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Un témoin de notre époque ironise à fond la caisse
Encore hier on râlait contre la rectitude politique qui interdisait tout écart de langage et d’écriture. Que dire de ce qui se passe maintenant où on n’ose plus émettre quelque critique que ce soit. C’est pourquoi qu’il est tonique de lire le pamphlet de Nicolas Ungemuth qui a pour titre Nous vivons une époque formidable. Déjà le titre est un programme en soi qui en dit long sur le ton employé. Le rédacteur en chef adjoint des pages culture au Figaro Magazine se lâche sans retenu. Il peste contre notre époque. Il est suffisamment lucide et c’est exprimé en quatrième de couverture, que la sottise ambiante a régéné à toutes les époques, mais que celle que nous vivons a ceci de particulier qu’on clame à chaque petite invention que c’est un progrès historique, alors que souvent ce ne sont que des objets accessoires dont on est en droit de penser à leur nécessité réelle pour notre quotidien. En de courts textes il lance ses dards sur tel ou tel thème. Vite un tome deux, car comme l’avait déjà dit Einstein, la bêtise et le cosmos ont ceci de commun qu’ils sont infinis.
Nous vivons une époque formidable Nicolas Ungemuth. Séguier 211p.
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Les médias et la médiatisation passés à la loupe
L’homo sapiens avait déjà été bombardé de publicité, maintenant il l’est par l’information qui vient de partout. C’est la médiatisation à la puissance dix. Et depuis que nous avons été confrontés à la réalité des fake news, jamais les médias n’ont fait l’objet d’autant d’analyses. Voici en date un essai du plus grand sérieux Médias et médiatisation sous la direction de Benoit Lafon qui est professeur de sciences de l’information et de la communication à l’Université de Grenoble et directeur-adjoint du GRESEC, le Groupe de recherche sur les enjeux de la communication. C’est une recherche exhaustive, appuyée par une bibliographie majeure, qui livre des outils pour bien analyser les médias peut importe la plateforme. C’est un champ d’exploration d’importance, car le journalisme participe de la construction des événements.
Médias et médiatisation Collectif sous la direction de Benoit Lafon. Presses Universitaires de Grenoble 308p. www.pug.fr
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Une vision délicieusement délirante du Québec vu par un français
On nous dit cousins, mais quel fossé de civilisation entre un français et un québécois qui, ce dernier n’est pas autre chose qu’un américain parlant français, c’est tout. Où peut-être avec cette grande différence toutefois avec un amerloque, que le québécois est un pacifique absolutiste jusqu’au trognon. Il a peur de tout et il ne veut surtout pas faire de vagues, pas même de vaguelettes. La Belle Province comme on nomme le Québec est la championne du nivellement par le bas. Ça c’est nous de la rédaction qui définissons les choses. Mais il y a un livre décapant qui sort que nous conseillons à tous ceux qui veulent connaître le Québec de l’intérieur c’est Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu de Pierre Terzian. Il est français, a marié une québécoise, et vit à Montréal depuis déjà quelques années. Il s’est amusé à nous étudier nous les québécois, comme un entomologiste étudie les fourmis. En plus il est doté d’un sens de l’observation sans pareille servi par un humour ravageur. Pour un européen francophone qui veut en connaître sur la civilisation québécoise au quotidien, ça vaut dix guides du routard.
Ça fait longtemps qu’on ne s’est jamais connu. Pierre Terzian. Quidam éditions 230p. www.quidamediteur.com
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Une avenue particulièrement intéressante pour comprendre le judaïsme
Il y a peu nous recensions le dernier ouvrage de Marek Halter “Pourquoi les juifs”. Qui s’inscrit dans un désir que l’on fasse connaissance avec cette culture qui est aussi la genèse de la civilisation occidentale. Dans cette mouvance voici un bouquin qu’il faut absolument parcourir pour qui veut aller au coeur de la culture juive et c’est Le verbe et la lumière du rabbin Raphaël Sadin sous-titré “le judaïsme et nous”. Dès les premières pages on est plongé dans l’enchantement des interprétations de la Genèse, notamment ce moment important de la fracture de l’homme d’avec son Dieu, alors qu’Adam et Ève ont plongé dans la connaissance et le désir en goûtant le fruit de l’arbre du bien et du mal. Avec les conséquences que l’on sait. Ce fait, repris dans la religion juive donne lieu à de belles images. En fait c’est un cours 101 pour qui veut se pénétrer de cet enseignement et le mesurer à l’aune du nôtre.
Le verbe et la lumière Raphaël Sadin. Cerf 401p. www.editionsducerf.fr
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Le petit Guillermo accro de Mary Poppins
Le thème de la diversité est dans l’air du temps. On commence à peine à se rendre compte, du moins d’admettre que tous les humains ne forment pas un bloc monolithique et qu’il y a des différences. Et à propos de différence, voici ce tendre roman d’Alejandro Palomas avec un titre accrocheur Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins. L’histoire d’un gamin qui n’en a que pour ce célèbre personnage. Un jour en classe, alors que la maîtresse demandait à chacun de ses pupilles ce à quoi ils rêvaient de ressembler, Guillermo déclara sans ambages qu’il voulait être Mary Poppins. Vous pouvez imaginer l’effet de surprise chez l’enseignante qui garda l’élève original après la classe afin de savoir pourquoi cette identification. Tout au long du livre où le jeune parle de lui à la première personne, on découvre en quoi la différence marginalise et à quel point et en même temps à quel point les rêves nourrissent la vie. C’est tendre comme tout avec l’émotion que procure la candeur du protagoniste.
Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins Alejandro Palomas. Cherche midi 221p. www.cherche-midi.com
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En 2093 dans une société sous contrôle absolu
Nous ne le jurons pas formellement mais il nous semble que c’est la première fois qu’entre la science-fiction dans le catalogue des éditions Sémaphore. Preuve de l’ouverture de cette maison d’édition que nous chérissons bien, et qui fait de la qualité littéraire la porte d’entrée en son sein. Cet ouvrage c’est Asphyxies de Sébastien-D. Bernier qui a fait l’essentiel de ses études en théâtre et dont c’est le premier roman. Qui nous fait faire un grand saut dans le futur, plus exactement en 2093. Pour faire la rencontre de Patrice qui sort de tôle. Comme tout prisonnier il a un goût de liberté, mais surtout d’enfiler des lunettes ludiques, franchir un portail quantique et dégoter un réseau pour qu’il puisse s’adonner à des jeux illégaux. Qui seront sanctionnés bien évidemment par une entité de cette époque. La sentence ? Accueillir une personne âgée et démunie. En somme une histoire simple. Ce qu’il faut retenir c’est la restriction de mouvements chez un individu quand il est sous l’emprise d’un gouvernement qui voit tout, qui sait tout. De la politique fiction ou mieux de la sociétale fiction. Comme le genre plaira d’emblée à plusieurs, il y a le risque que cette entrée en littérature se gagne un assez bon lectorat. En tout cas il le mérite. Qui a dit que les auteurs du genre sont souvent des visionnaires ?
Asphyxies Sébastien-D. Bernier. Les éditions Sémaphore 181p. www.editionssempahore.qc.ca
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Il était un pilier des Années folles
Avec la sortie de cette biographie de Eugene McCown la maison d’édition Séguier joue à plein son rôle d’éditeur de curiosités comme elle l’aime se définir. En effet si on connaît très bien les figures du Paris des Années folles comme le comte de Beaumont, Max Jacob, Jean Cocteau et Maurice Sachs pour ne nommer que ceux-là, on serait bien en peine d’identifier cet Eugene McCown cet américain comme une quarantaine de milliers d’autres qui vont fuir les États-Unis puritains pour aller prendre un grand bol d’air. Ce jeune homme doté d’une très grande beauté, jouera à plein de son faciès d’ange pour séduire et être séduits par une quantité d’hommes, parfois fortunés qui vont l’entretenir, quand ce n’est pas la richissime héritière Nancy Cunard. Peintre et musicien il gagnera un court temps assez bien sa vie comme pianiste au fameux Boeuf sur le Toit. Mais buveur invétéré et adeptes des drogues il se laissera aller à une dérive jusqu’à la fin de ses jours lorsqu’il retournera à New York pauvre comme Job. Il meurt le 23 avril 1966 d’une pneumonie, peut-être volontaire alimentée par une surdose de somnifères. Erreur de posologie ou suicide on n’en sait rien. A la fin il affichait une allure à la Dirk Bogarde. De beaux restes, mais un type hagard. C’est grâce à Jérôme Kagan que l’on doit de revivre en sa compagnie cette vie pour laquelle il a mis dix années de recherches. Il a baptisé son sujet de démon des Années folles. Et vous verrez que colle bien au personnage. En même temps c’est un moment de l’histoire où il nous montre comment se vivait ces amours qui n’osaient dire leur nom.
Eugene McCown démon des Années folles. Eugene McCown. Séguier 471p. www.editions-seguier.fr
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Une petite communauté américaine confrontée à la modernité
Sur la couverture Des gens comme nous de Leah Hager Cohen on voit comme un tableau idyllique de la vie américaine style Norman Rockwell dans ce qui semble une petit bled de banlieue. C’est à quoi aspirent un couple qui doit marier sa fille lesbienne avec...une fille de couleur. Au passage les premiers sont très ouverts. Les invités à la noce le seront-ils tout autant. Mais il y a pire, une communauté religieuse ultra-orthodoxe doit venir s’installer dans le voisinage. D’où des interrogations sur la manière de cohabiter avec ce qui nous est si étrange. Cela survient au moment où il est question de vendre la maison familiale. Va s’ensuivre une série de petits événements qui va révéler des secrets de famille. La romancière réussit bien son pari de montrer en quoi la diversité s’incarne dans la société et comment elle est accueillie. En quatrième de couverture on qualifie bien la définition de la famille comme un joyeux bazar. Ça l’est dans ces pages écrites avec maestria. On n’est plus dans l’Amérique de “Papa a raison” ou “Ma sorcière bien-aimée”. Les temps ont réellement changé.
Des gens comme nous Leah Hager Cohen. Acts Sud 309p. www.actes-sud.fr
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Le coin de la BD
Les amateurs de bandes dessinées vont jubiler avec ces quatre titres qui nous promènent dans des univers si différents. Commençons par un premier tome Qui est oracle ?, de la saga Birds of Prey du trio Julie Benson, Shawna Benson et Roge Antonio publié chez DC Urban comics. C’est en somme un retour à Gotham City, ça vous dit quelque chose, la ville de Batman ? Là, l’attention est concentrée sur la Batgirl Barbara Gordon qui a démarré une start-up contre le crime. Et elle va s’allier deux autres femmes qui n’ont pas froid aux yeux. Une histoire qui va s’étaler sur trois tomes. Et ce sont des justicières, comme les États-Unis ont l’habitude avec ces para policiers qui se mettent en chasse aux criminels, question d’arracher des primes au passage. Ici le Far-West est urbain.
Chez Dargaud Marine Desberg et Enrico Marini débarquent avec le tome 12 de cette longue saga Le Scorpion l’épisode s’intitulant “Le mauvais augure” Nous sommes en plein dans le genre cap et d’épée.Une chose taraude Armando Catalano, dit le Scorpion. Que peut bien receler comme secret la famille Trebaldi. Et pour ce faire il va se mettre en quête d’en avoir le coeur net en se rendant au château Tarquinio. Et si vous êtes familier de cette épopée, vous savez que rien n’est tout à fait tranquille. Il va s’en passer de belles dont l’enlǜement de son fils. Bref, on ne s’ennuie en aucune façon.
Allons cette fois du côté du héros de chez Dupuis, nous avons nommé Largo Winch qui se retrouve dans de sales drap au moment où il est dépossédé de son entreprise. Avec pour conséquence qu’il va être contraint de suivre ses voleurs, ceux qui sont la cause de sa débâcle, jusqu’en Russie, plus exactement à Saint-Pétersbourg où règnent d’affreux oligarques qui ont subi l’ablation du coeur. Le tandem Philippe Francq et Eric Giacometti est loin d’avoir perdu la main. Nous baignons perpétuellement dans l’action qui est la marque de commerce de cher Largo. Vous verrez comment il va se sortir d’affaires en pleine débâcle boursière.
Finalement chez Blake et Mortimer nous sommes en pays de connaissance avec nos protagonistes dont les péripéties sont inspirées comme vous le savez par les personnages issus de l’imagination du regretté Edgar P. Jacobs. Sur un scénario de Yves Sente et des dessins de Teun Berserik et Peter van Dongen voici La vallée des immortels. Signe distinctif, le créateur à l’origine qui a fait voyager son monde un peu partout sur la planète, n’avait pas fait encore de détour par Hong Kong. C’est là que Mortimer se trouverait en terre agitée car il règne un conflit entre communistes et nationalistes. Le cher professeur sera fait prisonnier puis délivré de sa geôle par M. Chou. Il a entendu parler de la vallée des immortels, chargés de mythe dont celui de procurer l’immortalité. Bienvenue en Chine.
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Une leçon magistrale critique sur le néolibéralisme sous forme de livre
Hans-Christoph Schmidt am Busch est professeur de philosophie à l’Université allemande de Braunschweig . Il y donna une leçon magistrale portant sur la critique du néolibéralisme issue de l’École dite de Francfort représentée par Henneth et Hegel. Et ça deviendra par après une synthèse sous forme de livre qui a pour titre très opportun à notre époque Qu’attendons-nous du travail ? Si ces auteurs songeaient à un bonheur réciproque, la réalité on le sait est toute autre, fondées sur la recherche du profit coûte que coûte et où la ressource humaine en devient presque une gêne. D’ailleurs la jeune génération ne s’y est pas trompée qui privilégie une qualité de vie davantage que d’amasser des gains. On aura à coeur de parcourir ces lignes inspirantes qui revoient ce que doit être dans l’idéal le fait de travailler.
Qu’attendons-nous du travail ? Hans-Christoph Schmidt am Busch. Presses de l’Université Laval 75p. www.pulaval.com
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Un climat de fins dernières
Et toujours les Forêts de Sandrine Collette s’inscrit dans une veine magique, invraisemblable, mais qui a le mérite de nous transporter dans l’univers qu’a voulu créer la romancière. En effet il était une fois un enfant, Corentin qui a eu un départ dans l’existence parmi les plus moches qui soit. Ballotté de l’un à l’autre, de quoi se demander si de vivre est vraiment un cadeau. Au bout du compte il sera logé chez une vieille dame, Augustine, qui habite dans une vallée perdue au milieu de la forêt. Et c’est dans ce décor qu’il va retrouver un semblant d’équilibre, puis en ville. Mais il arrivera un cataclysme d’une grande ampleur qui enflammera tout sur son passage. Il ne restera plus rien, ni humains ni bêtes. Et il lui prendra de retourner dans cette forêt afin de voir si Augustine est encore en vie. Il y a beaucoup de métaphores dans ce texte très imagée. Nous avons adoré et c’est un euphémisme. Nous le recommandons aux tenants du survivalisme.
Et toujours les forêts Sandrine Collette. JC Lattès 334p. www.editions-jclattes.f
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Ce n’est pas jojo d’avoir douze ans
Au contraire des gourous en croissance personnelle, nous sommes redevables aux romanciers de ne pas nous raconter des sornettes. Ils vous livrent la vie toute crue, avec sa somme d’horreurs, rarement de joies. Et dans le genre réaliste voici François Leblanc psychologue à la ville, qui semble se faire une niche littéraire à partir des enfances et existences difficiles comme c’était le cas avec un précédent opus “Le fruit de mon imagination”. Avec Coyotes et alligators il règle ses comptes avec l’univers, à travers la lorgnette d’un gamin de douze ans qui doit composer avec un père rigide qu’il ne porte pas dans son coeur. Il pourrait bien reporter son affection sur maman, mais celle-ci est hospitalisée. Le paternel va “dumper” son mioche dans un camp de jour. Avec un petit copain il va fuguer. Lisez la suite ça vaut le coup. L’auteur est un fameux portraitiste digne fils de Cioran et de Schopenhauer. On devrait lire plus souvent ce genre de livres qui vont interpeller les lecteurs qui vont souvent se reconnaître dans telle ou telle situation. Leblanc nous présente le monde dans toute sa représentation.
Coyotes et alligators François Leblanc. Druide 196p. www.editionsdruide.com
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La vie de château à l’Élysée aux dépens des contribuables
René Dosière est un ancien député de l’Aisne à l’Assemblée Nationale en France. Il s’est fait une réputation en pourfendant les dépenses somptuaires des élus, dont jadis le fameux cumul des mandats et des allocations discrétionnaires dévolues aux élu(e)s qui ont souvent mené des vies de pacha, bien loin du petit peuple qu’ils étaient censé représenter. S’il a soulevé bien des voiles, le train de vie au palais présidentiel, demeurait d’une opacité infranchissable. Jusqu’en 2008 où le public sera mis au fait de comment vit le président et sa cour. Avec l’heureux résultat que maintenant, les dépenses publiques concernant l’Élysée sont devenues d’une transparence modèle. Dosière qui est un peu le Saint-Simon des dépenses gouvernementales dans Frais de palais fait un retour en arrière, relatant comment on vécu les présidents de la Vème République à commencer par son fondateur le Général De Gaulle. Vous voulez des anecdotes, le mémorialiste vous en livre à la pelle. Du bonbon.
Frais de palais René Dosière. Éditions de l’Observatoire 224p.
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Pour le meilleur et pour le pire
Tous les vivants de la romancière américaine C.E. Morgan marque l’entrée en littérature de cette dernière. Et ça promet. Servie dans une traduction de Mathilde Bach à souligner car on tend injustement à ignorer le remarquable travail dans l’ombre de ces traductrices. Et cette dernière dans son domaine est une pointure ayant été grande gagnante du prix Baudelaire de la traduction. Ce premier roman donc décrit la rencontre improbable d’un gars et d’une fille que tout oppose mais dont le lien très fort est l’amour qui les cimentent. Elle c’est Aloma, venant d’un milieu urbain. Elle s’intéresse aux arts et notamment à la musique. Avec un talent indéniable pour le piano. Son éducation elle la fera dans une école catholique. Lui c’est Orren, un fermier, beau et droit dans ses bottes. Cupidon va faire le reste et ils formerons un couple, pour le meilleur et pour le pire. Et justement le pire va se présenter sous la forme d’un accident où les parents d’Orren trouveront la mort. Il va donc hériter de la terre familiale. On est au milieu d’une forêt dans le Kentucky. Pas sûr qu’Aloma va s’y sentir épanouie, loin de tout. Vous verrez ce qu’il en coûtera d’abnégation pour préserver leur vie de couple. Voici une belle histoire d’amour contre vents et marées.
Tous les vivants C.E, Morgan. Gallimard 241p.
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Une romancière torontoise qui vaut le détour
Pour preuve qu’il existe bien deux solitudes culturelles au Canada, qui parmi les québécois francophones savent qui est Marissa Stapley ? C’est une torontoise très reconnue au Canada anglais. Il n’est jamais trop tard pour se refaire et vous avez une belle occasion de faire sa connaissance avec Choses à faire un jour de pluie. C’est la déconvenue d’une femme, Mae, qui s’aperçoit au réveil que son homme qu’elle attend, Peter, n’est pas rentré. Dans les faits il est disparu. Pour apprendre un peu plus loin que celui qui partageait sa vie, n’était pas celui qu’elle croyait. C’est en réalité un escroc recherchée par tous les corps de police. Ce qui corrobore ce que dit souvent un de nos collègues à la rédaction que l’on connaît vraiment quelqu’un demain, encore mieux le surlendemain. Pour apaiser son désarroi, la femme va trouver refuge chez des grands-parents, aubergistes sur les bords du Saint-Laurent. Ce sera pour elle l’occasion de passer sa vie en revue et de tenter de trouver des réponses à de nombreuses énigmes de son existence dont la non moindre, la mort jamais élucidée de ses parents. C’est fichtrement bien écrit. Problème qui devient ici un compliment, c’est trop court.
Choses à faire un jour de pluie Marissa Stapley. Mercure de France 270p.
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Multiplicité de la fonction journalistique
L’image du journaliste cigarette au bec, tapant à deux doigts sur une Remington lourde comme de la fonte tient de la préhistoire. Si la journée du journaliste était terminée à toute fin pratique quand celui-ci avait pissé sa copie au journal où que son reportage était dans la boîte côté télé, ça aussi relève de l’antiquité. Maintenant ce métier envié et chargé de de mystères, auréolé parfois de pouvoirs, est devenu une sorte d’esclavage alors que le journaliste de l’ère numérique doit alimenter sans cesse diverses plateformes, jusqu’à épuisement. Et pour rendre compte de cette donne, à lire, cet essai en collectif Journalismes spécialisés à l’ère numérique sous la direction de Henri Assogba professeur agrégé au département de communication de l’Université Laval. Lui et ses collaborateurs font voir la réalité de ce qui attend les journalistes frais émoulus des écoles de communication. Peut-être le métier vous apparaîtra moins reluisant par trop d’exigences.
Journalismes spécialisés à l’ère numérique. Collectif 261p. www.pulaval.com |
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Pour les mordus de l’aviation
Aux éditions JPO deux autres titres viennent enrichir le catalogue des ouvrages portant sur l’aviation. D’abord de Claude Bossu “L’aventure d’UTA” qui reprend l’épopée de cette compagnie aérienne puis de “Pappy” Boyington c’est Tête brûlée une autobiographie. La compagnie aérienne UTA initiales de l’Union de Transports Aériens a eu ses beaux jours jusqu’à ce qu’elle fasse partie du giron d’Air France, perdant sa distinction propre. Un qui connaît son histoire sur le bout des doigts est Claude Bossu de formation ingénieur en Arts et Métiers est le président du Musée UTA. Chez UTA il en sera directeur industriel. Il nous fait revivre les grandes heures de cette entreprise de transport aérien qui avait des circuits aériens forts exotiques absorbant même Air Zaïre. Bardé d’anecdotes il va certainement provoquer de la nostalgie chez ceux qui ont emprunté ses couleurs,
L’autre ouvrage rapporte les faits d’armes d’un pilote qui a été une figure majeure de la guerre dans le Pacifique. Aux États-Unis, ses mémoires ont trouvé un million de lecteurs! Il pilotait un Corsair, devenu mythique. Un passage entre autres décrit la condition faite aux prisonniers américains dans les camps japonais. Au passage, l’auteur parlait très bien le japonais, ce qui l’aidait dans sa quête de renseignements. Pour l’anecdote, cette vie a été tellement chargée qu’elle a fait l’objet d’une série télévisée. A défaut de l’avoir vue, vous avez grâce à la maison d’édition JPO l’opportunité d’être en contact avec cette existence hors du commun.
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Le coin santé physique et psychique (1)
Aux éditions Les Deux Océans lance Le grand geste libérateur un texte fondateur du bouddhisme tibétain issu de la sagesse de Takpo Tashi Namgyal (1511-1587) et que l’on apprend à connaître grâce à Erik Sablé. Cette étape libératrice se nomme Mahamudra. De chapitre en chapitres on nous ramène toujours à l’essentiel de ce que doit être le passage terrestre, loin des déviations futiles. On a beaucoup parlé du karma. Eh bien le maître lui consacre un chapitre. En conclusion la pratique du yoga est recommandé et comment l’appliquer à son quotidien en quelques étapes. Ce livre ou plutôt ce guide, une petite plaquette en fait, est riche par son contenu.
Les trois livres qui suivent sont publiés aux éditions du Dauphin Blanc. Le premier titre est celui d’une médium Lise De Champlain qui après une longue carrière dans le milieu hospitalier comme technicienne en stérilisation s’est tournée comme consultante en relation d’aide. Dans Rien ne sera plus comme avant elle transmet les enseignements de “nos amis des étoiles”. C’est qu’elle a une disposition particulière qui lui permet de canaliser les messages de l’Au-delà. Si vous trouvez que le monde a bien changé et où il est difficile de se référer à nos bons vieux repères, c’est qu’il y a une explication concrète à cela, une transformation qui va vers du positif.
Ensuite au tour du coach belge Marc Breugelmans qui va intéresser un large public, de ceux qui se sachant doté d’un potentiel, ne parvienne pas à s’épanouir, notamment au plan professionnel. Ils sont en déficit en somme de reconnaissance. C’est que les critères d’évaluation standard ont peut-être tout faux et qu’il faut revoir la grille d’analyse. Ce bouquin est un antidote à cette vie formatée qui ne donne souvent pas sa chance à davantage de talents. Ça s’intitule L’autre potentiel.
Puis place au Dr. Dragos Bratasanu avec A la poursuite des rêves. Ce roumain a une jusqu’à présent une vie très chargée, sillonnant le globe à la recherche de soi-même. Il aime à être confronté dans ces certitudes. S’il a choisi de partager son vécu c’est avec la mission qu’il s’est donné de faire en sorte que les gens puissent réaliser leur destinée. Fait amusant il demande au lecteur de signer un engagement pour lui-même quand à sa responsabilité sociale. Qui “exige” du signataire à regarder à l’intérieur de soi plutôt que de faire porter le négatif sur les autres. A la fin du livre il y a une bibliographie intéressante pour qui voudra pousser plus loin la réflexion.
Il faut l’admettre qu’à l’ère numérique où l’être humain a été exproprié de sa propre vie au profit grandissant de l’intelligence artificielle, il lui est difficile de s’arrimer au monde présent et de trouver des repères de vie sécurisants. C’est alors qu’il faut mettre en priorité la lecture de Prendre soin de la vie, de soi, des autres et de la nature qui est un collectif d’individus qui, chacun y va de sa recette. Ce qui ressort ce sont six conseils qui se résument à ceci: être présent dans nos vies, cultiver les liens avec autrui, s’inspirer de la solidarité de la nature, accéder à la grande santé, préserver le vivant menacé sur la planète et apprendre la gratitude. En fin d’ouvrage il y a des exercices interactifs, et une liste d’associations qui pratiquent l’altérité et où on peut retrouver un esprit humaniste. C’est aux éditions de l’Iconoclaste.
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Le coin santé physique et psychique (2)
Décidément le monde du livre tous les aspects de la vie. C’est ainsi que le psychologue Francis Levasseur s’est interrogé jusqu’à quel point l’espace physique d’un bureau de consultation en psychologie pouvait influer sur le niveau d’échange entre le praticien et son sujet. Il semble qu’il y avait pas mal de choses à exprimer qui n’avait jamais encore été dites car cela donne L’espace de la relation avec pour sous-titre “Essai sur les bureaux de psychologues”. Pour son étude, il est allé à la rencontre de dix psychologues et a sondé leurs états d’âme quant à l’importance du “décor” qui prépare le climat à mettre en place. Pourrait-on parler de mise en scène ? Puisque souvent des oeuvres d’art participent de la mise en place. Sans doute la raison pour laquelle ce livre fait partie de la collection Art aux éditions Varia.
Aux éditions Fides, deux titres coup sur coup dans la collection “Ce qu’en dit la science”. Le premier, sous la direction de Stéphane Labbé “Interdire le cannabis avant 21 ans, une bonne idée ?” et du même coordonnateur Perdre du poids comment s’y retrouver. Il y a un dénominateur commun entre les deux sujets, c’est qu’ils font débat tous deux. On n’entend pas formuler ici de réponses définitives, on laisse parler la science comme l’indique le nom de la collection. Les faits sont exposés, à partir desquelles le lecteur sera à même de faire des choix éclairés. Au sujet du poids, le communiqué de presse accompagnant la sortie de ces titres nous apprend que 39% de la population mondiale est en surpoids. Ce n’est donc pas un phénomène marginal.
S’il y a un livre qui nous fait découvrir l’écosystème du métabolisme humain c’est sans contredit Ouvre la bouche je te dirai si tu es en santé chez Édito par le dentiste allemand Dominik Nischwitz pionnier dans le domaine de la dentisterie holistique. Saviez-vous par exemple que notre bouche est un carrefour qui est interrelié avec les maladies du coeur, le diabète, les troubles intestinaux et toute une kyrielle de maux plus ou moins grands. C’est cette ignorance qui devient facteur de négligence, avec des conséquences que l’on n’imaginent même pas. On n’a pas idée de ce que peut faire comme ravage une bactérie dans un interstice buccal. Bonjour les dégâts.
Et aux éditions La Musardine un peu d’amusement pour enrober un sujet aussi sérieux que la sexualité. C’est pourquoi le sexologue Philippe Arlin appuyé par les illustrations de Nawak a décidé que c’est son chat qui va parler de libido. Charly, le chat du sexologue est l’hôte du cabinet de ce spécialiste et il a pris sur lui de reprendre ce qu’il entend en consultation pour diffusion au plus grand nombre. Ce qui est très bien, c’est que le félin passe en revue toutes les joies et problématiques associées à la sexualité, en livrant de judicieux conseils, question de dédramatiser certaines situations parfois embarrassantes, surtout pour l’homme qui a fait de la performance son credo.
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Le coin des beaux livres, tribut aux souliers masculins et aux montres
Qualifiés souvent avec condescendance, les beaux grands livres étaient destinés pour orner la table du salon, tels des objets décoratifs. Soyons honnêtes, ils méritent plus que ça au regard des investissements consentis. Prenons ces deux exemples qui nous parviennent cette semaine et qui sont des livres de référence. A commencer par Frédéric Liévain sans doute d’une part un cinéphile averti puis amateur éclairé de montres puisqu’il a réuni ses deux passions dans un album thématique d’exception Les montres au cinéma, le temps du 7ème art aux éditions du Cherche-midi. Il a sélectionné un grand nombre de vedettes avec des photos où elles arborent au poignet des montres de grand style qu’il nous identifie. Et il faut être un sacré connaisseur pour repérer telle ou telle montre portée par Marcello Mastroianni, Al Pacino ou Marilyn Monroe. Le sujet en soi est futile, mais n’a t-on pas dit que le véritable luxe c’est de s’entourer de choses pas nécessairement indispensables comme ici à l’ère numérique où le téléphone intelligent a supplanté la montre pour nous donner l’heure. Avec pour le beau résultat que la montre est redevenu un bijou. Et vous allez voir dans ces pages des montres de grand style.
Puis aux éditions Gründ maison d’édition rompue à la fabrication de beaux livres d’art, un hommage aux souliers masculins. Souliers une passion masculine est dû au talent de Hugo Jacomet sur des photos sublimes d’Andy Julia. En quatrième de couverture du grand livre inséré dans un coffret fourreau, l’auteur souligne que pour des souliers sur mesure, cela peut réclamer jusqu’à 150 heures de travail et de longs mois d’attente selon l’artisan de renom où on a choisi de passer commande. Il est vrai qu’il dénonce la vulgarité de notre époque où le basket est devenu la norme comme chaussure. Ceux-là qu’ils aillent voir ce livre qui recense tout ce qui se fait de plus beau en la matière. Les photos sont magnifiques et c’est un euphémisme. On a toujours un peu déconsidéré le soulier masculin par rapport à celui des femmes, soit-disant pour faute de variété. S’il est vrai que la création masculine dans ce domaine fait pâle figure par rapport au déploiement inventif des chaussures pour femmes, cela ne signifie pas pauvreté de style. Au contraire. Chapeau à l’éditeur qui s’est surpassé pour offrir un bel écrin à cet accessoire du parfait dandy.
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Sur le plus grand historien du 1er siècle
Flavius Josèphe est souvent cité à titre de témoin de grands événements, dont le non moindre est la destruction du temple de Jérusalem par les Romains. Prêtre dans cette dernière ville, il faut capturé par les forces romaines qu’il était allé combattre. Et étrangement il fut gracié par les vainqueurs. Et dès lors devint le chantre du pays conquérant. Avec Tite-Live il est une référence pour qui veut connaître l’antiquité du judaïsme. C’est grâce au travail acharné et érudit du dominicain Étienne Nolet que nous pouvons avoir une image plus précise de qui était ce Flavius Josèphe, un brin vaniteux qui “gonflait” certains événements. Les Romains, les juifs et Flavius Josèphe rend compte de la réelle contribution de cet homme fidèle à la fois à Jérusalem et à Rome.
Les Romains, les juifs et Flavius Josèphe Étienne Nodet. Cerf 353p. www.editionsducerf.fr
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La spiritualité écologique de l’Église catholique
Dans sa récente encyclique Laudato Si, le pape François a jeté l’anathème sur nos comportements effrénés de consommation, véritable gaspillage des ressources mises à la disposition de l’Homme par la Création. Bien entendu que la majorité du vulgum pecus ne lit pas les écrits de Rome. C’est pourquoi un bon père de famille et membre de la communauté Foi et Lumière a senti le besoin de souligner l’essentiel du message papal au regard de l’Évangile. François Bal signe à cet effet ce pamphlet Notre Terre éloge de la frugalité. Non seulement il reprend à sa façon les exhortations du Vatican à plus de modération dans la gestion de se procurer des biens, il cite aussi les enseignements que l’on trouve dans les textes des évangélistes. A l’époque on donnait en sorte des règles qui s’appliquent tout autant à notre temps. Comme quoi on se faisait déjà visionnaire. Ce livre expose les principes de ce que l’Église prône dans sa contribution pour la préservation de notre planète.
Notre Terre éloge de la frugalité François Bal. Artège 168p. www.editionsartege.fr
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Un autre regard sur les contenants et emballages
Si vous voulez un exemple de splendeur de la méditation c’est sans contredit Philippe Garnier qui remporte la palme, et de loin, avec sa Mélancolie du pot de yaourt. C’est que, d’aussi loin qu’il se souvienne, il s’est demandé à quoi lui rappelle tel ou tel emballage. Tout un exercice d’observation, sur les formes, textures et couleurs des emballages qui recouvrent nos produits de consommation. Il a un sens de l’image très poussé. Si on dit que le journalisme mène à tout, que dire alors de la méditation avec l’exemple qu’en donne cet essai chargé d’imagination. Après lecture on risque de ne plus regarder les produits de la même façon. En fin d’ouvrage il nous propose une courte bibliographie sur le thème de la consommation et du packaging pour ceux qui voudraient pousser l’étude plus à fond.
Mélancolie du pot de yaourt Méditation sur les emballages. Philippe Garnier. Premier Parallèle 144p. www.premierparallele.fr
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