- juillet 2023 -
 
     
 






 

Pour les monarchistes à tout crin

Le décès de la reine Elizabeth II a soulevé, doit-on le constater un énorme intérêt, même chez ceux pour qui la monarchie est un plaisir coupable. Alors pour vous, voici des titres qui paraissent qui vont vous mener aux portes du bonheur. Car les éditeurs ont fait des pieds et des mains pour offrir des ouvrages de grande qualité.
A commencer par Elizabeth chez Michel Lafon signé Gyles Brandreth. L’auteur a eu le rare privilège d’être du premier cercle de sa Majesté et d’avoir eu avec celle durant 50 ans, ce qui n’est pas rien, des échanges intimes. D’où le grand intérêt de l’ouvrage. En effet, de quoi s’exprimait la souveraine dans le privé ? Vous allez voir la tonalité des conversations. En fait, il n’y a pas de grandes différences chez elle dans le privé comme en public. Des murmures d’approbation ou de très courtes phrases genre “Ah, oui ?”. Parfois plus. A lire en priorité pour mieux la découvrir.

Les dernières années de la reine, n’ont pas été de tout repos. En témoigne ce que rapporte Robert Hardman. Songez à la guerre intestine entre Harry et William, le Brexit, la pandémie de la Covid-19 qui horripilait son tendre prince Philip, confiné malgré lui. La disparition de ce dernier a réellement affecté Elizabeth qui n’a pas attendu très longtemps pour le rejoindre dans l’Au-delà. L’auteur passe en revue les années 1992-2022. Une fin de règne marquée par des zones de turbulences. Il a eu le loisir d’interviewer beaucoup de membres de la famille royale. Elizabeth II les tourments d’une reine mieux qu’une téléréalité. C’est aux éditions Les éditeurs réunis.

On a évoqué plus haut, concernant un titre touchant la reine Elizabeth, que tout ce qui touche la famille royale anglaise est manifestement plus captivant qu’une téléréalité. Et la saga entourant le duel entre les frères Harry et William, l’ambition de Meghan et la soi-disant détestation de la princesse Kate pour cette dernière ont de quoi alimenter des pages et des pages de la presse people. Qu’en est-il réellement de cette guerre chez les Windsor ? Pour s’en faire une bonne idée, un auteur sérieux, Tom Bower, qui reprend par le commencement ce qui a cloché dès le départ. Que n’a t-on pas dit sur Meghan sur lesquels a pesé de l’intimidation à caractère raciste, de son supposé côté arriviste, elle, arriviste sans nom. On n’a rien ménagé dans les cercles des hommes en gris de l’administration royale pour la discréditer. Y avait-il du vrai dans ces allégations ? Il nous livre une enquête par le menu qui nous permet de nous faire une idée.  A ceux qui ont fantasmé de poser leurs fesses sur des coussins royaux, cet ouvrage vous ramènera à une dure réalité. Meghan a peut-être raté le plus grand rôle de sa vie, ou bien se permet-elle d’être elle-même dans son choix de vie actuel. Il y a là aussi une galerie des autres acteurs de ce psychodrame.

Chez Casa où on lance des albums biographiques soignés au niveau de l’iconographie, on a saisi l’opportunité du départ de la reine pour publier un magnifique ouvrage dans lequel on retrouve des instantanés de son règne avec de courtes vignettes qui les situent dans le temps. Une manière de revivre des souvenirs. Comme quand on ouvre un album de famille, avec des choix disparates. Quelle vie tout de même se dit-on en refermant la dernière page. Une vie de reine quoi! Assortie d’une maîtrise absolue d’elle-même qui a forcé l’admiration de ceux-mêmes qui étaient anti-monarchistes.

Enfin, il fallait bien se pencher sur la personnalité du nouveau roi Charles III. C’est notre biographe favori à la rédaction Bertrand Meyer-Stabley qui l’emporte chez l’éditeur City avec Charles III le mal-aimé. On ne pouvait trouver meilleur titre pour qualifier ce parcours douloureux qui fut le sien. Nous adorons le travail de biographe de Meyer-Stabley car il a l’art de synthétiser en quelques chapitres tout l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur le sujet. On lui doit d’ailleurs chez Pygmalion une bio de la reine Elizabeth qui fait toujours référence. Ici, l’auteur met bien en évidence le caractère trempé du monarque, qui fut un enfant victime d’intimidation jeune (ces fameuses grandes oreilles), et comment il a su faire en marge d’une mère qui ne voulut pas lâcher le morceau jusqu’à la fin. On appréciera sa sincère préoccupation écologiste qui va le distinguer de tous ses prédécesseurs sur le trône.

 


 

Le sale argent du Vatican

Si vous êtes anti-papiste vous avez ici de quoi alimenter vos arguments. A la rédaction nous attendions avec grand hâte Vatican offshore du journaliste de Paris-Match François de Labarre. Qui a réussi un tour de force, à savoir d’exposer du mieux possible, ce tourbillon de fric qui entre et qui sort et dont même la Curie romaine et encore moins le pape en connaissent les tenants et aboutissants. Benoît XVI a quitté car il n’en pouvait plus de ne pas pouvoir maîtriser le blanchiment d’argent. Et le pape François tente bien, mais il donne l’impression d’avoir baissé les bras. A côté de ça, tout thriller est ennuyeux. Tout y est, mafia, meurtre, suicides. On dirait que la spiritualité vient ici en quatorzième position! A lire sans faute.

Vatican offshore l’argent noir de l’Église. François de Labarre. Albin Michel 181p.     
 


 

Et si soudainement le soleil disparaissait ?

La réponse, même pour une simple éruption solaire, nous ramènerait illico à l’âge de pierre. Le grand écrivain suisse Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947) avait à sa façon des préoccupations écologiques avant l’heure car dans son roman Si le soleil ne revenait pas il fait parler dans un village, un vieil homme répondant au nom de Anzévui qui prédit sur tout ce qu’on peut trouver, que le soleil disparaîtra durant l’année en cours. Aussitôt tout le monde à Saint-Martin d’En Haut s’énerve. Les uns crédules, les autres sceptiques. Mais fort heureusement le vieux bougre a eu tort et le soleil a bien été au rendez-vous dardant de ses rayons la nature qui ne demandait qu’à l’accueillir. Un beau texte pastoral qui est dans le registre d’un Giono.
Si le soleil ne revenait pas C.F. Ramuz. Florides helvètes 172p.    www.florideshelvetes.ch

 


 

Une radieuse manière de connaître Victoria Ocampo

Ne vous culpabilisez pas de ne pas connaître Victoria Ocampo (1890-1979)  )une figure phare de la littérature argentine. C’était une amoureuse folle du livre, qui sera son meilleur compagnon. Sa curiosité des littératures étrangères étaient sans limite. Elle a beaucoup séjourné en Europe. Pour rattraper votre ignorance la concernant, voici une occasion merveilleuse avec la parution de Le Vert Paradis et autres écrits. Une sorte d’anthologie qui rassemble des textes qu’elle avait écrit directement en français, langue qu’elle possédait à la perfection. Dans ces chapitres elle détaille le pourquoi de son amour des lettres. Elle attire notre attention sur tel ou tel écrivain. Chapeau à l’éditeur Vendémiaire d’avoir songé à restituer à sa place cette auteure trop méconnue. Dire que nous avons aimé est un pur euphémisme. Défaut ? C’était trop court.
Le Vert Paradis et autres écrits. Victoria Ocampo. Vendémiaire 213p.     www.editions-vendemiaire.com

 


 

Un brûlot écologiste provocateur

Philosophe des sciences et spécialiste en éthique animale, Thomas Lepeltier est “associate fellow” du Oxford Center for Animal Ethics. Avec une telle carte de visite, il mérite qu’on l’écoute. Et ce qu’il a à dire renverse notre compréhension de la nature. En effet, on a habituellement une perception de la nature qui se refait d’elle-même. Or c’est tout le contraire. Laissée à elle-même, loin des hommes, elle est en proie à des éléments qui la menacent. Comme des parasites ou des prédateurs pour les mammifères. Lui, il propose que l’homme intervienne pour aider la nature, comme on le ferait pour un être humain en difficulté. C’est assez révolutionnaire comme approche idéologique. Ici l’homo sapiens fait corps avec sa biosphère qui a besoin de lui.
Faut-il sauver l’ours blanc ? Essai sur la transformation de la nature. PUF 249p.     www.puf.com

 


 

De quoi interagir avec nos petits génies

De grâce chers parents, arrachez vos enfants à leurs tablettes, si c’est ce que vous avez trouvé de mieux pour maintenir au calme vos petits monstres. Car vous n’allez les mener qu’à l’ignorance tout court. En contrepartie, si vous avez à coeur que vos mioches “musclent” leur cervelet, voici une sacrée belle alternative venant de Valérie et Laurence Cluzel qui publient Mes 300 énigmes pour petits génies! Nous courbons l’échine devant un tel travail de collage de toutes sortes d’énigmes qui maintiennent l’esprit en éveil. Même les adultes prendront plaisir à participer. Car on s’est bien gardé de faire dans la facilité. Faut bien que les neurones suintent un peu. Ludique et enrichissant à la fois. Les auteures ont pensé à tout. Si vous avez perdu votre crayon, on vous en offre un, à la mine de plomb, fixé au livre.
Mes 300 énigmes pour petits génies! Valérie et Laurence Cluzel
Éditions 365. 447p.  www.editions365.eu  

 




 

Le coin de la poésie

Dans le communiqué de presse qui accompagne la sortie de Main d’oeuvre le recueil de poésie de Lorrie Jean-Louis aux éditions Mémoire d’encrier, il est fait état que la poétesse rend hommage aux travailleurs essentiels. En effet, et plus encore. Car cette femme de lettres a la tendresse chevillée au corps et fait preuve d’une empathie immense pour les petits, anonymes et sans grade. Extrait “ j’ai faim la terre avale mon corps laissez-moi seule ma peine n’est pas à vendre”. C’est d’autant plus émouvant qu’à l’ère 2.0 où tous sont scotchés à leur téléphone dit intelligent, Lorrie prend le temps de regarder autour d’elle. Elle voit des choses qui échappent au commun. D’où l’importance d’entendre ce qu’elle a à dire.

Chez l’éditeur Le temps des cerises ont revisite une pointure des lettres françaises Paul Éluard avec la réédition du tome 1 de La mémoire des nuits. Déjà le titre qui attise la curiosité et si évocateur de choses évanescentes. C’est rien de moins qu’une anthologie dont on doit la paternité à deux passionnés du maître, Olivier Barbarant et Victor Laby. Pour ceux qui ne sont pas familiers du grand poète, vous avez là une excellente entrée en matière. Et qui démontre bien en quoi Éluard était avec Breton des chefs de ville de leur univers des lettres. Extrait “‘Ma présence n’est pas ici, je suis habillé de moi-même il n’y a pas de planète qui tienne la clarté existe sans moi”.

Au Noroît un recueil coup de poing Poèmes deep d’Amy Berkotwitz qui nous apprend que dans le milieu universitaire persiste une culture misogyne où on ne fait que peu de cas de la sensibilité des femmes. Qu’une forme de patriarcat subsiste. Et pour traduire cet état de fait, elle a choisi le mode de la poésie. Tandis que la poésie nous transporte dans l’imaginaire, ici c’est une réalité crue. Extrait “Poésie de cuisine, c’est une expression que j’ai entendue dans un cours je me rappelle plus lequel. Ça renvoyait à une poésie insignifiante que les femmes écrivent au sujet de leurs vies insignifiantes”. La table est mise. Le recueil au passage est présenté dans les deux langues officielles.

 




 

Le coin de la spiritualité

Place à l’Inde avec deux titres qu’il serait triste de passer à côté, tant ces ouvrages ont en commun de vouloir notre bien. Commençons par La recherche de l’Absolu de Râmana Mahârshi à partir des écrits et enseignements celui-ci et de Shankara aux éditions Accarias. On dit que le premier est en sorte le fils spirituel du second dans ce qui a trait à l’emprunt de la voie directe pour arriver vers l’expérience de la révélation de la Pure Conscience. L’âme individuelle en soi l’Absolu. Et c’est la raison qu’eux comme beaucoup d’autres leaders spirituels indien, exhortent à creuser en soi. Jésus n’en disait pas moins quand il affirmait que le royaume des cieux est en nous. Ce bouquin en livre les préceptes fondamentaux.

Aux éditions Équateurs Laura Arley nous présente sa vision des 34 textes du Mahabharata qui avec Bhagavad Gita sont deux des écrits fondamentaux de l’hindouisme. Une manière de livrer des conseils de vie, à travers des épopées. Laura s’était commise avec ce dernier ouvrage qui a connu un vif succès. Il allait de pair qu’elle allait s’attaquer à cet autre monument qui est comme ailleurs les Contes des Mille et une nuits. Et notre petit doigt nous dit que, en raison de la richesse des contes, il y a là, et c’est d’ailleurs mentionné dans le communiqué, des sujets qui sont aussi épiques que de nos jours Game of Thrones et qui de de fait est susceptible de séduire un nouveau lectorat plus jeune et avide de grands récits. Soulignons au passage les magnifiques illustrations de Marion Blanc.

 


 

John Waters ce cinéaste fou braque se lance dans le roman

Si tout de suite le nom de John Waters ne vous dit rien, si on vous mentionne que c’est le cinéaste à l’origine de la création des films déments Polyester et Hairspray, ah, là c’est une toute autre chose. En quelque part c’est une sorte de Fellini américain qui au 7ème art a donné naissance à des personnages monstreux, genre travesti obèse et grossier. Vous voyez le genre. Pour son entrée en littérature, il n’allait tout de même pas se dénaturer. C’est pourquoi il a forgé pour Sale menteuse une femme que vous allez prendre plaisir à détester. Qui n’a aucune qualité sinon que de faire la m…partout sur son chemin. Marsha, c’est son nom, arrondit ses fins de mois, sinon les mois au complet en piquant des valises aux aéroports. Elle a un complice chauffeur à qui elle promet qu’il l’a saute une fois l’an en guise de remerciement. En fin de compte elle laisse de si mauvais souvenirs, que plusieurs, même dans sa famille veulent, lui régler son compte. Sans compter la police qui lui court après. Dérangeante la dame. Vous allez adorer.
Sale menteuse John Waters. Gaïa 248p.    

 


 

Un lourde secret, elle est la fille d’un officier nazi

Après la suite du “Garçon en pyjama rayé” qui était destiné à faire comprendre, un peu maladroitement aux jeunes ce qu’était l’Holocauste, avec La vie en fuite, John Boyne exploite toujours le thème de la Shoah mais cette fois pour un auditoire adulte. C’est une histoire à deux niveaux, le moment présent où la nonagénaire Gretl, sait depuis toujours, c’est son lourd secret, qu’elle est la fille d’un officier nazi, avec un fils qui voudrait bien qu’elle vende son appartement londonien avec vue sur Hyde Park, question qu’il puisse passer à la caisse, lui l’instable aux quatre mariages, puis l’autre niveau c’est le retour dans le passé. Elle s’imagine coupable en quelque part, d’avoir du sang nazi dans les veines ou presque. Elle craint d’être accablée pour celà. Et puis dans son immeuble il y a des voisins dont le patriarche mène sa smala d’une main de fer. Ça lui rappelle trop les brutalités nazies. Du John Boyne que vous aimerez, et qui réussit à nous livrer deux histoires pour le prix d’une, sans s’entremêler.
La vie en fuite John Boyne. JC Lattès 331p.    www.editions-jclattes.fr

 


 

Quand Eastview était le quartier Vanier

C’est une plaquette touchante qui va raviver bien des nostalgies. En effet, on a rassemblé dans Chroniques d’Eastview des témoignages de témoins, recueil d’histoires orales touchant à ce qui était le quartier Vanier d’Ottawa avant qu’il ne soit rebaptisé Eastview en 1969. Évidemment l’école Montfort joue un rôle d’épicentre, tant son histoire est symbolique des revendications des franco-ontariens. A l’aide d’illustrations d’Alena Krasnikova qui font époque, en plus de ces souvenirs qui émeuvent, voici un devoir de mémoire qui est tout à l’honneur des éditions David. Et ce qui nous a intéressé plus que tout, c’est l’autre partie du livre qui traite de la vie quotidienne. Que d’informations sur un monde disparu!
Chroniques d’Eastview sous la direction de Yanick Labossière. Éditions David 123p.     www.editionsdavid.com

 


 

L’adversaire de Harry Potter se dévoile

Chez l’éditeur Leduc on a eu raison de mettre sa belle gueule en mode majeur sur la couverture. Tom Felton a été certes avantagé par la nature. Et aussi pour son talent manifeste dans cette série de films cultes, les Harry Potter qui le fera connaître de la planète entière. Voici donc que sortent les confessions Par delà la magie. Ceux qui connaissent sur le bout des doigts ce britannique acteur et musicien, en apprendront peut-être encore un peu plus. Et les autres qui ne savent rien de qui il est à la ville se réjouiront. Bref, il y en a pour tout le monde. Et puis le gars tout anglais qu’il est a de l’humour so british. Il mérite d’être lu, car après tout, comme l’indique le sous-titre “Confessions d’un sorcier”.Au passage car on les ignore trop souvent, le traducteur des propos de la vedette, Benjamin Peylet qui a su bien restituer l’esprit de Felton.
Par-delà la magie Tom Felton. Leduc 386p.   www.editionsleduc.com

 


 

Une lanceuse d’alerte qu’il faut entendre

Les médias ont perdu toute crédibilité durant la pandémie de la Covid-19 avec des agendas cachés dont on commence à lever le voile. Heureusement qu’il y a des plateformes web indépendantes qui se sont donné pour mission de partager la vérité des choses. Et aussi, et surtout des essayistes qui prennent la peine d’élaborer leurs visions dans de beaux livres, tels des lanceurs d’alerte. Tel est le cas de la politologue Dalie Giroux, qui lance un pavé dans la mare avec Une civilisation de feu qui est ni plus ni moins qu’un constat de faillite de nos sociétés. Dans ce monde hyper-connecté, on est surtout déconnecté du gros bon sens. Ce pourrait être une lecture déprimante de l’état du monde. Au contraire. Certes elle expose les faits, ne faisons pas l’autruche, mais signale la présence de poches de résistances. Il y a des luttes qui se font et qui méritent d’être connues.
Une civilisation de feu Dalie Giroux.Mémoire d’encrier 159p.    www.memoiredencrier.com

 


 

Deux ethnologues qui voulaient préserver la culture au Dahomey

Le Bénin s’appelait jadis le Dahomey. Un pays avec une riche culture en propre qui a largement souffert des visées colonialistes. Mais tous les blancs ne mangeaient pas à la même auge. C’est le cas de deux ethnologues à leur façon, le missionnaire Francis Aupiais (1877-1945) et l’administrateur Bernard Maupoil (1906-1944) qui vont se trouver lầ-bas dans les années 30. Ils vont être stupéfaits de découvrir des rituels merveilleux, des élans de spiritualité dont ils vont rapidement prendre conscience qu’il fallait les préserver à tout prix, bien que les voies et moyens de chacun différaient. Valérie Perlès raconte par le menu leurs parcours. En mal d’exotisme vous allez être gâtés. Ces peuples avaient beaucoup à nous apprendre, que nous de notre côté. On le voit bien à cette lecture édifiante. Puis il y a des photos qui, pour reprendre le cliché bien connu, valent mille mots.
Un roman dahoméen Francis Aupiais & Bernard Maupoil, deux ethnologues en terrain colonial. Par Valérie Perlès. Éditions B42 197p.   www.editions-b42.com

 


 

Ukraine, la lutte pour la domination de l’ordre mondial

La guerre en Ukraine c’est l’illustration de ce conflit avec la Russie où chacun, par pays interposés qui s’activent en coulisses, semblent dire “mon père est plus fort que le tien”. Nous revoyons sur le sol européen, des scènes dignes de la Seconde Guerre mondiale qu’on croyait ne plus avoir eu à revivre. Spécialiste du monde de la défense Thomas Hernault fréquemment invité sur les plateaux des médias, décrypte sur ce qui se trame à travers cette guerre dans un essai fouillé Carnet de guerre 2022. Les véritables ennemis, outre l’Ukraine et la Russie ne s’affrontent pas réellement. Du moins pas dans l’instant. Toute guerre est sale, on le savait. L’essayiste nous expose les véritables enjeux. C’est beaucoup plus vaste que des tirs d’un camp vers l’autre. C’est essentiellement la lutte des grandes puissances pour la domination de l’ordre mondial.
Carnet de guerre 2022 Thomas Hernault. Éditions JPO 317p.    www.editions-jpo.com

 


 

Une prose poétique teintée de nordicité

Andrée Christensen qui a la double casquette d’être femme de lettres et artiste visuel, nous avait donné un texte épique “Depuis toujours, j’entendais la mer” aux éditions David et qui a ramassé une large récolte de prix. Dans cette histoire fabuleuse il y avait un personnage, Freya que l’auteure avait fait disparaître. Mais c’est le droit de cette dernière de donner vie et mort à ces personnages. Mais pour Freya, elle se la réservait. Elle lui donne même le premier rôle dans ce conte nordique en prose poétique Plonge, Freya, vole!. Le texte est superbe, et encore on cherche un qualificatif qui collerait davantage. La protagoniste accomplit dans ces pages un rite initiatique avec la nature. Au passage, ce pourrait être un très beau film d’animation. Et puis une salutation respecteuse à la maison d’édition qui a n’a pas hésité à offrir un bel écrin graphique pour accueillir ces mots.
Plonge, Freya, vole! Andrée Christensen. Éditions David 177p.   www.editionsdavid.com

 


 

Zola sur les amours contrariés d’un couple amoureux à Marseille

Les mystères de Marseille de Émile Zola écrit en 1867 est le fruit d’un feuilleton qui lui avait été commandé par le patron du Messager de Provence. Et qui connut durant neuf mois un succès qui ne s’est pas démenti. Ça raconte les émois d’un jeune homme dépourvu financièrement, Philippe, qui tombe amoureux raide de Blanche, fille d’un député de Marseille. Un homme rigide qui n’entend pas que sa fille prenne comme époux un désargenté de basse extraction. Le jeune homme sera l’objet d’une traque. Comment Philippe va t-il se sortir de ce guêpier. En plus, sa promise est enceinte. Oh, là, là! C’était un des premiers romans du maître de la condition sociale en littérature.
Les mystères de Marseille Émile Zola. Michel Lafon poche 497p.    www.michel-lafon.com

 


 

Analyser Shakespeare à travers différents prismes

Michael Edwards de l’Académie française, est une autorité en ce qui concerne Shakespeare pour lequel il a consacré un nombre d’ouvrages qui font référence. Professeur émérite au Collège de France il est aussi fellow honoraire du Christ’s College de Cambridge. Voilà de belles cartes de visite. Dans son essai La folie Shakespeare il reconnaît d’emblée qu’il n’y a pas une seule façon d’entrevoir le dramaturge anglais. Ici il privilégie l’angle de la folie mais il dépasse largement cette unique vue de l’esprit. Tout comme il ne fait pas Shakespeare un optimiste ni un pessimiste. En fin de lecture on peut s’entendre sur le fait qu’il était lucide en tout et que rien de la nature humaine ne le surprenait.
La folie Shakespeare Une étrange exubérance. Michael Edwards. PUF 273p.      www.puf.com

 


 

Le numérique qui dérégule le marché de l’information

Un proche de notre rédaction, spécialiste du numérique, nous avait mis en garde, que si la numérisation actuelle du monde nous fait peur, nous n’en sommes qu’à l’aurore. De quoi nous faire craindre le pire. Or la peur prend sa source dans l’ignorance. C’est pourquoi le rapport Bronner qui porte le nom de son initiateur Gérald Bronner qui a été présenté en janvier 2022 au président Emmanuel Macron et qui porte sur les perturbations de la vie démocratique par les flux numériques tombe à point nommé. Il est beaucoup question des réseaux sociaux qui fonctionnent désormais en marge des circuits traditionnels de l’information, et sans filtre. Pour le meilleur et pour le pire. Comment passer à travers cet aggiornamento de la vie quotidienne. On sait que la vie ne sera plus pareille, mais qu’en sera t-il de notre futur ? Le rapport se termine par des recommandations pour circonscrire un peu le phénomène actuel.
Les Lumières à l’ère numérique Collectif sous la direction de Gérald Bronner. PUF 231p.      www.puf.com

 


 

Un roman à valeur de documentaire sur les migrants et la santé

L’actualité nous ramène de façon récurrente et tragique le sort des migrants, victimes de passeurs et de l’accueil qui leur est réservé. Et de l’autre, le niveau des soins de santé pour les personnes qui n’ont pas les moyens d’aller au privé. Mêlez tout ça dans un malaxeur et il en sortira un fabuleux roman coup de poing Des vies orageuses coécrit par Mathilde Gal travailleuse sociale et Tcholeiy le surnom d’un collectif militant dont des ressortissants du milieu de la médecine. On ne peut avoir ouvrage plus actuel. Il est étiqueté comme roman certes, mais celà a valeur de documentaire, tellement c’est d’un réalisme saisissant. A placer nettement au-dessus de la liste de vos prochains achats de livres.
Des vies orageuses Mathilde Gal et Tcholeiy. Éditions Le monde à l’envers 260p.   www.lemondealenvers.lautre.net

 


 

Le célibat on n’en meurt pas

Deux historiennes Juliette Eyméoud et Claire-Lise Gaillard nous apprennent que jusqu’au milieu du XVIIIème siècle le mot célibataire n’existait pas. Forcément car on vous obligeait à vous marier. Elles consacrent un charmant bouquin au célibat dans Histoires de célibats une galerie d’hommes et de femmes qui ont fait front à la pression sociale pour vivre la vie qui leur plaisait, avec le maximum de liberté et surtout le moins de responsabilités comme il en existe dans la vie de couple. Leur sélection va du Moyen-Âge au XXème siècle. La première a fait porter sa thèse sur le célibat dans la noblesse française d’Ancien Régime alors que la seconde a fait sa thèse sur le marché de la rencontre en France du XIXème au début du XXème siècle. Il est intéressant de lire pourquoi chacun a décidé de ne pas convoler en justes noces.
Histoires de célibats Juliette Eyméoud et Claire-Lise Gaillard. PUF 180p.      www.puf.com

 


 

Les codes diplomatiques à l’international

Pas faire de gaffe. Voilà l’essentiel à retenir lorsque l’on veut entretenir des relations avec des émissaires de pays étrangers. Comme de savoir que les japonais ont en horreur les contacts physiques. Donc on oublie les étreintes à la méditerranéenne. Frédéric Encel n’en dit pas moins avec ses Petites leçons de diplomatie avec pour sous-titre “ruses et stratagèmes des grands de ce monde à l’usage de tous. Attention, ce n’est pas ici un code de bienséance. C’est surtout axé sur la géopolitique et d’apprendre ce qu’un pays tolère comme comportement ou non. Par extension cela peut-être infiniment utile sur un plan personnel pour le business par exemple. L’auteur est professeur de relations internationales à la Paris School of Business.
Petites leçons de diplomatie Frédéric Encel éditions Autrement 210p.   

 


 

Une pièce de théâtre inclassable autour de Charles Darwin

A la rédaction on évite de recenser des pièces de théâtre, pour la raison que celles-ci vont être appréciées sur scène avec les répliques en bouche des comédiens qui vont donner au texte toute sa couleur. Et de vous dire la difficulté à vous transmettre l’essence de Vous êtes animal écrit par Jean-Philippe Baril Guérard et qui tourne autour d’un Charles Darwin, oui l’auteur de Sur les origines de l’espèce, mais un Darwin de 2023 chargé de cours à l’Université de Montréal et qui a eu la douleur de perdre sa fille de 3 ans. Pour le reste on serait bien mal en peine de trouver le fil conducteur de cette pièce assurément surréaliste, d’autant qu’un des personnages est le morning man Paul Arcand. Mais on se devait en toute honnêteté de rapporter que cette pièce existe et que votre curiosité fasse le reste.
Vous êtes animal Jean-Philippe Baril Guérard. Éditions de ta mère 175p.     www.tamere.org

 


 

Sur les zones d’influence des réseaux sociaux

Que ne dit-on pas des réseaux sociaux que l’on accable du pire. Pour les créateurs du web, qui souhaitaient augmenter la communication entre les être humains, ils sont dévastés de voir que c’est devenu une poubelle du monde où on déverse son fiel, voire des projet criminels. Ou encore de la récupération par des partis politique ou des mouvements. Mais est-ce la totale réalité ? Chris Bail est professeur à la Duke University où il dirige un laboratoire sur la polarisation des réseaux sociaux. Nous avons en traduction française, le fruit de sa réflexion dans Le prisme des réseaux sociaux où il s’attache surtout à la polarisation politique sur Internet où d’ailleurs un Donald Trump est le maître du jeu. C’est déjà un livre de réflexion qui met le “la” sur ce qu’il en est réellement au-delà des affolements que le web suscite.
Le prisme des réseaux sociaux Chris Bail. PUF 294p.    www.puf.com

 


 

Sur la psychanalyse versus les psychotropes

Antônio Xerxenesky est un écrivain brésilien avec qui il faut compter et qui a déjà des palmes à son revers de veste. Il est très sensible à notre époque marquée par la dépression. Remarquez que ce n’est pas d’hier, car comment devaient se sentir les gens en Europe au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Qui a vu arriver en pharmacie dans les années cinquante, la commercialisation des premiers psychotropes. Le romancier campe Une tristesse infinie dans un canton reculé de Suisse où s’est établie un  psychiatre français qui avait sa pratique à Vichy durant la guerre. Maintenant il a une clientèle de gens traumatisés par ce qu’ils ont vécu du conflit mondial. Maintenant comment les aider au mieux ? Par la psychanalyse ou l’injection d’un psychotrope expérimental ?  Un roman cas de conscience, qui en même temps est une analyse des manifestations de la dépression qui est un mal d’une terrible modernité, surtout après la “pandémie” de la Covid-19.
Une tristesse infinie Antônio Xerxenesky. Éditions Asphalte 266p.    www.asphalye-editions.com

 


 

Un complot déclenche la suspicion dans l’armée

Toute guerre, peu importe l’époque, est un terreau inépuisable de sujets. Car on y voit le meilleur comme le pire de l’homme.  Le romancier à succès Luke McCallin le sait bien qui a donné naissance à un personnage de première grandeur par la noblesse de ses sentiments en la personne d’un jeune officier répondant au nom de Gregor Reinhardt. La toile de fond nous transporte dans les derniers soubresauts de cette Première Guerre mondiale reconnue unanimement comme la pire boucherie en termes d’histoires de guerre de l’humanité. Là seront créés des engins de mort de plus grande ampleur, tels le char d’assaut et l’avion pour faire encore plus de victimes. Les esprits sont alors exacerbés chez les survivants. C’est dans ce contexte qu’un attentat est commis dans un mess d’officiers supérieurs cantonnés dans le nord de la France. Un des subordonnés de Reinhardt est celui vers qui se tournent les soupçons. Il a tenté de surcroît de se suicider. Mais Reinhardt est convaincu de son innocence et pousse à regarder ailleurs. Et ce qu’il découvre dépasse la meilleure des imaginations. C’est un thriller militaire rondement mené qui va vous emballer au superlatif point barre.
Conspiration Luke McCallin. Toucan noir 604p.    www.editionsdutoucan.fr

 


 

Une enquête en Papouasie

The visitants de l’auteur australien Randolph Stow est une histoire de crime qui fait penser à la structure des films à la Clouzot. Il y a mort d’homme, ici le suicide d’un officier sur une île éloignée de Papouasie, alors sous protectorat australien. Nous sommes précisons-le en 1959. Pourtant, bien qu’il s’agit d’un cas où un homme s’enlève la vie, des enquêteurs réunissent de possibles témoins. Ces interrogatoires vont permettre d’en connaître davantage sur la personnalité de l’infortuné. Un récit assez classique comme vous le voyez. Mais à la sauce de Mr. Stow il sait varier habilement le genre. De quoi, au passage, faire un autre bon film. Avis aux scénaristes victimes du syndrome de la page blanche. A défaut du septième art, ce roman nous met plein d’images en tête.
The visitants Randolph Stow. Au vent des îles 280p.    www.auventdesiles.pf

 


 

Il était une fois Jeff Bezos

Dans le cas des milliardaires qui sont partis de rien, il ne fait pas cliché de dire à leur propos, qu’ils ont eu une vie de roman. Et celle de Jeff Bezos en est la parfaite illustration du “rêve” américain. Du gars qui a lancé de chez lui le concept gagnant d’Amazon, en remplissant les commandes avec l’aide de sa femme et qui aujourd’hui comme tous ceux de son cercle rapproché du club élite des multi-milliardaire a les yeux de Chimène pour l’espace. Au moment d’écrire ces lignes il est le 3ème homme le plus riche du monde avec une fortune de 114 milliards de dollars. Il a juste perdu 57 milliards avec les chutes de l’action d’Amazon. Bref, pour connaître cette trajectoire hors série, vient de paraître sa biographie par Luc Mary. D’ordinaire, les biographes français sont loin derrière les anglo-saxons pour l’art de raconter une vie. Ça manque souvent de rigueur. Ici il fait exception à la règle avec une manière de retracer ce cheminement sans rien omettre. Un peu à la manière d’un Bertrand Meyer-Stabley. De l’excellent travail. Lors de votre prochaine commande Amazon vous saurez qui vous enrichissez. Notez que l’auteur nous avait gratifié en 2021 d’une biographie d’Elon Musk.
Jeff Bezos D’Amazon à la conquête de l’espace. Luc Mary. l’Archipel 230p.     www.editionsarchipel.com

 


 

Comment aider Peugeot à saboter l’effort de guerre allemand

Dorothée Chesnot est issue du monde de la scénarisation cinématographique. Elle a donc le sens de l’image, à tout le moins de ce qui fait une bonne histoire. Elle a donc décidé de faire le saut en littérature avec ce roman Le sacrifice des lions. Aznavour qui savait raconter mieux que quiconque, affirmait que le succès tient uniquement à la qualité de l’histoire. Et c’en est une. Il y a une protagoniste, Constance, dont le père travaille chez Peugeot à l’usine de Sochaux. L’entreprise a pour mandat de produire pour les allemands une arme de guerre redoutable. Elle sait par son paternel ce qui se trame. Et elle va faire en même temps la rencontre de Hadi qui fomente un sabotage. Voyez, il ne faut pas plus d’ingrédients que ça pour capter son lecteur. Et servi avec un sens de la narration dont elle a hérité du cinéma. La Franche-Comté est le décor d’une action héroïque qui vaut le détour.
Le sacrifice des lions Dorothée Chesnot. Michel Laffont 315p.    www.michel-lafon.com

 


 

Une russe qui défie Poutine

Quelquefois on a de quoi désespérer de l’état du monde et de la lâcheté des hommes. Heureusement que tous ne sont pas fait de la même pâte. Certainement pas Marina Ovsiannikova. Vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu parler d’elle. C’est cette blonde courageuse qui, en plein bulletin de nouvelles de la plus grande de télé russe, s’est plantée derrière la cheffe d’antenne brandissant un écriteau dénonçant la guerre en Ukraine. Un camouflet en mode majeur pour Poutine, lui qui a le contrôle absolu des médias dans son pays.  A la veille de son procès, et grâce à la complicité de Reporters sans frontières, elle s’est échappée de Russie. Elle raconte son pan de vie à nul autre pareil. Elle est culottée comme pas une cette Marina.
No war Marina Ovsiannikova. L’Archipel 250p.     www.editionsarchipel.com

 


 

Le voile islamique, un fait religieux ou culturel ?

Dans les pays occidentaux, la présence de femmes musulmanes voilées perturbent la sérénité sociale. Ce sujet du port ostentatoire de cet accessoire fait toujours débat. Mais on dirait qu’on n’a jamais fait définitivement le tour de la question. Une ancienne journaliste engagée en milieu féministe et ressortissante du Maroc Kenza Bennis a pris sur elle d’aller au front. Pour ce faire elle a interviewé 83 femmes de divers horizons, voilées ou non, de souche ou musulmanes. Cela donne au final une plaquette qui livre des pistes. En fin d’ouvrage l’auteure nous gratifie d’une bibliographie essentielle pour qui voudrait poursuivre sa connaissance de la question.
Les monologues du voile. Kenza Bennis. Robert Laffont Québec 163p.   www.laffont.ca

 


 

La trajectoire de l’eau racontée aux petits

On sera étonné de voir un ouvrage sur l’eau aux éditions du Mont-Blanc dont la raison d’être est de traiter des sujets en hauteur. Mais c’est oublié que l’eau de nos rivières, et autres affluents, ont un point de départ dans les hauteurs, Il s’en passe entre cette goutte d’eau de la montagne et sa conclusion des kilomètres plus bas. Ainsi donc nos deux gentils hôtes Agathe et Momo, à travers l’auteur talentueux Hervé Frumy, qui pilotent la collection “Là-haut” lancent L’eau et ses habitants. On étudie d’abord l’eau en tant qu’entité puis les éléments de la faune qui vivent sous elle. C’est ludique comme tout avec de jolies illustrations explicatives. Un livre à mettre entre toutes les petites mains, et surtout de les arracher à la tablette…
L’eau et ses habitants Hervé Frumy. Éditions du Mont-Blanc 86p.  

 




 

Deux titres sur la maternité

D’ordinaire on rangerait ces deux recensions dans notre rubrique si estimé du coin santé physique et psychologique. Mais comme ce sont deux titres de grande envergure de par le sujet, car comme il en va de la maternité il en va du monde. Le premier ouvrage s’intitule Maternités subversives de Maria Llopis aux éditions Goater. C’est que si depuis la nuit des temps, les femmes ont accouché dans un certain protocole de naissance, il y a des alternatives comme la participation des pères, des pratiques bizarroïdes comme pour certaines mamans de manger un bout du placenta de leur nourrisson car riche de nutriments! Bref, même si accouché est banal en soi, on a trouvé moyen d’apporter des réformes. C’est ce sont nous informe cette féministe activiste. Elle ouvre des portes sur des thèmes tabous encore, comme l’accouchement organisme. Oui, vous avez bien lu, des parturientes jouissent en donnant la vie. Vous ne serez pas au bout de vos surprises.

Le second ouvrage en est un d’histoire, celui de la maternité. Les mères, la grande histoire de la maternité est un collectif aux éditions des Sciences humaines sous la direction de Martine Fournier et Cécile Peltier. Il est un  peu tristounet de lire qu’à l’époque de l’homme des cavernes, la femme allait accoucher seule dans son coin. Quel contraste des siècles plus tard, alors que les femmes accouchent dans des lieux aseptisés au possible avec le recours de toute une pharmacopée dont l’atténuation de la douleur. On allaite ou on biberonne ? Tous, et pas que les femmes en découvriront sur les contextes de la fécondité à travers le temps. C’est riche en anecdotes.

 


 

Une communauté que pour femmes seulement

En Orégon, un rare état progressiste aux États-Unis, existe depuis 1970 des communautés strictement réservées aux femmes. On les nomme Women’s lands. C’est un véritable phénomène social qui pour beaucoup semblerait une utopie. Mais ça fonctionne et si le nombre de ces micro sociétés a diminué, celles qui persistent fonctionnent très bien. Pour bien comprendre de quoi il retourne, voici un reportage de Françoise Flamant qui porte la double casquette de sociologue et d’économiste. Ces sociétés attirent majoritairement des féministes et des lesbiennes. Et pour que l’enjeu soit viable il faut sortir d’une conceptualisation hétérosexuelle normée, genre qui fait le ménage aujourd’hui ? L’auteure ne cache pas au point de départ qu’elle était animée d’une empathie et d’un préjugé favorable.
Women’s lands  Construction d’une utopie. Françoise Flamant. Éditions Ixe 250p.    www.editions-ixe.fr

 


 

A eux deux cent ans, elles décident de profiter de la vie à plein

L’une s’appelle Lenni, elle a dix-sept ans et très malade, la médecine lui dit que le calendrier est en marche et que la fin approche. Elle suit en attendant des cours de peinture et c’est là que sa route croise celle de Margot quatre-vingt-trois ans. Elle aussi de son côté est près du terminus de son existence. Qu’importe, les deux femmes vont vouloir profiter de ce qui leur reste de temps à plein. Voilà l’essentiel du très touchant roman de Marianne Cronin Les cent ans de Lenni et Margot”  dont le total de leurs deux âges donne effectivement cent ans. C’est un hymne à la vie jusqu’au bout de son terme.
Les cent ans de Lenni et Margot Marianne Cronin. Éditions Mazarine 412p.   

 


 

La recherche de sens à la vie, qui sait, est-ce au fond du Brésil?

L’anthropologie a peut-être ceci d’immensément utile comme science, c’est de peut-être de trouver dans les moeurs de civilisations anciennes ou reculées, des points de repères au niveau des valeurs qui ont complètement échappées aux sociétés occidentales livrées aux technologies et qui, étrangement sombrent dans une barbarie déshumanisante. C’est la réflexion qui nous vient en parcourant l’étude très fouillée menée par Agnès Clerc-Renaud auprès des pêcheurs du Ceara et des agriculteurs de Bahia. Qui maintiennent des principes que la scientifique a tôt fait de coiffer comme “À la vie, à la mort”. Elle étudie spécialement le phénomène de la parentèle et de ce qu’on nomme les compères, des parrains pour des enfants, dont ils sont parfois de purs étrangers, sans lien de sang avec l’enfant. Et cela dans le but d’étendre la sphère familiale.
A la vie, à la mort Formes cérémonielles et parentés rituelles au Brésil. Agnès Clerc-Renaud. Presses Universitaires du Midi 310p.   www.pum.univ-tlse2.fr

 


 

Le cas d’espèce de la grève d’Amoco côté lutte ouvrière

Pour ne pas qu’on oublie, les éditions Prise de parole ont donné libre cours à la sociologue Andréanne Gagnon de raviver une grève qui a été marquante en 1980, celle à la compagnie de fibre et tissu Amoco. Elle a duré cinq mois. Les travailleurs de cette entreprise d’Hawkesbury, ville à mi-chemin de Montréal et Ottawa, et largement francophone, revendiquent deux choses, un meilleur salaire et le droit de s’exprimer en français sur leur lieu de travail. L’auteure rappelle tout le contexte de ce conflit de travail hautement symbolique, dont les grévistes ont puisé leur confiance dans ce qui se déroulait au plan syndical au même moment au Québec. Cette étude de cas, montre en quoi peut être effective la solidarité locale. On apprend par contre que l’Église catholique de l’endroit avait refusé de réserver un local aux grévistes…Cet ouvrage est un magnifique devoir de mémoire pour ces travailleurs et résident encore parmi les plus pauvres au pays.
Regards croisés sur la grève d’Amoco à Hawkesbury Une histoire ouvrière de l’Ontario français. Andréanne Gagnon Éditions Prise de parole 159p.  

 




 

Le coin de la BD

Ryota Kurumado s’est donné tout un défi, à savoir transposer en manga le livre phare d’Albert Camus L’étranger. Évidemment il n’était pas question de coller mot pour mot, mais de garder des répliques mais surtout la teneur du message dans ce bouquin qui a pour thème les atermoiements du migrant. Mission réussie pour cette collection Kazoku chez l’éditeur Michel Lafon.
Chez Graph Zeppelin, continuation de l’exploration de la mythologie avec cet autodidacte génial de la BD l’italien Cosimo Ferri qui nous présente Ulysse dans L’île aux cyclopes. Nous sommes au lendemain de la célèbre guerre de Troie. Un retour à la maison qui ne sera pas de tout repos. La mythologie grecque a su gavé son lectorat
de rebondissements. Avez-vous entendu parler des Lotophages qui se nourrissent notamment de plantes psychotropes ? Vous ne serez pas au bout de vos surprises. Ulysse non plus. Sans compter des géants cannibales. Donnons celà à Homère, il savait faire avec l’imagination.

L’éditeur Glénat nous livre un joli dessert avec Les pierres du cauchemar du trio Dooms, Sora et Dreamy. Nous plongeons dans le pur fantastique. Car en effet, les deux premiers qui se trouvent au pays des pirates, vont, alors qu’ils cheminent dans les bois, tombés sur un coffre et des pierres nommées du Cauchemar, avec lesquels ils auront la faculté de pouvoir se déplacer d’une dimension à l’autre. Prisonniers des pirates, on les verra jouer de ruse pour sortir de cet univers. Vous en verrez de toutes les couleurs en leur compagnie.

Chez Vents d’Ouest  du duo  Éric Summer et Miriam Gambino c’est Eugénie ou les Mystères de Paris. Plongeons dans le Second Empire, plus précisément en 1880. Vivant chez son oncle, Edmond, policier qui est dénué de tout sens de la déduction, celui-ci se rend tout de même compte que ce don qui lui échappe, se retrouve tout entier chez la petite Eugénie. Il va donc l’utiliser pour mener ses enquêtes. Ce tandem va faire merveille car la capitale française regorge de secrets.

La division Hellmoute de l’éditeur Rouquemoute, nous gratifie de Hellfest metal love une histoire rocambolesque né du talent conjugué du trio constitué par Jorge Bernstein, Fabrice Hodecent et Pixel Vengeur. On se retrouve dans un festival de musique dans ce qui se fait de plus extrême. Mais les promoteurs ne veulent pas que l’on se contente d’écouter ces rythmes infernaux. Que ce soit également un site de rencontres. Tous les débordements des sens sont permis. Bref, musique trash et amour font ici bon ménage. Nous avons adoré cette BD à mettre au-dessus de votre panier de titres.

 


 

Françoise Hardy dans tous ses états

L’éditeur Casa a choisi de publier d’excellentes biographies dans des albums qui mettent aussi en valeur des photos des sujets concernés. Nous avons droit à celle de Françoise Hardy par Christian Eudeline. Vous croyez avoir tout vu, tout entendu sur la chanteuse ? Détrompez-vous. Dès les premières lignes on est dans les révélations. Ainsi son père qui était homosexuel, bien qu’il se soit marié, a été assassiné par son amant…Sa commence bien une vie pour la jeune fille qui est née dans la même clinique que Johnny Hallyday, celui-ci quelques mois plus tôt. C’est 50 ans de carrière qui défilent dans une richesse iconographique dont témoignent les crédits en fin de livre. C’est un ouvrage parfait pour ceux qui veulent avoir un survol complet de ce qu’elle a été dans sa chanson. Même sa photo en robe métallique si célèbre de Paco Rabanne si trouve.
Françoise Hardy Le temps de l’amour. Éditions Casa 141p.

 


 

Des énigmes, mais pas seulement pour les tout petits

Si vous parvenez déjà à arracher votre jeune à sa tablette, la moitié du travail sera fait. Ensuite mettez lui sous le nez ce grand album Énigmes à l’intérieur du corps humain conçu par Victor Escandell et vous le confronterez à de belles aventures du côté des neurones. En effet, le concepteur de ces énigmes les a établi en fonction du corps humain. Appuyé sur des textes de Victor Sabaté, le lecteur est amené à faire des déductions comme dans une enquête policière. C’est rudement bien fait. Sous la couverture se trouve une petite pochette contenant un filtre que l’on appose aux endroits demandés et qui permet de connaître les bonnes réponses. Même les adultes prendront plaisir à chercher à résoudre les affaires proposées.
Énigmes Victor Escandell et Victor Sabaté. Éditions Saltimbanque 62p.   

 


 

Explorer les dinosaures

Le cinéma américain a mis en avant le seul Tyrannosaure Rex pour faire peur aux auditoires, mais l’époque préhistorique en comptait davantage. Tous aussi impressionnant les uns que les autres. Et ce sujet doit en fasciner plus d’un, car annuellement on ne compte plus le nombre d’ouvrages les concernant. Le dernier en date Super dinosaures de Felicity Fitchard sur des illustrations de David Cameron et Laura Pablo vous introduit dans ce monde surdimensionné avec des bêtes hors norme. Non seulement on les répertorie, mais on analyse chacune des composantes tels le regard ou les griffes. Les illustrations sont superbes.
Super dinosaures Felicity Fitchard et David Cameron et Laura Pablo. Broquet 64p.   www.broquet.ca

 




 

Deux albums sur le thème d’Avatar

Pour la petite histoire, il faut savoir que le cinéaste canadien d’origine James Cameron, après le triomphe de son film Titanic, a présenté après coup aux pontes d’Hollywood son projet Avatar. Qui s’est vu dans un premier temps, rejeté du revers de la main! Comme quoi toute persistance à du bon, le réalisateur a fini par obtenir le feu vert. Il peut rire dans sa barbe, car Avatar a atteint avec la suite dit-on, le milliard de dollars au box-office. De quoi donner le tournis. Le film le plus payant de tous les temps. Cette mythologie aquatique a fait mouche. Et pour comprendre un peu ce qui fascine, dans la foulée deux albums paraissent chez l’éditeur Broquet Avatar le guide de Pandora et Avatar la voie de l’eau, l’encyclopédie illustré. Vous pouvez imaginer que l’on n’a pas lésiné sur la présentation graphique. Dans les deux cas on nous explique tout ce qui concerne la scénarisation, les forces en présence, etc. Avec ces deux tomes vous deviendrez incollable sur le sujet.
www.broquet.ca

 




 

Le coin santé physique et psychologique

Et si les stratégies de guerre pouvaient nous être utiles pour être capable de combattre dans notre vie quotidienne ? C’est la proposition que nous fait Robert Greene dans son opuscule Stratégie les 33 lois de la guerre chez Alisio. Ce spécialiste du développement personnel a scruté les moyens que prennent les stratèges militaires pour venir à bout de leurs adversaires. Avec nul autre moyen que le verbe comme arme de défense, vous allez voir que si la guerre est sale par définition on peut quand même y puiser des enseignements.

Chez l’éditeur Leduc signé June Fujiwara ce sont Mes rituels japonais. Les japonais ont pour eux des traditions remontant à des millénaires, qui ont eu le temps de faire leur preuve, notamment en ce qui a trait aux questions sanitaires et alimentaires. L’auteure, francophile jusqu’au bout des ongles, elle s’est fait plaisir d’écrire en français, pour nous partager un savoir nippon axé sur ces trois grands thèmes: les recettes gourmandes, les secrets ancestraux de beauté et les traditions japonaises de bien-être. Par exemple, côté alimentation, avez-vous entendu parler des poissons bleus riches en omégas ?