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Tout ce qu’il faut savoir du journalisme
Même si la profession de journaliste est grevée par un degré inquiétant de précarité, surtout que les comptables des salles de nouvelles, fantasment à la perspective de ne plus payer personne et de recourir à l’intelligence artificielle. Mais il demeure que le métier fascine encore, même s’il est discrédité au chapitre de la bonne foi, et que des jeunes caressent le rêve de taper sur le clavier leurs premiers papiers. Pour tout savoir sur ce qu’il en est, un collectif de journalistes de La Presse livrent généreusement toutes les facettes de leur quotidien, sans masquer les écueils reliés à l’exercice de la cueillette de l’information. A la rédaction de Culturehebdo on a été conquis par la somme d’informations que recèle Devenir journaliste. C’est vraiment bien fait. Et chacun dans sa spécialité décrit qu’est-ce qui alimente leur routine. Dans le genre didactique on ne peut faire mieux. Lecture et curiosité sont à la base de tout pour exceller.
Devenir journaliste Collectif sous la supervision de Katia Gagnon. Les éditions La Presse 365p. www.editionslapresse.ca |
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Fin du cycle de l’Expansion
Dans le créneau du livre d’anticipation, Mathieu Muir s’est gagné un important lectorat avec les deux premiers tomes de sa saga sur l’Expansion: “L’ère de l’Expansion” et ‘“Les héritiers de l’Expansion” dans lesquels un peuple migrait vers une autre planète, laissant la Terre livrée à elle-même avec toutes les intempéries possibles. Voilà que sort sur nos rayons la conclusion de cette trilogie avec Les erreurs de l’Expansion. Sans être une terminaison en forme de happening, l’auteur entrevoit tout de même un avenir assez reluisant. Dans ce tome, il fait une analyse rétrospective des erreurs commises par une famille un peu trop soucieuse de la galaxie. Si vous avez aimé les deux premiers opus, alors là vous faites en terrain familial avec un style imparable. Puis pour ceux qui ont des petits problèmes, saluons l’utilisation de caractères typographiques un peu plus gros que la moyenne.
Les erreurs de l’Expansion Mathieu Muir. Éditions David collection 14|18
368p. |
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Un roman qui suinte la poésie
Michel Sidoroff est venu à la littérature par le biais de la poésie. Il entre cette fois dans le roman avec Pont suspendu qui reprend un thème qui lui est cher, la condition de l’homme, particulièrement de la classe ouvrière. Ici il nous emmène dans le quartier de Plaisance où se trouve un pont qui divise deux classes sociales, d’un côté les nantis, l’autre les besogneux. Un homme et une femme atteints par Cupidon et un même goût pour les sciences vont transcender ce clivage social. Et il arrivera que la disparition d’un père en montagne, allégorie de tout ce qui peut composer les aléas de la vie humaine. Et l’auteur, si vous n’avez pas le tournis, va vous surprendre. Vers la fin de l’ouvrage, de longs passages sont écrits à l’envers puis retour à l’endroit, etc. Autant vous prévenir pour ne pas être dérouté. Ce livre à connotation métaphysique marque positivement ce premier pas dans le genre du roman.
Pont suspendu Michel Sidoroff. Le temps des cerises 395p. |
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La grande place prise par la mère
Que l’on remette en question le matriarcat, le personnage de la mère est incontournable dans la société des hommes, on aime ou on déteste sa mère. Il ne semble pas y avoir de juste milieu. On ne peut pas s’affranchir de sa présence. Ce personnage de la vie de l’homo sapiens a inspiré deux auteurs Isabelle Rivest et Francine Turbide qui, à quatre mains, lancent Nos mères meurent dont il y aura une adaptation théâtrale. C’est un texte collage qui rassemble plusieurs styles, sur les impressions que peuvent laisser une mère morte. Ici la mère est une pointure, car écrivaine. Elle n’aura pas laissé indifférent son milieu familial. A ceux que la présence d’une mère obnubilent, se trouveront ici en terrain familier.
Nos mères meurent Isabelle Rivest et Francie Turbide. Quartz 120p. www.editionsduquartz.com |
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Impressions sensorielles de ressortissants migrants au Québec
Liza Bolen est professeure adjointe à la Faculté des Arts de l’Université du Nouveau-Brunswick à Saint-Jean. Sa spécialisation touche à la mémoire sensorielle dans la littérature. Et elle le montre magistralement dans cet essai Mémoire sensorielle et migration dans le roman québécois contemporain. Pour son exposé, elle a puisé dans quatre ouvrages écrits par des ressortissants venus d’un peu partout: La mémoire de l’eau de Ying Chen, Le pavillon des miroirs de Sergio Kokis, L’odeur du café de Dany Laferrière et Ru de Kim Thuy. On exploite ici deux regards, d’abord celui de l’évolution de la vie même de l’enfance à l’état adulte et aussi sur ce qu’a été la migration et son importance dans leur existence, à eux auteurs et transposée dans leur écriture. C’est un travail de haute volée universitaire on s’entend bien. Mais ceux qui ont lu ces ouvrages ou qui s’apprêtent à le faire, trouveront ici des pistes nouvelles d’intérêt.
Mémoire sensorielle et migration dans le roman québécois Liza Bolen. Les éditions de l’Épaulard 265p. |
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Semer la démocratie chez les jeunes têtes
Alors que les montées des populismes et quand on voit celui qui trône tel un Néron à la Maison-Blanche, on prend conscience que la démocratie n’est pas un acquis définitif coulé dans le béton. Et on a vu durant la “pandémie” de la Covid-19, comment les gouvernements ont asséné une dictature sanitaire avec des confinements qui ont laissé des traces psychiques chez les gens. Donc la question de l’état de la démocratie est un enjeu de première. Des universitaires ont mené des recherches sous forme d’enquêtes rapportant des expériences menées chez des jeunes du Québec et leur lien avec la démocratie.Ça donne une radiographie fort intéressante Faire l’expérience de la démocratie. On assiste à différentes formes d’intervention en sensibilisation au sujet.
Faire l’expérience de la démocratie Les tiers-lieux de l’éducation à la citoyenneté des jeunes au Québec. Collectif sous la direction de Stéphanie Gaudet et Caroline Caron. Avec la collaboration de Sophie Théwissen-LeBlanc. Les Presses de l’Université d’Ottawa 260p. www.presses.uOttawa.ca |
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Six nouvelles inspirées du travail des gardiens de musée
Il y en a dans chaque salle d’exposition des musées, ces hommes et ces femmes, chargés du gardiennage des oeuvres d’art. Ils se montrent effacés au point de se faire oublier. Mais Vava Sibb les a bien observés dans leur quotidien. De quoi faire un recueil de nouvelles sur le rapport émotionnel de ces agents de la paix bien spéciaux avec les ouvrages qu’ils ont pour mission de veiller. Cela donne Je ne suis pas une nature morte. Et le talent des nouvellistes est surtout celui de l’observation. Et la romancière n’en manque pas. Et qui a les honneurs du premier sujet d’observation, la Joconde elle-même. Qu’en dit la personne qui vit avec elle quasi au quotidien ? Allez lire, vous n’allez pas croire ce qui peut se passer dans la tête de ces gens.
Je ne suis pas une nature morte Vava Sibb. Pleine lune 93p. www.pleinelune.qc.ca |
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Une Bible plurielle et inclusive
Est-il imaginable que la Bible soit plus ouverte que les Donald Trump, J.D. Vance et Marco Rubio pour qui il n’y a, et c’est coulé dans un décret par la houpette orange, qu’il n’y a sur terre que deux genres, homme et femme ? Eh bien, si vous voulez bousculer tous les a priori concernant le livre sacré, allez lire la thèse table rase du professeur d’études bibliques à l’Université Laval Sébastien Doane qui débarque avec un brûlot qui remet les pendules à l’heure. La diversité est très présente dans les pages de l’auguste livre. L’humain n’est surtout pas le bloc monolithique que l’on voudrait qu’il soit. C’est une lecture avec un prisme queer, rien de moins. Saluons l’auteur et chercheur de faire évoluer la connaissance humaine nous concernant.
Bible, genres et sexualités Sébastien Doane. Les Presses de l’Université Laval 271p. www.pulaval.com |
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Comme archéologie du visible: une balançoire au gré des cultures
Comme quoi tout objet, toute chose peut faire le thème d’une recherche pour qui veut s’en donner la peine. Javier Moscoso directeur de recherche en histoire et philosophie des sciences à l’Institut d’histoire du Conseil supérieur de la recherche scientifique à Madrid, a par exemple, trouvé que l’innocente balançoire, sur laquelle combien de gens se sont bercés au gré des époques et des pays, méritait son histoire et des analyses. Une histoire renversante de la balançoire vous partagera des observations étonnantes. L’objet en soi n’est pas si innocent que ça en soi et nullement passif. Et aussi en quoi cet objet a des implications en psychologie, comme le fait de se bercer suggère la fuite de quelque chose, pour trouver de l’apaisement.
Une histoire renversante de la balançoire Javier Moscoso. Éditions de la Sorbonne 232p. www.editionsdelasorbonne.fr |
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Il était une fois la République démocratique allemande
Si nous en Amérique avons un peu perdu de l’esprit ce qu’a été la vie en RDA, les européens s’en souviennent. Et que dire surtout des allemands qui ont dû vivre avec ce symbole du mur de Berlin, qui scinda la ville durant tant de décennies et la source de tant de malheurs, de pertes de vie. Et aussi le quotidien de ses habitants, qui s’ils avaient le malheur d’espérer la liberté, étaient confrontés au quotidien, à la peur, la délation. Avec toujours la Stasi, la police locale qui ne faisait pas de quartier avec les opposants au régime est-allemand. L’historienne Katja Hoyer retrace dans un pavé fondateur l’épopée de ce mur. Chercheuse entre autres au King’s College en Angleterre, l’auteure sait de quoi elle traite au plus profond de son être, car elle est née en RDA. Tout y est ou presque, des tensions de l’après Seconde Guerre mondiale, la guerre froide, la construction du mur en 1961 et le quotidien, voire l’enfermement de ceux qui ont eu le malheur de vivre à l’Est.
Au-delà du mur Histoire de la RDA Katja Hover. Passés composés 428p. www.passes-composes.com |
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Les pensées de la première femme Nobel de l’Amérique latine
En terminant la lecture du journal de Gabriela Mistral on se rend compte à quel point nous sommes des nains devant la connaissance. En effet, faites un micro-trottoir ou un vox pop au choix, et posez la question à n’imoprte quel badaud, s’il sait qui est cette femme. Vous aurez une entièreté de réponses négatives. Et pourtant quelle tristesse quand on sait que la dame Mistral a été la première femme en Amérique latine à recevoir le Prix Nobel de littérature. Au lieu de vous flageller de votre ignorance, rattrapez-vous en allant lire son journal intime Bénie soit ma langue. Il y a parfois de ces journaux qui évoquent le plus plat des quotidiens. Mais ici on plane en hauteur, car l’auteure ne se cantonne pas aux petites routines. Elle est en mode constant de réflexion. Nous faisons connaissance avec une femme engagée et qui porte des analyses pertinentes sur l’état du monde, surtout d’un thème qui lui est cher, la libre circulation des idées. Rien ne destinait cette figure née dans la cordillère chilienne, qui deviendra enseignante et diplomate. À lire absolument.
Bénie soit ma langue Gabriela Mistral. Éditions des femmes Antoinette Fouque 268p. www.desfemmes.fr |
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Féminisme et racisation en milieu carcéral
Nous avions une bonne idée que ce ne doit pas être jojo d’être en prison, loin des clichés style Club Med. Mais pire encore, il y a une dimension de l’incarcération qui prête flanc à toutes les injustices, celle d’être femme, et en plus d’être de couleur. Un essai se veut une sensibilisation à des pratiques décriées Abolition, féminisme tout de suite signé par Angela Y. DAvis, Gina Dent, Erica R. Meiners et Bert E. Richie. On nous montre la corrélation entre le capitalisme et la criminalisation. Car c’est bien souvent par précarité que l’on va commettre des crimes de niveau mineur, mais avec des conséquences sociales épouvantables. C’est une analyse qui manquait à ce chapitre et dont le fossé est comblé.
Abolition féminisme tout de suite Collectif. Éditions Daronnes 296p. www.editionsdaronnes.fr |
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Un roman d’un Ivoirien sensible à la déportation des Acadiens
Jean-Louis Grosmaire est natif d’Abidjan capitale de la Côte d’Ivoire. C’est bien le dernier duquel on s’attendrait à ce qu’il nous émeuve au sujet de la déportation des Acadiens. Et il en fait un roman de haute volée Mouvance et espérance. Qui met en scène au fort Beauséjour à la lisière de l’Acadie, un soldat français blessé et une jeune acadienne qui va lui apporter des premiers soins. Mais le destin va les séparer géographiquement, la famille de cette dernière migrant vers la vallée du Saint-Laurent pour échapper au triste sort des siens aux mains des anglais. Mais notre milicien va se mettre en quête de la retrouver. Une belle histoire d’amour classique sur fond de réalité historique, voici deux ingrédients qui devraient plaire au lecteur. Surtout servi par une maîtrise de la langue française et un sens de la narration. En fin d’ouvrage, l’auteur nous gratifie d’une solide bibliographique pour qui veut fouiller le volet historique concerné.
Mouvance et espérance Jean-Louis Grosmaire Les Presses de l’Université d’Ottawa 316p. www.Presses.uOttawa.ca |
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