- NOVEMBRE 2023 -
 
     
 


 

Un objecteur de conscience anti-nazi le paie de sa vie

il avait pour nom Franz Jägerstätter et c’était un agriculteur autrichien, il s’était signalé dans son village pour avoir été l’unique citoyen à voter contre l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne, le fameux Anschluss si cher à Hitler, l’Autriche étant le pays natal de ce dernier. Son opposition au nazisme ne s’arrêtera pas là. Il sera conscrit comme tous ses compatriotes, mais il décide de jouer la carte fatale de l’objecteur de conscience. Il n’a aucunement le goût de servir de chair à canon pour les visées expansionnistes du chancelier allemand. Traduit devant un tribunal militaire, il sera jugé coupable d’insubordination et condamné à être décapité. Ce sera chose faite le 9 août 1943. Cette bravoure ne sera pas ignorée par le Vatican car le 26 octobre 2007 le pape Benoît XVI l’élèvera au rang de bienheureux martyr. C’est cette vie d’engagement envers ses valeurs que reprend Francesco Comina dans Seul contre Hitler. Une vie inspirante s’il en est.
Seul contre Hitler Francesco Comina. Salvator 210p.   www.editions-salvator.com

 

 

 


 

Deux petits romans chez L’Interligne mais grands par delà le format

Aux éditions L’Interligne, le catalogue s’enrichit de deux petits joyaux, deux courts romans: Ainsi soit-iel de José Claer et Les nuages du métro de Marine Sibileau. Dans le premier titre , Claer nous offre un thriller policier. Il y aurait dans la ville une sorte de Gilles de Rais qui trucide des enfants de 7 ans qu’il camoufle dans des bonhommes de neige. Avouez que côté imagination on est servi. Comme pour tout roman policier, on fera l’économie de vous livrer la conclusion sur cette espèce de serial killer. C’est écrit trash. Le bon mot cru à la bonne place. En complément vous avez un recueil de poésie titré ainsi Le risque du je présenté comme une suite poétique de René-Pascal “recueil de poésie posthume” extrait “ En récitant l’Alpha et l’Oméga l’alphabet des papesses transsexuelles personne n’est plus fertile qu’elles” Une sorte de deux dans un qui vaut le détour.
Puis changement radical de couleur avec Marine Sibileau qui nous pose à sa manière une question. A quoi peut bien penser un changeur dans une station de métro dans sa guérite à longueur de journée ? La ou les réponses se trouvent dans Les nuages du métro avec son personnage principal qui exerce ce métier à la station de métro Sherbrooke à Montréal. Nous on passe très souvent devant lui, sans même le remarquer quotidiennement. Mais lui nous voit. C’est un observateur privilégié des homos sapiens que nous sommes. Le grand talent de l’écrivaine est de s’investir totalement dans la tête d‘un homme d’une part et à travers son occupation journalière. C’est écrit à la première personne avec le dynamisme que confère ce choix.

 


 

Vingt-cinq légendes de Charlevoix et pas n’importe lesquelles

Pour la raison que l’ethnologue Serge Gauthier qui les a rassemblées, a choisi il est dit d’entrée de jeu, les plus belles. L’opuscule Les plus belles légendes de Charlevoix livre en quelques lignes, un fait mythique presque qui a alimenté les belles soirées au coin du poêle. Il y en a une entre autres que nous avons aimé et qui raconte comment les oies ont sauvé des nôtres à Baie-Saint-Paul au cours de la Conquête. C’est dommage que les spectacles de contes qui ont essaimé dans la foulée d’un Fred Pellerin et qui étaient très populaires il y a quelques années, aient été un engouement passager. Avec ce recueil,  il y a de quoi animer merveilleusement une soirée du genre en un lieu intime et humain, loin, loin de l’ère numérique.
Les plus belles légendes de Charlevoix Serge Gauthier. Éditions Charlevoix 60p.     www.shistoirecharlvoix.com

 


 

Serge Gauthier dans tous ses états

Plus tôt dans cette colonne on a salué l’initiative de Serge Gauthier qui, aux éditions Charlevoix, a rassemblé de très belles légendes de ce coin de pays. Mais il est multiple cet ethnologue en carrière, triplé des casquettes d’éditeur et d’historien. Ainsi il nous fait la faveur de deux plaquettes, l’une faisant voir son incursion dans le théâtre avec Côte à Pic, deux hommes avec une différence d’âge de deux générations qui gravissent la dite côte en échangeant chacun leurs états d’âme. Ce serait curieux au plan scénique de voir la transposition sur scène. C’est ici du théâtre métaphysique. Puis il y a aussi le poète avec Piqueries, le titre annonçant la couleur d’un monde où la drogue domine. Extrait “Malsaines veines rouges pleines dans l’attente du dur hiver de la seringue”. Les deux ouvrages sont également publiés aux éditions Charlevoix.
www.shistoirecharlevoix.com

 


 

Mini traité sur le complotisme

Depuis l’historique 11 septembre 2001 le mot complotiste a surgi à toutes les sauces. On s’est mis à voir du complot partout. Remarquez que l’assassinat du président Kennedy a drainé son lot d’hypothèses complotistes et ça n’a pas cessé depuis 1963. Et on ne parle pas de tout ce qui s’est raconté concernant la  “pandémie” de la Covid-19. Un tout petit, mais alors tout petit livre sort aux Presses Universitaires Blaise-Pascal dans la collection “L'opportune” qui s’est donné comme mandat de répondre de façon succincte à de grands questionnements. Et on consacre justement un ouvrage sur ce sujet. De quoi se forger une idée. Surtout que les fake news sont légions qui, elles précisément sont alimentées par des complotistes. On a même droit en fin d’ouvrage à une bibliographie pertinente.
Le phénomène complotiste. Jérôme Grondeux. Presses Universitaires Blaise-Pascal 62p        www.pubp.fr

 


 

Chaque vie à valeur de récit, une autre preuve

Quand on entend dans les médias, surtout en France, traiter le petit peuple d’anonyme, il y a là quelque chose de condescendant. Or si vous interviewez chacun de ces anonymes on serait surpris de voir qu’il y a à travers eux des pages de vie, de quoi écrire un livre. Ce préambule avec un exemple, celui de Claudette Frenette qui se raconte dans Tes traits dans la pierre où il est question de la disparition d’être aimés. Le poète l’a bien dit jadis que la mort avait des douleurs à nulle autre pareille. Elle le couche sur papier. Son récit touchant, est complété par des nouvelles qui ne manquent pas d’intérêt. Certain que l’auteure n’a pas de visée à enlever le Goncourt, mais on s’en fout. Son témoignage est écrit avec le coeur vers les coeurs et c’est ce qui lui vaut notre suffrage.
Tes traits dans la pierre Claudette Frenette. Éditions Charlevoix 152p.   www.shistoirecharlevoix.com

 


 

Britney Spears se dévoile et ça n’a rien d’un écrit “people”

Il  y avait à travers notre rédaction quelque chose qui nous disait que la sortie de l’autobiographie de Britney Spears irait au-delà du livre habituel de vedettes dont la valeur n’a d’autre que d’être un produit dérivé pour alimenter les coffres de l’artiste. Et on ne s’est pas trompé et on n’est pas les seuls car même le sérieux quotidien Le Devoir a cru bon de s’y intéresser, y voyant comme nous d’ailleurs, la proclamation d’une femme qui ne veut pas s’en laisser imposer par le diktat mâle. Son combat contre son père qui a toujours voulu la régenter s’inscrit dans une perspective réellement féministe. Même si en cours de route elle a gaffé. Qu’on aime son  genre musical importe peu, ni aussi si elle l’a écrit elle-même ou qu’elle se soit faite aidée. C’est le résultat qui compte, un témoignage de qualité qui nous décrit aussi un peu du milieu “merveilleux” du show-business. On salue la transparence du propos. Elle qui est habituée à se mettre à poil physiquement, n’a pas plus de gêne à se déshabiller psychiquement.  Chapeau à la démarche salutaire.
La femme en moi Britney Spears. JC Lattès 284p.   www.editions-jclattes.fr

 


 

Louise Portal l’artiste qui nous fait du bien

Nous avions beaucoup aimé le livre que Louise Portal avait consacré à sa soeur jumelle défunte, la comédienne Pauline Lapointe. La première est une femme sincère qui n’a pas beaucoup de filtre. Mais qui en même temps a du positif dans son ADN qui fait sa marque de commerce. Et non pas du type jovialiste à tout crin. On le ressent bien avec ce nouveau livre écrit en collaboration avec Samuel Larochelle Louise Portal aimer, incarner, écrire”. Qui est d’essence biographique où l’artiste revient sur son milieu familial, ses débuts. Amateurs de croustilles vous ne serez pas laissé en reste car vous apprendrez que son père est homosexuel et qu’elle a été danseuse nue pour garnir son budget. Aujourd’hui septuagénaire et toujours en beauté, ce sont ses leçons de vie qu’elle partage avec les lecteurs.  Une lecture qui fait du bien, comme celles-ci qui s’inscrivent dans une optique de croissance personnelle. Elle traverse admirablement le temps et c’est pourquoi elle mérite d’être lue.
Louise Portal aimer, incarner, écrire En collaboration avec Samuel Larochelle. Druide 265p.      www.editionsdruide.com

 


 

Sur les visées de la colonisation, l’expérience antique grecque

Nicolas Faelli docteur en histoire de l’Université de Montréal et de l’université libre de Bruxelles et est touché par l’Antiquité dans le cadre de ses recherches et par intérêt premier. Il nous présente un essai La Méditerranée et l’Atlantique dans lequel il interroge l’histoire des colonies grecques jusqu’aux temps modernes.  Il donne du sens à la démarche grecque colonisatrice, le pourquoi et le comment. Par la même occasion il nous décrit les différenciations d’avec les entreprises menées par l’Espagne, l’Angleterre et la France. Un essai fort opportun puisque la notion de colonisation est toujours d’actualité. On n’a qu’à voir le fond de commerce du conflit israelo-palestinien.
La Méditerranée et l’Atlantique Nicolas Faelli. Presses de l’Université Laval 224p.     www.pulaval.com

 


 

Pourquoi on est à court de profs

C’est une réalité qui nous est sautée en pleine figure. Du jour au lendemain on s’est retrouvé avec une pénurie grave d’enseignants. On savait que beaucoup souffraient de stress, certains abandonnant pas plus tard qu’après cinq ans d’expérience. Des élèves qui agressent leurs profs, du rarement vu avant, avec une génération de petits et grands à qui on n’a jamais rien refusé et qui rejette d’emblée tout diktat professoral. Bref il y a de quoi aller voir en profondeur et c’est ce travail en collectif que l’on produit Les pénuries dans l’enseignement sous la direction de Vincent Dupriez, Danièle Périsset et Maurice Tardif. Une radiographie sur ce qui ne va plus dans nos classes. A lire pour comprendre la problématique existante.
Les pénuries dans l’enseignement Collectif. Les Presses de l’Université Laval 190p.    www.pulaval.com

 


 

Une nouvelle saga de Michel Langlois

C’est étrange qu’un écrivain de la trempe de Michel Langlois, marathonien de l’écriture, ne soit pas invité sur les plateaux de radio et télé. Il est vrai que si le propre ministre de la Culture du Québec a admis ne pas savoir qui est André Brassard, on peut comprendre que le mauvais exemple venant d’en haut à des répercussions aux étages médiatiques. C’est que Langlois tutoie les best-sellers depuis longtemps. Et ça ne s’arrête pas, car nous vous faisons savoir qu’il entame une nouvelle saga Chez les Panet narrant les tribulations d’un juriste d’origine française qui débarque en Nouvelle-France engendrant quatorze mômes avec sa douce et qui va ainsi donner naissance à une famille influente. A travers les péripéties familiales, l’auteur nous livre un cours d’histoire sur le milieu auquel est confronté son héros et sa smala. Ceux qui connaissent l’auteur seront au comble et les autres une belle occasion de le découvrir. C’est en même temps, au vu des déficiences des cours en histoire dans le domaine de l’éducation, un beau devoir de mémoire.
Chez les Panet Au-delà du rêve. Michel Langlois. Les éditeurs réunis 370p.      www.lesediteursrenuis.com

 


 

Des vacances déjantées
La revue littéraire L’Autoroute de Sable fait large place à l’absurde. Que l’on adore car tellement a contrario d’un monde que l’on voudrait formaté, ordonné, efficace. Là, dans ces pages, surtout du no. 6 consacré à des voyages, des vacances. Chacun lâche son fou. Et ça donne des nouvelles irrésistible dont chacune pourrait faire l’objet d’un court-métrage. Quand par exemple un contributeur est d’origine hispanique, le texte que l’on peut voir est uniquement en espagnol.  Ce sont pour résumer, des lectures libératrices car chacun des treize auteurs qui s’y trouvent, lâchent leur fou.
L’Autoroute de Sable Numéro 6   232p.   www.lautoroutedesable.fr

 


 

Vraiment un livre bizarre
Si vous êtes à l’aise avec l’incohérence, alors vous serez chez vous avec La fin des coquillettes de Klaire fait Grr dont on ne se trompera pas que c’est un pseudonyme. Mais qui s’en donne à coeur joie en libérant la parole par l’écrit, sur toutes sortes de sujets, mêlant une baleine qui échoue dans une commune de France, épiloguant sur la notion de charivari.  C’est un beau comme l’ouvrage précédent que nous recensons, à savoir la revue l’Autoroute des Sables, qui part dans toutes les directions. Serait-ce la nouvelle tendance littéraire du moment ? l’annonce d’une sorte de surréalisme. En tout cas, ça se prend très bien cet opus de dame fait Grr.
La fin des coquillettes Klaire fait Grr. Binge Audio  191p.    www.binge.audio

 


 

Un membre de la nation Cri se livre dans de courts récits poignants
Le titre Piisim Napeu veut dire en langue cri “homme soleil” attribué à Georges Pisimopeo qui nous fait cadeau d’un petit assemblage de récits de sa vie. Et elle n’a pas été facile, que non! D’abord il a été le jouet sexuel des pères Oblats, dont il raconte que le chouchoutage, institution par laquelle on favorisait les élèves dociles qui acceptaient de jouir dans le lit des religieux, moyennant quoi on arrangeait les examens. Puis son frère a été abattu au cours d’une rixe sanglante. Disons pour résumer qu’il ne la pas eu facile et que son passage terrestre jusqu’ici a été une succession de karmas. Mais il fallait que ces choses là soient dites et elles le sont, écrites avec émotion.
Piisim Napeu Georges Pisimopeo. Hannenorak 118p.    www.editions.hannenorak.com

 


 

Un franco-ontarien réfléchit à haute voix sur la notion d’appartenance
Comme on est destiné tous en commun à être mortels, pourquoi faire tout un plat de l’identité ? Telle est la question ? Surtout quand on est franco-ontarien et que l’on voit au loin le Québec, pourtant bastion de la lutte francophone s’enliser dans les attraits de la culture anglophone. Cela donne de la part de Robert Majour un  petit essai mi autobiographique, mi réflectif sur sa condition de franco-ontarien. Identité, appartenances un parcours franco-ontarien n’avait pas besoin de faire 500 pages pour aller à l’essentiel de sa préoccupation. L’auteur qui a un long parcours universitaire derrière lui s’offre ces interrogations qu’il partage, ses inquiétudes de même que sa persévérance.
Identité, appartenances un parcours franco-ontarien Robert Major. Les Presses de l’Université d’Ottawa 126p.     www.Presses.UOttawa.ca

 


 

Auteur-compositeur-interprète Vincent Vallières devient écrivain
Vincent Vallières avec derrière lui neuf albums et un public qui lui est fidèle, a senti le besoin de s’exprimer autrement. Il est allé chercher davantage de mots que dans une chanson pour en faire un premier récit de ses pérégrinations d’artiste à travers le pays. Comment qualifier cette démarche si ce n’est qu’elle est terriblement humaine. Car ce qu’a voulu chercher cet artiste c’est d’être confronté à l’âme des gens. Au final, Du bitume et du vent est un road trip pancanadien qui fait grand bien à lire. Pour une première incursion en littérature, ça annonce de grandes choses. A ceux qui décernent des prix pour un premier livre, regardez de ce côté là svp.
Du bitume et du vent Vincent Vallières. Mémoire d’encrier 252p.    www.memoiredencrier.com

 


 

Le coin de la poésie
Le saviez-vous ? Il existe de la grande poésie. Pas besoin de la définir. Elle vous saute aux yeux. C’est ce qui ressort de la lecture de Je reviendrai pour le mélilot en fleurs de Laurie Dinardo qui est proprement de la poésie inspirée par la nature pour l’essentiel. Les strophes sont si belles qu’on ne peut s’empêcher de les relire à la suite. A preuve cet extrait “Les journées sont des montagnes qui poussent en équilibre. J’ai des points de suture sur la bouche, je ne sais plus comment dire les choses”. Ce trésor est publié aux éditions Fond’Tonne.

Aux éditions de la maison en feu un recueil naturaliste de Émilie Pedneault “Crâbe” La poétesse trouve sa source inspiratrice dans la nature qui l’entoure et sait bien en parler. Avec elle on élève le niveau et la poésie retrouve ses airs de noblesse. Extrait “mes rivières contaminées l’angoisse existante de mes eaux j’assécherai tout ne vous refuserai jamais mousses lichens boutures”.  Qu’il est bon en sa compagnie de sortir de l’ère éprouvante du numérique!

 


 

Pauvre Emma dans cette sordide maison pour gens âgés
Tiens, c’est rare que l’on plante le décor de son roman dans une résidence pour gens âgés. Déjà un trait d’originalité pour ce roman de Je mens, songe et m’en tire. Au départ, c’est une animatrice dans un foyer pour gens âgés qui s’appelle Emma. Entre autres activités, elle propose aux résidents, que chacun écrive sa propre autobiographie. Et pour des raisons obscures, la direction de l’établissement semble déranger par cette initiative. Et on fait donc des misères à l’employée. La directrice va même opposer son veto à cette activité, et non satisfaite va accuser Emma d’extorsion de fonds. Dire que le climat est toxique est un euphémisme. Sans compter que, cerise sur le gâteau, une pensionnaire meurt. Et on soupçonne l’infortunée animatrice qui incarne à elle seule le dicton qu’un malheur n’arrive jamais seul. Comment s’en sortira-t-elle ? A vous de le découvrir. Nous on a beaucoup aimé en tout cas.
Je mens, songe et m’en tire Monique Hauy. Éditions David 246p.   www.editionsdavid.com

 


 

Connaître la défunte reine Elizabeth II en quelques lignes
Même si Charles III s’acquitte au mieux de sa tâche, il ne parviendra pas à jouir du même niveau d’estime que sa défunte mère aux 70 ans de règne. On vient d’inaugurer à Londres un bronze la représentant en plein pied, d’un très grand réalisme. Il y a aussi tout près un bronze représentant le Prince Philip tout aussi réaliste. Pour ceux qui veulent savoir en quoi cette monarque s’est distinguée et ce qui lui a permis de faire l’unanimité chez elle, il faut lire 24 heures de la vie d’Elizabeth II de Julie Robert. Cette dernière a consacré un film sur la souveraine. Elle nous communique des clés de compréhension sur sa personnalité et comment son flegme a fait l’admiration de tous.
24 heures de la vie d’Elizabeth II Julie Robert. PUF 115p.    www.puf.com

 


 

Dernier volet de la trilogie de Wajdi Mouawad
Après “Seuls” et “Soeurs” voici que se clôture la trilogie de Wajdi Mouawad avec Mère. Qui est toujours centré sur une famille libanaise. Avec cette fois, une mère et ses trois enfants qui s’exile à Paris, privé de la présence du mari et pour les enfants de leur père. Car ce dernier retenu par ses activités ne peut pas les rejoindre. Alors il y a là des douleurs à nulle autre pareille qui sont bien exprimées par le dramaturge qu’il est. Et lui qui est citoyen du monde, sait bien ce qu’il en coûte de quitter son pays. Des pages touchantes au possible et un portrait de femme admirable. Du grand théâtre!
Mère Wajdi Mouawad. Leméac 82p.   

 


 

Une oeuvre à l’ONF qui a valu des misères à Hubert Aquin
Nous avons dit beaucoup de bien du tome 1 qu’a consacré le bibliothécaire à l’Université de Montréal Nino Gabrielli à Hubert Aquin et les médias. Voici le second tome qui explore un épisode très lourd dans la vie tragique du  journaliste et écrivain, celui entourant la préparation d’un projet de documentaire à l’Office National du Film ayant pour titre “A l’heure de la décolonisation” et pour lequel il invitait des pointures intellectuelles de divers horizons. Sauf qu’à l’ONF on l’a vu avec d’autres, notamment avec Marcel Dubé, on se heurtait très facilement à des fonctionnaires plus que des créateurs. Avec à la clé un clash annoncé. Tellement dans le cas d’Aquin qu’il conduisit à sa mise à l’écart de l’institution. Le projet a pris l’eau, mais les interviews qui devaient servir à nourrir ce film sont disponibles ici en lecture. Saluons ici le travail de bénédictin de l’essayiste qui a compulsé combien de documents pour en arriver à un tel travail de précision. Il est dit dans le communiqué accompagnant cette sortie que ça vaut bien un roman.
Hubert Aquin et les médias Volume II 1961/1963 Nino Gabrielli. Leméac 426p.   

 


 

Le populisme sous toutes les coutures
Donald Trump a relancé la notion de populisme, une conceptualisation de la politique que maintenant les médias collent à bien des régimes comme en Italie, au Brésil sous Bolsonaro, en Hongrie et ailleurs sur la planète. Mais qu’est-ce au juste que le populisme vu à travers le prisme de l’analyse en sciences sociales ? Eh bien nous arrive un essai en collectif qui fera référence Populisme et sciences sociales sous la direction de Frédérick Guillaume Dufour professeur à la Faculté des sciences humaines à l’UQAM et Efe Peker qui enseigne également la sociologie à l’Université d’Ottawa. Tout ce que vous vouliez savoir à son sujet et que vous n’osiez demander s’y trouve. Ici on met de l’avant également des perspectives québécoises, canadiennes et transatlantiques.
Populisme et sciences sociales Collectif sous la direction de Frédérick Guillaume Dufour et Efe Peker. Les Presses de l’Université d’Ottawa 335p.    www..uOttawa.ca

 

 


 

Les grandes effacées qui ont fait la littérature
Avec des textes choisis et présentés par ses soins Daphné Ticrizenis persiste et signe avec le tome II de Autrices avec pour sous-titre qui éclaire la démarche “Ces grandes effacées qui ont fait la littérature”. Le premier volume survolait le Moyen-Âge jusqu’à la Renaissance et le deuxième les XVIIIème et XIXème siècles. C’est la réponse éclatante à ces misogynes qui n’ont vu de la littérature de génie, celle ne provenant que des hommes. On a même entendu qu’il n’y a pas chez les femmes d’équivalent à des Ronsard, Balzac, Lamartine ou Rimbaud. Eh bien en parcourant les pages  de ce deuxième volet, tout comme c’était pour le premier, on se rend compte qu’on a écarté la gent féminine qui ne devait être là que pour le charme et le domestique. Sur le plateau de C’est à vous, lors du passage de la chanteuse Lynda Lemay on a pu voir une archive de son mentor Charles Aznavour qui complimentait ainsi son talent car pour lui, c’est une écriture d’homme…Et que de découvertes à faire dont Séverine la première directrice d’un quotidien en France.  Un grand travail salutaire de réhabilitation.
Autrices Tome 2  XVIIIème-XIXème siècles par Daphné Ticrizenis. Hors d’atteinte 329p. www.horsdatteinte.org

 


 

Les attraits de l’Antarctique
Caroline Côté ne doit pas avoir beaucoup d’appétit à se retrouver dans un bureau de 9 à 5. Il lui faut du grand large, des défis. Et elle s’en est donné tout un un en fracassant un record du monde en parcourant la distance de 1,138 kilomètres entre Hercules Inlet et le pôle Sud, seule en ski et totalement autonome. Le record précédent appartenait à une suédoise. Notre compatriote et héroïne raconte son périple unique dans un très bel album L’appel de l’Antarctique. Elle détaille la préparation physique, les embûches qu’elle rencontre, le poil qui lui pousse, car évidemment on n’a pas la possibilité de se raser avec moins vingt degrés.  C’est un récit emballant appuyé par de jolies photos. Chapeau l’artiste!
L’appel de l’Antarctique Caroline Côté. Goélette 145 p. www.goelette.ca

 


 

Le fatal bilan des autochtones de l’Océanie avec les envahisseurs

Vous n’étiez peut-être pas au courant, mais les visées chrétiennes, opportunistes au plan économique et quoi encore ont eu des répercussions désastreuses sur les populations de l’Océanie. Au contact des occidentaux a proliféré des maladies sans nombre qui ont fini par décimer des populations. Des cas de dysenterie par exemple où on raconte que les vivants peinaient à enterrer leurs morts. C’est une triste page de l’humanité que nous raconte avec minutie historique Christophe Sand dans ce gros pavé Hécatombe océanienne qui est l’histoire de la dépopulation du Pacifique à partir du XVIème siècle jusqu’au XXème. Cet archéologue calédonien a potassé son sujet sous tous ses aspects. Au final un ouvrage qui force le respect. C’est un titre qui sera un fleuron des éditions Au vent des îles. Et on voit que les colonisateurs ne se privaient pas des faveurs féminines avec des conséquences…De vérifier encore une fois les sottises de l’homme blanc qui se croit tout permis.
Hécatombe océanienne Christophe Sand. Au vent des îles 374 p.
www.auventdesiles.pf

 


 

Deux petites lectures délectables pour nos jeunes chez Glénat

Ce sont deux petites historiettes publiées chez Glénat que l’on destine a priori aux jeunes, mais si vous êtes adulte et avez conservé votre enfance, rien n’interdit d’aller jeter un coup d’oeil. D’abord Sophie Huard qui débarque avec La bande d’après-ski. Il est question, violence exclue bien sûr, d’une guéguerre entre deux clubs de skis sur le même territoire.  Rien de bien méchant bien sûr, mais c’est tout de même un sacré bordel à savoir qui va s’approprier le secteur.
Changement total de registre avec Kilou Feltin et Le mystère de la ligne bleue. Nous sommes confrontés à un sacré mystère. En effet c’est une rame de métro qui comporte un wagon qu’on ne voit pas du quai. Mais une fois à l’intérieur il y a un aménagement de super vidéo où tu peux visionner tes jeux mieux qu’à la maison. Mais comment cela se peut-il ? Voilà le mystère à élucider.  En résumé, l’imagination est ici au pouvoir.

 


 

Un post-mortem sur le mariage pour tous

Présentons d’abord l’auteure, Rozenn Le Carboulec travaille à Médiapart et elle a été précédemment rédactrice en chef du magazine LGBT Têtu. C’est une lesbienne affichée qui jette un regard sur ce qu’a amené socialement la notion de mariage pour tous dix ans plus tard. Une rétrospective du contexte d’alors, d’une part. Et dans son premier livre, réussi au niveau de la qualité des idées émises, elle traite du climat actuel qui voit la résurgence d’une homophobie à l’heure du wokisme et de la montée de l’extrême droite. C’est une réflexion qui devait se faire. Son travail est très bien documenté et apporte au lecteur de quoi il ressort. Le titre Les humilié-es annonce la couleur, car au moment des manifs contre le mariage pour tous, soutenu par la “sainte” église cahtolique, les gays et lesbiennes se sont senti vraiment “ghettoïser”.  
Les humilié-es  Rozenn Le Carboulec. Équateurs 297p.    www.editionsdesequateurs.fr

 


 

Deux mecs des forces de l’ordre aborde la question de la violence

Au cas où vous ne le sauriez pas, l’homme est violent. C’est dans son ADN. Notre barde Raymond Lévesque l’avait bien compris qui, dans son tube considéré comme la plus belle chanson de la francophonie “Quand les hommes vivront d’amour” il ajoutait “nous, nous serons morts mon frères! Eh bien Jean-Luc Riva ex-militaire et spécialiste du renseignement et Philippe B. (pseudonyme Aton) un ex lui du GIGN les forces spéciales n’en disent pas moins, qui tentent une explication psychologique à la montée de la violence dont nous sommes tous témoins. On n’a qu’à voir comment Marseille est devenue une sorte de Chicago où on n’hésite plus à tirer en plein jour et narguer la police. En même temps que l’on pourrait être effrayé d’un tel constat, les coauteurs sans verser dans le jovialisme, nous montrent que nous avons encore les moyens de réagir. Qui a dit que l’on devait être passif ?
Se préparer au pire Aton & Riva. Albin Michel 236p.  

 


 

Noël source de traumatisme

Les célébrations des Fêtes de Noël et du Jour de l’An, mais plus spécifiquement Noël, est une source ininterrompue de stress: organisation de réveillon, chez qui ? l’achat de cadeaux qui ne frustreront pas le ou les bénéficiaires, la cuisine à faire bref. Audrée Archambault semble en connaître un rayon qui nous offre une facétieuse histoire, les malheurs d’une jeune femme qui est pris dans l’étau de Noël. Tout est source d’angoisse, même de ne pas oublier les napkins. Si vous voulez rire un brin, courez vous procurer ce titre 24 jours pour survivre au réveillon qui va bien vous préparer au pire à venir. Et qui, comme Audrée fait rire, en cette époque, c’est une bienfaitrice de l’humanité.
24 jours pour survivre au réveillon Audrée Archambault. Fides 296p.   www.groupefides.com

 




 

Les attendues revue de l’année des Chapleau et Côté

Un signe avant-coureur qui indique que l’année achève est l’arrivée des rétrospectives des caricaturistes Serge Chapleau et André-Philippe Côté. Comme la bêtise est plus que jamais triomphante dans nos administrations, vous pouvez imaginer que les deux gars s’en donnent à coeur joie. Quand on dit qu’une image vaut mille mots, on a retenu chez Chapleau, qui veut montrer à quel point que le Canada est un puceron au plan diplomatique mondial, on voit Justin Trudeau se servir d’un escabeau pour aller chuchoter à l’oreille de Xi Jing Ping qui le regarde avec une moue condescendante. Chapleau est ici au zénith de son talent.
Côté (de son côté, excusez le jeu de mots facile) est aussi mordant que son condisciple. A propos des conditions dans les CHSLD une formatrice dit ceci à des novices préposé(e)s aux bénéficiaires “Surtout, surtout, ne jamais manger une toast au beurre de peanut qui traîne sur un plateau”. Merci messieurs de nous faire rire à plein. Le rire rend le quotidien plus fréquentable. Les deux titres sont aux éditions La Presse.

 


 

A la rencontre de deux adorables sorcières

Quel préjugé que de croire que toutes les sorcières sont affreusement laides au dehors comme au-dedans. Marguerite et Clémentine opposent un fervent démenti. Allez voir ce qu’en disent les créatrices Marilou Savoie et Pauline Dugas dans ce conte pour les touts petits L’éveil du loup. Nous sommes dans un village en saison hivernale. Et vous savez ce qui chauffe nos deux amies, parvenir à dévorer les brioches à la cannelle de Papi Bello. C’est quasi une addiction chez elles. Et voyez ce qu’elles peuvent entreprendre pour arriver à se satisfaire.
Marguerite et Clémentine L’éveil du loup La Grande Marée 26p.  www.lagrandemaree.ca

 






 

De quoi occuper les jeunes têtes

Chers parents, nous vous exhortons à ne jamais laisser une mini tablette numérique chez votre bambin qui en fera un zombie en bas âge. Éveillez plutôt ses réflexes cognitifs. Et ce ne sont pas les moyens qui manquent. En voici quelques-uns. Chez Fleurus un conte du tandem Bénédicte Rivière et Héloïse Mab intitulé Histoires de fées et de licornes à lire caché sous la couette. Pourquoi sous la couette ? Voilà où ça devient interactif. C’est que le livre est muni d’une petite lampe de poche qui dévoile des secrets réalisés à l’encre invisible. Si vous vous êtes toujours demandé à quoi s’occupent durant les journées, eh bien vous avez des éléments de réponse.
Du même éditeur, dans la collection “Les docurieux” nous promène dans l’univers des pompiers. Et ici, prouesse d’imprimerie vous avez ce qu’on appelle de flaps, seize en tout, qui se soulèvent pour nous amener d’autres informations. Avec ce guide, on sait tout de l’univers des combattants du feu. Ce sont de bonnes grosses pages cartonnées qui attendent le petit lectorat.
Parlant de haut fait d’arme en matiềre d’imprimerie Mon livre sonore mon imagier que publie les éditions 1,2,3 Soleil a de quoi nous en jeter plein la vue. Les concepteurs se sont donné pour mandat de faire découvrir 50 sons aux enfants. Ça va des sons du tracteur, de l’aspirateur, de la crèche, du réveille-matin et quoi encore. Pour y parvenir, l’ouvrage est équipé d‘un petit bidule en complément que l’on applique à un endroit donné sur la page et le son émet aussitôt. De quoi étonner.

Chez l’éditeur Mango jeunesse Ella McLean nous invite au divertissement le plus classique qui soit, le dessin Elle présente Dessins en 3 coups de crayon pour les enfants à compter de 5 ans. Et il y a une gradation dans les choix de sujets, on part de petites esquisses pour aller au kangourou et même la Tour Eiffel.

La maison belge Tam Tam a eu une idée merveilleuse, à savoir de combiner livre de conte et théâtre de marionnettes. Ça donne au final un coffret 1 gant 5 poupées à doigts. qui contient le livre de base servant à votre histoire, et cinq marionnettes représentant chacune un petit animal sympathique. A vous par la suite de faire la mise en scène qui vous convient. Qui sait si ce jeu anodin permettra de voir naître des générations de comédiens, voire se rendre à la Comédie-Française.

 


 

Une jeune fille entre le monde réel et virtuel

L’ère numérique a engendré des phénomènes de double identité chez les adeptes des réseaux sociaux et des jeux, qui ne sont pas sans périls. C’est un peu ce que nous prévient Wab Kinew qui appartient à la nation Ojibway de Onigaming dans le nord-ouest de l’Ontario.  Aujourd’hui il est actif en politique au Manitoba. Dans son roman Un pied dans chaque monde il nous fait découvrir une jeune fille qui est repliée sur elle-même dans la vie réelle mais qui s’éclate dans le virtuel. Sur sa route, Bugz, c’est son nom, cette adolescente va croiser la route d’un ressortissant ouïghour, cette minorité chinoise ostracisée en Chine. Il a pour prénom Feng. Ensemble ils seront confrontés à un petit lot d’adversités. C’est une histoire très contemporaine où beaucoup vont se sentir interpellés.
Un pied dans chaque monde Wab Kinew. Éditions David collection 14/18  460p.    www.editionsdavid.com

 


 

Non, non il ne s’agit pas de Céline Dion

En tout cas on pourra dire n’importe quoi sur Ève Landry mais jamais qu’elle ne sait pas comment attirer l’attention.  A preuve son roman au titre très accrocheur Céline après Renée. Si on jette un coup d’oeil  un peu vite, on aurait tendance à penser qu’il s’agit d’une introspection des états d’âme de notre diva nationale après le décès de son cher René. Mais si on regarde plus attentivement, le René du titre porte en final la lettre e.  La Céline dont il est question dans ces pages, porte le nom de Dolbeau. C’est une dame d’un âge certain qui est en résidence et veuve.  Elle a perdu non pas son mari, mais….Renée sa femme. On ne peut pas avoir histoire plus contemporaine que ces nouvelles unions de personnes de même sexe. Voilà un thème très original qui n’a pas dû être très exploité en littérature. Dame Landry le fait avec talent. Elle a investi l’âme de la survivante, trouvant les mots justes pour transmettre ce qui passe par la tête de cette Céline éprouvée par la mort, une douleur à nulle autre pareille nous avit dit jadis le poète.
Céline après Renée
Ève Landry. Les éditions de la maison en feu  160p.  


 


 

Siri Hustvedt déballe son fors intérieur

Siri Hustvedt est continuellement taraudée par des questions existentielles. On se souviendra qu’elle nous a donné par le passé un essai qui vaut le détour sur la condition humaine. Elle persiste et signe en se mettant quelquefois en scène, puisant dans son patrimoine de vie et ça donne Mères, pères et autres. En réalité, chapeau à la personne qui réussira à faire une recension fidèle de son contenu, car c’est à la fois un essai, oui, une autobiographie passagère et complétée par toutes sortes de divagations forts intéressantes sur le besoin ou non de lire des romans. C’est très dense côté pensée, mais il n’y a pas de fil conducteur. Elle cite des femmes admirables à travers le temps, Janes Austen ou Louise Bourgeois. C’est féministe oui, mais sans férocité particulière. Elle nous en dit aussi sur ce qu’est d’être femme qui nous rappelle le mot de Beauvoir quand elle disait qu’on ne naît pas femme mais qu’on le devient.  C’est à peu près ça.
Mères Pères et autres Siri Hustvedt. Actes Sud /Leméac 369p.    www.actes-sud.fr

 


 

Les curiosités de Normand Lester sur des incongruités canadiennes

Si vous voulez trouver des choses qui ne fonctionnent pas, et bien le Canada est un vivier qui vous en offre en abondance, tel un buffet à volonté. Le journaliste émérite de Radio-Canada Normand Lester qui n’a jamais eu la langue dans sa poche, sait aussi tremper sa plume dans de l’acide quand vient le temps de nous mettre nos bêtises en pleine figure. Stakhanoviste de l’écriture, il nous livre un assemblage de textes, 150 au total, couvrant les deux années 2019-2020.  C’est Poing par poing un titre qui annonce la couleur. Oh que le jab est dur à admettre quand on voit les incohérences de nos administrations.  Et le gouvernement de Justin Trudeau reçoit sa dose de volée de bois vert. C’est ardu pour quiconque est un tant soit peu intelligent, de constater à qui on a remis les destinées de nos gouvernances. Il est beaucoup question, pour ceux que ça passionne, du domaine du renseignement où les ratés sont légions.
Poing par poing  Normand Lester. AdA  326p.     www.ada-inc.com

 


 

L’herbier du coeur d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Mathilde Cinq-Mars

Dommage que le Frère Marie-Victorin fondateur du Jardin botanique de Montréal ait quitté ce monde il y a pas mal de temps, sinon il aurait goûté hautement la lecture de Nos fleurs une réalisation livresque de Anaïs Barbeau-Lavalette appuyée par des illustrations sublimes de Mathilde Cinq-Mars. En gros les auteurs nomment leur démarche “l’herbier du coeur”.  Anaïs met en mots le savoir qu’elle possède sur ce qui pousse dans nos forêts et leur particularité. Comme une sorte de fiche signalétique du floral québécois. C’est magnifiquement rapporté. Et que dire des dessins merveilleux de sa complice. En fin de lecture vous serez incollable ou presque sur la mauve musquée, l’épilobe, le silène enflé, la molène bouillon-blanc et quoi encore.
Nos fleurs Anaïs Barbeau-Lavalette et Mathilde Cinq-Mars. Éditions marchand de feuilles 88p.    

 


 

Le Père Noël à l’aide et une pauvre chouette
Si vous ne savez pas à quoi s’occupe le Père Noël ces jours-ci. C’est qu’il est un peu inquiet du fait que ses rennes sont complètement vidés et ne peuvent assurer de ce fait la livraison des cadeaux. Il va avoir besoin d’aide et sollicite de jeunes lecteurs pour se joindre et épauler la distribution. Voici donc cette gentille histoire Joyeux Noël! mon histoire énigme chez Fleurus conçu par Laureen Bouyssou et Mélanie Roubineau.
Chez l’éditeur Saltimbanque Daisy Bird et Anna Pirolli nous attendrissent avec cette pauvre chouette toute seule en forêt par un soir de Noël. Si vous demeurez de marbre à la lecture de son sort, c’est que vous pouvez vous considérer comme un dur de dur. Mais il ne faut pas que la peine de la chouette demeure. Voici ce qui va se passer, on vous en laisse la surprise.

 






 

Le coin de la BD  (1)
Grands dieux! les diffuseurs de BD ont mis le paquet pour nous étourdir avec une cuvée exceptionnelle.  Commençons tout de suite si on veut passer à travers tous ces titres aussi captivants les uns que les autres. Aux éditions de la Gouttière le duo Sénégas et Maupomé présente Anuki avec une aventure ayant pour titre “Dards-dards”.Nos héros sont deux autochtones qui désirent faire un pique-nique tranquille. Sauf qu’ils vont être pris en attaque ciblé pour cause de bon miel dans leurs bagages. Comment désormais faire des agapes sans la nature contre nous ?

Chez Dargaud un magnifique album, quel écrin dont le contenant est à la hauteur du contenu. Il s’agit de Indiana basé sur le roman de George Sand adapté brillamment par les bédéistes chevronnés Bouilhac & Catel.  Nous nous trouvons au milieu d’un trio sentimental en milieu bourgeois. L’héroïne a fait un mariage de raison, mais l’époux est contrôlant au possible et sans intérêt. Elle va donc s’éprendre d’un jeune noble qui, dans un premier temps, va en pincer pour la nourrice de cette dernière, jusqu’à ce que son coeur vibre pour la maîtresse. Tout un trio!  Les dessins sont aussi chics que l’histoire elle-même et respectueux du climat de Mme Sand.

Avec Sin City chez Huginn et Muninn Frank Miller et Henry Loevenbruck nous plongent dans une sorte de far west contemporain où ça joue dur. Car cette localité est vraiment repoussante à tout point de vue et fatalement où la violence domine. Même le personnage principal, un ex-prisonnier pourtant rompu au genre costaud, verra périr sa douce qui lui assurait pourtant une rédemption vers la sérénité. Le pauvre sera pris en chasse par les flics qui le soupçonne du meurtre de sa bien-aimée et l’infortuné qui veut bien mettre la main sur le ou les saluds qui ont commis le crime odieux. Bref, ça bard et les illustrations reflètent à plein ce climat épouvantable où la loi du Talion est la seule acceptée.

Chez Le Lombard tome 2 des Chroniques diplomatiques de Tristan Roulot et Christophe Simon. Le premier tome se situait en Iran. Ici le décor est planté dans la Birmanie de 1954. Le plus jeune diplomate en exercice du Quai d’Orsay en compagnie d’un collègue qui officie comme garde du corps, sont en mission pour stabiliser le gouvernement en place. Mais comme la marmite chauffe en Indochine, le mandat sera tout sauf facile. Encore des péripéties que ne doivent certainement vivre les diplomates français en mode réel, mais il n’y a pas qu’au cinéma où on s’arrange avec le gars des vues.

Au Lombard toujours nous voici avec Urbex avec au scénario Vincent Dugomier et  au dessin Clarke. Les couleurs sont de Michaël Olivier. En réalité, le tome 3 final de cette , qui porte le titre de La fin des cauchemars. On sait que le couple formé d’Alex et de Julie est mis à mal par la résurgence de choses du passé pas trop commodes à réentendre.  C’est une pure BD métaphysique à laquelle on fait face. Comment vivre avec ses démons du passé ? Enfouir ou déterrer ? Vivre à perpète avec un boulet ? Voyons comment ces deux-là vont-ils régir leurs émotions.

 




 

Le coin de la BD (2)

Aux éditions Le Lombard les scénaristes Emmanuel Herzet et Vincent Brugeas appuyé par les dessins remarquables de Benoît Dellac nous ont concocté La voie du glaive. En gros à l’époque de l’antiquité romaine, il y a des frères qui font un tabac dans les arènes. On les surnomment “Les Frères Furieux”. Ils tapent du pied d’impatience d’être retenus pour les fameux jeux du Colisée dans la capitale. Un des deux frangins, Lento, risque gros côté réputation en frayant avec le “Milieu” des bas-fonds. Qui risquerait de compromettre l’avenir du duo. Est-ce que la vie facile ou la morale l’emportera ? A regarder…

Chez Dargaud un titre à ne pas négliger Shi une saga dont le tome 6 est présentement dans les rayonnages.  Les comparses Zidrou et Josep Homs nous ramène loin dans le temps, en fait dans le Londres de 1858 alors que contrairement à aujourd’hui, où bouleversement climatique oblige, ce sont des pluies à n’en peu plus finir et des inondations à la clé. Là, c’est l’assèchement de la Tamise qui fait problème. Ils se sont inspiré les auteurs de faits réels où l’odeur était pestilentielle car le fleuve était devenu un égout à ciel ouvert. Et ailleurs ce sont des suffragettes avant l’heure qui critique le gouvernement de la reine Victoria. Des préoccupations qui vont mener à des changements sanitaires et drastiques majeurs.

Dans le créneau du genre Fantasy les fans du genre apprécieront le tome 3 Le Boclès Bhava de la série Le roi Louve du trio formé de Adrian, Alibert et Lapière.Publié chez Dupuis, On se transporte dans un royaume imaginaire où les mâles veulent encore imposer leur loi. Mais c’est sans compter les femmes en place qui les défient. Une fantasy féministe en somme qui ne déplaiera pas à un lectorat féminin.

Allons chez Dargaud à la rencontre de Bellatrix avec la mention en couverture d’un épisode 1 qui annonce une série. Prenons donc le train pour cette aventure proposé par le brésilien Luiz Eduardo de Oliveira agissant artistiquement sous le pseudonyme Leo. Nous sommes dans l’univers des galaxies, tandis que nous faisons connaissance avec une flotte d’intervention de la galaxie qui assure la paix dans le cosmos. Surveillant surtout des extra-terrestres aux agissements rétrogrades, voire violents. Deux collègues en font partie, Kim et Manon.  On surveille notamment la planète Bellatrix qui est une marmite inquiétante. Heureusement ils peuvent compteur sur le soutien des Avarants qui sont très en avance côté technologique.  En quête d’exotisme vous êtes servis à souhait.

Chez Graph Zeppelin des duettistes El Torres et  Vicente Cifuentes vous avez Whodunnith ? Avec pour sous titre “Question de flair!”. C’est un polar. Nous sommes chez les Strutter, famille parmi les plus riches. Une domestique est embauchée, Dorry Quirrel. On dit d’elle qu’elle aime l’aventure. Elle sera servie, car le patriarche de la maison est retrouvé assassiné. Les meilleurs limiers sont sur place pour élucider ce crime sordire.  Donc une histoire à la Sherlock Holmes que vous n’allez pas détester. Et chapeau pour la qualité du dessin. 

 







 

Le coin de la BD (3)

Chez Graph Zeppelin on a les deux premiers titres de la trilogie La magie d’Oz avec, hormis le coloriste d’origine mexicaine Ulises Grostieta qui participe aux deux tomes, les autres ont des participations distinctes. Le tome 2 Le Seigneur de guerre est scénarisé par Jeff Massey sur des dessins de Miguel Mendoca. La paix est au beau fixe au royaume d’Oz ce qui est rarissime. Il y avait au départ la présence de trois sorcières. Deux ont disparues du décor, il en reste une terrifiante dont il faut venir à bout. Dans le tome 1 La sorcière de l’Est sur un scénario de Joe Brusha et des dessins de Rolando Di Sessa on fait connaissance avec Dorothée Glade qui débarque dans le royaume d’Oz. Avec la compagnie d’une bonne sorcière on sera à la recherche d’un artefact précieux, un sceptre chargé de pouvoirs. Les aventures se succèdent de façon ininterrompues, gardant le lecteur en haleine.

On l’attendait, il est venu ce 40ème tome des aventures d’Astérix sous le talent conjugué des duettiste Fabcaro à la scénarisation et aux dessins Didier Conrad qui sont bien les dauphins de Goscinny et Uderzo les légendaires créateurs. A la mise en couleurs Thierry Méharky. Encore une histoire désopilante. César qui veut rendre la vie moins exigeante pour ses troupes qui encerclent le village gaulois qui résiste toujours contre vents et marées, a décidé de faire dans la croissance personnelle en inculquant à son monde les préceptes de l’Iris blanc. Sauf que cette méthode pénètre dans le camp adverse et crée de la division chez les Gaulois. Une énorme farce qui nous fait du bien. Astérix/Hachette.

Chez l’éditeur Michel Quintin un second tome à La fabrique à BD qui veut répondre à la question existentielle suivante à savoir si les personnages et bestioles que l’on retrouvent dans les pages d’une BD ont une vie ailleurs. Là est la question comme dirait l’autre. Eh bien encore une fois le bédéiste talentueux qui signe les dialogues et les illustrent Raymond Parent tente de répondre à cette interrogation qui en taraude plusieurs. Assurance certaine on sourit énormément à voir la mine des personnages qui passe par toute la gamme des émotions.

Et enfin deux autres titres chez Graph Zeppelin qu’on aurait tort d’ignorer tant ils valent par le contenant et le contenu, ce sont les deux tomes de MurdervalE dont le seul mérite revient aux textes et aux dessins à Vicente Cifuentes le brillant bédéiste espagnol. Le premier Le vol du corbeau. L’histoire d’un couple qui bat de l’aile et à qui on suggère de se refaire en séjournant en villégiature. Ils vont pointer un bled perdu et choisissent une auberge. Et comme le dit si bien le communiqué de presse, ils quittent leur enfer pour faire face à un bien pire. C’est un classique du genre mais qui fait toujours son petit effet.
Le deuxième tome porte le titre suivant Le pacte maudit. C’est que Sara la femme du couple avec qui on a fait connaissance dans le premier volet, va retourner sur les lieux qui l’on tant fait souffrir pour récuérer des effets personnels. Ah quelle innocence! Qui va lui coûter cher en rebondissements maléfiques. Car les forces obscures sont plus présentes que jamais.

 


 

Le coin des arts martiaux

Au cinéma, on nous a gavé de clichés sur les samouraïs, en ignorant de nous transmettre de fabuleuses histoires les concernant. Pour faire du rattrapage, allez lire ces Histoires de samouraïs rassemblées par Roland Habersetzer qui porte la double casquette de professeur d’histoire et maître 9ème dan en karaté. Et contrairement à l’idée reçu, le guerrier de ce type n’est pas continuellement victorieux. Bien souvent il connaît son lot de malheurs qui le font aimer des japonais justement pour sa vulnérabilité. Et comme notre époque comme il est dit en quatrième de couverture est carencé en figures d’exaltation, c’est une lecture tonifiante à faire. C’est chez l’éditeur Budo.

Chez Budo de même Karaté bunkai kata II de Emmanuel Akermann. Ce sont les applications de combat des katas Shotokan. D’entrée de jeu, les katas prennent une place significative dans la période d’entraînement au karaté. Les bunkai dont il est question ici ce sont des applications de combat, On présente ici treize katas qui sont les plus pratiqués pour parvenir à une maîtrise du karaté de combat de haut niveau. Un livre abondamment documenté et comme tous ceux de cette catégorie largement illustré du côté des mouvements. On observe tout de suite qu’il n’y a pas de geste inutile. Tout est millimétré pour arriver à livrer du résultat.

Enfin le maître 8ème dan FFKDA et 9ème dan FEKAMT Jean-Pierre Fischer lance Karaté tous les katas shotokan et leurs variantes. Publié comme les titres précédents chez Budo, nous sommes ici dans le pointu du domaine. Cet album fourni s’attache à un lectorat allant du débutant au haut gradé. En tout 26 katas sont expliqués avec le support de 2000 photographies, rien de moins expliquant chaque geste. L’auteur a à son actif 60 ans d’expérience en karaté. Il fait autorité et c’est une grande générosité de sa part de partager sa science.

 


 

Le premier roman féminin du XIXème siècle québécois

Amateurs de curiosités littéraires, vous voilà servi avec Les fiancés d’outre-tombe de Clara Chagnon à qui on devait plus tard le roman Laure Conan. C’est un texte qui remonte à 1869 en feuilleton, trois exactement, publiés dans la Revue canadienne, qui jouissait à l’époque d’un très haut prestige. Ce livre à son titre de gloire puisqu’il est considéré comme le premier roman féminin du XIXème siècle au Québec. S’il a été en feuilletons, jamais il n’a été livré au public en édition reliée. L’histoire qui se déroule en Nouvelle-France narre les amours d’une iroquoise et d’un colon français. L’édition qui nous est proposée est éditée, présentée et annotée par Guildo Rousseau aux Presses de l’Université Laval.
Les fiancés d’outre-tombe Clara Chagnon. PUL 162p.   www.pulaval.com

 


 

Un député français de la Nupes et sa révolution économique

Hendrik Davi siège à l’Assemblée nationale de France comme député LFI-Nupes. Côté professionnel, il est à la fois biologiste et syndicaliste. Il regarde la France qu’il aime et qui va mal et qui semble être entrée droit dans le mur. Il pourrait se contenter comme hélas bien de ses confrères et consoeurs de faire une “carrière” politique et de ne rien faire, sinon chauffer sa banquette dans l’hémicycle. Ce n’est pas sa tasse de thé lui qui s’est engagé pour le changement. Et il nous le prouve avec son ouvrage Le capital c’est nous qui passe en revue nos malheurs économiques. Et loin de se limiter à de la pure théorie, il soumet au lecteur des moyens pratiques pour s’en sortir. C’est un essai qui a la qualité de ne pas être fumeux, mais avec les pieds campés droit dans les bottes.
Le capital c’est nous Hendrik Davi. Hors d’atteinte 348 p. www.datteinte.org

 


 

L’histoire des codes secrets des États à travers le temps

De tout temps, les pouvoirs des États ont tenté de dissimuler des informations à travers des codes particuliers, de sorte que l’on ne voulait pas qu’elles tombent dans d’autres mains mal intentionnées. C’est une histoire parallèle du monde qui est passionnante au point que Sinclair McKay a voulu la raconter dans 50 secrets qui ont changé le monde. Et où il se permet une partie d’interactivité avec le lecteur en lui montrant des exemples de pages codées à déchiffrer. Il y a les codeurs et aussi les briseurs de code, chacun ayant leurs histoires en propre. Et l’auteur, historien britannique s’interroge à savoir si le cours de l’Histoire aurait changé dans certaines situations.
50 codes secrets qui ont changé le monde. Sinclair McKay. Alisio 365p.      www.alisio.fr

 


 

Identitaire: le changement de nom de l’Université de Moncton

André-Carl Vachon est détenteur d’une maîtrise en histoire. Il nous présente sa dernière grande recherche, toute l’Histoire des changements de nom: le défi de l’Université de Moncton. C’est un débat chez certains qui trouvent non pertinent de conserver le nom d’Université de Moncton concernant la plus grande université francophone en Acadie. D’abord l’enjeu en vaut-il la peine, et pour quels arguments ? C’est tout ce qui fait le corpus de cet ouvrage au sujet, on en conviendra assez pointu, mais qui intéressera au premier chef tous ceux que la question de l’identité nationale passionne. On saluera au passage la rigueur de la recherche et de l’argumentaire.
Histoire des changements de nom: le défi de l’Université Moncton André-Carl Vachon. La Grande Marée 408p.  www.grandemaree.refc.ca

 


 

Un hommage à Elton John

Les éditions Leduc n’ont pas lésiné pour rendre hommage à Elton John, ce roi de la pop-rock. Nous devons ce travail à Gillian G. Gaar qui a collaboré avec divers magazines et qui est rédactrice en chef du magazine The Rocket.  Quel magnifique écrin pour revenir sur cette carrière éblouissante avec une iconographie incroyable. Si vous êtes déjà un fan, vous apprécierez. S’il vous manque des notions pour comprendre le phénomène Elton John dans la stratosphère de la pop, c’est le document de référence. En prime, dans une pochette, vous avez droit à une photo de la star à la grande époque et un poster. On adore les cadeaux. C’est surtout le livre qui l’est.
Elton John @ 75   Gillian G. Gaar. Éditions Leduc 199p.   www.editionsleduc.com

 


 

La grande prêtresse de la lecture exhorte à lire plus que jamais

Dans son ouvrage “Éloge de la lecture” déjà Michèle Petit, cette anthropologue estimée, nous rappelait en quoi la lecture est à inscrire au bilan noble de la vie humaine. Et que dans le monde plus agité que jamais présentement, peut-être notre salut tient-il à prendre acte de ce qu’écrivent les autres. C’est la raison pour laquelle, elle a cru bon de nous gratifier d’un autre livre sur le même thème Nous sommes des animaux poétiques. Par extension, elle parle de la beauté. Sa recherche peut-être un baume pour rendre la vie plus fréquentable. Ce sont des pages qui donnent le goût de lire. Qui évidemment doit être le but recherché par l’auteure. Alors là, c’est gagné.
Nous sommes des animaux poétiques Michèle Petit. Éditions Sciences Humaines 229p.     www.editions.scienceshumaines.com

 


 

Un arpenteur qui a délimité le pays pour l’Empire

Il y a des personnages que l’Histoire a relégué un peu dans l’ombre. Et c’est le cas de l’arpenteur général Joseph Bouchette (1791-1840) et qui sera mandaté par le pouvoir anglais de l’Empire britannique de faire la recension du territoire. Car un colonisateur par essence aime bien savoir sur quel territoire s’exerce son emprise. De 1790 à la fin des années 1830 Bouchette va parcourir le territoire qui lui est assigné pour l’essentiel, le Bas-Canada. Vous pouvez imaginer les conditions de travail, à débroussailler des forêts pour avancer un peu plus, sans routes pour s’aider. Du pur héroïsme en quelque sorte.
Ce pourrait, bien scénarisé, faire un beau film. Il y a autre chose à mettre sur écran qu’une énième version de Maria Chapdelaine. Et l’auteur de ce travail le doctorant Jérémie Lévesque-St-Louis nous fait revivre cette épopée exaltante avec le talent d’un conteur.
Retracer le territoire, tracer le pays Jérémie Lévesque-St-Louis 172p.    www.pulaval.com

 


 

Cet alpiniste russe qui pouvait mourir à la moindre défaillance

Valery Babanov, pour ceux qui aiment les récits d’escalade, est une pointure à ne pas négliger. Denis Ducroz décrit cet homme qui n’a pas froid aux yeux, lauréat de deux Piolets d’or. D’abord on apprend qu’en Union soviétique, il était interdit de faire de l’alpinisme en solitaire. Mais il n’y a rien de tel que le vertige de l’interdit. Le biographe qui est un fan de son sujet, a le mérite de nous faire voir à qui a été confronté ce gars qui semble ne pas avoir eu le mot peur dans son vocabulaire. Mais rien d’improvisé. On partage les moments intenses de préparation de celui qui pour la liberté de son “art” a choisi longtemps la France, mais qui, bombons le torse, s’est établi chez nous au Canada, à Calgary, une fois le rideau tiré sur son sport extrême.
Valery Babanov Denis Ducroz. Éditions du Mont-Blanc 260p.   www.leseditionsdumontblanc.com

 


 

Un roman écolo

Il paraît qu’il faut lire les livres d’une époque pour comprendre celle-ci. Ainsi, ceux qui liront Le premier combat de Yves Bichet pourront revivre ce qui animait ceux qui vivaient en région rurale et les causes qui les chauffaient. L’auteur est au premier plan gagné à la préservation de nos terres car il a été agriculteur avant d’être maçon-couvreur. Il imagine ici un village avec une poignée de personnages. Dans le secteur il est question de l’implantation d’une centrale nucléaire. Avec les divisions que l’on imagine. On ne peut pas avoir un décor plus contemporain que les préoccupations de la ruralité actuelle. Giono s’il avait vécu jusqu’à nos jours, aurait salué ce titre. Un passage intéressant c’est lorsque les médias qui ont bien d’autres choses à traiter, se moquant même jusqu’à un certain point des inquiétudes de la populace locale, vont embarquer et enquêter. Bref, nous vous recommandons hautement ce roman à placer au-dessus de votre prochain achat de livres.
Le premier combat Yves Bichet. Le Pommier 362p.   www.editions-lepommier.fr

 


 

L’honnête homme est trouvé

Dans l’Antiquité, on raconte que le philosophe Diogène a été à la recherche perpétuelle de l’honnête homme. Dommage qu’il soit mort trop tôt, sinon il aurait trouvé son profit en la personne de Fouad Sahyoun qui publie des pans de sa vie dans Ma vie ma symphonie. C’est un Palestinien déraciné qui a traversé plusieurs pays avant d’atterir au Québec. Il a bossé longuement à l’ONU où il a démissionné alors qu’il jouissait du plus bel avenir. Ensuite il est allé à chez IBM tandis qu’au moment là aussi de lendemains qui chantent il donne sa démission. Pourtant à cette dernière multinationale on lui offrait un pont d’or. Il s’est lancé ensuite dans les affaires, et parfois il a trébuché pour ensuite reprendre le volant de sa carrière. Les médias qualifient parfois ignominieusement ces gens d’anonymes parce qu’ils ne sont pas des célébrités. Qu’est-ce qu’on en a à cirer. Nous voici devant un bel accomplissement de vie où l’auteur se dévoile sans rien enjoliver. La transparence fait homme.
Ma vie ma symphonie Fouad Sahyoun. Éditions Amalthée 240p.    www.editions-amalthee.com

 


 

Le Mexique et nos amours

L’actualité nous a appris la triste dévastation d’Acapulco, le site de villégiature parmi les plus prisés du Mexique. Rayée de la carte! Mais que l’on se console, le Mexique regorge d’infinis attraits que l’on n’a pas fini d’épuiser. Et on s’en rend compte avec l’édition chez Ulysse du guide consacré à Cancun, Riviera Maya et Yucatan. Consacré oui, mais pas seulement, ça c’est pour le titre. Car déjà le menu informatif est ahurissant. Que ce soit pour aller chercher son supplément de bronzage ou bien se nourrir intellectuellement des richesses de la civilisation Maya, il y a de quoi faire. Et les deux activités à la suite, ne sont pas incompatibles. Cette catégorie de guide a le grand mérite de nous fournir des adresses en restauration tout comme en hébergement. Et comme le tourisme reprend de la vigueur au lendemain de la triste séquence éprouvante de la “pandémie” de la Covid-19, on sera très heureux de plonger dans ce bouquin qui fait déjà autorité.
Cancun, Riviera Maya et Yucatan Guide Ulysse 253p.    www.guidesulysse.com

 


 

Les copains d’abord

Les petits farceurs de Louis-Henri de La Rochefoucauld si on voudrait résumer, la célébration d’une amitié en montagnes russes. Un jeune provincial, Paul, croise la route d’un parisien, Henri. Autant dire deux planètes qui se rencontrent. Ce qui est le dénominateur commun des deux, c’est leur apport à l’écriture. Le premier qui ne connaît pas de succès avec son premier roman, va devenir l’écrivain fantôme des autres qui connaîtront la gloriole, Quoi de plus frustrant. Et le second devient journaliste dilettante qui se voyait déjà comme la chanson d’Aznavour, mais qui ne connaîtra pas les feux de la rampe de la profession. C’est pourquoi l’auteur a qualifié ces deux cocos de petits farceurs. Tiens, tant qu’à citer une chanson, en voici une autre: “faut-il pleurer, faut-il en rire” de Ferrat. C’est ce qu’on se demande une fois rendu à la dernière page. La description de ces marginaux des lettres vaut le détour.
Les petits farceurs Louis-Henri de La Rochefoucauld. Robert Laffont 248p.    www.laffont.ca

 


 

Cupidon frappe là où on s’y attend le moins

Il y a quelques années un collègue avait demandé à un psy qui avait une clientèle d’intellos, si c’était difficile de traiter des cartésiens. Et lui de répondre par la négative car le talon d’Achille de tous, c’est la carence affective. C’est ce qui nous est venu en tête en lisant Les dragons qui nous montre un garçon du genre irrécupérable, qui maudit tout, que l’on mène en institut spécialisé et qui va en pincer pour une marginale éclopée comme lui. Serions-nous en présence des Roméo et Juliette de notre temps ? En tout cas, l’amour est ici la rédemption qui peut tout, même chez les personnes frappées de plein fouet par la misère morale. Sans que ce soit un happy end grandiose, on est content de connaître l’issue de ces deux-là pour qui la chance n’était pas au rendez-vous quand elle est passée. Bravo Jérôme Colin pour avoir rendu l’âme de ces personnages pour nous toucher à ce point.
Les dragons Jérôme Colin. Allary éditions 177p.   

 


 

A la rencontre de Christian Marc Gendron

C’est un génie. C’est la quatrième de couverture de son livre Piano Man Mon histoire de Christian Marc Gendron qui le dit. Il est rompu au monde musical portant les casquettes d’auteur, compositeur, interprète, pianiste émérite, multi-instrumentiste, réalisateur et producteur musical. Il a travaillé avec une liste d’artistes parmi les plus connus au Québec, longue comme ça. C’est peut-être un peu tôt pour écrire sa biographie, car le gars est jeune et il aura encore un long parcours, mais ce qui vaut l’attention c’est d’être avec lui dans les coulisses de notre “merveilleux” show-business. Attention, le gars est charmant et ne vous attendez pas à des règlements de comptes. Ceux qui le connaissent et l’admirent voudront sans doute savoir comment il en est arrivé là, les autres de découvrir un artiste hypersensible et talentueux.
Piano man Mon histoire  Christian Marc Gendron. Performance édition 168p.    www.performance-edition.com

 


 

Des lectures sulfureuses destinées aux femmes…

Aux éditions Tabou, la marque de commerce c’est que précisément on n’a aucun tabou. Et surtout pas sexuel. Encore une fois, leur catalogue fripon s’enrichit d’un autre opus, celui de Cyril Corti qui a pour titre ONI. Ce sont douze nouvelles de son crû appuyé par des photos sensuelles avec la lentille de Jérôme Toressi. Et étrangement, on a conçu ce recueil pour un lectorat de femmes. L’auteur croit avoir trouvé les tons justes pour émoustiller la gent féminine. Remarquez que rien n’empêche ces messieurs d’aller faire un tour. Et les photos collent aux fantasmes féminins, avec rien de mauvais goût. A peine des poitrines en évidence et toujours en clair-obscur. Une seule photo détonne du nombre où on voit un doigté s’exerçant sur sa vulve. Mais encore là avec une subtilité qui n’agresse pas le regard.
ONI Cyril Corti avec des photos de Jérôme Toressi. Éditions Tabou 165p.     www.tabou-editions.com

 


 

L’histoire carcérale des femmes au Canada

Décidément il n’y a pas un champ d’action de la vie humaine où la femme reçoit un traitement égal à celui de l’homme. Même pas en prison. Encore là, les pauvresses écrouées le sont dans des conditions qui ont été dénoncées par bien des organismes, allant même à les reconnaître comme l’objet de violations des droits de la personne. Professeure retraitée de criminologie à l’Université Laval, Joane Martel brosse un tableau peu édifiant des criminelles et de leur sort une fois privées de leur liberté par le bras de la justice C’est un cours d’histoire dont on n’a pas à être fier. Que l’on se souvienne de l’arrivée de ces femmes entre autres à l’établissement Leclerc de Laval, qui en a scandalisé plus d’un. L’hygiène, l’alimentation, là et ailleurs, tout laissait à désirer. C’est un devoir de mémoire que nous offre l’auteure. 
Femmes incarcérées Joane Martel. Presses de l’Université Laval 208p.      www.pulaval.com

 


 

Un ex militaire algérien raconte sa sale guerre

Toute guerre laisse derrière elle son lot de morts et de blessés, mais aussi on l’oublie trop souvent des traumatisés qui vont traîner un boulet psychologique toute leur vie. Amine Esseghir est un de ceux-là. Nous sommes en Algérie en 1992. Le parti du Front islamique du salut a remporté le premier tour des élections législatives. Les militaires voyant le danger imminent que représente la stricte interprétation du Coran vont annuler le vote. Et quelle riposte de la faction islamique. Une guerre civile horrible s’ensuit. Esseghir est jeune et mobilisé. Il nous raconte sa sale guerre. Un véritable plaidoyer pour la paix et l’intelligence humaine.
Revenir entier Amine Esseghir. Les éditions de l’Apothéose 185p.    www.leseditionsdelapotheose.com

 


 

Un hypnotiseur pour enfants remué

La littérature de quelque nature que ce soit nous a enseigné que l’imagination a toute la place. Et nous en avons un bel exemple avec La maison aux lumières de Donato Carrisi. L’histoire d’un hypnotiseur spécialisé auprès des enfants et qui est appelé véritablement sur un cas. Celui d’une jeune fille en proie à des hallucinations. Qui se dit porte-voix d’une autre, intérieure. Mais Pietro ne sait pas à quoi s’attendre. Car sa “patiente” va lui déballer des éléments troublants entourant une disparition lointaine d’un ami de l’hypnotiseur. Mais diable comment peut-elle être au courant de ces faits ? Il va pousser alors Eva dans ses derniers retranchements. Oh, là, là! On ne vous dit pas la suite car ce serait gâcher votre plaisir. Disons que ce duo nous a emballé de bout en bout.
La maison aux lumières  Donato Carrisi. Calmann-Levy 370p.

 


 

BD coquines

Aux éditions Tabou deux BD, dont une très coquine vous attendent. Ariana Melone a concocté d’abord un voyage au monde de l’amour des femmes avec Les filles de Sapphô dont Platon qualifiait cette dernière de dixième muse. Et contrairement aux bandes dessinées dont nous a habitués cette collection, ici l’érotisme est absent. Nous sommes seulement dans le paramètre sentimental qui anime ces femmes dans l’île de Lesbos. Donc nous avons une qualité de dialogues assez extraordinaire. Scénarisation impeccable.

Avec Les mots pour le dire du tandem Elena Ominetti et  Jerrert on revient à l’essence du catalogue érotique chez Tabou. Sauf qu’ici le sexe n’est pas mis à toutes les sauces, seulement quand c’est justifié. On a même droit à une scène de sodomie homosexuelle. L’album comprend quatre courtes histoires, autant dire de tentations.

 

 






 

Le coin santé physique et psychique

Le credo de la conscience, voilà ce qui anime Jean-Marc Mantel qui est médecin psychiatre qui est très branché sur les courants spirituels de l’hindouisme, dont l’incontournable Krishnamurti. Après le corps et l’esprit, ce qui chauffe notre homme c’est la conscience. Il signe un essai qui est tout entier consacré à cette perspective L’immédiateté d’être aux éditions Accarias, une maison d’édition que nous chérissons car elle est toujours le lien avec la plus haute spiritualité. Ce titre est un beau fleuron au catalogue. Un chapitre qui nous a particulièrement intéressé est celui intitulé “l’absolu, le sans-forme, le vide et le plein” qui va en interpeller plus d’un.

Le post-traumatisme on en parle de plus en plus, que ce soit à la suite d’un choc violent dans l’exercice d’un sport, ou confronté à un événement violent. C’est le sujet de Roxane Jérome avec Trauma aux éditions de Mortagne. C’est un jeune garçon qui assiste à un vol de banque avec violence et qui en subit les contrecoups. Au fil des semaines son comportement change radicalement au grand désarroi de son entourage, sa famille en premier. Qui ira consulter. On voit tout le cheminement qui s’accomplit. Cette lecture est une bonne introduction à la connaissance de cette problématique. Ce livre fait partie intégrante de la collection Tabou dont la grande qualité est de démystifier plein de problèmes psychologiques.

Santé pour la vie tel est l’invitation que formule ce préparateur physique et expert en naturopathie avec ce livre chez l’éditeur AdA. C’est un gars que l’on peut qualifier d’équilibré, ce qui est maintenant une rareté chez l’homo sapiens. Alors comment fait-il pour se maintenir au mieux. Surtout par l’alimentation saine dont il est un ardent propagandiste. Et il en est beaucoup question dans ce petit volume dont le contenu domine le contenant. A garder chez soi comme ouvrage de référence.

On n’a plus les grands-parents d’autrefois. C’est une réalité qui a beaucoup évolué aussi dans la structure familiale. C’est ce que nous disent en duo Francine Ferland et Florence Ferland dans Grands-parents aujourd’hui aux éditions du CHU Sainte-Justine. Florence, étudiante au baccalauréat en psychologie à L’UQAM est la petite fille de Francine, professeur émérite en ergothérapie de l’Université de Montréal. Encore hier, des parents se débarrassaient des enfants chez leurs propres parents. Aujourd’hui les grands-parents sont souvent encore actifs avec des occupations sociales, voire professionnelles. D’ailleurs les premières pages s’ouvrent sur des données statistiques sur ce qu’ils représentent démographiquement. Quelles sont les nouvelles balises qui peuvent unir maintenant les générations ? A lire sans faute pour saisir cette nouvelle dynamique.