- LIVRES avril 2019 -
 
 


 


Tout savoir sur les Algonquins

Pour preuve que nous ignorons tout de nos peuples premiers au Canada, beaucoup d’entre nous seraient embêtés de répondre à la question du territoire où se retrouvait la nation algonquine au Québec. D’où la nécessité de lire ce merveilleux petit opuscule de Daniel Clément qui a été conservateur d’ethnologie au Musée canadien des civilisations et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Consultant an anthropologie, il est connu comme un spécialiste de nos peuples autochtones. Alors pour répondre à la question première, les algonquins étaient installés en dix communautés en Outaouais et en Abitibi-Témiscamingue. Ils avient leurs rites en propre que décrit dans le détail le scientifique.

Les récits de notre terre. Les Algonquins. Daniel Clément. Presses de l’Université Laval 156p.     www.pulaval.com

 


 


Des kidnappings pour peupler la métropole française

Une zone d’ombre historique demeure inconnue pour la majorité, c’est que de 1963 à 1983 au gouvernement français on a enlevé systématiquement pas moins de deux mille enfants des départements d’outre-mer pour aller repeupler des coins de la métropole moins habités. Par une sorte de devoir de mémoire, Ariane Bois s’est inspirée de ce fait historique et disons-le sordide, pour écrire ce roman poignant qui a quasi valeur de documentaire L’île aux enfants. Dans ces pages on annonce à deux fillettes de La Réunion, Pauline et Clémence, qu’elles vont s’envoler pour l’Hexagone. C’est un moment de joie car qui n’aime pas la perspective d’un beau voyage. Elles ne savent pas encore qu’elles font l’objet d’un sombre agenda caché. Et arrivées là-bas dans la sinistre Creuse, elles seront séparées. Une jeune journaliste fera enquête. Cette lecture nous montre le côté illimité des forces du Mal. A lire, car on ne peut pas se voiler la face sur des pratiques colonisatrices françaises qui font honte à l’humanité.

L'Île aux enfants. Ariane Bois. Belfond 228p.    

 


 


Le ténor Roberto Alagna de A à Z

Quand un grand ténor meurt on dira qu’il est irremplaçable. Ce fut le cas lors des départs pour un autre monde des Enrico Caruso, Franco Corelli et plus près de nous Luciano Pavarotti. Et tout à coup on se surprend d’avoir des émotions pour un nouvel élu dans son cœur de mélomane. Et Roberto Alagna est en bonne posture dans l’ordre d’affection des amateurs de Bel Canto. Si vous ne le connaissez pas encore, allez l’entendre sur You tube dans le Minuit Chrétiens d’Adolphe Adam, et lors d’une cérémonie avec derrière les musiciens et la chorale de la Garde Républicaine, entonnant La Marseillaise avec une virilité procurant des frissons sur tout le corps. Et on ne parle pas des arias célèbres d’opéras comme E lucevan le stelle. Bref, si vous voulez en connaître sur l’homme et le chanteur, une superbe opportunité nous est offerte alors que le chanteur en collaboration avec le musicologue bien connu Alain Duault nous présente Mon dictionnaire intime. Donc, sous la forme d’un abécédaire, on apprend tout sur ses centres d’intérêt. On apprend une foule de choses. Ainsi au mot chirurgie, il nous dit que des confrères chanteurs ont essayé de modifier leur timbre sonore en faisant intervenir le médical au niveau des cordes vocales, avec des résultats qui n’étaient pas heureux, provoquant le retrait même de la carrière pour certains. Intéressant ? Un euphémisme.

Mon dictionnaire intime. Roberto Alagna. En collaboration avec Alain Duault. Le passeur 252p.        www.lepasseur-editeur.com

 


 


A cent ans de distance un journal intime lie deux femmes

L’espagnole Marian Izaguirre nous avait laissé sur de belles lectures avec son roman « La vie quand elle était à nous ». Le titre à lui seul était promesse de tout un programme. Elle nous revient avec un roman qui est un peu dans la mouvance actuelle de mettre de l’avant des femmes fortes D’Elizabeth à Teresa. Pour nous faire oublier en somme cette horrible désignation de jadis sur le sexe faible. Ce n’était en tout cas pas la définition à donner à Elizabeth Babel véritable canon, qui demeura un siècle plus tôt dans un hôtel de la Costa Brava. Anglaise et muette, elle laissa un journal daté de 1915. Ensuite la romancière nous invite à faire un grand saut dans le temps, avec Teresa Mendieta gérante de ce même hôtel qui disparut sans donner signe de vie. Par contre, c’est elle qui est en possession de ce fameux journal, où elle trouve des similitudes avec la signataire. Voilà pour l’argument principal. L’intérêt du livre c’est justement centré sur les réminiscences qu’évoque le souvenir de cette femme d’un autre temps, mais si singulière.

D’Elizabeth à Tereza. Marian Izaguirre. Les Escales 379p.     www.lesescales.fr

 


 


Un papa noir offert en sacrifice par une secte esclavagiste

Les États-Unis n’ont pas fini de ruminer le pan le plus horrible de leur jeune histoire, à savoir la ségrégation dont on fait l’objet les noirs et les amérindiens. Du côté des noirs ce racisme perdure et qui pour les états du Sud est une plaie sociale. La frontière est mince entre l’antisémitisme exprimé autrefois par les nazis et ce que pensent nombre de républicains et démocrates de ces afro-américains. En guise de règlements de compte, la littérature fait sa part en rappelant ces pages anciennes qui ne sont pas à la gloire des idéaux d’Abraham Lincoln. Un autre exemple avec en librairie Lovecraft country de Matt Ruff. Nous sommes à Chicago en 1954. Un honorable noir, père de famille, Montrose est disparu sans laisser de traces. Un trio formé d’Atticus fils de de dernier, une amie et d’un oncle, vont entreprendre un périple risqué à travers les États-Unis, eux qui sont de couleur. Et dans un manoir du Massachusetts ils vont tomber sur un manoir où se trouve la victime enchaîné et prêt à être livré à des tourments puis la mort, aux mains d’une secte ségrégationniste. L’écrivain rend bien ce climat nauséabond qui prévaut chez nos voisins du Sud de la frontière quand on a la malheur de ne pas être blanc et protestant.

Lovecraft country. Matt Ruff. Presses de la Cité 489p.    www.pressesdelacite.com

 


 


Frôler la mort en dix-sept variations

L’irlandaise Maggie O’Farrell aura attendu 45 ans, et ce devait être le temps nécessaire aussi, pour accoucher de I’am, I’am, I’am une autobiographie à travers le primes de dix-sept situations de vie, toutes identifiées par une partie du corps humain, dans laquelle le dénominateur commun est la fois où elle a failli trépasser. Un seul des segments concerne sa fille, c’est à la toute fin du livre, qui, atteinte d’eczéma chronique a frôlé la fin lors d’un voyage avec sa maman en Italie. C’est fichtrement bien narré et en même temps qui nous rappelle que dans notre pauvre condition de mortel, nous vivons tous sur du temps emprunté.

I’am, I’am, I’am. Maggie O’Farrell. Belfond 250p.   www.belfond.fr

 


 


La rencontre entre une libraire psychopathe et un SDF perdu

La petite histoire veut que c’est lorsque Anna-Véronique El Baze a croisé la route d’un SDF qu’il lui est venu d’en mettre un en scène dans son prochain roman. C’est chose faite avec Je maudis le jour qui est la rencontre entre Léa, une libraire le jour, dont le père a été un truand et dont elle a eu la douleur de le perdre lorsqu’elle eu 15 ans. Le soir elle sort son arme et tue. Et Nicolaï qui a fait la Légion au Mali et qui une fois décoré comme il se doit, s’est retrouvé à la rue. Deux éclopés de l’existence, chacun à leur façon. Alors que du second dont on s’attendrait qu’il fasse le pire, qui, au contraire voudra sauver l’autre. Comme vous le voyez, c’est chargé de matière. Pour le plus grand bonheur de ceux et celles qui sont touchés par la question humaniste dans un monde où c’est plutôt l’ablation du cœur qui règne.

Je maudis le jour. Anna-Véronique El Baze. Plon 221p.    www.plon.fr

 


 


La Seconde guerre mondiale vue par les généraux allemands

C’est du bonbon pour ceux qui se passionnent pour les faits de guerre entourant la Seconde guerre mondiale. En effet, on réédite mais en version française intégrale, ce classique Les généraux allemands parlent du fameux historien Basil H. Liddell Hart. Rappelons les faits. A l’issue de cette guerre effroyable qui a causé la mort de cinquante millions de personnes, l’historien a eu le privilège de s’entretenir avec des pointures de l’état-major de la Wermacht, l’armée allemande. Vous avez là des informations de première main vue des coulisses du côté du camp ennemi. Comme ces gradés n’avaient plus rien à faire, ils se sont confiés à leur intervieweur. Par exemple on apprend que pour la campagne de France qui a pris trois semaines, ce sont les généraux de terrains qui ont pris l’initiative, contrairement aux instructions du Quartier-général militaire. Avec pour résultat une guerre éclair sans vraiment d’opposition de l’armée française, pourtant une des plus importantes au monde alors. Et Hitler qui avec toutes ses conquêtes passaient pour un mélange de Napoléon et Machiavel, deviendra, retournement d’opinion, un raté, à la suite du premier échec lors de la campagne de Russie. Bref des pages enlevantes à lire.

Les généraux allemands parlent. Basil H. Liddell Hart. Tempus 560p.   www.editions-perrin.fr

 


 


Pire qu’un écrivain sombre

Comme carte de visite Christophe Siébert est directeur de collection chez l’éditeur Media 1000 qui propose des romans pornographiques. Mais s’il fait son beurre avec des histoires de derrière, il est capable de remonter l’ascenseur vers le haut et de nous proposer des romans qui font du rentre dedans. Ainsi cette Métaphysique de la viande chez l’éditeur Au diable vauvert qui rassemble deux romans trash « Nuit noire » les réflexions d’un tueur en série et « Paranoïa ».  Ce qui à l’évidence est le fonde de commerce de l’écrivain c’est de transgresser tous les tabous. Le regretté Charles Aznavour, disait que pour toute œuvre il fallait qu’elle captive dès les dix premières minutes ou lignes sinon les gens s’ennuient. Eh ien pour ce qui est de Nuit noire, le tueur en série qui s’exprime à la première personne, nous parle de son addiction à l’odeur des aisselles, un goût qui lui est venu très jeune. Ça donne le ton. Il permet au lecteur timoré dans la vie, de se défouler par procuration. Son style est très en accord avec la violence de notre époque qui est aussi une des composantes de la nature humaine. On ne sort pas indemne de cette lecture c’est garanti. Et le pire, c’est qu’on en réclame d’autres. A quand le prochain opus Monsieur Siébert ?

Métaphysique de la viande. Christophe Siébert. Au diable vauvert 308p.    www.audiable.com

 


 


Homme d’affaires et homme à femmes

Demandez à n’importe quel journaliste du secteur économique, c’est quasi impossible de faire parler un homme d’affaires de sa vie privée. Même pas de ses lectures. De toute façon il trouvera toujours étrange de devoir répondre à ses questions, préférant n’être connu que pour l’entrepreneuriat. C’est la raison pour laquelle vous ne trouvez jamais de papier style d’intérêt humain dans le journal Les Affaires. C’est pourquoi la parution de la biographie de Bernard Lemaire par Christian Bellavance est une grande avancée. On a choisi comme titre Ma vie en Cascades un titre qui avait d’ailleurs servi autrefois au célèbre cascadeur de cinéma français Rémy Julienne. Si ce dernier est réputé pour ses voltiges, notre homme d’affaires québécois, fondateur de Cascades et de Boralex, a eu une vie amoureuse aussi importante dans sa vie que comme bâtisseur d’entreprise. Sur la couverture il affiche une belle tête de cinéma qui fait penser un peu à Jean Yanne. C’est à l’évidence un charmeur qui ne s’est pas privé. A preuve il réussit à vivre avec deux femmes en même temps. Juste de vivre avec une seule réclame beaucoup d’énergie, imaginez, deux! Il est comme un démiurge qui prend tout sur son passage. Comme si devant lui toute résistance était vaine. Ses deux frères,  aussi dirigeants de Cascades qui signent la préface, reconnaissent d’entrée de jeu son côté excessif. Le biographe nous raconte l’histoire de ce fleuron de l’industrie en même temps que ce qu’il en a coûté à Bernard Lemaire qui n’a pas toujours été présent pour les siens. La fameuse problématique de la conciliation travail-famille qui semble être le lot des femmes avec enfants, est aussi celui des hommes comme on peut le lire. Bref, une belle transparence du côté de ses hommes qui n’a pas peur d’exposer son bilan à tout point de vue, ses bons coups comme les moins bons. Mais on ne peut quitter cette recension en mentionnant ce haut fait d’arme qui le place au-dessus de tous les patrons qui n’ont jamais osé ou même imaginé, partager les profits de Cascades avec les employés!

Bernard Lemaire Ma vie en Cascades. Christian Bellavance. Québec Amérique 238p.     www.quebec-amerique.com

 


 


Le deuxième tome de la trilogie de Roy Braverman

Il est hors norme ce Roy Braverman qui prend un pseudonyme selon l’inspiration du moment. On l’a connu sous le nom Ian Manook alors qu’à la ville et sur son passeport on peut lire Patrick Manoukian. Il débarque avec une trilogie, lui le bricoleur de sagas, qui nous a donné Hunter, maintenant c’est Crow. Les deux mecs, Hunter et Crow qui ont laissé derrière eux des crimes innommables, ont trouvé refuge en Alaska. S’il est un milieu hostile, c’est bien celui-là. Et il n’y a pas que les grizzlis, ils ont à leur trousse deux agents du FBI dont un rétrogradé, entend bien prendre sa revanche. La force de ce tome, c’est le descriptif de l’environnement en Alaska. Ils décrivent bien les épreuves auxquelles ils doivent faire face. Et ensuite vous avez une sacrée galerie de gens déjantés qui donnent du sel à ce roman. On croit d’emblée ceux qui nous disent qu’ils ne parviennent que difficilement à décrocher.

Crow. Roy Braverman. Hugo 365p.    www.hugothriller.com

 


 


 Un contrôle routier de routine réserve son lot de surprises

Avec l’envoi du dernier polar de Sandrine Destombes « Le prieuré de Crest »  l’attachée de presse avait accompagné le communiqué d’un petit mot plein d’esprit « Les chapitres sont comme des chips, impossible d’en lire juste un ». Elle ne pouvait mieux décrire comme métaphore ce qui attend le lecteur de la part cette écrivaine qui nous a donné précédemment ce best-seller « Les jumeaux de Piolenc ». Nous sommes cette fois à Crest dans le département de la Drôme. Un flic est à faire un contrôle routier comme il en à l’habitude. Un travail en somme un peu routinier. Mais là, lorsqu’il va demander à cette conductrice de sortir de son véhicule » il aura son lot de surprises. Un chapelet d’horreurs s’ensuit. Comme c’est du solide au plan criminel, est appelé en renfort une escouade experte de la gendarmerie nationale. Ceux qui aiment la mise en contexte du déroulement d’une enquête vont être servis car il y a beaucoup de détails techniques. Ensuite elle mêle des éléments de compréhension sur ce qui se passe dans la tête des victimes, parfois des désirs de vengeance bien légitime. Bref, c’est vrai, l’équivalent d’un sac de chips, encore qu’on ne voudrait pas dévorer le sac d’un coup, mais il y a hélas une fin qui arrive trop vite.

Le prieuré de Crest. Sandrine Destombes. Hugo 348p.    www.hugothriller.com

 


 


Quand on vit sur du temps emprunté

La théorie de l’existence de Pierre Yergeau, détrompez-vous, n’a rien à voir avec un traité d’astrophysique ou quoi d’autre de scientifique. Simplement un long poème qui décrit le combat que doit mener une femme aux prises avec un cancer du sein. Le poète a pris le relais et exprime des variations sur ce que lui inspire cette maladie sournoise. Il y a de très belles fulgurances. Extrait « Le médecin femme la regardait en silence de la fenêtre il y avait un bâtiment en briques et un bout de nuage ressemblait à un animal. Tu es vraiment naïf dit-elle les formes et les matières ne sont pas une énigme elles sont un spectacle ».

La théorie de l’existence. Pierre Yergeau. Éditions du Noroît 104p.    www.lenoroit.com

 


 


L’ABC de la conduite en moto

Avec la belle saison, peut-être aurez-vous le goût de faire l’acquisition d’une moto et de dévaler les belles côtes du Québec ? Mais quand on sait que le motocycliste contrairement à l’automobiliste, est en position de vulnérabilité constante, vaut mieux se doter d’une bonne formation. La voici sous la forme d’un guide rédigé par un maître du domaine, Pierre Lessard qui forme des motocyclistes depuis plus d’un quart de siècle. Avec Conduire sa moto en pro il nous livre le fruit de tout son savoir sur ces deux roues qui fascinent et chargées de tellement de mythologies, pensez seulement au film Easy rider. Le prof parle de la préparation mentale, un préalable essentiel selon lui, de l’équipement, de la structure mécanique du motorisé, et des techniques de conduite. Tout est là en mots simples et illustrations nombreuses à l’appui. Un ouvrage qui fera sans doute référence. Car étrangement, alors qu’on dit volontiers et assez bêtement qu’il se publie trop de livres, on compte sur les doigts d’une demie main, les livres sur l’art d’enfourcher une moto.

Conduire sa moto en pro. Pierre Lessard. Les éditions La Presse 125p.    www.editionslapresse.ca

 


 


De la poésie vibrante à La Peuplade

La charmante maison d’édition saguenéenne La Peuplade a un catalogue très diversifie qui donne voie à la littérature d’ici et du monde, et des belles lettres sous toutes les déclinaisons comme la poésie. Superbement illustrée avec ces deux recueils. Le premier L’œil soldat de Larry Tremblay. Au départ c’est un pacte faustien avec le Diable, qui fait que le protagoniste de ces strophes, a le pouvoir, sur un clignement de paupières, se transformer lui, ou les situations, de changer même de sexe. Malheur pour lui, un de ces clignements va lui faire prendre la peau d’un soldat au cœur des horreurs de la guerre. Voyez ce qu’il constate et comment il composera avec cette réalité non souhaitée. Extrait « Des clous dorés s’incrustent le long de mes jambes je roule en zigzag rasant la tête du firmament mot qui fait mentir le ciel ».

Puis Marie-Andrée Gill nous arrive avec Chauffer le dehors. Cette autochtone d’origine se penche sur les morsures de la douceur. Tiens quelle belle envolée. Il y a en elle un questionnement perpétuel qui se résume à ceci « Comment se retrouver dans l’étendue de la fin ? ». Voici un extrait qui à lui seul est tout un programme « Mon seul chez nous est un coup de poing dans la viande du cœur ».

 




 


Le coin santé physique et psychique

Elle ne provient pas du monde de la santé mais elle avait quelques messages à partager pour ceux qui ont à cœur de veiller à une bonne santé physique et psychique. Son nom ? Suzanne LeBlanc qui présente Augmentez vos chances de guérison. Qui reprend plein de choses que l’on connaît mais dont on ne met jamais à exécution. Son bouquin est un condensé des choses de base à connaître et  assimiler surtout pour envisage des lendemains qui chantent. Nous avons retenu une pensée en en-tête du chapitre six qui est significative « Ne baisse jamais les bras, tu risques de le faire deux secondes avant le miracle ». C’est aux Presses de l’Université Laval.

Aigle Bleu un amérindien, est un des auteurs phares chez l’éditeur Dauphin Blanc. Son best-seller tout azimuts est Les animaux totems que l’on réédite, preuve qu’il a trouvé son auditoire. C’est une édition revue et augmentée et qui nous permet de faire connaissance avec le meilleur cours de croissance personnelle qui soit, celui de la nature. L’auteur nous invite dans un premier temps à trouver quel est notre animal totem, ensuite de le décrire. A cette époque où on redécouvre les enseignements des Premières Nations, cette réédition tombe à point nommée.

Il est une vérité qu’une grande majorité des personnes qui nous entourent sont hypothéqués par un grand manque de confiance en eux. Et avec comme dommage collatéral un déficit abyssal d’amour de soi. La formatrice en communication non violente Diane Baran l’a bien compris qui publie chez l’éditeur Broquet J’ai décidé de m’aimer. Tout un programme de vie et qui done du sens à l’existence. Car on sait qu’au-delà des vanités humaines, ce qui compte c’est le développement de soi. Elle a structuré sept étapes pour parvenir à se recentrer sur ce à quoi on aspire vraiment, sans le regard des autres. Et une des règles fondamentales qu’elle prône est de proclamer son authenticité, que ça fasse l’affaire des autres ou non. Un excellent conseil au passage, car des observateurs faisaient remarquer qu’une des valeurs très prisée en ce moment est justement l’authenticité. En sommes d’excellents préceptes pour une faire une bonne vie.

 


 


Un hôtel de passe où les pensionnaires sont des poupées

Pour la petite histoire Danielle Thiéry est devenue la première femme commissaire divisionnaire de l’histoire de la police française. Si elle brille dans son travail elle l’est toute autant dans le monde du polar ayant récolté nombre de prix. Pour sa dernière ponte elle s’est sans doute inspirée de l’actualité. En effet, il ya quelques mois on avait eu connaissance d’un bordel de l’ère numérique où au lieu d’agréables jeunes filles pour vous accueillir, ce sont des…poupées d’un réalisme saisissant. Avec Sex doll madame la commissaire nous emmène dans un de ces nouveaux lieux de divertissement sexuel. L’ouverture d’une telle boîte à Paris a soulevé l’ire de bien des gens. En même temps, la commissaire Mario, l’enquêteuse fétiche de l’auteure est sur une affaire sordide de meurtres de femmes dont les corps mutilés ont été retrouvés. Et tout vient se compliquer avec la disparition d’une psycho-criminologue qui avait été mandatée. Bref, dame Mario a du pain sur la planche. Cette nouvelle enquête va de rebondissement en rebondissements et contient tous les ingrédients qui font recette dans le genre.

Sex doll. Danielle Thiéry. Flammarion 403p.   

 


 


Divertimento autour de l’œuvre d’Amélie Nothomb

Aux esprits chagrin qui rangent Amélie Nothomb comme une écrivaine en série de seconde zone qui s’oblige à sortir un roman chaque rentrée de septembre, voici de quoi les contrarier, puisque une professeur de philosophie de Marseille Marianne Chaillan a trouvé un angle amusant pour décortiquer la production de cette chère écrivaine fantasque. Dans Ainsi philosophait Amélie Nothomb elle fait entrer cette dernière au paradis où des débats ont lieu pour savoir si elle aura sa place là-haut avec les écrivains ou les philosophes. Le prétexte pour revisiter son œuvre et permettre à ceux qui n’ont pas encore lu de Nothomb de s’y mettre ou que ceux qui sont des familiers, découvrent peut-être des aspects nouveaux qui leur ont échappé. Le ton est très ludique rassurez-vous. L’écrivaine adoratrice de champagne, qui en savoure d’ailleurs du bon tandis qu’on l’analyse, n’aurait pas permis trop de sérieux sur sa personne. C’est un petit livre délicieux. Au passage, nous avons un préjugé favorable pour l’auteure de Riquet à la houppe était une correspondante d’une grande amie de Culturehebdo, Christiane Jolin, malheureusement disparue trop jeune et qui si admirative de la simplicité de sa chère Amélie Nothomb.

Ainsi philosophait Amélie Nothomb. Marianne Chaillan. Albin Michel 205p.    

 


 


Une ballerine stoppée par l’absence d’amour

Vera Seret fait une belle entrée en littérature avec ce premier roman prometteur A l’instant même où l’on bouge. Le titre est à la fois séduisant et intrigant. C’est l’histoire d’une ballerine, prénommée Ever, qui subit atrocement dans sa chair et son esprit, une rupture amoureuse. Et là elle s’interroge si elle sera en mesure de s’abandonner encore à son art, avec cette lourde hypothèque psychique. La narratrice parle à la première personne, et ce choix permet de créer aussitôt une intimité avec le lecteur, puisqu’elle nous met dans ses confidences. Il y a beaucoup de poésie dans le traitement stylistique. Elle donne un autre regard aux choses qui peuplent le quotidien. L’artiste de toute façon a toujours une vision particulière du monde. C’est très bien rendu dans ces pages. Une écrivaine à suivre à la trace.

A l’instant même où l’on bouge. Vera Seret. Carnets nord 258p.   www.carnetsnord.fr

 


 


Un fabricant de guitare d’ici qui n’était pas fait pour un p’tit pain

Nous avons pu apprécier Johanne Mercier comme recherchiste de Janette Bertrand, notre coéditeur Daniel Rolland ayant été paneliste à une de ses émissions à Télé-Québec où autour d’une table on discutait de l’amour entre les hommes et les femmes. Depuis, elle s’est tournée avec succès vers l’écriture, et sa curiosité est sans limites, signe d’une vive intelligente. Un de ces précédents ouvrages, était consacré aux Tannants l’émission culte du réseau TVA et loin d’être banal, c’était une solide documentation sur une période de la télévision. Changement total de registre alors qu’elle a choisi d’écrire une biographie autorisée du réputé fabricant de guitares, Robert Godin. Ce dernier aussi tôt qu’à l’âge de sept ans, s’est émerveillé devant cet instrument qu’il avait vu dans un commerce de l’avenue Mont-Royal. Ce montréalais de naissance a décroché très tôt de l’école pour aller enseigner l’instrument à plein temps. Ce qui ne l’a pas empêché de se voir décerner des années plus tard un doctorat honorifique de l’Université McGill. C’est que les guitares Godin ont acquis une réputation mondiale. On vous fera grâce ici de la nomenclature de toutes les grandes pointures de la musique qui ne jurent que par ce qui sort des usines québécoises. L’entrepreneur ne l’a pas toujours eu facile, notamment la mort accidentelle de sa fille, mais résilient il a toujours foncé quoi qu’il advienne. Il n’endossait nullement la vision du petit pain qu’on accole trop souvent comme destin aux nôtres. Il a vu grand très tôt.

L’homme derrière les guitares Godin. Johanne Mercier. Les éditions de L’Homme 226p.     

 


 


Toute une histoire de famille

On cherchait à la rédaction qui a dit un jour « Familles, je vous hais ». On pensait à cette phrase en marge de la lecture de ce texte saisissant Ressacs de France Martineau étiqueté comme roman alors que c’est même plus qu’une autofiction, mais un pur récit. Elle raconte sans voiles ce que furent ses géniteurs, la mère Suzette mais surtout cet ogre d’Armand. La première quittera ce monde suivi du mari quatre ans plus tard. Un véritable tyranneau qui va agresser sexuellement sa fille, exercer un patriarcat rigide jusqu’à la fin. A se demander s’il aimait ses enfants. Ce n’est que lors de la lecture du testament chez le notaire, qu’à la grande surprise des enfants, il avait décidé de façon très classique que le patrimoine se partagerait entre eux à parts égales. Au passage, elle honnissait tellement ce père qu’elle n’était même pas allé à ses funérailles. Bref, de « sacrés » belles histoires de familles d’antan comme les passéistes aiment à évoquer. Le mérite de ce livre est ce grand déballage salutaire, sans doute pour l’auteure elle-même et qui montre que les liens du sang n’ont de liens authentiques que le nom. Comme dame Martineau est professeure de linguistique à l’Université d’Ottawa et directrice de la collection « Voies du français » aux Presses de l’Université du Laval, est-il besoin d’ajouter que le texte est magnifique, surtout pour sa grande qualité narrative.

Ressacs. France Martineau. Les éditions Sémaphore 167p.   www.editionsdusemaphore.qc.ca

 


 


La finale des Quatre filles du docteur Moreau

Janine Boissard avec Toi, Pauline signe la fin de la suite des « Quatre filles du docteur Moreau », qui est rien de moins que la version de « L’esprit de famille ». La romancière on le voit aime bâtir des sagas familiales en s’attardant sur tel ou tel personnage. C’est le cas ici de Pauline qui ambitionne de faire sa marque dans le monde des lettres. Et pourtant elle ne devrait pas avoir le syndrome de la page blanche car il y aura, et c’est ce qu’elle fera, de quoi puiser dans quelques uns des êtres qui l’entoure pour puiser de puissantes histoires. La beauté du style de l’écrivaine c’est d’investir les âmes et d’aller au-delà des apparences. L’essentiel échappe souvent aux yeux des hommes. Pas pour elle qui décrit avec style ce qui se passe dans ce lieu qui est l’épicentre de l’histoire, La Marette. C’est pour tout dire la maison où il fait bon être et d’être aimé. Dire que nous avons aimé est un euphémisme.

Toi, Pauline. Janine Boissard. Fayard 251p.

 


 


D’autres belles pages du prix Nobel de littérature 2006

Orhan Pamuk est l’écrivain le plus connu de Turquie et pour cause car a été lauréat du prix Nobel de littérature voici treize ans. Ce qui était l’occasion inespéré pour lui d’étendre son rayonnement hors le pays natal. Il débarque avec La femme aux cheveux roux qui narre l’émoi de celle qui porte ce surnom auprès d’un jeune apprenti puisatier. Un véritable tsunami charnel. Mais la vie a parfois d’autres desseins. Il y aura d’abord un malheureux accident de chantier, puis l’établissement à Istanbul pour la suite de sa vie. Il n’arrive que difficilement à oublier à la fois l’incident professionnel puis cette comédienne incendiaire. Au-delà de cette histoire, ce qui donne de la valeur ajoute à la lecture, c’est que le romancier nous livre un peu beaucoup des composantes de l’âme turque avec moult références au riche passé du pays. Si vous êtes en mal d’exotisme, c’est tout trouvé.

La femme aux cheveux roux. Orhan Pamuk. Gallimard 296p.

 


 


Sur la captivité dans la culture amérindienne

John Demos enseigne présentement l’histoire des États-Unis à l’Université de Yale. C’est un gars au cursus universitaire renversant qui a fréquenté toutes les hautes institutions de ce niveau, Oxford, Berkeley et Harvard. Il est incollable sur les débuts de la nation américaine. Il nous arrive avec Une captive heureuse chez les Iroquois. L’histoire se déroule à Deerfield, un petit bled du Massachusetts. Ce 29 février 1704 une horde de soldats français accompagnés d’indiens saccagent la localité, massacrant au passage des habitants. On faut aussi des prisonniers. C’est ainsi qu’une fille, Eunice, sera retenu par les Iroquois alors que toute sa famille est libérée. Au lieu de rejoindre plus tard les siens, elle décide de son propre chef d’adopter la Foi catholique et de demeurer chez les Iroquois. A travers ce fait historique, le professeur Demos s’attache à analyser le phénomène de la captivité. Comment en arrive t’on à renier sa culture au profit d’une autre, si étrangère ?

Une captive heureuse chez les Iroquois. John Demos 414p. Collection A propos aux Presses de l’Université Laval   www.pulaval.com

 


 


La rapacité financière mine le monde

Vous allez nous dire que c’est une lapalissade, mais on dirait que nous avons tellement fini par intégrer la chose qu’elle ne semble plus nous offusquer. Ariel Zweig secoue très fort le cocotier avec un petit pavé dans la mare. Et il est bien placé pour savoir à quel point on porte l’argent sur les autels, car il est à la ville à la tête d’un fond d’investissement dans des PME qui trouvent grâce à ses yeux. Chaque chapitre est un manifeste de ce pamphlétaire qui ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de décrypter nos maux. Mais attention, ce n’est pas une étude sur la finance. Il est question de notre sale rapport au dieu dollar par-ci, par là, mais c’est surtout le regard lucide sur nos comportements dans tous les domaines y compris affectifs, tel un entomologiste qui scrute les fourmis. La conclusion n’est pas très honorable pour l’homo sapiens.

L’adieu à l’ancien monde. 12 manifestes pour un monde nouveau. Ariel Zweig. Carnets nord 187p.       www.carnetsnord.fr

 


 


Andreï Makine et sa variation sur la résilience

Doit-on traîner toute sa vie le lourd passé de on existence comme un boulet ? C’est un peu sans doute le questionnement qu’a été celui d’Andreï Makine qui a prévalu et conditionné la rédaction de Au-delà des frontières où des personnages tout aussi lucides les uns que les autres, dont une femme qui n’écarte pas l’option du suicide, se croisent. Avec pour finalité qu’ils se donnent une chance de se réinventer. La fameuse résilience si chère à Boris Cyrulnik. Au point de départ c’est la maman d’un auteur qui tente de faire publier son brûlot « Le Grand Déplacement ? » qui n’augure rien de bon quand au sort de l’humanité. Elle va pour ce faire, contacter un proche de Gabriel Osmonde qui est un peu le maître à penser de son fils. Pour l’anecdote le nom d’Osmonde a été le pseudonyme choisi un temps par Makine. Quel recoupement! Dans ces pages il ya on s’en doute de grands passages métaphysiques. Ce qui vaut le détour c’est qu’on se reconnaîtra dans les interrogations des protagonistes. Ce roman est un miroir de nous-mêmes quand rien ne va plus, mais qu’on veut se donner quand même une chance d’espérer.

Au-delà des frontières. Andreï Makine. Grasset 268p.   

 




 


Une collection coup de poing chez Triptyque

Elles ont l’air bien inoffensives ces plaquettes de la collection « Encrages » chez Triptyque, mais attention, le contenant ne dit rien du contenu qui est explosif. Pour faire un raccourci, disons que ce sont les petites lectures qui font du bien quand vous avez la rage au cœur ou un sentiment de n’être entouré que par la bêtise. Nous avons deux titres exceptionnels qu’il faut mettre impérativement au-dessus de votre pile de lecture. D’abord Bad boys sous la direction de Maude Veilleux, totalement irrévérencieux. Cette dernière a demandé à des gens qu’elle a fréquenté ou qu’elle côtoie encore de pondre chacun un petit texte sur le thème de leur choix. Elle semble bisexuelle car elle dit sans ambages « J’en ai choisi quelques-uns-es avec le seul espoir d’avoir une relation amoureuse ». L’histoire ne dit pas si elle a jouté quelques fleurons à son plumard, mais on a là des textes coups de poings, irrévérencieux en diable.

L’autre titre que nous vous invitons fortement à vous procurer s’intitule Les braises de Charles Quimper. C’est un correspondant imaginé par l’auteur qui, autrement dit s’écrit à lui-même, et à qui il a donné une vie difficile en diable. Et il en a des crottes sur le cœur l’épistolier. A preuve ce passage sur les aînés « Je n’aime pas les vieillards, ils me font peur. Je déteste leurs mains bombardées de taches, leurs doigts comme des serres d’oiseaux qui s’accrochent au passé. Les vieillards sont des désespérés, des possédés. Je suis jaloux d’eux, je les hais ». Vous voyez, le ton est donné. Ces deux livres ne sont pas faits pour les petites natures formatées qui ont peur de faire des vagues dans leur vie. 

 


 


Un auto-kidnapping revendicateur

Vernissage de Benoît Côté raconte le jour où tellement préoccupé par les questions environnementales, Simon-Pierre Cayouette, neveu d’une ministre portant le même patronyme, décide de se faire kidnapper avec à la clé une petite liste de revendications. Tout au long du livre on est témoin des pensées qui assaillent notre homme. C’est une lecture à deux niveaux car tantôt sa narration est en français international, tantôt il fait parler des personnages en québécois. Il faut donc s’adapter. Ce deuxième roman s’inscrit dans une espèce de courant où il y a un ras-le-bol manifeste chez les milléniums contre un a priori social actuel qui empoisonne l’existence. A la fin la ministre se manifeste en se drapant dans son acceptation de la liberté d’expression…mais que ça ne nuise à personne. Ce qui nous fait penser à cette définition entre la dictature et la démocratie. En dictature c’est « tais-toi » et pour la deuxième c’est « cause toujours ». Simon-Pierre semble faire les frais de cette deuxième manière de voir de la part des autorités en place. Bref, un roman très de notre temps.

Vernissage. Benoît Côté. Triptyque 396p.     www.groupenotabene.com

 


 


Le sort d’une vieille dame dans une résidence pour aînés

Ici au Québec nous avons les CHSLD, en France ce sont les Ehpad. Dans cet opus Les gratitudes, Delphine de Vigan poursuit son analyse des sentiments humains, en prenant à témoin le cas de son personnage Michka, une femme lettrée qui a gagné sa vie comme correctrice d’épreuves entre autres choses, mais qui voit progressivement la parole lui échapper. Pour sa sécurité elle va faire son admission dans une résidence pour gens âgés. Faut lire le passage avec celle qui est chargée des admissions. Presque un entretien d’embauche. L’écrivaine, seulement avec ce passage montre bien où nous en sommes rendus côté ablation du cœur. Heureusement que tout n’est pas noir dans cette fin de vie. Michka est entourée par Marie qui l’aime bien et Jérôme l’orthophoniste aux petits soins pour sa protégée. C’est aussi une radiographie de la fragilité des êtres, qui après une vie active, se voient comme dépossédés au terme de leur vie active. Ce livre est un appel à plus d’humanité.

Les gratitudes. Delphine de Vigan. JC Lattès 173p.    www.editions-jclattes.fr

 


 


Hydro-Québec, les défis du futur

Décidément Hydro-Québec est la Société d’État tendance dans l’actualité. Après le succès de Christine Beaulieu au théâtre avec son one woman show « J’aime Hydro » qui a fait un véritable tabac, avec prolongations, puis cette récente mini crise du verglas qui a privé trois cent mille foyers de courant, alors qu’on nous disait que jamais plus on ne revivrait d’autres crises de verglas comme la grande qui est demeurée dans la mémoire collective. Auparavant ça été la contestation publique sur les surplus engrangés injustement par Hydro et que Québec a décidé de garder pour elle. Puis le gouvernement tout fier d’annoncer que la ville de New York veut s’alimenter chez nous. Ça en fait de la nouvelle. Et ce n’est pas tout, les journalistes Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow débarquent avec Branchée! Hydro-Québec où on fait la prospective des défis qui attendent notre vache à lait nationale. On fait un rappel de sa puissance énergétique. Exemple, le complexe Robert-Bourassa, que l’on a connu mieux sous son abréviation LG2 a un réservoir d’eau grand comme la France entière! Et puis on expose les réels problèmes. Vous vous êtes tous demandés devant les interruptions de service, pourquoi on n’en vient pas carrément avec l’enfouissement complet des câbles. Pour ceux de petite tension, aucun problème, comme à l’Île-des-Sœurs où tous les câbles sont sous terre, mais pour ceux de haute tension, la technologie durable n’est pas au point et on nous explique pourquoi. Bref, pour commémorer le 75èeme anniversaire d’Hydro-Québec il n’y avait pas meilleur tribut que ce bouquin très bien fouillé au niveau de sa documentation. Au sortir de sa lecture vous serez incollable sur notre trésor naturel et vert.

Branchée! Hydro-Québec. Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow. Québec-Amérique 302p.       www.quebec-amerique.com

 


 


Quand la variole frappa Montréal

A l’émission « Figures marquantes de notre temps » sur MATV, l’historien Éric Bédard avait reçu une historienne dont hélas le nom ne nous revient pas en mémoire, et qui avait rappelé l’effroyable épidémie de variole qui s’abattit sur Montréal en 1885. Un fait marquant qu’hélas on n’a pas oublié alors que notre devise provinciale est pourtant « Je me souviens ». Pour nous rappeler ce que ce fut Paul Rousseau qui comme cadre de l’information à Radio-Canada a essaimé un peu partout au pays, s’amène avec un grand roman historique Le feu sur la peau qui s’appuie sur une solide documentation. Il greffe à la variole une histoire d’amour. En clair c’est un médecin franco-américain qui envisageant le pire, alerte tout ce qu’il peut sur les méfaits de la contagion et se fait l’ardent défenseur de la vaccination. Faut voir les autorités qui se braquent, notamment l’omnipuissante église catholique. Pensez-donc, ce médecin demande qu’on interdise un défilé de la Fête-Dieu, considérant qu’une telle manifestation de masse est un véritable bouillon de culture. On admirera la ténacité de ce Thomas Massey dans cette civilisation tellement arriérée.

Le feu sur la peau. Paul Rousseau. Québec-Amérique 411p.  
www.quebec-amerique.com

 


 


La suite de Bob le facteur de l’espace

Faut croire que le premier tome du Facteur de l’espace de Guillaume Perreault a trouvé son lectorat car le voici qui se ramène pour notre plus grand bonheur avec le tome 2 « Les pilleurs à moteur » C’est qu’il a cette fois le mandat de livrer une lettre, lui et sa collègue Marcelle. Vous nous direz que ce n’est pas la fin du monde pour nos vedettes de la poste inter sidérale, mais voyez-vous, cette lettre à la propriété d’intéresser pas mal de monde qui veulent mettre le grappin dessus. C’est là que ce travail qui en devait être un de routine, va se compliquer passablement. Comme pour le précédent tome, l’humour et les énormités sont au rendez-vous au plus grand bonheur des bédéistes.

Le facteur de l’espace. Tome 2 « Les pilleurs à moteur ». Guillaume Perreault. La Pastèque 146p.     

 


 


Lorsque lez nazis s’aventuraient dans le Golfe du Saint-Laurent

Quand on vous dit qu’Hitler avait des idées expansionnistes planétaires, ce n’était pas de la tarte. Déjà qu’il avait la presque totalité de l’Europe à sa botte, il lorgnait le continent nord-américain. Et c’est un fait historique que des sous-marins allemands, les fameux U-BOOTS qui déjà attaquaient massivement dans l’Atlantique les convois alliés, se sont aussi aventurés dans les eaux du Saint-Laurent, précisément le Bas-du-Fleuve. L’illustrateur Voro et le scénariste Frédéric Antoine se sont inspirés d’un fait authentique pour L’espion de trop. Dans cette BD éclatante, un de ces sous-marins va se rendre dans la Baie-des-Chaleurs pour y débarquer un officier des services secrets allemands. Vous verrez opérer cet espion sur nos terres. On ne vous en dit pas plus, mais l’action ne manque pas. En même temps, une belle initiative pour apprendre ce pan de l’Histoire de la Seconde guerre mondiale encore trop méconnu.

L’espion de trop. Voro et Frédéric Antoine. Glénat 57p.   

 






 


Trois recueils de poésie aux Écrits des forges

Une jolie cuvée nous parvient venant de la maison d’édition des Écrits des forges qui fait tant pour la diffusion de la poésie. Nous avons pour commencer Marco Geoffroy natif de Saint-Jean-de-Matha et qui présente son troisième opus poétique Ne tirez pas sur le pianiste qui entremêle habilement des réalités du quotidien, d’un grand réalisme, qui pourrait nous foutre le moral par terre. Mais non, il trouve moyen de nous inviter à regarder plus loin, avec espérance. Extrait « Les mains armées ce crucifix nous enroulons nos corps autour de squelettes d’acier le courage n’a pas de brassin notre croix cherche son chemin ».

Penser le dehors tel a intitulé son recueil Jean-Guy Lachance. Un rien peut nous bouleverser semble dire le messager. Dans ses strophes il a ce regard que non pas les autres mortels, car le poète voit. Il est beaucoup question d’espace et de migration dans ces pages lumineuses. Extrait « Las neige gravissait des sommets un long voyage en soi dans tes veines blondes du fauteuil à la table quelques biscuits pour la durée du soir ».

Enfin, Nancy R. Lange a choisi un titre qui prédispose à plein de choses Par la fenêtre. Les écrits tournent ici sur des visages de femmes à différents moments de leur existence. La féministe qu’elle est se soucie de ses congénères. Puis il y a d’autres réflexions qui méritent qu’on les médite, tel ce passage « Je voudrais savoir mimer la courtoisie, mais ça ne fonctionne pas vraiment. Il y a toujours une épaule qui déborde. Une catastrophe majeure m’est servie encore chaude sur une assiette impeccable, sans motifs ». 

 


 


Variations sur l’état d’être femme

En parcourant Fulminologie de Lesley Trites C’est à se demander s’il existe un mode d’emploi parfait pour devenir une femme épanouie. Beauvoir avait raison de dire qu’on ne naît pas femme, qu’on le devient C’est ce qui arrive aux personnages féminins qui est tellement contemporain dans son traitement de la nature féminine. Celles qui sont préoccupées par la question de la conciliation travail-famille trouveront ici des références. L’écrivaine a ce talent d’exprimer en phrases simples, toute la complexité de ce qui est demandé aux femmes de nos jours. Un homme qui lira ces pages pourra clamer un ouf!, libérateur car sa compagne ne vit pas les mêmes enjeux. La romancière présente différents portraits de femmes actives au bord de l’éclatement. A se demander si la société n’en demande pas un peu trop à ce sexe qui doit à la fois se réaliser au plan professionnel, cuisinière accomplie pour les siens, mère presque parfaite et amante délicieuse. Femme, tout un programme.

Fulminologie. Lesley Trites. Marchand de feuilles 294p.  www.marchanddefeuilles.com

 


 


Le plus beau tribut qui soit à Léonard de Vinci

Le monde entier célèbre le 500ème anniversaire de la mort de Léonard de Vinci. On ne compte plus les ouvrages qui sont publiés en marge de cette commémoration. Mais parmi les beaux livres édités il y a celui d’Alessandro Vezzosi aux éditions de La Martinière qui s’attache ici à l’œuvre peinte de ce génie de la Renaissance. Mais pour vérifier que l’auteur fait autorité, voici la notice qui figure dans le communiqué de presse accompagnant la sortie de l’ouvrage que nous reproduisons ici « Alessandro Vezzosi est critique d'art et l'un des spécialistes de Léonard de Vinci. Il a été l'élève de l'historien de l'art Carlo Pedretti (1928-2018), l'un des meilleurs experts de Léonard, au Armand Hammer Center for Leonardo Studies de l'Université de Californie à Los Angeles. Il est membre de l'Académie des arts de Florence. Il a fondé et dirige depuis 1993 le Museo Ideale Leonardo da Vinci dans la ville natale de l'artiste, à Vinci en Toscane. Il a été commissaire de plusieurs expositions et a écrit de nombreuses publications sur l'artiste, sur la Renaissance et sur l'art contemporain. Il est notamment l'auteur du Léonard de Vinci. Art et science de l'Univers (Découvertes Gallimard, 1996, 2010) »

Saluons ici le travail d’édition magnifique qui n’a pas lésiné sur la présentation graphique. Le haut professionnalisme du travail fait côté reproductions est à la hauteur de son sujet. Le spécialiste ne se contente pas de faire figurer chaque œuvre avec une petite vignette pour chacune. Au contraire, c’est à une exploration savante du travail pictural qu’il nous invite avec des parties de tableaux qu’on nous montre en gros plans et pour lesquels il déballe tout son savoir d’érudit. En somme, au sortir de cet album magistral, vous serez un incollable pour la peinture du maître.

Léonard de Vinci. Tout l’œuvre peint, un nouveau regard. Alessandro Vezzosi. Éditons de La Martinière   www.editionsdelamartinire.fr

 


 


Un portrait de Monique Leyrac à point nommé

C’est une triste réalité que ceux qui ont quarante ans et moins ne savent plus du tout qui est Monique Leyrac. C’est vrai qu’à notre époque pailletée Kim Kardashian avec ses seuls décolletés écrase tout sur son passage. Alors
François Dompierre
ce très grand musicien et admiratif de la chanteuse, a senti la nécessité de laisser un document qui permettra, dans un devoir de mémoire, et donnant la chance à des jeunes générations de se rattraper et d’en connaître sur cette chanteuse iconique d’un certain Québec. Cette petite fille de Rosemont qui débutera au cabaret avec la chanson, la grande époque du Faisan Doré sur le boulevard Saint-Laurent près de la rue Sainte-Catherine (aujourd’hui devenu…un bar de danseuses) pour aller ensuite vers l’animation télé, le théâtre, et des spectacles solo thématiques, dont sur la Belle Époque, Nelligan. A 65 ans elle tira définitivement le rideau derrière elle. Et depuis vingt-cinq ans c’est le silence artistique total. Et pourtant ce ne sont pas les sollicitations de retour sur scène qui ont manqué. A toutes une fin de non recevoir. Elle a déjà dit qu’elle n’aimait pas les vieilles chanteuses, elle qui s’est même permis avec son franc-parler légendaire, souvent désagréable, de dire à Charles Aznavour qu’il était peut-être temps pour lui d’arrêter! C’est vrai que leur relation d’antan alors que tous deux se retrouvaient jeunots au cabaret, lui autorisait cette familiarité. Tout un caractère la dame qui lui a un peu nui aussi faut-il le dire. Maintenant elle s’est partagée beaucoup entre la France et le Québec. L’idée de vedettariat apprend-on la laissait un peu froide. Contrairement à tant d’artistes, elle ne cherchait pas l’éternelle reconnaissance. Vous allez découvrir ici toute une carrière. Dompierre a eu l’honnêteté de mentionner d’entrée de jeu que sa démarche n’était pas une biographie exhaustive qui restait à faire. Mais en tout cas il nous a donné une chose avec ce bouquin, de nous remettre dans les pas de cette artiste au timbre inimitable.

Monique Leyrac. Le roman d’une vie. Les éditions La Presse 297p.    www.editionslapresse.ca

 








 


 Le coin santé physique et psychique

S’il fallait décréter le livre le plus tonifiant pour la psyché c’est sans contredit Marcher sur un Lego de Stéphane Dompierre chez Québec Amérique. Pourquoi ? Parce que le gars écrit exactement sur tout ce que le monde formaté n’accepte pas. Il est irrévérencieux comme ce n’est pas permis. Qu’il décrive un type qui fait caca de façon sonore, de sa méfiance vis-à-vis des barils d’olives vendues en vrac de crainte qu’un esprit chagrin y ait jeté sa gomme à mâcher enrobée de mucus, tout est tordant de rire. On n’a jamais vu meilleur râleur pour de vraies affaires qui nous irritent tous à divers degrés.  Déjà la couverture et la quatrième de couverture annonce les couleurs avec des annotations de l’auteur très loufoques. Plus lucide que lui tu meurs. Si vous avez des crottes contre l’humanité, tout médecin généraliste compétent devrait vous prescrire cette lecture plutôt que de vous engourdir avec des antidépresseurs.

La vraie dimension du tantrisme, voilà la proposition que nous fait Sahaj Neel qui est chercheuse en sciences humaines et transmetteur des sages savoirs orientaux. De surcroît elle est danseuse sacrée de l’Inde. Elle témoigne de son expérience en la matière dans Journal d’une tantrika ou le doux saisissement de l’amour aux éditions Accarias l’Originel. Vous aurez remarqué le mot amour dans le titre. C’est qu’ils ont tout faux ceux qui imaginent que le tantrisme est le sauf-conduit pour des fornications en duo ou avec de multiples partenaires. D’ailleurs l’auteure prend bien soin de mettre les distances nécessaires quand elle écrit que « le tantrisme n’a rien avec disai-je plus tôt, la sexualité au sens courant du terme, avec le rapport sexuel plus exactement. Une tantrika peut-être digne de ce nom sans jamais avoir vécu de telle relation, ni même y avoir pensé ». Alors c’est quoi ? D’abord une quête de liberté et une véritable intériorisation de son être. Quelqu’un n’a-t-il pas écrit à ce propos que le royaume des cieux était en nous ?

Oyé! Oyé! Un sonneur d’alerte Antoine Bueno nous met en garde. Si nous continuons à procréer sans discernement nous serons 11 milliards d’individus en 2100 sur cette Terre déjà fatiguée et qui peine à offrir les ressources nourricières aux habitants de la planète. Il signe un essai qui est à la fois un manifeste Permis de procréer chez Albin Michel. Il part de ce constat. Comment se fait-il que lorsque nous voulons adopter un enfant il faut passer par tout un processus de sélection très rigoureux, alors que pour en concevoir un naturellement personne ne vous pose de questions si vous avez la capacité parentale. Or il ne se cache pas pour le dire, ce ne sont pas tous les êtres humains qui ont les aptitudes à devenir parents. On le voit bien avec l’actualité qui nous ramène sans cesse des cas de maltraitance et où la DPJ voit exploser les signalements. Sans compter les pères et mères découragés qui se rendent compte qu’un bébé ce n’est pas une poupée docile. Il a donc une proposition qui est un permis de procréer. Il rassure ceux qui hurleraient déjà aux loups, dans sa vision humaniste jamais on n’interdira de faire des enfants, mais la différence ici c’est qu’il y a un accompagnement du début à la fin pour éviter les ratés. Une procréation supervisée aura aussi des conséquences heureuses sur la démographie et les problèmes environnementaux et économiques. A lire absolument car tous les problèmes du monde ont souvent leur origine dans une course aux naissances débridée.
Aux éditions Québec-Livres la spécialiste en médecine douce Anne Loiselle en collaboration avec Dali Sanschagrin nous présentent Détox émotionnelle pour tous. Combien de fois a-t-il été dit que nous étions les pires ennemis de nous-mêmes. Ne serait-ce avec comme hypothèque le fameux manque de confiance que trop de gens traînent comme un boulet de vie. Pour d’autres ce sont des peurs. Bref combien d’entre nous avons besoin de se désintoxiquer de tout ce qui constitue un empêchement à s’épanouir. L’ouvrage comprend un questionnaire où il est demandé de coucher franchement sur papier son inventaire personnel. Suite à quoi, elle interviendra avec tout un arsenal de recommandations puisé à même son riche savoir, allant du yoga aux huiles essentielles et quoi encore. En tout 85 techniques sont présentées.

Aux éditions de L’Homme ils se sont mis à deux Martin Lussier et Pierre-Mary Toussaint pour faire le point sur les bienfaits ou pas de la course à pied. Car on en voit qui tôt le matin, qui vont courir comme des dingues sur des pistes cyclables, le souffle court en même temps qu’ils consultent leur…téléphone portable fixé à leur bras! C’est à se demander S’ils courent pour leur bien-être ou vers leur perte. Les auteurs départagent le vrai du faux dans Mythes et réalités sur la course à pied que préface un connaisseur de la chose en la personne de Bruny Surin. Tout est détaillé de ce qu’il faut savoir sur cet exercice, à commencer par les chaussures appropriées. Il y a des techniques différentes selon le résultat anticipé comme le « fartlek » une méthode qui alterne des efforts d’intensité, faible, moyen ou intense. Et nos coauteurs sont précédés chacun de tout un bagage, le premier ayant une maîtrise en physiologie de l’exercice et un baccalauréat en kinésiologie et le second préparateur physique et détenteur lui aussi une maîtrise en physiologie de l’exercice.

 


 


Dans les pas parisiens de Mitterand

Ce fut judicieux que la grande journaliste Michèle Cotta soit appelé à entrer dans la collection « Le Paris de… en signant Le Paris de Mitterand. Car elle a bien connu le personnage  à travers ses fonctions.  Et s’il y a une figure politico-médiatique qui a bien connu la Ville Lumière c’est bien l’ancien président de la République qui était, c’est bien connu, un infatigable marcheur. Elle nous le décrit venant de sa Charente et débarquant à Paris pour la première fois en 1934. Chaque chapitre nous montre un aspect de la relation de Mitterand avec la capitale française, que ce soit le politicien, le bouquiniste, le Casanova et ses maîtresses, sa femme aussi ne l’oublions pas qui elle demeurait rue de Bièvre, tandis que son amour Anne Pingeot, à la demande de sa sécurité logeait Quai Branly avec sa fille secrète Mazarine. Il y avait l’épicurien et ses restaurants favoris. Il fréquenta bien sûr la brasserie Lipp jusqu’à ce que le patron du célèbre établissement lui fit une observation négative quand à son engagement lors de mai 1968. Comme on sait que Mitterand ne supportait pas trop d’être contrarié, n’y remit plus les pieds. Et plein d’autres anecdotes qui fait de ce petit livre, tout comme les autres de la collection, un petit bijou qui se lit hélas trop vite.

Le Paris de Mitterad. Michèle Cotta. Éditions Alexandrines 126p.     www.alexandrines.fr

  

 


 


Une autre déclaration d’amour de Pierre Bonte envers la France

S’il est un chantre de la France c’est bien Pierre Bonte. Lui aussi doit endosser Ferrat quand il chantait « Ma France ». Après « La France que j’aime » et « Mes petites France » les deux chez Fayard voici qu’il persiste et signe dans une même veine avec La belle France aux éditions Le Passeur. Sous-titré « A la rencontre de nos villages ». Ces villages qui ont eu le loisir de rappeler leur existence dans le cadre de la mouvance des Gilets jaunes. Cet ancien animateur de radio et de télé qui a eu ses heures de gloire et qui avait comme fidèle auditeur radiophonique nul autre que Louis de Funès, aborde de tout et de rien, son amour immodéré pour la Marianne, dont son appartement parisien est peuplé par ses bustes. Qu’il parle des petites gares qu’il affectionne, des estaminets qui lui chavirent le cœur, l’homme a le talent des petites touches. D’ailleurs les chapitres sont très courts. Mais il lui suffit de peu de mots pour faire mouche et nous donner le goût de sillonner l’Hexagone à sa suite. C’est un petit livre qui fait énormément de bien. Ne serait-ce que pour ça il est un bienfaiteur de l’humanité.

La belle France. Pierre Bonte. Le passeur 263p.   

 


 


Un helléniste qui exhorte à regarder autour de nous

Jacques Lacarrière est l’helléniste que l’on sait. Mais s’il est incollable sur la mythologie grecque et Athènes au temps de Périclès, il n’en demeure pas moins un homme bien de son temps, qui n’est pas passéiste loin de là. Même qu’il trouve de la poésie aux choses les plus anodines de notre quotidien moderne. D’ailleurs son credo est que l’infini est en nous et qu’il faut aller plus loin, au-delà de ce qui vient à notre regard. Il explique sa façon de voir notre monde de façon brillante dans Ne lâchons pas la proie du soleil pour l’ombre des écrans. Le titre en soi est sublime. C’est un livre indéfinissable que l’on pourrait se hasarder à décrire comme les réflexions d’un grand curieux de tout, se remémorant les morceaux de chocolats de son enfance, la musique de Xenakis, son appréciation du quartier de la Défense à Paris, ce que lui inspire la souris Mickey. La diversité intellectuelle faite homme. De petits instantanés d’un promeneur qui voit des choses que le scotché à son smartphone ignore.

Ne lâchons pas la proie du soleil pour l’ombre des écrans. Jacques Lacarrière. Le passeur 336p.

   

 


 


Une histoire des Patriotes qui a de la chair

Anne-Marie Sicotte est une nationaliste convaincue. C’est en travaillant sur une saga romanesque sur l’histoire des Patriotes qu’elle a été heurtée par le fait que ce qu’on connaissait alors de 1837-1838 se bornait à des faits, des statistiques mais qu’il manquait à ses yeux, l’essentiel, c’est-à-dire de la chair. Qui était ces gens dans les deux camps, du colonisateur et du colonisé. En 2016 paru donc son Histoire inédite des Patriotes qui reparaît cette fois en format compact. On saluera en même temps cette iconographie très riche qui donne de la valeur ajoutée à cette démarche historienne. Et plus que jamais l’adage qu’une image vaut mille mots se vérifie encore davantage. C’est un livre d’histoire vivant comme hélas on n’en trouve pas dans nos salles de classe. Ce bouquin devrait être inscrit de manière obligatoire au programme de cours du niveau secondaire. Car au-delà du conflit militaire c’est aussi une fresque de la vie de cette époque qui vit sous nos yeux.

Histoire inédite des Patriotes. Anne-Marie Sicotte. Fides 445p.   www.groupefides.com

 


 


Une biographie édulcorée ou une enquête choc ?

Si vous êtes fervent de lecture qui a du punch, voici un titre pour lequel on ne peut pas passer à côté. C’est Un frère de trop de Sébastien Theveny. L’histoire démarre au moment où un riche octogénaire nabab de l’immobilier dans le Var, Charles Lacassagne, passe commande è un journaliste parisien, Jérôme Bastaro, pour qu’il écrive sa biographie. Une biographie autorisée comme de raison, qui présentera cet homme sous les meilleurs auspices. Mais il s’avèrera que le scribe, en s’attelant à son travail va être confronté à des détails de la vie de l’homme d’affaires pas du tout reluisants. Tout un casse-tête surgit alors, est-ce que je continue avec une biographie plus blanc que blanc, ou il me faut sortir coûte que coûte un livre d’enquête ? Voilà la question que se pose Bastaro. C’est une variation bien connue sur le thème des squelettes dans le placard, mais ici le sel de cette histoire c’est le questionnement éthique qui taraude un moment le journaliste qui devra bientôt faire un choix et vous devinerez lequel. Bref, un suspense naît dans la ville de Nice qui vous tiendra captif..

Un frère de trop. Sébastien Theveny. Michel Lafon 437p.    
www.michel-lafon.com

 


 


La gent féminine et le marteau

Quand on connaît le talent de tant de femmes pour la décoration, le sens de l’observation qui est quasi un autre sens chez elles, on s’étonne que jusqu’à présent, peu de femmes se soient investies dans le bricolage. Mais ça change. Et ce n’est pas Michelle Gagné qui nous dira le contraire, elle qui nous arrive avec Madame rénove. Un ensemble de petits et grands trucs pour maintenir sa résidence. Mais attention, elle ne fait pas de démonstration de trucs avec marteau, scie ronde, et tas de planches et gypse. Il s’agit plutôt d’un livre conseil quasi philosophique touchant à la rénovation. Comme elle le dit en sous-titre, y’en a pas de problèmes, y’a juste des solutions!

Madame rénove. Michelle Gagné. Béliveau éditeur 176p.    www.beliveauediteur.com

 


 


Un amour improbable sur une île norvégienne en pleine guerre

Nous sommes en 1944. La Norvège est occupée par les allemands. Voilà le décor. Ingrid que l’on a connu beaucoup plus jeune dans un précédent roman du norvégien Roy Jacobsen « Les invisibles », est maintenant trentenaire. Un jour, suite au bombardement d’un navire allemand chargé de prisonniers russes, elle va recueillir sur l’île de Barroy où elle vit presque comme une ermite, un naufragé russe. Qu’elle va remettre en état, car l’homme a beaucoup souffert physiquement. Au-delà de la différence linguistique, il y a les non-dits, et ces deux âmes esseulées vont se retrouver physiquement. Une liaison amoureuse va naître dans un contexte assez singulier. Comment dire, il y à là une civilisation scandinave qui lui appartient en propre. Car comment expliquer qu’à peine connu, elle va se mettre complètement nue devant lui pour faire sa toilette, totalement décomplexée et partager sa couche sans plus de cérémonie. Très beau roman et inspirant sur la force des sentiments malgré l’hostilité d’une époque.

Mer blanche. Roy Jacobsen. Gallimard 261p.  

   

 


 


 Une médecine future faite d’empathie et…au féminin

Martin Winckler semble tenaillé par une idée fixe, la question de l’état des soins de santé. Rappelez-vous son brûlot « Les brutes en blanc » où il dénonce ces médecins qui de leur haute autorité n’ont aucune empathie avec le patient assis devant eux. Et parfois ça confine selon lui à de la maltraitance de ceux qui prétendent savoir ce qu’est la médecine. Il persiste et signe avec un roman d’anticipation L’école des soignantes car ça se déroule en 2039 au Centre hospitalier holistique de Tourmens, établissement public. Qui a la particularité de n’avoir d’une part que majoritairement du personnel féminin. Qui pratique l’écoute attentive. L’histoire se déroule dans l’unité psychiatrique. Le narrateur médecin en résidence et minoritaire. Il décrit ce qu’il y voit. Comme l’auteur est un tantinet pamphlétaire, ce n’est pas tout le monde qui partage sa vision de cet univers très centré sur le féminin. Au passage, même si c’est une fiction, il faut se souvenir qu’au Québec, hormis les médecins exclusivement hommes, c’étaient des femmes, voire des religieuses qui assuraient ici les services médicaux. Mais on le recommande tout de même car il alimentera votre réflexion si vous êtes interpelés par la situation de la santé comme chez nous au Québec.

L’école des soignantes. Martin Winckler. P.O.L. 501p.    www.pol-editeur.com

 






 


Le coin santé physique et psychique (1)

Toute une cuvée de beaux titres aux éditions du Dauphin Blanc. Les cinq qui suivent viennent enrichir ce large catalogue qui explore toutes les facettes de la psyché humaine et paranormale. D’abord Sanaya Roman avec Choisir la joie. Cette médium est la messagère de l’entité Orin un être de lumière et ce, depuis quarante ans. Il faut croire que les enseignements de cette dernière trouvent un écho car ils sont un demi million à ce jour à s’être procuré les ouvrages de la disciple. Des principes souvent connu de tous mais qu’il est bon de se mettre en tête afin de trouver l’harmonie. Si vous avez aimez le titre précédent et que vous l’avez trouvé trop court tellement c’était passionnant, vous pourrez vous reprendre avec son autre ouvrage Choisir la conscience. C’est tout simplement la continuité de l’autre mais axé sur le thème de la perception de l’énergie qui nous entoure. Et comment cette notion intervient dans les systèmes de croyances.

Mike Dooley a d’abord été consultant en fiscalité chez Pricewaterhouse Coopers pour devenir ensuite entrepreneur et surtout motivateur. Car il a acquis des certitudes sur la manière d’attirer à soi ce qui est en concordance avec nos aspirations premières. Son credo il le consigne dans La matrice décodée. Qui a pour sous-titre « Vivre délibérément et créer consciemment ». Quand il a quitté la grande firme comptable ça été une véritable débâcle. Il avait beau ne plus aimer son boulot, là c’était le vide angoissant. Et difficile de se faire embaucher. Au point d’avoir regretté son choix. Puis il s’est mis à prier et à retrouver une confiance inébranlable en ses moyens. L’idée étant de foncer. Et les efforts ont finalement porté fruit. Alire si vous êtes un tantinet découragé.  

Cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de commémoration de l’épouvantable génocide rwandais, où en quelques jours la communauté Hutu fit disparaître dans d’atroces conditions tous les Tutsis à sa portée. Beaucoup de témoignages sortent ces jours-ci en librairie dont le récit poignant de ce qu’a enduré Irène Nyirawizeye qui vit toute sa famille massacrée. Elle se sauva in extremis, emmenant avec elle son petit frère à peine âgée de trois ans. Ils passèrent des jours entiers en forêt de crainte d’être surpris et d’être massacrés à la machette comme tous ses semblables. C’est grâce à un oncle que les deux jeunes purent prendre la route du Canada. Aujourd’hui c’est une belle femme qui apparaît en couverture de L’improbable destin d’Irène écrit par Sonia Reid. Pour que l’on n’oublie jamais ce qui peut toujours se reproduire, là ou ailleurs.

Et on vous recommande ce livre utile en diable lorsque l’on est aux prises dans on entourage avec un ou des êtres toxiques. C’est Esquivez les vampires d’énergie de Christiane Northrup une femme médecin du Vermont où elle a enseigné dans cet état. Elle nous dit comment repérer ces êtres qui vous vident sinon de votre sang, de toutes vos forces, vous conduisant à de possibles graves dépressions. Les identifier d’une part et comment les éradiquer de votre existence.

 






 


Le coin santé physique psychique (2)

Quatre titres chez l’éditeur Béliveau cette semaine. Serge Larochelle a été formé dans les ressources humaines. Il a connu dans sa vie deux existences de dépression. Donc il parle en connaissance de cause. C’est pourquoi il a cru nécessaire de poursuivre son enseignement du domaine avec Faire face à la dépression. Car seulement au chapitre du travail la détresse est exponentielle avec ces employeurs qui ont trouvé comme nouvel esclavage les veilles numériques nombreuses et les assouplissements d’horaire qui donne l’apparence d’une démonstration de flexibilité, mais qui permet au patron de vous appeler à 20h. le soir pour un travail d’urgence à remettre. C’est pourquoi si à ce chapitre tout comme dans votre vie conjugale vacillante vous sentez être proche de l’abîme, ce livre vous sera d’une grande utilité pour d’une part identifier les symptômes mais comment contrer la dépression quand elle est à notre porte.

C’est un roman de style chick lit et en fait le tout premier pour Pamela Sauvé qui oppose un sérieux déme3nti à l’adage qui dit un peu méchamment que ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseignent. Car si en effet elle donne son avis sur les manuscrits des autres, est coach d’écriture et critique littéraire, il lui fallait mettre à son tour le pied à l’étrier. La voici donc qui plonge avec un premier roman Karma, dating et confidences. Si on l’a mis dans cette section-ci, c’est que nous considérons qu’il est un bon portrait psychologique de la narratrice qui s’est remis difficilement d’une rupture avec son mec, qui a fait l’expérience des sites de rencontres, et maintenant recourt à la voyance! C’est une lecture rafraîchissante parsemée d’humour. Un beau début.

Blogueuse et conférencière Anick Lapratte certifiée à l’Institut des Neurosciences appliqués, voit l’univers qui nous entière comme un amas de vibrations en perpétuelle métamorphose.  C’est tout un jeu où nous-mêmes répandons des vibrations et ou aussi nous en recevons. Et il est question alors de taux vibratoire. Si cette notion vous intrigue, allez lire A quelle fréquence vibrez-vous ? C’est une nouvelle édition revue et augmentée.

Melody Beattie débarque avec Prendre soin de soi, quoi qu’il advienne. C’est que malgré nous il nous arrive de retomber dans les mêmes comportements. C’est elle qui a écrit dans le passé « Vaincre la codépendance » et « Savoir lâcher prise ». Elle est donc dans cette continuité où elle exhorte ses lecteurs à ne jamais se perdre soi-même au profit d’un autre. De garder le cap en toutes choses.

Enfin le psychothérapeute Fernand Larouche s’amène avec un nouveau défi amoureux qu’il détaille dans Les relations amoureuses aux éditions Fides. A la lumière des dernières avancées des neurosciences on comprend mieux la mécanique qui régit notre affectivité. Il rapporte une statistique effrayante qui nous apprend que 5% de l’activité de notre cerveau vient de notre conscient. Vous pouvez imaginer tout ce qui influence nos comportements en sous-main. L’auteur est un pratiquant de la pleine conscience où l’individu est appelé à reprendre en main le cours de sa vie par sa volonté.

  

 


 


Sur les théories du complot

L’avènement de l’information par le biais du numérique a vu la remontée des théories du complot, des fameuses fakes news si cher à Donald Trump. Et des amalgames de toutes sortes. Il fallait bien que quelqu’un se penche sur ces faits de société. Ainsi Anthony Lantian maître de conférences en psychologie sociale s’est arrêtée à la question et nous livre ses conclusions dans une petite plaquette riche en densité de réflexion,  Croyez-vous aux théories du complot ? Et les personnes qui succombent à tous les ragots le font n’ont pas à travers une quête de vérité mais réagissent plutôt par croyance. En bon universitaire qu’il est, il complète pour ceux qui veulent fouiller davantage la question, une bibliographie fort intéressante.

Croyez-vous aux théories du complot ? Anthony Lantian. Presses Universitaires de Grenoble 74p.     www.pug.fr

 


 


Pas jojo le boulot d’avocat criminaliste

Ceux qui ont opté pour le droit civil plutôt que pour le criminel trouveront dans le roman Seul celui qui se perd se retrouve un jour de Antoine Page des arguments qui appuient leur choix d’orientation juridique. Car en effet le criminaliste pratique parfois un sport extrême en tentant de défendre certains clients. C’est le cas de Me Adrien Finden qui doit faire des effets de toge afin de protéger son client des foudres de la justice. En effet, ce dernier, un routier, a été non seulement accusé d’avoir fumé un joint en roulant mais en plus, un malheur ne venant pas seul, accusé également d’être la tête pensante d’un trafic de drogue. C’est au fur et à mesure de son travail de défenseur que le disciple de Thémis va se trouver happé dans un sale engrenage dont il retirera de grandes leçons. C’est un livre fort qui éclaire sur la notion de la justice ici bas.

Seul celui qui se perd se retrouve un jour. Antoine Page. Fleuve 221p.    www.fleuve-editions.fr

 

 


 


Un bel exemple de solidarité féminine

Aux méchantes langues qui médisent de la gent féminine en disant que le tort de cette dernière veut que les femmes passent le temps à se crêper le chignon, d’où l’impossibilité d’une quelconque solidarité. Eh bien La meute, un  premier roman de la journaliste Sarah Koskievic oppose un sérieux démenti à ce préjugé. Car les six jeunes femmes qu’elle nous fait connaître se tiennent les coudes serrées à travers les remous du quotidien, dont une préoccupation majeure, le désir d’enfant. Ça va faire un bien énorme aux féministes posées qui vont trouver là des motifs encourageants. Ce livre s’inscrit dans le créneau chick-lit qui trouve un vaste lectorat, notamment chez les jeunes adolescentes.

La meute. Sarah Koskievic. Plon 168p.    www.plon.fr

 

 


 


Le fascinant quotidien de Toutankhamon

A Paris se tient en ce moment une formidable exposition où on offre à la curieux des égyptophiles cinq mille objets trouvés dans la tombe du jeune pharaon de légende. Ces objets parlent et nous en disent beaucoup. Que c’est impressionnant de voir une petite culotte ou des sandales du monarque. Florence Quentin nous rend service car à défaut de pouvoir nous rendre là bas,  cette journaliste et égyptologue nous raconte le quotidien de ce pharaon trop tôt disparu. En même temps elle glisse des passages sur tout le folklore qu’a engendré la vie de ces demi-dieux, dont l’opéra Aïda n’est pas le moindre. Ce sont des heures de lecture emballantes qui nous aident à décrypter cette vie si ancienne qui fascine encore des millénaires après.

Dans l’intimité de Toutankhamon. Florence Quentin. First 298p.    www.editionsfirst.com

 

 


 


Une rencontre inattendue pour un psychologue

Il était une fois un psychologue qui donna à New York une conférence sur les souvenirs enfouis et l’hypnose. A l’issue de celle-ci il sera abordé par un homme qui lui confie un lourd secret. C’es que quarante ans auparavant, il s’est éveillé dans une chambre d’hôtel au côté d’une morte. Et il arrivera que le type qui est sur le bord de trépasser, se demande ce qu’elle a pu bien faire là. Va commencer un travail sur la régression, car pour le psychologue c’est bien de son domaine. Mémoire brisée serait en quelque sorte un thriller bien spécial sur fond de psychologie et de mémoire sélective. E.O. Chirovici comme dans tout roman à suspense nous réserve sa part d’étonnement. Nous avons aimé ? C’est en dessous de la vérité.

Mémoire brisée. E.O. Chirovici. Les Escales 313p.    www.lesescales.fr

 


 


Rencontre toxique

Un détective amateur qui croise la route d’une junkie totalement déjantée sur une île retirée de tout, ça risque de faire des flammèches. C’est ce qui se passe avec ce danois prénommé Erhard et qui fera la rencontre avec Lene, une DJ danoise comme lui. Elle est excessive en tout, même à la chirurgie plastique. Lui désabusé en quelque sorte, croit peut-être qu’il se sent vivre en sa compagnie, mais ce duetto roule à un train d’enfer et on sait ce qui se passe quand on roule trop vite. Elle, elle est à la recherche de son père dont elle a perdu la trace depuis des lustres et pour ce faire participe à une téléréalité appelée « Les Disparus ». Et Erhard dont c’est une de ses forces de retracer les gens, va s’en mêler. Bonjour les dégâts. Les disparus de Fuerte-Ventura de Thomas Rydhal mérite le détour. L’excès a toujours quelque chose de dangereux et séduisant à la fois. Vous ne devrez pas être déçus.

Les disparus de Fuerte-ventura. Thomas Rydhal. Belfond 538p.  www.belfond.fr

 


 


Voir l’école du futur

S’il y a un domaine où des intellos ont bien planché c’est celui de la pédagogie. Rien qu’au Québec, depuis la Révolution tranquille qui a vu naître le ministère de l’éducation, on ne compte plus les programmes scolaires qui ont été mis en place et qui ont pour beaucoup échoués. Alors Quelle école pour demain ?, d’Andreas Schleicher qui est directeur de l’éducation et des compétences à l’OCDE. Il est honnête, quand il fait part que les transformations dans le secteur sont beaucoup plus faciles à annoncer qu’à réaliser. Il a fait pas moins de 70 pays pour sonder les pratiques éducatives. Selon ce qui ressort, l’école en plus de dispenser le savoir propre aux matières se doit d’ajouter un volet sur une morale citoyenne, faite d’empathie et d’altruisme. Ce qui est formidable pour un universitaire de ce niveau, surtout en pédagogie, il ne s’est pas fendu d’un traité hermétique. Au contraire il s’adresse à un large public. Rien qu’avec le corps professoral intéressé par la prospective, il s’assurera d’un large bassin de lecteurs.

Quelle école pour demain ? Andreas Schleicher. Presses de l’Université du Québec 311p.     www.puq.ca

 


 


Une fiction indéfinissable

Nous allons remettre le prix de la critique de l’année à quiconque parviendra à identifier à quel style appartient le style littéraire employé par Katherine Fawcett avec La petite lavandière de chagrins. C’est que la narratrice semble raconter des pans de vie, puis fait un grand saut de la fantasmagorique avec des amalgames entre le réel et l’irréel. Au cinéma ce pourrait être un formidable film d’ambiance, qui n’a pas de fil continu mais qui captive. A défaut du grand écran, on se fera nos propres images de ce qui est raconté dans ses pages qui part souvent de petits faits anodins de la vie de tous les jours mais qui prennent des reliefs inattendus.

La petite lavandière de chagrins. Katherine Fawcett. Marchand de feuilles 319p.    www.marchanddefeuilles.com

 

 


 


Une valise au riche patrimoine photographique

Il était une fois un homme qui est couché sur le testament d’une de ses cousines. Et que lui lègue-t-elle ? Une valise. Ce qu’il y a à l’intérieur recèle un véritable trésor. En effet le contenu est constitué de négatifs de clichés pris durant la guerre d’Espagne et portant les signatures de pointures telles Capa, Taro et Chim. Le récipiendaire de ce magnifique butin est interloqué. Que faire avec ce trésor ? Dans l’immédiat il va remonter la filière de transmission de cette valise car elle a passé de main en mains. Vous verrez après de quelle manière il va disposer de son précieux héritage. C’est Isabelle Mayault qui entre ainsi avec ce premier roman réussi qui a pour titre Une longue nuit mexicaine. Elle s’est inspirée librement d’un fait réel, ce qui donne du corps à cette histoire fascinante. Car il faut préciser que l’histoire démarre au Mexique. Un nom à suivre.

Une longue nuit mexicaine. Isabelle Mayault. Gallimard 265p.

 




 


Un bisexuel qui ne sait à quel…sein se vouer

Si le nom d’André Aciman vous avez peut-être eu la chance de voir la transposition d’un précédent roman ayant pour titre « Appelle-moi par ton nom » où on voit naître dans la magnifique Toscane l’attrait réciproque d’un bel adolescent italien, Elio, pour un universitaire américain en vacances, un peu plus âgé. Des amours qui étaient loin d’être facile, d’autant que l’ado était un petit peu caractériel et l’autre un tant soit peu distant. Mais c’était un film d’une esthétique léchés un peu comme dans les films de James Ivory. Ce petit préambule pour vous dire que monsieur Aciman persiste et signe avec cette fois un personnage qui passe allègrement des hommes aux femmes avec une prédominance d’attrait pour ces dernières. Cupidon lui tire continuellement des flèches mais on se demande si le mec n’est pas un peu disciple de Priape. Il est difficile à suivre et on se questionne à savoir ce qu’il aime vraiment. Et s’il s’aimait plus lui-même ? Ce sont des questions que vous vous poserez en cours de lecture dans Les variations sentimentales un rare ouvrage traitant de bisexualité. Sujet tabou s’il en est, car le bisexuel est comme un vampire qui n’a pas de port d’attache passant d’un sexe et l’autre et les déroutant tous les deux. Et pour revenir à « Appelle-moi par ton nom » le roman paraît en même temps chez Le livre de poche sous son titre anglais Call me by your name. Le texte est bien sûr en traduction française.

Les variations sentimentales. André Aciman. Grasset 366p.

Call me by your name. André Aciman. Le livre de poche 319p.       
 


 


Boucar Diouf célèbre sa maman et toutes les mères

Boucar Diouf est un véritable homme de la Renaissance curieux de tout ce qui grouille et grenouille sur notre planète. Il y a peu il nous donnait Apprendre sur le tas consacré aux …excréments! Et où il traitait de ce sujet ô combien tabou avec une rare érudition qui nous amenait à voir nos déjections d’une toute autre façon. Cette fois c’est une ode à sa maman ainsi qu’à toutes les mères avec Pour l’amour de ma mère. Sur la couverture on peut voir la photo de sa génitrice, montrant une femme très belle. En même temps qu’il chante les louanges de celle qui lui a donné la vie, il s’épivarde sur la maternité, s’arrêtant sur les bienfaits du lait maternel. Il y a toujours en lui cet aspect professoral qui ne le quitte jamais. Ce que nous aimons chez lui c’est son ardeur à ce que nous ne devenions pas des cruches vides. Bravo à ce merveilleux ambassadeur de la connaissance.

Pour l’amour de ma mère. Boucar Diouf. Les éditions La Presse 200p.  www.editionslapresse.ca

 


 


On the road à la Jean-David Pelletier

Jean-David Pelletier qui est né à Washington avant de migrer au Québec a eu ce projet fou de partir de la frontière américaine pour se rendre à pied dans la capitale de nos chers voisins. Le périple pédestre s’est étalé du 27 août au 10 octobre 2018. Émule de Jack Kérouac et passionné par l’histoire de ses ancêtres, il a donc donné suite à cette idée singulière. On peut lire le compte-rendu désopilant de son périple dans Le projet dear Donald journal d’un infatigable marcheur. En sa compagnie on va croiser quatre de nos compatriotes cons comme ce n’est pas permis, qui frustrés comme bien des mâles québécois n’hésiteront pas à le traiter de tapette parce que sa tente italienne au camping fait trop fifi. Il ira prendre un verre dans un bar à Lowell tenu par une Abénaquise, semble t’il d’une beauté rare. Une junkie complètement fêlé défèquera devant lui comme si de rien n’était. Ou encore cette transsexuelle en transition mesurant six pieds et quatre pouces, toute une pièce de future femme. Une véritable galerie comme l’Amérique du Nord en produit mais plus particulièrement aux États-Unis. C’est raconté avec brio car appuyé sur un grand sens de l’observation. Il reviendra en autobus, seize heures de route contre 45 jours de marche! Du bonbon à lire.

Le projet dear Donald. Journal d’un infatigable marcheur. Jean-David Pelletier. Les éditions de L’Homme 197p.

 


 


Sur la justice à travers nos grands procès

Daniel Proulx est incollable sur l’histoire de la justice au Québec. Ses connaissances du domaine nous ont valu des chroniques à La Presse, la série télévisée qui a bien marché « Les grands procès » au réseau TVA  puis deux autres séries qui ont cartonné à Canal D. Il ne lâche pas le morceau et c’est ainsi qu’il a sélectionné trente-huit affaires criminelles et comment elles ont été traitées devant les tribunaux. Grands procès couvre une période allant de 1965 à aujourd’hui. Et il n’est pas tendre avec la façon dont les tribunaux s’acquittent de leur mission de rendre la justice, comme dans ce cas effrayant d’un père tortionnaire Michel Otis qui a martyrisé sa petite fille de tout juste trois ans, lui sautant dessus à pieds joints, il s’en est sorti, l’imputabilité ayant été porté sur le compte de la mère. Lui, s’est retrouvé libre comme l’air au motif que ses aveux avaient été le fait d’interrogatoires forcés aux dépens de ses capacités intellectuelles…Et vous n’avez pas tout vu. C’est écrit avec maestria et le seul tort du bouquin, c’est que c’est trop court. Vite le tome 2 cher auteur.

Grands procès 38 affaires judiciaires qui ont secoué le Québec. Daniel Proulx. Les éditions La Presse 460p.     www.editionslapresse.ca

   

 


 


La romancière au demi-milliard de lecteurs débarque en grand

Nora Roberts est une abonnée aux best-sellers. Et ce n’est pas près de s’arrêter, surtout avec la sortie de son dernier opus La prophétie qui s’inscrit dans cette lignée d’ouvrages sur le thème de la fin des temps. Dans le cas qui nous occupe c’est un virus qui a ravagé l’Amérique. Parmi les survivants qui doivent leur survie à la réappropriation de pratiques anciennes, se trouve Fallon, une jeune femme qui dispose de dons spéciaux. Elle sait qu’elle est investie d’une mission, et pas la moindre, sauver l’humanité! Elle aura pour mentor un mage. Qui lui partagera généreusement son savoir avec parfois des moments d’exaspération devant les comportements de sa dauphine. C’est une grande fresque apocalyptique qui se déroule devant nous. Mais au terme de cette saga, il y a la lumière au bout du tunnel. On connaît les ingrédients qui font le succès de la romancière. Ils sont mis à contribution dans ces pages par une auteure qui n’a plus rien à prouver. Et puis petit détail typographique, les caractères sont un plus gros qui faciliteront la lecture pour ceux qui éprouvent des ennuis visuels.

La prophétie. Nora Roberts. Flammarion Québec 539p.   www.flammarion.qc.ca

 


 


Le karma de Sylvie Bernier

Le public a toujours cru que la médaillée d’or en plongeon des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, Sylvie Bernier a eu un avenir radieux où tout lui a été possible. Souvenons-nous de ces chroniques à Salut Bonjour durant quinze ans, et toutes sortes d’autres implications sociétales qui nous la montrait radieuse. Mais elle vivait au contraire un sombre drame qui ne l’a pas lâché. En effet le 24 juillet 2002, son neveu Raphaël âgé à peine de cinq ans, se noyait sous ses yeux. Et elle, championne de plongée incapable d’intervenir, le remous risquant de l’emporter à son tour. La victime était restée coincée sous le canot. Cette mort gratuite l’a frappé de plein fouet. Tellement qu’elle a senti le besoin de faire le chemin de Compostelle pour apaiser son âme. Et surtout cette nécessité d’écrire ce qu’elle a vécu et de le faire partager à la population. Ce n’est pas pour rien qu’elle affiche des traits creusés. On sait désormais pourquoi. Le jour où je n’ai pas pu plonger est un témoignage choc. Désormais elle s’active pour enseigner aux jeunes la survie en eau profonde.

Le jour où je n’ai pas pu plonger. Sylvie Bernier. Les éditions La Presse 187p.      www.editionslapresse.ca

 


 


Musso donne raison à Malraux

Dans une de ses nombreuses déclarations qui ont fait mouche, l’écrivain André Malraux identifiait l’homme comme un tas de petits secrets. Ce n’est pas Guillaume Musso qui va le démentir, surtout qu’il a construit son dernier roman La vie secrète des écrivains tel un thriller où on se rend compte qu’on ne connaît jamais personne de bout en bout. Il a campé dans ses pages un écrivain qui a eu son heure de gloire, qui vit désormais reclus sur une île de la Méditerranée depuis vingt ans. Il n’a plus écrit une ligne de tout ce temps. Il s’appelle Nathan Fawles. Débarque un jour une journaliste suisse Mathilde Monney. Et elle va le cuisiner, d’autant que le jour où elle s’amène on découvre la dépouille d’un corps de femme sur une plage avoisinante. Et là vous verrez plus d’un squelette sortir du placard. On connaît la stylistique de Musso qui sait de quoi son lecteur est friand. De la gourmandise à pleines pages. Et si vous n’avez jamais lu rie de lui à ce jour, c’est une belle entrée en matière.

La vie secrète des écrivains. Guillaume Musso. Calmann-Lévy 347p.

 


 


Pour ne jamais oublier la Première guerre mondiale

Entre décembre 2017 et octobre 2018 au Cercle de la Garnison de Québec, ce sont tenus des colloques forts instructifs où on a rappelé la contribution des nôtres durant la Première guerre mondiale. Il faut rappeler que pour ce qui est du Canada on a envoyé outre-mer 650,000 hommes et femmes. Là dessus 66,655 ont perdu la vie au combat. Triste effet de la conjoncture, cette participation canadienne a permis de renforcer l’image du Canada et d’engager de ce fait l’autonomie de notre pays face à la Grande-Bretagne. Pour revenir à ces colloques, on a réuni les actes dans un livre passionnant Le Québec dans la Première guerre mondiale sous la direction du brigadier-général Richard Giguère. En fin d’ouvrages on a sélectionné de hauts faits d’armes qui montrent plus que tout quelle a été la détermination de nos soldats sous le feu de l’ennemi.

Le Québec dans la Première guerre mondiale. Collectif 311p.    www.pulaval.com

 


 


Aux amoureux des petits félins

Chagrin d’enfant de Françoise Roy est une déclaration d’amour à l’endroit des chats. L’auteure qui nous livre son récit cite en ouverture Giacometti qui écrivit « dans un incendie entre un Rembrandt et un chat, je sauverai le chat ».  Dans la trentaine elle aura un premier chat qu’elle baptisera Chatouille. Sa disparition va la mener à une véritable détresse. Son deuil prendra fin avec l’arrivée de Sappho. Qu’elle décrit comme…psychopathe. Vous verrez pourquoi. Maintenant c’est Léo qui a pris la suite. A travers cette succession d’adoptions, l’auteure veut nous faire la démonstration à quel point il est bon de partager son vécu avec un chat. Ou plutôt que c’est le chat, dont on sait qu’il est jaloux de son territoire, qui vous fait la faveur de venir partager sa vie, c’est selon. Une petite plaquette touchante pour ceux qui aiment les petits ronrons et aux autres qui ont le projet d’en acquérir un.

Chagrin d’enfant. Françoise Roy. Les éditions de l’Apothéose 103p.    www.leseditionsdelapotheose.com

 


 


Littérature en fonction des lieux

Un peu hors du catalogue de l’éditeur Lévesque qui nous donne de si beaux romans à découvrir, voici un essai de niveau universitaire, un tantinet savant dont nous signalons la parution Habiter l’imaginaire de Maude Deschênes-Pradet. Et comme nous le faisons pour les rares fois où nous arrive un ouvrage un peu hermétique dans sa facture on fera exception en citant in texto la quatrième de couverture, certain de refléter ainsi le sens de la démarche de l’essayiste.

« Cette étude consacrée aux littératures de l’imaginaire au Québec emprunte la voix de la géocritique, soit l’analyse de la représentation des lieux. Si l’époque contemporaine se caractérise, entre autres, par une perte de repères spatio-temporels et un sentiment de fragmentation, il y a fort à parier que les œuvres de fiction traduisent cette expérience particulière. Aussi, dans un essai à la fois savant et accessible, Maude Deschênes-Pradet postule-t-elle que même les lieux inventés par les écrivaines et les écrivains ont quelque chose à révéler sur notre rapport à l’espace et au lieu. Certes, les littératures de l’imaginaire se doivent de créer leur propre atlas, mais comment s’articulerait une géocritique des lieux inventés, alors que cette approche a été conçue d’abord et avant tout pour rendre compte de lieux qui, bien que transfigurés par une mise en fiction, s’inspirent de sites bien réels? Pour répondre à cette question, l’auteure revisite les bases conceptuelles entourant les littératures de l’imaginaire, et ce, dans le contexte du tournant spatial qui a influencé les études littéraires depuis deux décennies. Elle se penche ensuite sur des œuvres emblématiques telles que Récits de Médilhault d’Anne Legault, Les Baldwin de Serge Lamothe, L’aigle des profondeurs d’Esther Rochon et Hôtel Olympia d’Élisabeth Vonarburg. »

Habiter l’imaginaire. Pour une géocritique des lieu inventés. Maude-Deschênes-Pradet. Lévesque éditeur 257p.     www.levesqueediteur.com

 




 


Aux futurs Cartier-Bresson et Lartigue

En passant, avis à ceux nombreux qui se passionnent pour la photographie, la maison d’édition Pyramyd dispose d’un large catalogue consacré aux ouvrages liés au domaine. Et d’ailleurs deux autres titres viennent enrichir la collection. D’abord Natalia Price-Cabrera qui présente son Manuel moderne de photographie avec 58 techniques pour faire de vous un incollable de la lentille. Elle déclare dans un premier temps que si à l’ère numérique où l’image est culte, chacun semble être devenu photographe, l’art de la photo va au-delà d’un téléphone intelligent. Et elle nous démontre photos à l’appui, où l’image comme dit le dicton vaut mille mots, comment un appareil photo classique peut nous conduire à réaliser des merveilles. La galerie de photos qu’elle soumet à notre regard vaut le détour.

De son côté Henry Carroll signe Ta mission : devenir super photographe! C’est lui qui nous avait donné ce guide à succès «Le livre qu’il vous faut pour réussir vos photos »  Ce sont vingt projets proposés. Contrairement à Natalia Price-Cabrera, il considère tout de même le smartphone. En fait il nous donne à examiner des photos prises par d’autres, en attirant notre attention sur tel ou tel point. Un peu comme on nous le recommanderait pour une peinture. De quoi trouver des sujets inspirants. 

 

 




 


Trois arrivages dans la collection « A propos »

Aux Presses de l’Université Laval dans la collection de poche « A propos » trois nouveaux titres chacun dans un univers bien particulier. Professeur au département de science politique à l’Université Laval, Jean-Pierre Derriennic arrive avec Les inégalités contre la démocratie. Dans sa passivité, le public était toujours à considérer que c’était comme un fait admis qu’il y a avait ce fossé entre les riches et les pauvres. Sauf que la rapacité des uns a eu une conséquence inattendue, un danger à la fois pour l’économie, car sans argent comment peut-on faire progresser la consommation ? Ensuite une menace pour la démocratie. Tout cela expliqué avec clarté dans cette petite plaquette qui expose et les enjeux actuels. Et l’essayiste ne se contente pas de rendre compte de la problématique, il présente aussi des pistes de solution.

L’historien Denis Vaugeois qui a magnifiquement raconté à son tour à la télé notamment le siège de Québec en 1759 et la capitulation de la Nouvelle-France aux mains des anglais, a dit de Québec 1759 de C.P. Stacey dans une réédition révisée et enrichie par Donald E. Graves que le travail de ce dernier a été une formidable réédition. C’est vrai que nous vivons heure après heure, les stratégies des deux camps. C’est magnifiquement décrit avec un luxe de détails. Quel travail de documentation préliminaire que nous saluons. Ce livre dès sa sorti faisait autorité. Sa réédition lui redonne un nouveau lustre.

Enfin, Jean-François Thibault est doyen de la Faculté des arts et des sciences sociales de l’Université de Moncton et professeur titulaire à l’École des hautes études publiques de la même institution. Que sait-on vraiment de Lester B. Pearson à part le fait qu’il a été premier ministre du Canada. Encore que même l’homme de la rue doit ignorer ce fait. Et pourtant quelle stature. Entré au ministre des Affaires extérieurs du Canada en 1928 il recevra le Prix Nobel de la paix en 1957. Ce diplomate de carrière aura toujours à cœur de vouloir la paix. On lui doit notamment la création des Casques bleus, cet ordre onusien chargé de maintenir la paix dans le monde. L’auteur dans Lester B. Pearson le réalisme éclairé rend ainsi hommage à ce travailleur infatigable dans sa recherche de l’harmonie entre les peuples.  

  

 


 


Une dilution alarmante des francophones au Québec

Une petite plaquette certes mais qui n’a pas besoin de plus de pages pour nous alerter sur la chute dramatique des francophones de souche au Québec, et pire à Montréal. Qui sonne l’alarme ? Jacques Houle qui en connaît un rayon sur le dossier de l’immigration puisqu’il a été longtemps conseiller à Emploi et immigration Canada. Il fait paraître donc Disparaître ? Notons ici l’importance du point d’interrogation qui laisse entendre que rien n’est scellé, mais qu’il faut vite politiquement se prendre en main. Car les chiffres parlent d’eux-mêmes et font peur. Dans vingt ans pour ce qui est de l’île de Montréal, les québécois francophones de souche ne représenteront que le tiers de la population. Et avant la fin de ce siècle ils compteront pour la moitié des habitants du Québec. Le signataire réclame que le Québec soit en pleine possession des pouvoirs en matière d’immigration, et de limiter celle-ci à moins de 30 mille immigrants par année. Ce pamphlet tombe à point nommé au moment où la question identitaire est récurrente dans l’actualité. Sa lecture permettra de se forger une opinion sur la question.

Disparaître ? Jacques Houle. Liber 140p.    

  

 


 


Les transformations de l’industrie du livre à l’ère numérique

On a craint longtemps que la tablette de lecture allait sonner le glas du livre. Heureusement non. Contrairement aux États-Unis où la liseuse connaît un certain engouement, le reste des lecteurs du monde tient à son bon vieux livre. La meilleure illustration en est cette déclaration de Dany Laferrière qui, au moment d’entrer, comme premier québécois sous la Coupole de l’Académie française, avait été interrogé par l’ancien premier ministre du Québec Philippe Couillard qui lui demandait s’il aimait lire sur une tablette. Tout sourire le nouvel Immortel lui répondit que, comme en amour avec une femme, il aime bien tenir quelqu’un dans ses bras, qu’il en allait de même avec l’amour du livre qu’on aime bien prendre en mains. Ce préambule pour dire qu’il y a tout de même des chambardements dans le business du livre et c’est Bertrand Legendre qui aborde ce sujet dans Ce que le numérique fait aux livres. Il est très peu question ici de menace de l’un sur l’autre, mais de certaines pratiques commerciales qui se voient modifiées, de même que la relation entre éditeurs et auteurs. L’essayiste est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-13. Une bibliographie exhaustive en fin d’ouvrage permettra à celui que la question intéresse de fouiller davantage.

Ce que le numérique fait aux livres. Bertrand Legendre. Presses Universitaires de Grenoble 134p.      www.pug.fr

   

 


 


L’émotion le sel du journaliste

Aux Presses Universitaires de Grenoble s’est constitué au fil des ans un catalogue de premier plan concernant la profession de journaliste. Un titre sort qui est d’un grand intérêt, car il est centré sur ce qui motive ceux et celles qui se sont engagées à transmettre l’information. Il a pour titre Émotions de journalistes. Cosigné par Florence Le Cam titulaire d’une chaire de journalisme à l’Université libre de Bruxelles et Denis Ruellan professeur en sciences de l’information et de la communication à la Sorbonne. Tous deux ont épluchés des autobiographies de gens du métier, fouillés des interviews ou des articles racontant les premières heures des reporters. A cet égard, c’est la guerre d’Espagne qui a donné naissance à toute fin pratique au reporter de guerre. C’est l’émotion qui est la raison d’être de ces personnes qui ne l’ont pas toujours eu facile comme Patrick Poivre d’Arvor qui même après avoir trôné pendant 21 ans comme chef d’antenne au TJ du soir, distançant toute compétition, s’est quand même vu montrer la porte. Cet ouvrage plaira à tous ceux qui envisagent de faire ce boulot ou encore pour d’autres qui veulent voir ce qui se passe en coulisses.

Émotions de journalistes. Florence Le Cam et Denis Ruellan. PUG 236p.   www.pug.fr

 


 


Des récits posthumes de Michka Saäl

La cinéaste et écrivaine Michka Saäl a quitté prématurément ce monde le 9 juillet 2017. Elle a réalisé treize films et des documentaires où elle privilégiait toujours la dimension humaine de ses personnages. Et il en est de même pour ces récits que l’on publie deux ans après sa disparition La Lune des coiffeurs, titre éminemment poétique et où elle se dévoile à chaque page, cette fameuse recherche identitaire, notamment sa part de judaïté. Elle a mis des années à accoucher de cette prose tant elle s’est investie à chaque ligne. D’où devons cette sorte de journal aussi à cette toute nouvelle maison d’édition, les éditions du Loin, qui ont misé juste avec cette publication. L’arrivée d’une maison d’édition est une immense joie dans ce monde où l’insignifiance gagne du galon. Bientôt, si la tendance se maintient comme disait l’autre, les millenium sauront qui est Kim Kardashian et totalement démuni à l’évocation de Rimbaud. Passons vite sur ce constat négatif et allez vous procurer ce petit bijou, testament d’une femme à la sensibilité exquise qui va certes vous émouvoir.

La Lune des coiffeurs. Michka Saäl. Éditions du Loin 148p.  www.michkasaal.com

 


 


Cuisine santé et écolo

Virginie Plante, celle qui tient depuis cinq ans le blogue culinaire « Vert Couleur Persil » présente son troisième livre qui porte ce titre. S’il y a en ce moment pléthore de livres de recettes, celui-là est intéressant pour deux motifs. Des recettes santé et on y reviendra plus loin, mais surtout une préoccupation écologique. Comme un chef de cuisine aguerri qui sait que ses profits se retrouvent souvent aux rebuts pour cause de gaspillage d’un membre de sa brigade, notre présente auteure a fait appel à Laurence Lambert-Chan et Benjamin Gendron-Smith fondateurs du blogue Les Cocos Écolos à qui elle a fait appel pour dispenser des conseils pour éviter la perte alimentaire et se montrer en même temps responsable face à la protection de l’écosystème. On retrouve donc pleins de conseils judicieux tout au long de l’ouvrage. Pour ce qui est des recettes très santé telles le houmous aux tomates séchées, une crème à la poire, aux épinards et à la sauge, un flétan rôti au four et sa salsa de fraises et melon d’eau. De même qu’une surprenante poutine …de haricots verts au cari rouge et au miso! Beaucoup de créativité donc qui vont réveiller des papilles blasées.

Vert couleur persil. Virginie Plante 142p.    www.vertcouleurpersil.com

 


 


Mieux connaître le Québec par sa cartographie

C’est une façon originale de mieux connaître le Québec, à savoir à travers différentes cartes géographiques. C’est l’idée qu’a eu le duo formé par Yves Brousseau et Guy Mercier qui présente Le Québec d’une carte à l’autre. Ils ont fait appel pour ce travail à divers collaborateurs. Chaque carte présentée nous fait voir un aspect de la Belle Province. Ainsi une carte sur l’agriculture actuelle ou une autre sur les feux de forêts. Chaque carte est accompagnée d’un commentaire explicatif. Ainsi pour l’agriculture on apprend qu’en 1941 on dénombrait 155 mille fermes sur tout notre territoire. Et qu’il y en a beaucoup moins aujourd’hui étant donné l’étendue de l’urbanisation, et le regroupement de production qui est passé aux mains de vastes entreprises agricoles. On se rend compte que nous sommes encore des nains devant la connaissance.

Le Québec d’une carte à l’autre. Sous la supervision d’Yves Brousseau et Guy Mercier. Presses de l’Université Laval 71p.     www.pulaval.com

 


 


Ottawa, du quartier pauvre à celui des riches

Put-on dire du roman d’Alain Savary « Le grand détour pour aller traverser la rue » que c’est une autofiction ? Il est écrit roman en couverture. Mais ce qui vit le personnage principal qui parle de sa naissance dans le quartier pauvre, Vanier à Ottawa et qui finira par vivre dans le quartier convoité de son enfance, celui des riches de Rockliffe, ressemble un peu à sa propre trajectoire, lui qui a vu le jour à Vanier et qui est investisseur en finance dans la capitale canadienne. Le début de ce court roman fait penser à la chanson d’Aznavour J’me voyais déjà, où le petit bonhomme se voit vivre parmi les fortunés de Rockliffe. Il atteindra son but qui raconte à la fois sa trajectoire et ce qui fait partie maintenant de son quotidien, comme de fréquenter son dentiste où maintenant les ardoises de ce dernier lui font moins peur. C’est écrit avec vivacité et beaucoup d’entre nous qui se contentons d’acheter des billets de loto pour s’en sortir miraculeusement, se sentiront interpelés par leur condition, de pauvres oude riches, c’est selon.

Le grand détour pour traverser la rue. Alain Savary. L’Interligne 123p.    www.interligne.ca

 








 


Le coin santé physique et psychique (1)

Valérie Belmokhtar sait plus qu’une autre combien l’art devient une thérapie qui fait éclater les blocages. Et qui fait passer l’individu du mode avoir à celui de l’être. Pour partager ses vues sur l’art salvateur elle lance Créer c’est exister aux éditions Pyramyd. Bien que ses préceptes soient connus et admis, on trouve toujours mille et une défaites pour se mettre à la création. Là dedans on est champions de la procrastination. Ensuite souvent les gens ont peur que le fruit de leur inventivité se retrouve sous les feux de la critique. En somme elle nous invite surtout à retrouver l’enfant à nous et se libérer par cette voie.

Aux éditions Performance trois opus cette semaine. De Brigitte Morel qu’ona connu comédienne et qui est maintenant coach en développement personnel, lançait récemment à Verdun son livre Le Génie est en vous et en sous-titre « Pour en finir avec la pensée magique ». C’est qu’elle en a jusque là des formules toutes faites en croissance personnelle qui vous promettent le bonheur. La sérénité de l’être à la lire, tient en quelques principes que nous possédons tous. S’agit de bien forer à l’intérieur de soi. Elle a beaucoup voyagé et nous rapporte des anecdotes savoureuses. Et concernant notre rapport trouble à l’argent, elle décrit la fois où en Inde elle a fait la connaissance d’une épouvantable avaricieuse, même de ses émotions.

Puis un homme droit dans ses bottes, Luc Vigneault, fait paraître non pas un, mais deux ouvrages. Le premier Je suis une personne pas une maladie!, en compagnie de la psychiatre Marie-Luce Quintal, de la pharmacienne Marie-France Demers et de collaborateurs et Cap sur le rétablissement à nouveau avec madame Demers et aussi des contributeurs. Le parcours de ce gars est hallucinant. Atteint de maladie mentale, on ne voyait d’autre horizon pour lui de le voir se bercer à longueur de journée. C’était sans compter sur la force de caractère qui n’allait pas être stigmatisé ainsi la vie durant. Et aussi impensable que cela puisse paraître, ce solide monsieur tant au moral qu’au physique, autodidacte, est aujourd’hui chargé de cours aux universités Laval et de Montréal! Les deux livres se complètent en ce sens qu’ils indiquent la chemin à suivre pour dominer la fatalité. Il est en sorte aidant pour ceux qui sont aux prises avec la maladie psychique. On rapporte des cas où des professionnels de la santé ne misaient pas un sou vaillant sur telle personne dont l’horizon aurait été de vivre aux dépens des autres. Si ce sujet vous préoccupe, ce sont deux livres essentiels à parcourir.    

Ailleurs on ne pouvait pas passer à côté des carnets de la comédienne Anick Lemay qui si vous avez lu le magazine 7 Jours a été victime d’un cancer du sein, en fait des deux! Elle a couché par écrit toutes les émotions qui lui sont passées par la tête. Et ça donne Le gouffre lumineux aux éditions Urbania. Du diagnostic rentre-dedans lorsqu’on lui annonce que le crabe s’est fait une place dans sa poitrine. Elle subira une mastectomie bilatérale. C’est toute la question de la féminité qui est en cause lorsque le buste disparaît. Il y aura reconstruction semble t’il de ce qu’elle nous raconte en fin d’ouvrage, mais on n’en est pas là pour l’instant. C’est le parcours d’une battante et pour ceux qui veulent savoir comment réagit-on aux traitements, vous avez là, la personne toute désignée. Il y aune photo émouvante qui a dû être difficile à réaliser quand on connaît l’emploi du temps des professionnels de la santé. Elle réunit les quatre femmes médecins et deux infirmières qui lui ont sauvé la vie, qui toutes affichent un beau sourire, symbole d’espoir. Ce livre témoignage valait la peine d’être publié pour celles qui seront confrontées à cette éprouvante maladie qui hélas dit-on sera exponentielle dans le futur.

 






 


Le coin santé physique et psychique (2)

Qu’est-ce que tu veux ? demande parfois quelqu’un à un autre qui va lui répondre « Je ne veux rien ». Est-ce à dire que le répondant est buté, ne veux véritablement rien, où cache t’il quel que besoin plus grand encore. Si on croit que tout a été dit sur la psychologie des humains, ce « je ne veux rien » n’a jamais été suffisamment étudié. Marlène Zarader potasse ce thème à fond dans Cet obscur objet du vouloir où elle émet même pour ce qui est de la négation du désir, l’ombre d’une pulsion de mort. C’est aux éditions Verdier philosophie. Et si la philosophie grâce à elle parvenait ce que la psychanalyse et la psychologie n’ont pu résoudre ?

Il semble que John P. Sretelcky aime la fréquentation de son café imaginaire dans un bled perdu de nulle part le Why café, car il nous fixe un troisième rendez-vous. Rappelons que les deux premiers ouvrages où des discussions métaphysiques s’engagent dans cet établissement ont été les méga best-sellers parmi les ouvrages de croissance personnelle. Donc soyez là pour la Reconnexion la 3ème visite au Why café aux éditions du Dauphin Blanc.

Nous avons une affection toute particulière pour les éditions Accarias L’originel qui rassemble mine de rien, un catalogue d’ouvrages sur la spiritualité de très grande valeur. Et les deux titres qui paraissent viennent l’enrichir. Jugez vous-mêmes. D’abord Aux côtés de Ramana Maharshi de Alan W. Chadwick dont le nom de famille en spiritualité a changé pour Sadhu Arunachala. Le signataire fit la connaissance de son maître en 1935. Dès lors il n’eu de cesse de répandra son enseignement, accessible à la multitude, qui se résume à ceci que « le faux sens du je doit disparaître car c’est cette limitation qui crée la servitude ». Et dieu sait si nous les nord-américains, pour ne nommer que ceux-là, s’encombrent d’un tas de biens matériels en surnombre dont on se désintéresse à peine une fois déballés. Et on s’étonnera du vide psychique ambiant et la hausse des dépressions. Ici le disciple présente son maître en départageant le vrai du faux de ce qui s’est dit sur sa personne. Et on verra que sagesse n’exclut pas l’humour comme on le verra dans ce portrait édifiant. Arunachala est mort en 1962.

L’autre titre intrigant, Le grand ailleurs porte la signature d’Alain Sainte-Marie. Cet Auvergnat a une passion pour la chose mystique et on lui doit la traduction d’ouvrages de toutes sortes en lien avec son sujet de prédilection. Pour tenter de résumer le moins maladroitement possible ce qu’il aborde dans ces pages, disons qu’il explore la notion d’authenticité, de ne pas se mentir à soi-même pour faire en sorte que tout notre être traduise une grande liberté. A la fin de l’ouvrage il y va de quelques aphorismes à méditer comme celui-ci « Un imbécile est un être qui ne se trompe jamais et qui n’a rien à apprendre de personne. »  Un passage à lire et relire se consacre à l’Absolu. Il en donne une belle définition à rebours de ce qu’on en pense habituellement.

 Cette fois aux Presses Universitaires de Grenoble un ouvrage un peu plus exigeant de Christine Browaeys qui porte à la fois la double casquette d’ingénieure et de sociologue. Elle se fend d’un essai La matérialité à l’ère digitale. Comme c’est un essai quel que peu hermétique, nous allons exceptionnellement reproduire le libellé de présentation, ainsi on s’assure de ne pas dénaturer l’intention de départ

« Aujourd’hui, l’humain, le digital et le matériel se rejoignent pour constituer de nouvelles façons d’être dans le monde. Cet ouvrage met en perspective l’évolution des matériaux et du numérique, source de nouvelles réalités hybrides. Il repose la question de la matérialité au XXIe siècle de façon interdisciplinaire, car la matérialité se définit en relation avec la matière, tout en étant de l’ordre de l’émotion et de la pensée. Elle permet de comprendre comment se construit notre relation au monde. Elle questionne le scientifique comme l’artiste. Pour bien ancrer le sujet dans la réalité de la matière, l’ouvrage est émaillé d’exemples concrets, mêlant approches scientifiques et artistiques : textile interactif, intelligence artificielle, hologramme poétique. Il intègre aussi quatre interviews de professionnels travaillant les matériaux d’aujourd’hui, qui apportent une réflexion authentique sur leur représentation de la matérialité. »

Nous tenions à vous faire part de cette parution, car nous sommes préoccupés à la rédaction par tous les bouleversements engendrés par l’ère numérique et de ce fait, nous saluons toute réflexion qui est faite sur ce sujet. Et d’autant plus que l’intelligence artificielle où Montréal est une tête de pont mondiale en la matière, semble, bien qu’on ne veuille l’admettre, écarter l’être humain. Des lendemains qui ne chantent pas nécessairement.

 


 


Un chorégraphe toujours obsédé par une danseuse

Sans doute encouragée par la réception faite par le tome un de Orion « Ainsi soient les étoiles » Battista Tarantini persiste et signe avec le second tome « Les étoiles ne meurent jamais ». Où on retrouve les deux protagonistes, à savoir la ballerine Leo Kats et le chorégraphe français Orion Ataly. Rappelons nous que dans le premier bouquin ce dernier la découvrait alors que la danseuse brillait de tous ses feux dans la Bayadère à l’Opéra de Sydney. Dès lors il s’est enflammé pour elle, une passion virant à l’obsession. Cette fois ils seront en résidence artistique à Tokyo, et lui ne cesse de concevoir des projets un peu excessifs pour sa muse chérie. L’écrivaine qui couche sur papier ses belles aventures la nuit venue, trouve encore le moyen de nous transporter dans cet univers de la danse qu’elle semble connaître très bien. Il y a dans cet univers un jusqu’au-boutisme, l’incarnation de l’absolu artistique.

Orion T.2 Les étoiles ne meurent jamais. Battista Tarantini. Hugo 311p.    www.hugoetcie.fr

 

 


 


Nous avions un sculpteur, maintenant un grand nouvelliste

Le Québec a connu un premier Louis-Philippe Hébert grand sculpteur qui figure au panthéon de nos artistes en art visuel. Un autre du même nom, sait sculpter lui aussi, mais dans son cas ce sont des phrases bien faites où le sujet, le verbe et son complément sont à leur place. Il excelle dans la nouvelle et nous en fait une démonstration du tonnerre dans un recueil de nouvelles au titre un peu longuet, mais c’est véniel en regard du contenu, Petit-Chagrin ou Il ne faut pas laisser un être doux jouer avec des couteaux. Il y a un passage éclairant où l’auteur montre très bien en quoi le destin de chacun peut prendre des détours inattendus « S’il ne vous est jamais venu de craquer sous la tension, sachez que chaque être humain, comme la surface d’un lac dont les glaces finissent par fendre, à son point de rupture. »  Comment peut-on exprimer si bien la fragilité de l’humain ? A notre époque où les comptables ont remplacé les idéalistes, où la majorité de nos semblables se robotisent sous l’emprise de leur nouveau dieu devenu portable, qu’il fait bon de lire sur nos fonds de commerce intérieurs. Chaque nouvelle est une histoire de vie complète en soi. Beaucoup de lecteurs se sentiront interpelés. Ça nous rappelle à uel point nous vivons sur du temps emprunté.

Petit-Chagrin ou Il ne faut pas laisser un être doux jouer avec des couteaux. Louis-Philippe Hébert. Lévesque éditeur 198p.     www.levesqueediteur.com

 

 


 


Il n’y a pas que la politique qui a quelque chose d’extrême

Jonathan Filteau a le triste privilège d’avoir été le premier policier à pénétrer ce funeste 29 janvier 2017 dans la Grande Mosquée de Québec juste après le carnage commis par Alexandre Bissonnette. En général les policiers qui vivent ce genre d’événement attendent leur retraite avant de se raconter. En fait, l’auteur l’a prendra sous peu du Service de police de Québec après un vingt-cinq ans de carrière. Il a quand même tenu à livre son témoignage qui décrit de l’intérieur ce qu’ont vécu les forces constabulaires ce soir là. Au cœur du chaos décrit bien ce que peut ressentir un représentant des forces de l’ordre devant une telle horreur. Et contrairement à l’idée reçue, ils n’ont pas une carapace à toute épreuve. Et celle de la Grande Mosquée comme épreuve, c’en était toute une. Surtout dans une ville comme Québec où ce type de crime odieux est rarissime. En plus de revenir sur ces événements, ce policier fait la nomenclature de ses missions à l’étranger. Car il a beaucoup voyagé comme formateur ou garde du corps. Et il a été de fait confronté à des cultures diverses. Puis sur un plan personnel il livre que c’a n’a pas toujours été facile pour la vie de famille que ces longues absences. Heureusement dit-il, sa femme avait un caractère forgé spécialement pour comprendre son métier.

Au cœur du chaos. Jonathan Filteau. Éditions La Semaine 196p.   

 

 


 


 Du sort des femmes dans un territoire de solitude et de solidarité

Marie-Pier Bouchard en fait un mémoire de maîtrise en histoire à l’Université Laval, Vivre au cœur de paroisses de femmes dans la région de Charlevoix 1940-1980. Elle a voulu montrer comment ces femmes en milieu rural ont pu vivre dans un contexte où les hommes partaient souvent de façon saisonnière pour aller chercher le croûton, quand ce n’était pas pour aller au front. Comment vivaient-elles ces absences ? On apprend beaucoup notamment sur une sorte de mythe concernant la femme forte qui porte les culottes. Elle apporte les nuances qui s’imposent. Globalement, entourées et solidaires dans ce qui aurait pu être une solitude, les femmes s’en sortaient assez bien du côté du moral. Elles avaient une vie un peu semblable à des mères monoparentales. Mais beaucoup acceptaient leur sort, puisque la vie c’était comme ça, on ne se posait pas trop de questions. Pour les fins de publication elle a adapté son travail pour le rendre accessible à un plus grand lectorat. On appréciera les nombreux témoignages des femmes de cette époque. Ça nous parle d’un Québec lointain mais pas tant que ça.

Vivre au cœur de paroisses de femmes dans la région de Charlevoix 1940-1980. Marie-Pier Bouchard. Presses de l’Université Laval 161p.    www.pulaval.com

 

 


 


C’est quoi un canadien ?

La question de la diversité culturelle est un thème récurrent dans l’actualité, notamment quand les gouvernements, notamment celui du Québec, élabore une loi sur le port ostentatoire des signes religieux. Les 24 et 25 octobre 2013 se tenait à l’Université Saint-Boniface à Winnipeg, un colloque ayant pour sujet « Le Canada une culture de métissage » qui donne son titre au livre contenant les actes de cet événement. On analyse dans ces articles, tant en français qu’en anglais, la situation interculturelle canadienne. Ce travail a été placé sous la direction de Paul D. Morris. Nous sommes, et c’est bien exprimé dans ces pages, le fruit de beaucoup de métissages. Et avec l’arrivée croissante de migrants ce sera encore plus vrai que jamais.

Le Canada une culture du métissage. Sous la direction de Paul D. Morris. Presses de l’Université Laval 258p.      www.pulaval.com

 

 


 


Le noble Pierre Bruneau

Du sang bleu ne coule pas dans ses veines mais Pierre Bruneau peut revendiquer appartenir à la noblesse, celle du cœur. Et il nous en donne encore une fois l’occasion de le vérifier avec son autobiographie écrite avec la collaboration de Serge Rivest. Car s’il a consenti à se raconter et très librement comme vous le verrez, ce n’est pas non plus pour se chercher une once additionnelle de notoriété. Il a accepté la proposition des éditions de L’Homme pour la raison qu’il a finalement eu en tête l’idée que toutes les redevances du livre seront versées à la Fondation Charles-Bruneau qui vient en aide aux enfants atteints par le cancer et dont son fils Charles en a été victime comme chacun sait. Et ce n’est pas sa seule épreuve comme on le lit dans ces chapitres où il est d’une transparence, critiquant même la gestion d’avant à Télé-Métropole. On se serait attendu à ce qu’il filtre un peu la vérité. Mais non. En même temps on voit évoluer une entreprise de communication dont on ne disait rien qui vaille, surtout du côté des bien-pensants et qui va gagner ses galons. Pour la raison qu’il y aura au fil du temps des patrons qui croiront à l’information et qui affecteront des budgets en conséquence. Pour revenir aux épreuves il y a eu le suicide de son frère, qui s’est immolé par le feu, un autre fils pour lequel une chute qui l’a plongé dans un coma a donné aux parents une grande frousse. Puis le chef d’antenne lui-même qui sera touché par le cancer. Celui qui cumule des trophées, autant de signes de reconnaissance du public, à dû piller sur la qualité de la vie familiale, s’astreignant à des avant-midis à CKAC et le reste de la journée au Canal 10 des débuts. Lui et son épouse adorée ne se verront pas souvent. Mais ils ont traversé ensemble vents et marées. On appréciera hautement la sincérité du récit qui est un beau retour d’ascenseur pour ce public qu’il chérit tant et son sens aigu du devoir face à l’information.

Même heure même poste. Pierre Bruneau avec la collaboration de Serge Rivest. Les éditions de L’Homme 264p.    

 


 


Le prince des plats-santé livre ses recettes

Charles Manceau est propriétaire des trois restaurants Venice dont le premier ouvrit ses portes en 2016 rue Saint-François Xavier dans le Vieux-Montréal. S’est donc ajouté deux autres et le restaurateur n’entend pas en rester là. On sait que la restauration est un sport extrême. A Montréal ils s’en ouvrent et s’en ferment des restaurants, et pas les moindres. Mais si la bannière Venice a le vent dans les voiles c’est que sa carte colle aux nouvelles habitudes culinaires des gens qui visent désormais à manger santé. Ce qui explique actuellement la déconfiture des delicatessen qui étaient légions dans la métropole. Fini les grosses assiettes des grecs avec trois féculents! Manceau a été l’initiateur chez nous des pokés, ces bols de poisson cru marinés. Généreux il va même plus loin en nous faisant partager ses merveilleuses recettes dans La cuisine fraîcheur du Venice. Rien qu’à voir les photos signées Dominique Lafond on salive déjà. Car le plaisir de se nourrir commence par l’œil, ça on le savait. Que ce soit pokés justement, salades, tacos et smoothies c’est un florilège de saveurs qui vont ravir vos papilles, sans compter aussi ce capital santé, que représente chacune de ces 88 recettes. Qui pourra résister devant la salade San Diego, le tacos aux crevettes, la soupe thaïe au poisson et cari rouge de même que le poké de thon. Miam, miam.

La cuisine fraîcheur du Venice. Charles Manceau. KO éditions 159p.

 

 






 


Le coin des poètes

Nous avons reçu d’un seul coup quatre recueils de poésie, tous publiés aux Éditions de la Grenouillère. A commencer avec Popisson-clown d’Alain Fisette. D’étranges poèmes sur le thème de la pêche. Le communiqué de presse accompagnant cette sortie a bien raison de qualifier ces phrases d’hyper réalisme. En effet cela tient plus du récit d’un pêcheur que la poésie classique avec ses strophes. Extrait « Gamin, les poissons me dégoûtaient leurs sales gueules me faisait vomir  cru ou cuit, leur odeur me révulsait leur toucher était hors de question ». Sara Cohen nous offre un double programme avec Murmure et incertitude suivi de, Opportunité. Elle met de l’avant la question de la décision. Car dans nos vies nous devons en prendre épisodiquement plus qu’une. Extrait « On s’était dit au revoir à l’aéroport presque vingt heures auparavant et une fois dans ma ville j’ai cherché ses mots écrits comme s’ils étaient les seuls qui comme des bras pouvaient me soutenir ».

Les poètes sont des rêveurs ? Attendez, tous ne logent pas à la même enseigne. Comme Annie Landreville avec Date de péremption qui est atteinte de lucidité concernant les maux de notre époque qu’elle fait refléter dans son œuvre « Nous attendons que la vie passe sur nous  nous examinons le doigt qui pointe vers le ciel sans trouver ».  et enfin Françoise Roy et Le carrousel des eaux qui avec une âme écolo chante les vertus de l’eau, très d’actualité. « A l’abreuvoir de la nuit quatre lèvres, rose toutes les quatre, et à une saison où la chasse est interdite ».

Aux éditions du Noroît c’est une pointure qui s’amène que l’on qualifie de poète à tout faire, nous avons nommé Jonathan Lamy qui s’est mérité en 2016 le prestigieux prix Émile-Nelligan pour « La vie sauve ». Il présente Nous faisons l’amour qui célèbre le frottis de l’épiderme dans ce qu’il a de plus beau. C’est très à rebours de notre époque alors que chacun est scotché à son Iphone ignorant la réalité de l’autre à côté de lui. « Je veux ta langue pour guérir du cancer pour manifester contre la guerre ».  Bravo le poète pour cet appel à l’érotisme.

 

 


 


Sur la finance solidaire internationale

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les organisations humanitaires se limitaient à distribuer des vivres dans les pays sous-développés. Aujourd’hui et depuis une dizaine d’années il s’est opéré une transformation de cette aide qui centre beaucoup son action sur la finance solidaire internationale, dont l’action la plus notable est l’avènement du micro crédit. Deux professeurs émérites de l’Université du Québec en Outaouais Louis Favreau et Lucie Fréchette nous parlent de cette nouvelle économie du Sud. Qui en même temps est la nouvelle face de l’aide durable. Qui permet aussi aux populations concernées de se prendre davantage en main et de se sortir de la misère. Et nos deux essayistes ne se contentent pas d’être des théoriciens du domaine. Ils cumulent des années d’expériences en propre qui leur permet d’avoir un regard qui autorise des lendemains qui chantent.

Solidarité internationale. Louis Favreau et Lucie Fréchette. Presses de l’Université du Québec 176p.     www.puq.ca

 


 


Un degré de plus dans l’horreur du génocide rwandais

Il a été beaucoup dit et écrit sur le massacre des Tutsis par les Hutues au Rwanda en cette année 1994. Et c’est d’ailleurs cette année le vingt-cinquième de cette triste commémoration. Un livre témoignage s’ajoute à la litanie celui d’Albert Nsengimana qui avait sept ans au moment des événements. Ce qui lui est arrivé est pire que tout car c’est sa propre mère une Hutue qui va le conduire à des bourreaux pour que l’on trucide son propre enfant. Pouvez-vous croire que ce dernier s’est posé alors des questions sur Dieu. Alors que sa fratrie est massacrée à la grande joie de sa « maman », lui réussira à s’échapper. Il en tire toutes les conséquences dans Ma mère m’a tué bouleversant où on s’interroge sur la nature intrinsèque de l’humain. Notons qu’Hélène Cyr qui recueille ses propos à glacer le sang, est une gestionnaire de niveau qui croisera la route d’Albert et qui deviendra à la fois sa mère de substitution et sa grande sœur.

Ma mère m’a tué. Albert Nsengimana en collaboration avec Hélène Cyr. Hugo doc 153p.     www.hugoetcie.fr

 

 


 


Vampire ou cannibale ?

Amateurs d’histoires horrifiantes, voici tout un buffet. En effet Mickaël Koudero qui a fait des études en cinéma et qui a un sens de la mise en scène, a élaboré une histoire effrayante ou dans un cas à Paris, c’est une femme qui voulant mettre fin à ses jours, s’est tailladée les veines sans au préalable, tentée de s’arracher les yeux…Brrr!!! Près d’elles des pages où on peut lire le mot Nosferatu. Ça vous rappelle t’il quelque chose ? Un journaliste d’enquête français va découvrir des mois avant la dépouille d’un roumain à moitié dévoré, organes arrachés et vidé de son sang. La belle affaire. Pour tenter d’élucider ces phénomènes étranges il va accomplir un périple qui va le mener de la Ville Lumière, en Tchécoslovaquie de même qu’en Roumanie. Il ne sera pas au bout de ses peines comme vous allez le découvrir avec cet écrivain qui maîtrise bien l’art du suspense. Fait à noter, pour ceux qui éprouvent des problèmes de vision, l’éditeur a prévu de gros caractères typographiques. 

La faim et la soif. Mickaël Koudero. Hugo thriller 525p.      www.hugothriller.com

 


 


Sur l’abnégation des nôtres durant l’Occupation

Bernard Dionne nous livre un roman puissant Les grandes noirceurs mettant en scène deux jeunes juifs montréalais qui vont joindre le Special Operations Executive (SOE) au péril de leur vie afin de seconder en France l’action de la Résistance. En plus de la Gestapo qui occupe l’Hexagone et qui traque les ennemis du régime il y a la sale milice française qui se montre pire que la police allemande. Si des romans ayant pour cadre des faits de résistance sont légions, celui-ci à la particularité d’être très bien documenté. Un peu comme au cinéma où on vous mentionne que cette histoire est vraie, seuls les noms ont été changés. Pour la raison que l’auteur est professeur d’histoire et ils emble en connaître particulièrement un rayon sur ce sombre volet de l’Histoire de France. En même temps il nous remet en mémoire ces hommes et ces femmes qui étaient à payer de leur personne pour que la liberté puisse triompher. Un beau devoir de mémoire.

Les grandes noirceurs. Bernard Dionne. Fides 243p.     www.groupefides.com

 

 










 


Cinq romans qui valent le détour chez Gallimard

Une très belle cuvée cette semaine qui comblera au superlatif les amants de la belle littérature. En effet cinq titres s’amènent qui vous assurent de nombreuses heures d’évasion. Il y a d’abord Bénédicte Belpois et sa sensuelle Suiza. Le titre l’emprunte au prénom du personnage principal, une jeune femme qui vit dans un village de Galice. Troublante comme ce n’est pas permis et avec ce brin d’innocence qui ajoute à son rayonnement. Les mâles du bled en sont tous tombés dingue. Dont un en particulier. Mais qui a de drôles de réactions. Pour lui avant ce désir de baise, c’est cet irrépressible besoin de la frapper comme pour souiller cette pureté et l’amener dans une sorte de dégradation et vers…l’amour! Allez chercher l’erreur. On pense à l’Été meurtrier de Jacques Becker où Isabelle Adjani se promenait toute nue dans la cour arrière de la maison de famille, attirant sur elle l’amour haine. C’est le premier roman de l’écrivaine qui a trouvé l’inspiration au cours d’un séjour en Espagne. Ça promet.

Ensuite Dai Sijie nous présente L’Évangile selon Yong Sheng. Le nom de l’auteur vous dira quelque chose puisque c’est à lui que l’on doit « Balzac et la petite tailleuse chinoise » qui a été porté au grand écran. Dans ce dernier roman il y avait une part d’autofiction. C’est dans une même veine avec cet opus qui nous parvient où il raconte l’histoire de son grand-père qui est devenu un des premiers pasteurs chrétiens  en Chine. Au départ cet aïeul va suivre la destinée de son paternel, créateur de sifflets pour colombes. Et puis il sera mis en pension chez un pasteur américain. Et c’est la fille de celui-ci qui fera l’éducation spirituelle du jeune chinois. Ainsi naîtra la vocation. Et là il va tomber en pleine révolution maoïste et puis la terrible Révolution culturelle où même de porter des lunettes vous suspectait d’être un intellectuel. C’est raconter avec le brio dans un style romancé où il excelle.

Gallimard a été une des premières maisons d’édition à miser sur les littératures du monde et dépasser le petit univers de Saint-Germain-des-Prés. Et c’est pourquoi nous avons une affection particulière pour la collection « Du monde entier » qui nus révèle des textes merveilleux des quatre coins du monde. Et ça ne dément pas avec le dernier titre en date Une vie de homard d’Erik Fosnes Hansen né dans la Grosse pomme américaine mais de parents norvégiens. Si le titre intrigue c’est qu’il est une métaphore. L’auteur est d’avis que les gens s’entourent d’une carapace comme le homard masquant ce qu’ils sont vraiment. Il a compris contrairement à bien des gens, que le mensonge est le ciment du tissu social. Et pour illustrer son propos il met à l’avant-plan un adolescent de 14 ans, Sven, plein de capacités qui vit dans une belle auberge en Norvège, tenu par son grand-père. Et l’histoire se situe en l’année 1982, vertigineuse pour la finance mondiale. Et le regard lucide de l’adolescent se promène sur les êtres qui l’entourent. La littérature se fait alors la cartographie de l’humanité dans l’espace temps. Bel exercice de style qui nous rappelle qu’on ne connaît vraiment quelqu’un que demain, encore mieux le surlendemain.

Dans cette même collection qui nous cesse de nous enchanter au tour de Joe Dunthorne et Les désaccordés. L’écrivain, gallois vivant maintenant à Londres et qui en est à son troisième roman nous fait connaître un journaliste pigiste, qui a une vie d’une banalité sans nom. Mais au fil du temps et avec le tempo de la vie agitée de notre époque, il sera en véritable décalage avec son entourage au point que son mariage va prendre l’eau. D’autant qu’il vit difficilement la paternité. Ray Morris est un gars ordinaire, le monsieur-tout-le-monde chéri des études de marketing. Vous lecteurs, serez sans doute interpelés car s’il ne vous ressemble pas exactement, vous en connaissez des semblables. Le personnage n’a pas entendu certainement le message bouddhique qui dit que la vie est un véritable slalom et que la stabilité est chose rare, la seule chose stable ici-bas étant le changement.

C’aurait pu s’intituler « Le désarroi de Mathilde », mais David Foenkinos a choisi Deux sœurs. Au départ c’est Mathilde qui est virée par son compagnon. Dévastée par cette rupture, elle ira trouver refuge chez sa sœur. Et là son comportement va se modifier surprenant l’entourage. Pas facile de se faire montrer la porte. Elle encaisse très mal l’échec de son couple. L’histoire en soi est convenue mais le romancier joue très bien ses cartes. Des esprits chagrins parisiens ont dit qu’il jouait toujours d’une même recette. Eh bien on adore ce plat là, car il est mitonné avec habileté et toujours avec une véritable connaissance de la psyché sentimentale des êtres humains.

 

 


 


Un motel de l’Oregon avec une clientèle déjantée

Katarina Bivald publie Au motel des pins perdus qui se passe à Pine Creek en Oregon. On ne peut trouver milieu plus biblique que ça, un havre pour républicains. Il y a Henny qui dès le départ est happée mortellement par un camion. D’autant plus tragique qu’elle se voyait vivre de belles années après les retrouvailles avec son amour qu’elle avait perdu de vue depuis quinze ans. Reste que son fantôme est là qui voudra apporter du bien aux pauvres mortels qui résident dans ce motel, notamment une lesbienne radicale et un transgenre, qui a-t-on besoin de le préciser, vivent en milieu hostile où le mot différence ne fait pas partie du vocabulaire de la population locale. Notre gentille sera tout de même limitée dans ses interventions et devra se contenter de voir vivre ceux qui doivent composer avec la vie et se battre. C’est une comédie, un peu longuette certes mais qui vaut bien des romans sur le marché. Rappelons que l’auteure nous a donné « La bibliothèque des cœurs cabossés » qui a trouvé un large public. Ce devrait être encore le cas avec sa dernière ponte qui célèbre la diversité et le vivre ensemble.

Au motel des pins perdus. Katarina Bivald. Denoël 565p.    www.denoel.fr

 

 


 


Le plus sélect club gay planétaire

Jamais l’expression pavé dans la mare n’a trouvé plus de sens qu’avec la publication de Sodoma de Frédéric Martel journaliste à France Culture. L’auteur a mis quatre ans pour accoucher d’un gros bouquin qui constitue la plus grande enquête concernant les mœurs homosexuelles au Vatican. C’est absolument stupéfiant. D’abord on apprend qu’au trois-quarts, toute la Curie romaine pratique les amours qu’elle condamne officiellement. D’ailleurs la règle interne est qu’on n’est pas regardant pour ce que tu fais au lit, en autant que ça ne fasse pas scandale et surtout que tu ne te montre pas libéral pour ce qui est de la diversité sexuelle. Au mieux devient homophobe dans tes déclarations officielles et ainsi toute la structure n’en sera pas affectée. Sauf qu’avec les dénonciations de victimes de prêtres pédophiles par dizaines de milliers, c’est l’Église catholique qui prend l’eau de toutes parts. Pour son enquête, l’auteur qui croyait au départ se contenter de voyages aller-retour Paris-Rome, a sillonné la planète et a engagé des recherchistes pour plusieurs pays. Et le plus étonnant, des cardinaux et d’autres prélats de haut rang se sont confiés très ouvertement, du jamais vu. Qui confirment que oui, l’homosexualité est un mode de vie au Saint-Siège. De page en pages on va de révélation en révélations. Parmi les faits renversants, c’est sous Jean-Paul II récemment canonisé qu’il y a eu le plus de « cover-up » de crimes sexuels et de corruption! On est bien loin de la figure de Jésus, humble prophète. Vous verrez le luxe ostentatoire de cardinaux qui vivent avec leurs amants au Vatican aux yeux et au su de tous. Et même que l’on se traite au féminin entre eux. Le cardinal Marc Ouellette qui a reçu le journaliste a admis qu’il n’y a pas une paroisse sur la planète qui n’est pas concernée par des histoires d’abus sexuels. Et encore que Martel ne s’est attaché dans son livre que sur le volet homosexuel. Rajoutez les crimes hétérosexuels et la double vie de prêtres vivant en concubinage avec des femmes et vous avez un portrait réaliste de ce qu’est la Sainte Église catholique, qui n’a de sainte que le nom. Le reste c’est Lucifer avec tous ces vices qui règne en maître. Auparavant l’écrivain à scandale Roger Peyrefitte avait déclenché les « outings » dans ses livres et entrevues, notamment les inclinaisons du Pape Paul VI lui aussi canonisé, mais le livre actuel dépasse la rumeur, ce sont strictement les faits vérifiés et contre-vérifiés.

Sodoma. Frédéric Martel. Robert Laffont 631p.   www.laffont.ca

 





 


 Le coin santé physique et psychique

Michel Gitton est prêtre dans diocèse de Paris. Il a senti la nécessité de parler des soubresauts qui agitent le christianisme et comment sous d’apparentes contradictions, tout le message évangélique est à ses yeux cohérents. Exemples, comment expliquer que ce sont des élus qui gagneront le royaume des cieux alors que théoriquement le salut est pour tout le monde. Ensuite les exhortations à ne pas juger alors que nous devrons répondre de nos actes devant le Christ qui lui fatalement nous jugera. Vous voyez que ce ont des thèmes intéressants et il y en a d’autres dans Le monde sans être le monde chez Novalis où le pasteur répond aux difficultés que rencontre présentement celui qui veut pratiquer sa vie chrétienne. Et chez le même éditeur l’ultime ouvrage du regretté Maurice Bellet qui nous a quitté l’an dernier pour retrouver son Créateur. Il portait la triple casquette de prêtre, psychanalyste et de théologien. Et à quelques jours de la fête de Pâques, la plus grande fête au calendrier liturgique car la Résurrection donne toute la crédibilité au message du Christ. Il s’intitule Le Messie crucifié scandale et folie et est une analyse novatrice de la symbolique de la mise en croix de Jésus. Et les derniers mots  du livre reprennent ceux de la Genèse, en une espèce d’espoir pour qui se montre pessimiste quand à l’état du monde « Au commencement ».

On a beau parler de la conciliation travail-famille, la résultante en est que l’on dénombre une proportion effarante de parents épuisés, à la limite du burn-out, d’autant qu’outre les exigences de la parentalité s’ajoute le nouvel esclavage patronal qu’est le multitâches avec son lot de performances inatteignables. Si vous avez peur pour votre équilibre, voici un bouquin spécialement consacré à la problématique signé par la psychologue Suzanne Vallières, « Le psy-guide des parents épuisés ». aux éditions de l’Homme. Elle dédie son livre à sa fille Gabrielle qui l’a éclairé sur les enjeux actuels et qui sera maman à son tour.
Aux éditions JPO Jean-Gabriel Charrier qui est pilote de ligne et en charge de la formation a vite compris que la maîtrise que l’on exige des pilotes en cas de problèmes, peut très bien s’appliquer à d’autres corps de métiers. Comme il le dit lui-même les pilotes d’aviation ne sont pas des surhommes, mais par ce qu’ils sont bien entraînés commettent moins d’erreurs. C’est la raison que contrairement à l’idée reçue vous avez au prorata moins de chances d’avoir un accident en avion que sur la route. Il fait donc le tour d’horizon des éléments de base en psychologie dont il faut disposer pour être en mesure de surfer sur les problèmes.


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