombres du macarthysme et de la guerre froide. Celle de la culpabilité de Ethel Rosenberg pour le simple fait d’avoir été l’épouse de Julius Rosenberg reconnu coupable d’espionnage au profit des soviétiques et d’avoir ainsi permis d’être un rouage permettant à ces derniers d’être en possession à leur tour de l’arme atomique. A posteriori il est avéré que Julius avait espionné mais Ethel n’avait rien à voir avec les activités de son mari. Elle sera tout comme son mai, grillé sur la chaise électrique. Pire dans son cas, en plus des trois décharges réglementaires, frisson d’horreur, il en faudra deux autres pour l’envoyer dans l’autre monde, la tête en flamme. La biographe Anne Sebba revient sur la pauvre Ethel, un véritable plaidoyer en faveur de son innocence. Même à l’époque, les interventions du pape Pie XII et d’un Jean-Paul Sartre réclamant la clémence, pour ne nommer que ceux-ci, n’y purent rien. Les sentences on l’a su, étaient pipés d’avance, avant même le procès. La guerre froide autorisait ainsi toutes les dérives. Cette mère de deux enfants était parfaitement innocente, une simple reine du foyer, morte pour la folie des hommes.
Ethel Rosenberg Anne Seba. Alisio histoire 415p.   www.alisio.fr

 


 

Suggestions planétaires pour vivre à plein le romantisme

Il vous prend soudainement le goût d’une destination romanesque ? Mais pas capable de parvenir à fixer son choix ? C’est là que peut peut-être vous venir en aide le guide Ulysse 150 voyages romantiques autour du monde. Parce que ceux qui ont fait le tour des sites réputés comme tels, ont peut-être le désir de se laisser surprendre. Et comme toujours dans la conception de ces thématiques, l’éditeur a mis le paquet avec des propositions surprenantes, comme de se rendre à Boston, la paisible ville universitaire et verdoyante. Se trouve aussi Lucerne ou la ville de Prague, intacte depuis l’époque de Mozart, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été bombardée durant la Seconde Guerre mondiale. Intacte donc depuis l’époque baroque. Pour avoir les pieds dans l’eau, Bali et l’île Maurice. Ça change de Varadero et de Cancun. Puis les photos valent mille mots plus ici dans ces pages que jamais.  Un membre de notre rédaction qui était confus quant à son choix de vacances, a trouvé ce qu’il lui fallait, la Touraine en France.
150 voyages romantiques autour du monde
Collectif.  Ulysse 222p.     www.guidesulysse.com

 


 

Des scènes mémorables de notre cinéma québécois

Le cinéphile Michel Coulombe nous a donné par le passé un essai où il expliquait ce que notre cinéma national disait de nous comme civilisation québécoise. Il nous arrive maintenant avec son anthologie personnelle de 27 scènes marquantes du cinéma québécois. Bien entendu, un tel exercice est arbitraire. Par exemple pour le film cultissime Valérie, la séquence qu’il a retenu du premier film érotique au Québec est celle où Danielle Ouimet s’arrête avec son motard, pour troquer ses oripeaux de couventine pour une tenue de ville. Et elle apparaît alors seins nus sans que le motard ne lui porte une quelconque attention. Nous on aurait choisi plutôt comme scène celle où le comédien Henri Norbert tente de la violer ou celle ou Michel Girouard lui embrasse un téton, tellement en manque de crédibilité au vu de l’homosecualité bien connue des deux hommes. Mais c’est le choix du chef comme on dirait en restauration.
27 scènes marquantes du cinéma québécois Michel Coulombe. Les heures bleues.

 


 

Deux charmantes histoires qui se terminent bien pour le petit

Nous ne redirons jamais assez en quoi la lecture des contes est d’une aide précieuse pour les touts jeunes enfants qui vont apprendre les enjeux de l’existence sans leur faire peur. Que de contes ont mis en opposition le méchant loup et la petite brebis avec mille variantes du genre. Voici deux petits contes aux éditions Papilune. A commencer par La comtesse qui s’ennuyait de Jean-Marc Beaudoin qui est l’éditeur sur des illustrations de Isabelle Demers. L’histoire attendrissante d’une châtelaine qui s’ennuie dans sa vaste propriété. Pourtant elle a tout sur le plan matériel. Une façon de faire passer le message que l’argent ne fait pas le bonheur. L’autre conte Filigon le beau mouton est une idée de Isabelle Demers qui fait tout en solo, scénarisation et illustration. Parce qu’il est un sacré beau mouton, on le jalouse et on l’isole. Heureusement ça va bien se conclure pour notre gentil mammifère.

 


 

Retour sur un traité d’un moine touchant aux non-morts

Ce n’est pas d’hier que date la fascination pour tout ce qui a trait à l’Au-delà, les zombies, les non-morts. en 1751 un moine Dom Augustin Calmet s’est penché sur ces phénomènes. Un ouvrage que l’on a oublié avec le temps, mais dont Philippe Charlier médecin légiste à la ville a relu et même plus précisément revu, à la lumière des avancées des connaissances. Cela donne Le traité sur les apparitions et les vampires. Ce qui vaut vraiment le détour dans cette lecture c’est son approche scientifique. Nous n’avons pas affaire à une sorte d’illuminé qui récupérerait des données à sa guise. D’ailleurs on n’a qu’à aller à sa bibliographie personnelle pour se rendre compte que l’auteur a du bagage. Cet ouvrage, de par sa seule thématique, est assuré d’un vaste lectorat.

Le traité sur les apparitions et les vampires de Dom Augustun Calmet présenté et édité par Philippe Charlier. Éditions du Cerf 389p.   www.editionsducerf.fr

 


 

La désinformation par la manipulation des statistiques

Le saviez-vous ? On manipule les statistiques selon le message que l’on veut passer. La désinformation emprunte aussi ce chemin. En somme on fait dire n’importe quoi aux chiffres et aux enquêtes. On s’en doutait un peu sans avoir trop d’arguments à portée de main. Maintenant on est outillé pour l’affirmer grâce à Sami Biasoni docteur en philosophie de l’école normale supérieure et professeur agrégé à l’ESSSEC. Il nous balance tout un brûlot Le statistiquement correct si incandescent, que Michel Onfray s’est prêté de bonne grâce à faire la postface. L’essayiste et polémiste nous sert des exemples à profusions de déformations chiffrées de la réalité. Les politiciens le savent bien qui en usent pour endormir le petit peuple. Après lecture on fera bien de ne pas prendre pour du comptant toutes les statistiques que l’on nous jettent à la figure quotidiennement. Cet essai nous invite à une circonspection perpétuelle.
Le statistiquement correct  Sami Biasoni. Éditions du Cerf 264p.    www.editionsducerf.fr

 


 

Et si nos autochtones ne sont pas au fond les premiers hippies ?

Notre diplômée en création littéraire et en psychologie Gabrielle Lebeau porte un regard novateur sur les cultures autochtones. Elle les voient ni plus ni moins comme la mouture des premiers hippies. Ça donne un essai original à souhait Nos ancêtres, les premiers hippies. Car revenons aux revendications des hippies des sixties, c’était de rejeter les valeurs capitalistes et revenir à des vies communautaires en petits groupes, les fameuses communes. Eh bien, n’est-ce pas ce que faisaient nos amérindiens bien avant. Pour preuve elle raconte les fois où nos colons ont amené des représentants des Premières nations en France. Pour se rendre compte que notre “luxe” ils s’en désintéressaient totalement, préférant regarder les rôtisseurs à l’oeuvre….On ne se refait pas. On peut observer les cultures anciennes de bien des façons et les considérer comme appartenant au passé. Mais le prisme avec lequel l’auteure regarde nos ancêtres donne à puiser dans de belles valeurs qui peuvent rendre notre quotidien plus fréquentable.
Nos ancêtres, les premiers hippies Gabrielle Lebeau. Éditions Sylvain Harvey 225p.     www.editionssylvainharvey.com

 


 

L’annuel de l’automobile 2024 est arrivé!

C’est un énorme pavé de plus de 700 pages qui attend l’inconditionnel lecteur de L’annuel de l’automobile de sieur Benoît Charette et Éric Lefrançois appuyé par les acolytes Luc Gagné, Alain McKenna et Daniel Rufiange et tous les collaborateurs. Si lourd en main que ce pourrait être un accessoire d’haltérophilie, on exagère à peine. Encore une fois nous sommes médusés de la somme d’analyse qui est faite dans ces pages avec des fiches signalétiques complètes pour chaque véhicule. En plus on s’est arrêté plus spécifiquement à quatre sujet: la conduite autonome, les piles à électrolyte solide, l’America’s car museum et l’avenir des concessions automobiles. On retrouvera aussi des rubriques exclusives comme les frais annuels en carburant (si utile à savoir de nos jours), la cote verte des moteurs qui gobent moins, et comme toujours la fameuse 2ème opinion qui lire un éclairage additionnel sur les premières analyses. Dans ce créneau, ce guide hors norme est la référence absolue. Et même ceux qui ne sont pas en mode achat, prennent un plaisir à feuilleter ces pages pour ne pas être en reste de ce qui se fait dans l’industrie automobile. Le gars et aussi….la femme de char trouvera son bonheur. Il existe. Puis quel beau cadeau au passage à offrir au temps des Fêtes.
L’annuel de l’automobile 2024 Collectif. Les éditions La Presse 702p.  

 






 

Le coin santé physique et psychique (1)

Vous avez vu en Europe où on se déchaîne contre un programme d’initiation à la sexualité pour les touts petits, qui fait hurler aux loups plus spécialement les religions et les orthodoxies en tout genre. Quoi! dévoiler aux enfants ce qu’est le cunnilingus, le plaisir anal et quoi encore. Et c’est cet obscurantisme qui conduira à bien pire dans la tête des jeunes laissés à eux-mêmes. Heureusement il y a l’antidote à la noirceur et ça porte bien son titre Le livre le plus important du monde qui ne se limite pas à la mécanique sexuelle, mais au monde des émotions qui s’attache à ceux qui éprouvent les premiers émois amoureux. A mettre  entre toutes les mains. Destiné aux 9 et 10 ans, la suédoise Nathalie Simonsson, fait oeuvre salutaire. N’en déplaise à ceux qui voudraient voir la jeunesse avec un chapelet ou une abaya, ce livre devrait impérativement se trouver au programme scolaire. C’est chez l’éditeur Goater.

Commenĉns par une triste perspective. C’est que le crétinisme gagne en expansion. Le web fait pour accéder à la connaissance ne sert en fait qu’à faire parler de soi, et les écoles n’ont aucun programme de culture générale. Bonjour les incultes. Il faut donc se prémunir contre les crétins. Voilà pourquoi L’art de parler avec des crétins de Peter Modler tombe à point nommé aux éditions JCL. L’auteur enseignant à l’Université de Freiburg en Allemagne, s’étonne que des connards puissent accéder quand même avec leurs limitations, à des postes de commande. Il analyse cet état de choses et montre comment riposter avec les méthodes qui sont les leurs.

Aux éditions Mémoire d’encrier Ouanessa Younsi présente Soigner aimer. L’auteure coiffe plusieurs casquettes: psychiatre, poète et plus largement femme de lettres. C’est un livre qui aborde humainement l’art de soigner dont le communiqué de presse qui accompagne sa sortie mentionne avec justesse que soigner est une variation du verbe aimer. Et Dr. Younsi est pétrie par sa vocation. Dans de petit livre elle nous emmène dans le Grand nord québécois où les demandes en soins sont immenses, beaucoup psychiques. L’auteure de ce récit trouve les mots simples, justes, crus parfois pour rapporter les choses qu’elle voit telles qu’elles sont.

 




 

Le coin santé physique et psychique (2)

Saviez-vous que rafraîchir ses parties génitales avaient des répercussions curatives sur tout l’ensemble de notre être ? Ce n’est pas un nouveau concept à la mode. En effet ce qu’on nomme Les bains dérivatifs existe depuis des temps immémoriaux. France Guillain qui est une disciple de Louis Kuhne en fait l’objet de son livre. En usage dans 32 pays selon ce qui a été répertorié, le bain de siège en eau froide est une source insoupçonnée de bien-être. On savait d’office que l’eau apporte des bienfaits, mais là, nous qui nous prétendons une société civilisée, avons complètement perdu la mémoire concernant des traitements simples que pratiquaient nos ancêtres. D’ailleurs l’auteure est une propagandiste de bien se nourrir et se soigner sans que ça coûte nécessairement cher. Aux éditions Jouvence.

La journaliste spécialisée en psychologie Sandrine Catalan-Massé et le neuropsychologue Gabriel Rafi se sont mis à deux pour se pencher sur le cas des enfants hypersensibles. Ils ont mis au point chez l’éditeur Broquet, une méthodologie soit 50 clés pour aider un enfant hypersensible. On a remarqué qu’il y a beaucoup de propositions de jeux dans ces pages, qui permettent au tout petit de sortir de sa zone “à bout de nerfs” pour dissiper sa vulnérabilité au profit du ludique. Comme de jouer aux quilles par exemple. Des exercices pratiques pour empêĉher que l’enfant se marginalise aux yeux des autres et en souffrir davantage.

Aux éditions Sciences humaines un ouvrage dans la collection “Comment sait-on” et conçu pour les touts jeunes enfants, un autre opus La vie une merveilleuse histoire. Grosso modo on fait le tour du vivant en ce bas monde. Le texte d’introduction en dit bien sur le contenu “Sur Terre la vie est partout, sous mille formes. Les plantes, les animaux, les humains, les microbes qui grouillent dans l’eau, dans le sable, sur ta peau…”  Tout un programme qui est admirablement synthétisé au vu de la complexité des sujets. Et ludique en même temps, appuyé par des illustrations chouettes de Marie Dortier.

 


 

Comment des LBGT ont soutenu des mineurs grévistes anglais

C’est une alliance assez improbable et pourtant elle a eu lieu, celle du soutien du milieu LGBT anglais aux mineurs britanniques en grève au cours des années 1984-1985. Ce conflit de travail en lui-même a déjà été assez mémorable dans les annales du monde ouvrier de la Grande Albion. Le fait de recevoir un appui sans réserve des gays et lesbiennes, alors là c’est la totale. On aurait peut-être voulu après coup ne garder qu’un petit souvenir de cet engagement incongru, mais le milieu LGBT n’a pas oublié. Non plus Marie Cabadi doctorante en histoire de l’Université d’Angers qui a un intérêt tout particulier pour l’histoire contemporaine des mobilisations et féministes en Europe occidentale. Elle revient sur cette grève dans Lesbiennes & gays au charbon. Dame Cabadi nous gratifie, pour ceux et celles qui veulent explorer plus à fond le sujet, une bibliographie fort complète. Une solidarité inédite qui valait d’être rappelée. Car la mémoire vous savez est une faculté….
Lesbiennes & gays au charbon Marie Cabadi. Éditions EHESS 274p.      www.editions-ehess.fr

 


 

Quand l’espionnage anglais fut teintée de filiation homosexuelle

Si vous regardez rapidement la couverture de Les espions de Cambridge vous allez croire que nous avons affaire au graphisme assez typique des polars et thrillers en tout genre. C’est presque celà, car l’ouvrage de Rémi Kauffer historien du renseignement, revient sur cette histoire véridique et ahurissante de cinq ressortissants de l’Université de Cambridge, recrutés comme taupes au service de l’Union soviétique, pour espionner le pouvoir britannique. Ils ont pour noms Anthony Blunt, Guy Burgess, John Cairncross, Donald Maclean et Kim Philby. Le premier, Blunt, imaginez, était le conseiller de la reine Elizabeth en matière d’art. L’élément nouveau apporté par les recherches de l’auteur, c’est qu’il y a eu aussi des complicités françaises qui avaient été occultées jusqu’ici. Et fait incroyable, alors que ces faits d’espionnage auraient valu à tout le moins la peine de mort, du moins la perpète, aucun ne sera inquiété et finiront leur vie sans être inquiétés. C’est cela en savoir trop. Mais que savaient-ils au juste ? A vous de le découvrir dans ces pages exaltantes qui, pour faire cliché, sont dignes d’un roman. Mais cette fois-ci c’est la vérité.
Les espions de Cambridge Rémi Kauffer. Perrin 382p.    www.editions-perrin.fr

 


 

Pour empêcher le pire à venir dans le monde

En toute fin de la quatrième couverture de leur thriller Le réseau les coauteurs Marc Eichinger et Alix Meyer notent ceci qui donne le frisson quand on connaît la trame du livre “Toute ressemblance avec des événements réels est parfaitement assumée”. Ça raconte avec les intentions malveillantes d’un ancien chimiste de l’espionnage français, Paul Cesario, qui veut céder au plus offrant une drogue de synthèse de son cru, qui sinistrement employé pourrait avoir des conséquences dévastatrices dans le monde entier. La France qui ne veut pas être associée de près ou de loin à ce plan diabolique, met à contribution ce qu’on appelle le Réseau. Une agence aux ramifications internationales dont la star du bureau est Janco Landovski. Pour stopper Cesario, il va s’adjoindre entre autres le FBI, la CIA et le Mossad. C’est une véritable course contre la montre qui s’enclenche. Les deux auteurs ont réussi un beau bijou du genre à quatre mains. On peine à s’arracher aux pages, ce qui est le plus beau compliment qui soit.
Le réseau Marc Eichinger et Alix Meyer. Plon 365p.    www.plon.fr

 


 

Ça joue très dur chez les gangs américains

Alors que l’actualité fait état de guerre des gangs sauvages dans l’Hexagone, paraît le second tome de la trilogie de Don Winslow qui après nous avoir donné la Cité en flammes, nous présente La cité des rêves. Un peu ironique comme titre, car dans le Milieu, les havres de paix n’existent pas. On le voit bien dans ce tome où la violence est telle à Providence la capitale du Rhode Island pourtant a priori jugée tranquille, que le protagoniste, l’irlandais Danny Ryan traqué par des truands sans foi ni loi, décide de prendre la poudre d’escampette avec les siens, en migrant vers la Californie. C’est sans compter le FBI, plus malin, qui va le retrouver pour lui proposer une sorte de pacte de Faust à l’envers. Où tu deviens riche ou tu te retrouves dans l’Au-delà. Que va choisir notre homme ? Allez lire, c’est tout ce que l’on peut vous dévoiler.
La cité des rêves Don Winslow. Harper Collins 429p.    www.harpercollins.fr

 


 

Vlad le Dracula, embobiné par l’impératrice de Bohème

Giacometti Ravenne quand vient le temps de pondre une histoire, se joue des époques et mêle le vrai au faux. Ainsi c’est le cas avec sa dernière sortie littéraire Le Graal du diable où il fait un saut de puce entre 1448 et 1944. Avec pour fil conducteur le troublant prince Vlad, alias Dracul en roumain mais mieux connu à travers la terre entière comme le Dracula qui ne cesse de captiver. On passe de l’impératrice de Bohème, Barbara de Cilli au 15ème siècle à la Seconde Guerre mondiale où des partisans anti nazis terrorisent, pire que les allemands qu’ils combattent. De l’hémoglobine, en voulez-vous, en voilà. Le mérite ici, c’est que le romancier saute d’un pan de l’Histoire à l’autre, sans perdre le fil. Comme ceux qui ouvrent des parenthèses et savent les refermer. Et les passages où sévit les atrocités de l’Inquisition, quand on pense que le catholicisme dit s’appuyer sur “aime ton prochain comme toi-même”. Ouais!
Le Graal du diable Giacometti Ravenne. JC Lattès 467p.   www.editions-jclattes.fr

 


 

Tu es empathique où tu n’existe plus socialement

Voici une fiction qui n’aurait pas déplu à George Orwell au moment où le Danemark a institué en classe de primaire des actions d’empathie, pour apprendre à respecter son semblable afin de contrer le fléau du harcèlement. Car le saviez-vous, la haine de l’autre est dans l’ADN de l’humain. L’écrivaine Frida Isberg a imaginé une société islandaise qui a institué des tests d’empathie. Et si jamais par malheur vous échouez, vous êtes mis au ban de la société avec une kyrielle de restrictions. Quasiment comme en Chine où de mauvais actes citoyens vous font perdre des points, avec à la clé des sanctions. En Islande on vous marque, et ne pas l’être, ouh, là, là. Voilà la trame de fond de La marque. Qui pour le moment est de l’anticipation, mais vous avez vu avec les interdictions de droits fondamentaux liés à la Covid, tout est possible. Un roman certes mais qui n’augure rien de bon. A lire quand même car nous ne devons rien ignorer.
La marque Frida Isberg. Robert Laffont 333p.   www.laffont.ca

 


 

Comment a fonctionné l’Institut Pasteur sous l’Occupation

C’est un aspect de l’Occupation allemande en France qui n’avait pas été suffisamment étudié, à savoir comment l’Institut Pasteur s’est comporté face à l’occupant. Le docteur en biologie et journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis a fait ses devoirs et nous rapporte des faits d’armes extraordinaires. Comment cet établissement de renom, convoité par les allemands pour le niveau de sa recherche, a t-il pu entreprendre une résistance passive, mieux, aider le maquis. Au point où quand viendra le mouvement d’épuration après la Libération, l’Institut Pasteur ne comptera que de rarissimes collaborations avec l’ennemi. La guerre des bactéries est une épopée fantastique qu’il fallait bien raconter un jour et avec brio, comme ici. Ce pourrait faire d’ailleurs un très beau film soit dit en passant.
La guerre des bactéries Nicolas Chevassus-au-Louis. Vendémiaire 230p.  www.editions-vendemiaire.com

 


 

Couleurs provençales en Petite Camargue

Parce que Giono et Pagnol sont morts, qu’il n’y aurait plus de chantre des valeurs provençales ? C’est que vous ne connaissez pas encore Carole Rios qui, née en 1965 a grandi en Petite Camargue au sein d’une famille provençale. Oui, l’accent et tout. Cette auteure qui entre avec Contrée du Sud n’a pas été confrontée au syndrome de la page blanche, puisqu’elle a incorporé dans son histoire de deux grandes familles qui se rencontrent, un ingrédient de choix, la tauromachie et plus étroitement la passion équestre. L’écrivaine novice qui a réussi son coup, il faut le dire a connu une vie professionnelle axée sur la danse classique où elle atteindra les plus hauts échelons. Le raffinement elle connaît et s’en sert dans ces pages exotiques à souhait. Chapeau madame et attendons vivement le second opus. Un nom à surveiller.
Contrée du Sud Carole Rios. Les éditions Baudelaire 296p.   

 


 

Disparition d’un garçon, une enquêteuse et un mentaliste

Camilla Läckberg est cette écrivaine suédoise qui tutoie l’excellence depuis des lustres dans le domaine du polar. Pour ce roman qui nous arrive Le culte elle s’est associé à un mentaliste et auteur Henrik Fexeus dont la connaissance de la communication non verbale sera utile, puisque l’enquêteuse de l’histoire, Mina Dabiri, va oeuvrer en tandem avec un mentaliste Vincent Walder, pour élucider le cas de la disparition d’un jeune garçon. Et on augure du pire. Donc, comme il arrive dans ces cas de rapt, c’est une course contre la montre qui se met en branle. Ce roman de plus de 700 pages, cela va-t-il vous surprendre, à du contenu. Car en plus de ce scénario de la disparition, vient se greffer les étranges et inquiétants comportements de la mère de Mina qui a intégré une communauté qui a érigé la douleur comme instrument du mieux vivre…Avec deux narrations semblables on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Le culte Camilla Läckberg et Henrik Fexeus. Actes Sud 716p.   www.actes-sud.fr

 


 

État de l’élan amoureux au XXIème siècle

A l’ère numérique où les gens ne se regardent même plus dans la rue, scotchés qu’ils sont à leur petit bidule rivé en main, disons le nettement, les jeux de séduction ont pris le bord. Qu’en dit Romain Sardou dans Je t’aime qui est une cartographie actuelle de l’amour. Grosso modo, il ne semblerait pas devoir désespérer car, selon l’histoire qu’il met en scène d’un homme et d’une femme qui vont faire route, l’humain a aimé, aime et aimera. Quoique dans les dernières pages un personnage atteint de lucidité extrême, y va de cette observation “Autrefois le discours romantique des sentiments servait à refouler la sexualité. Aujourd’hui, le discours dominant de la sexualité sert à refouler le discours amoureux. On ne rougit plus de dire je bande, mais de dire je t’aime”. Sans aucun doute ces pages vont vous interpeller sur notre temps.
Je t’aime Romain Sardou. XO éditions 294p.   

 


 

Une école utopiste pour modeler autrement les femmes

Qu’est-ce qu’on n’essaie pas comme formule en éducation pour meubler les jeunes têtes. Samuel Hood à sa petite idée concernant l’éducation des filles. Il les veut non conventionnelles. Tout un défi. Sa propre fille, Caroline, a des doutes sur la viabilité du projet. Mais à contrecoeur elle entre dans la ronde, enseignant la littérature à groupuscule de huit adolescentes. Mais pendant ce temps,m surviendra des phénomènes de la nature pour le moins étrange, dont le moindre, l’apparition d’oiseaux rouges dans le secteur. Et ce ne sera pas tout. De quoi inquiéter quelque peu. Que va faire la jeune institutrice nouvelle garde ? Voilà le propos de ce roman L’école aux oiseaux de Clare Beams auréolé de mystère. Assurément de quoi séduire.
L’école aux oiseaux Clare Beams. Les Presses de la Cité 364p.   

 


 

Pour en finir avec des similitudes en Churchill et Hitler

Il y a chez certains historiens et psychologues de s’aventurer à établir des similitudes entre Churchill et Hitler. L’historien Andrew Roberts à qui l’on doit une biographie de référence sur Churchill, enseigne au King’s College de Londres et à la Hoover Institution de Stanford. Il réfute toute ressemblance entre ces deux leaders, sinon d’avoir en commun un niveau d’entêtement. Il fait la démonstration dans Hitler et Churchill chez le même éditeur Perrin, de tout ce qui les oppose. Avec aussi des schémas de ce qui aurait pu arriver si telle ou telle situation s’était produite. Pour ceux que la Seconde Guerre mondiale et le Troisième Reich passionnent. A la lecture on voit bien que l’auteur a bien potassé ses sujets. En gros, ce qui est étudié ici, c’est sur quoi repose ce qui font les grands leaders ?
Hitler et Churchill Andrew Roberts. Perrin 380p.   

 


 

La vengeance est un plat qui se mange froid

Les enfants du silence, premier roman en carrière de Lyn Yeowart comporte une part d’autofiction, puisque l’auteur se serait inspiré librement de faits de sa propre existence. C’est l’histoire d’une fille, prénommée Joy, qui apprend que son père est sur le point de faire son adieu au monde. Aussitôt elle se précipite à son chevet. Car elle a un contentieux à régler avec lui. Car sous ses apparences de chatholique bon teint, c’était un tyranneau. En même temps, l’occasion de sortir des squelettes dans le placard, car c’est connu, les histoires de familles en contiennent énormément. Quelle est la liste des griefs en question ? à lire. Car pour son arrivée dans le monde des lettres elle a réussi son parti de rendre son histoire intéressante. Au passage, il est question de la disparition d’une enfant à travers ce règlement de comptes. Bref, assez de matériaux pour apprécier comme nous ce livre.
Les enfants du silence Lyn Yeowart. Les Presses de la Cité 589p.

 


 

Fantasmes et désirs de paroissiennes afro-américaines

Si on part du premier critère qui fait d’une personne des lettres un(e) bon(ne) nouvelliste, c’est sa faculté de bien observer autour de soi, alors on peut dire d’entrée de jeu que Deesha Philyaw est à ranger parmi les excellentes du genre. Dans la vie secrète des bigotes, elle a situé ses nouvelles dans l’univers paroissial d’afro-américaines des années 90. Car si on est dans un cadre spirituel, la marmite érotique boue à l’intérieur des êtres, et ses personnages sont tout sauf sauf désincarnées. Le saphisme est même au rendez-vous. De quoi provoquer des sueurs froides aux bigots du coin. Ce sont des femmes de chair qui sont détaillées ici.
La vie secrète des bigotes Dessha Phiyaw. Philippe Rey 159p.    www.philippe-rey.fr

 


 

De quoi est constitué Elon Musk ?

Il fascine comme il irrite. Elon Musk, selon des variables de fortune, parvient à rafler le titre d’homme le plus riche du monde. Génie ou tout simplement totalement dingue ? Ils se sont mis à deux Béatrice Mathieu et Emmanuel Botta afin de démêler le vrai du faux le concernant. Les auteurs, journalistes de l’économie rappellent que ce fantasque ne s’est pas fait tout seul et qu’aucune Tesla ne serait sortie des usines sans un rapport du fédéral d’un peu moins d’un demi-million de dollars. Il était d’ailleurs au bord de la faillite. Les enquêteurs ont mis plusieurs années avant d’accoucher de leurs conclusions, qui même en fin de lecture n’enlèvent en rien de la part de fascination que l’on peut avoir envers ce personnage despotique mais qui semble savoir où il se rend.
Elon Musk L’enquête inédite. Béatrice Mathieu, Emmanuel Botta. Robert Laffont 233p.   www.laffont.ca

 


 

Sur l’esclavage au travail à la manière des chauffeurs d’Uber

A Montréal ce sont pour beaucoup des gens des communautés indiennes et sikhs qui monopolisent les livraisons chez Uber. Ils doivent bosser en diable pour se faire un revenu. C’est le même phénomène de l’esclavage ubérisé de par le monde. Sophie Bernard a mené une enquête auprès de 100 chauffeurs Uber dans la capitale française. Elle fait voir leur quotidien. Beaucoup ont choisi ce travail se croyant enfin libres de leurs horaires. Mais ce sont d’autres contraintes qui les attendent. On voit bien qu’au fond ils n’ont que changer de crémerie. Uberusés titre de cette enquête rend compte que l’essentiel du personnel des chauffeurs est racisé. Ces nouveaux français aspirent à une nouvelle vie. Mais voyez ce qui les attend. C’est vraiment à la dure.
Uberuss le capitalisme racial de plateforme. Sophie Bernard. PUF 300p.    www.puf.com

 


 

Développer l’esprit critique des jeunes face à l’Internet

Internet et ses plateformes sont devenus des sources d’information privilégiées pour les jeunes qui délaissent de plus en plus les médias traditionnels, notamment la télévision ringardisée à leurs yeux. Mais en même temps, Internet c’est le carrefour du meilleur et du pire. Comment se prémunir contre les fake news. C’est à cela que s’emploie Marc Romainville, professeur à l’Université de Namur. Qui a élaboré une méthodologie destinée aux étudiants afin qu’ils développent leur esprit critique. A l’école du doute le titre dit bien de son contenu, est de ne plus prendre le tout pour du comptant. Savoir prendre ses distances avec le web. Comment départager un communicateur sincère d’un complotiste. C’est un ouvrage qui tombe à point nommé, alors que les mises en garde se multiplient sur les dangers de tout gober sur ce qui se trouve sur la Toile.
A l’école du doute Marc Romainville. PUF 212p.  www.puf.com

 


 

C’est quoi être Arménien en 2023

Si on parcourt la quatrième de couverture de Arménie: la fin de l’Histoire ? Ce qu’on y lit donne à penser que son auteur Ruben Ichkhanian va nous livrer en survol un cours d’histoire de son pays. Il n’en est rien. C’est plutôt lui que l’on voit vivre. Comment négocie t-il son quotidien toujours menacé par une guerre, notamment avec l’Azerbaïdjan. C’est écrit avec dynamique et il met bien la couleur nécessaire pour que l’on comprenne les enjeux auxquels il est confronté. Lui d’abord mais aussi un regard sur ses contemporains. Pour qui a un attachement ou du moins une curiosité pour ce pays, c’est un petit livre précieux chargé d’âme.
Arménie: la fin de l’Histoire ? Ruben Ichkhanian. L’inventaire 190p.

 


 

Penser autrement la démocratie

Gérard Bensussan est professeur émérite de philosophie à l’Université de s. Il nous arrive avec un petit opuscule qui propose une autre façon d’envisager la démocratie. Comme son approche est exigeante, nous avons exceptionnellement choisi de reproduire un extrait de la quatrième de couverture, afin d’être au plus près de son message et de ne pas le travestir.  “Comment penser la politique sans repenser l’essence de l’opinion ? Mais comment être encore « philosophe » si l’on accorde que la doxa manifeste quelque chose de la vérité du monde ? Statuer sur ce dilemme demande que soit interrogée la tradition de la philosophie dans sa relation à la politique.
D’abord en réhabilitant l’idée d’un sens commun à tous, dont le partage passe par la confron­tation des opinions énoncées dans des jugements discordants. Existence partagée supportant hors d’elle de l’impartagé, la démocratie vit sous la condition que libre voix soit inconditionnellement accordée à l’expression des opinions. Ensuite, en donnant à cette existence démo­cratique, irré­ductible à un régime, son concept, la transaction.
La transaction désigne à la fois une action de reliaison entre des pôles opposés inconciliables et les objets trans­actionnels dans lesquels se cristallise cette action de façon aléatoire et provisoire. La démocratie n’est rien d’autre que le mouvement qui va de l’action à l’objet qui la fixe puis de l’objet à l’action qui le défait.”
La transaction Gérard Bensussan. PUF 156p.   www.puf.com

 


 

Sur cet homme qui a sauvé des célébrités arrachés aux nazis
Varian Fry (1907-1967) est ce jeune journaliste mandaté par l’Emergency Rescue Committee, qui débarque en pleine France occupée pour sauver des noms connus de divers horizons, pour beaucoup artistiques, les arracher en somme aux griffes des nazis. Beaucoup avaient fui l’Allemagne hitlérienne. Sa liste comprenait 200 noms. Comme par exemple, Marcel Duchamp, Hannah Arendt, Max Ernst, Franz Werfel et André Breton pour ne citer que ceux-là. Il fallait toute une logistique, dont de faux-papiers pour passer à travers les filets mis en place par les forces de l’Occupation. Une véritable épopée qui est rappelée à notre génération sur les petits écrans, grâce à Netflix qui en a fait une série baptisée “Transatlantique”. Évidemment que dans une série, faute de temps on va escamoter des détails. Ceux qui veulent approfondir les agissements de ce héros peuvent lire sa biographie réalisée par Sheila Isenberg qui a eu accès à des documents déclassifiés qui apportent un supplément d’éclairage sur cette personnalité hors norme.                                        
Varian Fry
Sheila Isenberg.l’Archipel 425p.    www.editionsarchipel.com

 


 

Hannah Arendt antisémite ?
Cela paraît incroyable, mais selon Michel Dreyfus cette juive allemande qui a dû fuir son pays face aux nazis a exprimé, tenez-vous bien, une haine contre les juifs! Qui se serait manifesté notamment dans la rédaction de sa trilogie “Les origines du totalitarisme” où elle rapatrie beaucoup d’écrits d’extrême-droite, antisémites. Pour savoir comment elle en est arrivée à cette manière de penser où les juifs entre autres n’auraient eu dans l’Histoire qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Dans son essai troublant, Hannah Arendt et la question juive Dreyfus décortique ce qui a été la genèse de cette vision étroite. D’autant plus percutant quand on sait que Hannah Arendt a couvert le procès d’Adolf Eichmann et qu’elle aurait bien pu comprendre la hauteur de cette tragédie.                        
Hannah Arendt et la question juive Michel Dreyfus. PUF 355p.   www.puf.com

 


 

Un resto japonais qui compose des plats oubliés sur demande
Le restaurant des recettes oubliées de Hisashi Kashiwai est un véritable phénomène en librairie au Japon et l’objet d’une transposition à la télé. L’histoire de ce livre a quelque chose de magique. En effet, les tenanciers d’un petit restaurant de Tokyo se sont fait une marque distinctive en recréant en cuisine des mets que des gens ont savouré jadis mais dont la recette s’est oubliée. Et ça cartonne. Il faut voir la minutie qui est celle des proprios afin de livrer la marchandise. On comprend à la lecture pourquoi c’est devenu un succès. Et le livre donne faim, ce qui n’est pas négligeable. Il faut aussi prendre en compte le rituel japonais pour tout ce qui touche au quotidien et qui confine au sacré.                                                             
Le restaurant des recettes oubliées Hisashi Kashiwai. Nami 253p.  

 


 

Le fine fleur de la littérature latine
Habituellement les ouvrages de la collection Que sais-je ? sont de petites plaquettes au contenu condensé à l’essentiel de ce qu’il faut savoir. Mais là, une exception avec un pavé qui réunit quatre titres du regretté Pierre Grimal nommé prince des latinistes et qui était professeur à la Sorbonne. Ce qui donne Rome et la littérature. C’est une somme qui force le respect car tant d’érudition certes, mais tout, sauf hermétique. C’est pourquoi, dans cette démarche de cette histoire littéraire qui fait un peu peur au départ, surtout que l’on a stigmatisé le latin comme langue morte, il y a une démarche de vulgarisation. De grandes pages sont consacrées aux pontifes de cette littérature que sont Cicéron et Sénèque. C’est un livre qui se lit en distillant chaque ligne. Chapeau à la maison d’édition qui fait ainsi devoir de mémoire.                         
Rome et la littérature. Pierre Grimal. Que sais-je ? 447p.    www.quesais-je.com

 


 

Le mannequinat, vivier de nymphettes offertes
Est-on en droit de proclamer que le mannequinat tel que décrit par Baptiste Manzinali dans La nuit des chasseurs correspond à une époque qui n’a plus cours ? Permettez-nous d’en douter, car lorsqu’on lit ces pages qui décrivent l’époque de l’agence Élite, des recruteurs de jeunes mannequins aux agendas cachés, Une cohorte de prédateurs qui n’a qu’à laisser poindre des carrières magnifiques de top modèles à des nymphettes énamourées, on peine à imaginer que tout ceci s’est arrêté d’un seul coup après la révélation des scandales que rapporte l’auteur. Quel univers glauque. Le mouvement MeToo a-t-il changé la donne dans ce milieu ? L’ouvrage n’a pas vocation à répondre à ces questions, mais les mirages de la beauté, surtout quand on voit les gourgandines ados qui se trémoussent sur Tik Tok on s’interroge à bon droit.                                 La nuit des chasseurs Baptiste Manzinali. Le Cherche-Midi 219p.     www.cherche-midi.com

 


 

Un roman d’anticipation sur les écueils du progrès technique
Il est assez rare aux éditions Sémaphore que l’on fasse dans le roman d’anticipation. Preuve que la direction éditoriale s’ouvre à de nouveaux horizons. Poussières d’étoiles a paru pour la première fois au Liban en 2008 sous la cosignature de Mazen Abdallah et Haidar Safa à quoi s’est ajouté pour l’édition française Sylvie Beaupré. Au point de départ un groupe nommé les Barbares contre qui, une organisation l’Octogone a concocté une arme qui tutoie la perfection puisqu’elle est actionnée par la pensée, et en commun! Maintenant que la théorie est à la portée du concret, reste à voir comment s’en servir aux fins de manipulation d’un peuple. On parle ici selon les intentions des auteurs de terrorisme intérieur. Vous voyez que ce n’est pas l’imagination qui fait défaut aux auteurs. Si vous êtes amateurs de ce type de littérature alors vous êtes dans une bonbonnière. Et puis, ce genre a fait ses preuves en anticipant des événements qui ont eu cours par après dans le futur. Qui sait si nos écrivains font figure de devins. A mettre au-dessus de votre liste d’achats de futurs titres.                                                                                 
Poussières dans l’espace Mazen Abdallah et Haidar Safa. Les éditions Sémaphore 139p.    www.editionssemaphore.qc.ca

 


 

Le coin de la poésie
Louise Warren fréquente la poésie depuis quarante ans. Elle a une assez bonne idée sur sa nécessité dans un monde tellement rivé à son quotidien. Elle, elle voit largement avec lucidité. Elle nous arrive avec La ligne d’incertitude au Noroît. Qui a des connotations orientales, car ce sont souvent des strophes de deux à quatre lignes. Comme un peintre qui jetterait de la peinture sur sa toile pour en mesurer les effets résultants. Elle fait de même avec les mots extrait “page tournée l’être seul en toi à lui tu te confies une force se lève”. 
On évoquait plus haut la lucidité. Ça semble une posture chérie par les poètes car aux éditions Le Baladin, Christian Legault présente Les affres de la lucidité. C’est un mélange de vers et de textes en prose. Qui dit lucidité, dit mots crus. Voici un bel exemple de réalité. Extrait “ Les testicules gonflés, Michel n’a pas forniqué depuis des semaines, des mois, des années…La douleur le prive de chaleur humaine”. Ça titille votre curiosité ? Allez lire ce qu’il a à dire. C’est criant de réalisme.

 


 

Références apocalyptiques pour gommer ce mal de vivre
Plus ça change, plus c’est pareil. On aurait raison de croire en cette maxime à la lecture du brillant essai de Joël Schnapp qui a pour titre Chroniques de l’anti-Christ. C’est que cet agrégé d’histoire chercheur associé à l’Université de Grenoble et professeur au lycée La Versoie de Thonons-les-Bains observe avec consternation, que lorsque toutes les institutions se mettent à aller mal, l’homo sapiens, au lieu de prednre le problème à bras le corps, met tout ça sur le compte de la fatalité, comme une apocalypse annoncé. Et ce qui se passe, c’est que dans son désarroi, que fait-il, il se met à écouter les sirènes des religions. C’est tellement plus simple de s’en remettre à des organisations qui ont des réponses pour tout, détiennent la Vérité et vous offre le mode d’emploi.                                                                              
Chroniques de l’anti-Christ Joël Schnapp. Piranha 140p.   www.piranha.fr

 


 

La sombre médaille du web
Les créateurs du web ne se cachent pas pour manifester leur déception de ce que les humains ont fait de leur invention. Au départ ils avaient deux intentions: répandre la connaissance à travers la multitude et favoriser dans un deuxième temps la communication entre les personnes. Ils assistent avec effroi à une inculture grandissante d’une part, et côté échanges, c’est un déversement de haine qui en effraie plus d’un. Ils avaient oublié comment la violence est dans l’ADN de l’homme. L’essayiste Pacôme Thiellement qui arbore une allure à la Karl Marx, ne semble guère en penser mieux avec ce collage d’histoires d’horreurs provenant de la Toile. Infernet comme titre est un néologisme fort à propos. A lire si vous n’êtes pas du genre à faire l’autruche.                                                                         
Infernet Pacôme Thiellement. Massot éditions 291p.    

 


 

Pour vous réconcilier avec Pamela Anderson
Peut-être êtes-vous du genre à considérer Pamela Anderson la célébrissime vedette de la série télé culte Baywatch comme l’incarnation de la parfaite bimbo, dotée d’une tête de linotte. Si tel est le cas, faites-lui la faveur de la lire, car la fille à des choses à dire. Au point même qu’on s’est laissé dire qu’après lecture, beaucoup ont révisé leur jugement. D’abord il faut avoir en mémoire que c’est une de nos compatriotes, née à Vancouver. De son propre aveu, et son positivisme à tout crin, même si ces premières années sur terre n’ont pas été facile pour cette timide, elle avait le don de faire un peu trop confiance et elle en a payé le prix. Malgré que la compétition est féroce entre les pin-up et Hollywood prêt à les vidanger dès qu’apparaît une ride de trop, notre jeune femme a persisté et sa cote de popularité n’a jamais trop soufffert. Elle trouve encore le moyen de faire les tabloïds, mais plus pour les mauvaises raisons. C’est une défenseure des animaux et en plus vous verrez dans son livre de mémoires, elle se fait poétesse…
Love, Pamela Pamela Anderson. Talent Éditions 326p.

 


 

Comment Internet à changer la donne pour les Inuit
C’est bien connu, le développement des télécommunications réduit les distances et plus que jamais notre planète peut porter l’appellation de village global. Un cas est particulièrement intéressant, c’est celui du Nunavut, le territoire arctique canadien. Là bas, dans cette rude contrée, la majorité de la population est tributaire des communications satellites, infiniment moins coûteuses que par les câbles sous-marins. Michael Delaunay docteur en sciences politiques, a publié sa thèse de doctorat justement sur le rôle des télécommunications dans l’Arctique canadien.  Le fruit de ses connaissances, il nous les communique dans Les Inuit connectés. Il nous montre que tant au plan culturel qu’économique, le web joue un rôle prépondérant. On se sent moins isolé du reste du monde.                                                                             Les Inuit connectés Michael Delaunay. Les Presses de l’Université Laval 270p.      www.pulaval.com

 


 

Les enjeux autour de la loi 96
Dans la foulée nationaliste du gouvernement Legault s’inscrit la loi 96 pour renforcer la préservation du français. Et cela fait débat depuis que la loi est dans l’air du temps, notamment du côté des anglophones qui, comme à leur habitude, hurlent aux loups, se voyant menacés. Mais qu’en est-il au juste de cette législation ? Si vous voulez vous rattraper allez lire l’ouvrage en collectif Une langue, des voix qui fait le tour des débats autour de cette loi. Ce travail est placé sous la direction de Linda Cardinal, Bernard Gagnon, Virginie Hébert et François Rocher. Après quoi, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.  Ce livre est émaillé de témoignages divers forts éclairants, beaucoup basés sur des expériences de terrain.                            
Une langue, des voix Collectif    Les Presses de l’Université Laval 202p.       www.pulaval.com

 


 

La toute dernière enquête de Kay Scarpetta
Patricia Cornwell nous a fait languir un peu, mais l’attente en valait la peine. Encore fallait-il laisser à l’enquêteuse fétiche de la romancière, Kay Scarpetta, le loisir d’élucider une nouvelle affaire criminelle. La voici donc dans Livide. En gros, notre limier est sollicité par la cour, pour une affaire de meurtre d’une reine de beauté, ayant eu lieu il y a deux ans. Avec beaucoup d’émotions professionnelles à la clé, car le procureur de la Couronne chargé du dossier est tombé à bras raccourci sur cette dernière, qui a quitté le tribunal un peu remuée. Et doublement devrait-on dire puisqu’elle apprend tout juste à l’instant que la propre soeur de la juge dans la cause a été trouvée morte. Pas un homicide à ce que l’on sache. Mais…Vous savez, si vous êtes familiers avec les enquêtes de notre protagoniste que c’est une tête chercheuse. Et qui cherche trouve…

Livide. Patricia Cornwell. JC Lattès 364p.    www.patriciacornwell.com

 


 

Un thriller historique et ésotérique
Hervé Gagnon lance le tome 2 de sa saga historique Sanctuaire qui exploite les riches heures des Templiers dont la fascination perdure à travers les siècles. Baptisé “Nova ecclesia” on met de l’avant la duplicité de la Très Sainte Église catholique et apostolique qui envoie de preux chevaliers perdre la vie en Terre Sainte au nom de la Foi, alors que cette même institution religieux joue une autre carte plus sordide. Pour ceux qui savourent ces romans du genre, vous êtes en première classe, car à la lecture on voit bien que l’auteur a fait précéder sa période d’écriture, de solides recherches pour recréer le climat régnant à l’époque. C’est enlevant comme dans un film de cape et d’épée.                                                                                                                
Sanctuaire T. 2 Nova ecclesia. Hugo 509p.    www.hugopublishing.fr

 


 

Boucar Diouf fait l’apologie du rire
Pour preuve que notre époque numérique est vraiment triste à mourir, c’est qu’on ne voit plus les gens rires. Où sont passé les oncles d’antan qui avaient toujours de bonnes blagues, parfois salaces, en réserve. Avec un petit verre dans le nez bien sûr. Aujourd’hui les faciès sont préoccupés de leur image sur les réseaux sociaux pour lesquels ils sont scotchés. Boucar Diouf après avoir vanté les mérites de la mort, se fait le chantre du rire. Après le philosophe Henri Bergson qui a consacré une thèse célèbre sur le sujet, voici notre humoriste qui prend le relais. Nous rappelant que le rire, nous distingue entre autres des animaux. N’est pas encore arrivé le jour où votre berger allemand éclatera de rire. Qu’est-ce qu’il a raison Boucar. Vite le rire sinon…                                                                                          
Ce que la vie doit au rire  Boucar Diouf. Éditions La Presse 263p. www.editionslapresse.ca

 


 

Un regard sur la jeunesse perdue des années 90
A notre salle de rédaction, on ne donnait déjà pas cher des années 90. A la vérité, qu’est-ce qu’il y avait de réellement excitant, marquant, qui perdure. C’est pour nous le commencement du vide. Qui va précéder l’ère numérique encore plus affligeante. Julie Bosman n’a certainement pas gardé non plus un souvenir impérissable de ces années qu’elle nous fait revivre à travers trois jeunes montréalais esseulés. C’est un roman à proprement parler métaphysique qui interroge sur le sens à donner à notre vie ici-bas. La vie est-elle le beau cadeau promis ? Gagner sa vie ajoute-t-il à l’odieux de ne pas avoir demandé d’être au monde et de galérer sans mode d’emploi ? C’est une radiologie d’un temps qu’on ne veut surtout plus revivre et qui est excellemment bien rendu. La grande question sous-jacente est “comment rendre le quotidien plus fréquentable”. Pour que demain s’empare de nous Julie Bosman. Leméac 211p. 

 


 

Une existence accompagnée par son psy
L’allié rêvé de Réjane Bougé en intéressera plus d’un, car il est question de santé mentale, le parent pauvre au Québec. Et pire encore depuis les affres du confinement de la pandémie qui a accru le mal de vivre. Ici c’est le récit de l’auteure qui va se retrouver en crise aux urgences. C’est une angoissée. Elle va faire la rencontre d’un psy qui va la suivre au cours des…quarante prochaines années. C’est une figure bienveillante. Ce professionnel en viendra à prendre sa retraite, et madame va se sentir aussitôt comme sans bouée. C’est un témoignage nourri, appuyé sur un art consommé de l’observation des êtres, surtout d’elle-même à travers son cheminement. C’est un livre à mettre même au dessus de votre prochaine liste d’achats de titres, car il vient nous chercher, même si nous prétendons échapper au mal-être.
L’allié rêvé Réjane Bougé. Leméac 180p.   

 


 

A lire impérativement si vous caressez le rêve d’être fermier
Nul n’ignorait à quelle sorte d’esclavage est tenu un fermier. Oubliez le mot congé. Une vache ne prend pas de vacances de traite. C’est à lire Brian Brett dans Trauma Farm et le titre porte bien son nom en regard du contenu, que l’on prend l’exacte mesure des exigences sans fin de celui qui se donne pour vocation de nourrir ses semblables. Le gars a tenu une petite ferme durant vingt-cinq ans sur une île de Colombie-Britannique. Outre son statut de fermier, il coiffe celui de poète. Ça aide l’écriture, quand vient le temps de transmettre. Et lui ne fait pas dans la dentelle. Il dresse par le menu celui qui attend de vivre son rêve champêtre, loin du tumulte des cités. Ce serait peut-être exagéré de dire qu’on choisi son enfer, mais on n’est pas très loin. Et en plus des bouleversements climatiques qui peuvent ruiner en quelques secondes tout le labeur investi dans les champs. Brrr!!! Mais tout n’est pas qu’un tableau noir, huereusement. Il y a des parcelles de beauté sinon il n’aurait pas passé un quart de siècle à bêcher. Une lecture salutaire pour ceux qui ont des velléités de fermier. Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.
Trauma Farm Brian Brett. Leméac 437p.

 


 

L’ABC des conserves pour contrer la cherté du panier d’épicerie
A l’heure où il faudra bientôt demander une rallonge sur sa carte de crédit pour pouvoir se payer des tomates, le retour aux conserves demeure une solution à portée de main pour contrer l’arnaque des supermarchés. S’emparer de rares spéciaux sur les légumes et les transformer en conserve. Nos arrières grands-mères l’avaient compris bien avant. Si vous voulez vous y mettre, procurez-vous Comment faire ses conserves sans empoisonner sa famille de Anne-Marie Desbiens. C’est une chimiste alimentaire comme l’était jadis la célèbre Jehane Benoît avec une spécialisation en salubrité alimentaire. Tout ce qu’il faut savoir, autant pour les débutants que les plus expérimentés s’y trouve. C’est un beau joyau de la bibliothèque culinaire à conserver près de soi. Vous remecierez l’auteure pour les économies réalisées.
Comment faire ses conserves sans empoisonner sa famille Anne-Marie Desbiens. Les éditions La Presse 261p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Piaf a la trace
C’est toute une surprise que nous réserve les Presses de l’Université Laval qui lancent dans la collection “A propos” Édith Piaf l’icône méconnue issu de la rencontre improbable entre le québécois Steve Normandin le hongrois Laszlo Pusztai qui partagent en commun une vénération pour l’interprète de l’hymne à l’amour. Le titre étonne avec l’emploi du qualificatif “icône méconnue” tant l’artiste est au panthéon de la chanson francophone. Mais il y a tellement de recoins de carrière qui ont été négligés, que les deux comparses, le québécois musicien en carrière et l’autre comptable ont éprouvé la nécessité de se lancer tête perdue dans les arcanes de l’érudition concernant la chanteuse, avec un corpus universitaire qui ne rend pas la lecture hermétique, bien au contraire. C’est dans une grande aventure que les deux nous emmènent. Ils revisitent les débuts, les voyages (six visites au Québec), les enregistrements et toutes leurs versions. On demeure pantois devant la rigueur de ce travail qui avait été déjà entrepris, plus sommairement par Pierre Duclos et Georges Martin qui les avaient précédé en France sur ce terrain, mais nos nouveaux experts avaient remarqué des erreurs, tout en reconnaissant que les deux premiers avaient tout de même pavé la voie. Admirateurs de Piaf, vous comprendrez pourquoi elle fut une artiste à part sur tous les plans.
Édith Piaf l’icône méconnue Catalogue de l’oeuvre 1935-2023. Steve Normandin et Laszlo Pusztai. PUL collection “A propos” 538p. www.pulval.com

 


 

Pourtant que la montagne est belle
En lisant Les prophéties de la montagne de Pattie O’Green on ne peut s’empêcher de penser à la chanson “La montagne” de Jean Ferrat quand ce dernier vante la beauté de son sommet. Ici on pourrait transposer les réflexions que nous proposent les jeunes filles sur notre cher Mont-Royal puisqu’il est question ici de montagne urbaine. C’est un ouvrage sur fond philosophique, car il vient à l’esprit des protagonistes toutes sortes de messages qu’on se fait fort de nous transmettre. Mais pour voir et apprécier la montagne faut-il décrocher de son téléphone intelligent et regarder autour de soi. Alors à ceux qui se sentent capable de décrocher de cette addiction, la montagne vous révèle plein de choses. C’est un titre touchant pour cette rentrée, pétri d’humanité.                                                                 
Les prophéties de la montagne Pattie O’Green. Éditions marchand de feuilles 284p.   

 


 

Nathalie Petrowski nous partage une thérapie
S’il est entendu que coucher sur papier son intériorité allège le fardeau, nul doute que La vie de ma mère de Nathalie Petrowski a dû décharger cette dernière de la chape de plomb qui a pesé tant d’années sur elle, avec une mère qui était tout sauf une maman, femme cougar avant l’heure qui honnissait la vieillesse (pour elle 50 ans) et qui se tapait des jeunes dans la vingtaine pour en cueillir la rosée. Le titre est impropre, car ce n’est pas une biographie de Minou Petrowski à laquelle on est convié, qui aurait pu remplir 500 pages, mais un passage ciblé des fins dernières, ultra pénibles de cette chroniqueuse de cinéma accomplie. La “maman” organisait son monde à elle, mais n’a pas voulu voir venir son futur, sinon, à la perspective de la déchéance que fut le sien, il aurait été préférable qu’elle planifie un suicide assisté. Au lieu de celà, c’est sur sa fille Nathalie qu’a reposé tout le poids de prendre en charge sa mère et de la voir péniblement diminuée dans un de ces horribles CHSLD. La fille a voulu témoigner pour laissé tout un message que l’on appréciera diversement. Plus humain que ça, cette plaquette va à l’essentiel de ce qu’est une fin de vie, parfois un naufrage.
La vie de ma mère Nathalie Petrowski. Éditions La Presse 134p.   www.editionslapresse.ca

 


 

Comment Duplessis trouva le temps de nuire à un producteur de betteraves
François Legault est souvent comparé à un Maurice Duplessis. On espère que cette comparaison s’arrête au niveau des apparences, car le “cheuf” de l’Union nationale était un roitelet aux agissements souvent retors. Et l’Histoire s’explique souvent par la petite pour nous faire comprendre. Ainsi cette vendetta de Duplessis contre un expert français du domaine de la betterave, Louis Pasquier, qui du déficit de 400 mille dollars de la Raffinerie de Sucre de Saint-Hilaire, le fit passer à un profit de 900,000$ Au grand dam de Duplessis qui, poussé par le lobbying anglo-saxon de cette industrie, mis tout en oeuvre pour se débarrasser de Pasquier. Une histoire agricole passionnante au possible racontée avec brio et appuyée par une solide recherche par Stéphane Lussier Johnson.
Le sucre rouge de Duplessis Stéphane Lussier Johnson. Éditions du Tullinois 256p.     www.editionsdutullinois.ca

 


 

Un pacte faustien pour réussir professionnellement
C’est curieux que pour thème de son premier roman, Amaury Barthet qui travaille pour le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur qui, en en France, est l’autorité publique de surveillance des établissements de haut savoir, crée un personnage à la moralité élastique qui propose un faux diplôme à une jeune fille en rupture d’études, afin qu’elle puisse tromper les employeurs et réussir. Est-ce que frauder le système est-il payant ? C’est toute la question, et on vous laisse le soin de voir ce qui arrive à la jeune femme qui accepte ce pacte faustien. Pour une entrée en littérature c’est une belle réussite et le novice des lettres sait mettre un sujet, un verbe et son complément à la bonne place. A suivre le mec.
Le diplôme Amaury Barthet. Albin Michel 223p.   www.albinmichel.fr

 


 

Au sein d’un noyau survivaliste déjanté
Même si on a été assez vite sur la gâchette pour qualifier de complotistes ceux qui remettaient en question la validité du vaccin contre la Covid-19 et dont l’avenir semble leur donner raison, force est d’admettre qu’à côté deux, se sont agités de véritables complotistes dont les délires n’ont plus de limite. Un beau sujet à exploiter dont ne s’est pas privé Simon Bentolila pour son premier roman Illuminatine. Il était une fois un romancier en herbe qui s’entête à finaliser un roman ayant pour thème le complotisme. Et à cette fin, il va suivre un ami dans un bunker qui abrite un cénacle de capotés de premier plan, venant de divers horizons. Il décortique le raisonnement de ces gens qui prennent les vessies pour des lanternes. L’éditeur parle de la naissance du premier grand roman du complotisme. Peut-être. Mais c’est un roman, tout sauf banal qui est une sorte d’éclairage sur notre époque, où les réseaux sociaux véhiculent de tout, hélas souvent le pire.
Illuminatine Simon Bentolila. Albin Michel 253p.   www.edionsalbinmichel.fr

 


 

De quoi nous redonner le goût du voyage
Même si l’actualité nous assomme avec ces tragédies climatiques qui ne semblent épargner au coin du monde, est-ce à dire qu’il faut mettre une croix sur les voyages ? Certainement pas en parcourant ce superbe album Les 50 plus beaux itinéraires autour du monde chez l’éditeur Ulysse. Sous la direction éditoriale de Claude Morneau l’équipe rédactionnelle s’est surpassé pour réaliser ce collage de beaux endroits de la planète. Évidemment c’est un choix arbitraire. Mais lorsque l’on parcourt les sites retenus, fort est d’admettre que les auteurs ont en commun d’avoir du goût. Que ce soit l’Islande, la Slovaquie, le Péloponnèse ou Bali, on a identifié pour chacun L’ENDROIT à voir sans faute. En tout cas, si après la dernière page, il vous pend des idées de vous envoler, ce sera mission réussi pour les coéquipiers de ce guide. Et que dire des illustrations, qui plus encore que jamais, valent mille mots.
Les 50 plus beaux itinéraires autour du monde. Collectif 204p. Ulysse 204p.    www.guidesulysse.com

 


 

Le coin santé physique et psychique
Les cas d’agressions sexuelles qui sont de plus en plus dénoncés dans la foulée du phénomène MeToo ont amené au premier plan la notion de consentement. En droit pénal c’est le domaine le plus difficile à juger car la chose se passe en huis-clos entre deux individus et qui dit vrai. Au Québec on a cru nécessaire de créer des tribunaux spécialisés à cet effet, car cela demande une expertise toute particulière. Que faire quand l’agresseur présumé prétend que la victime était consentante à des attouchements, voire pire. Un essai sur Le consentement fait le tour de la question, signé Maxence Christelle docteur en droit et maître de conférences en droit public à l’Université de Picardie Jules-Verne et juge assesseur à la Cour nationale du droit d’asile. Il explore toute la définition du mot accord. C’est complexe en diable comme on le verra. Une courte mais exhaustive bibliographie complète ce survol pour ceux qui désirerait approfondir le sujet.
Le consentement Maxence Christelle. Que sais-je ? 125p. www.quesaisje.com