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Attention un poète risque de vous remuer un peu beaucoup
José Claer est un poète trans et un écrivain phare des éditions L’Interligne. Disons que pour résumer, il n’a pas froid aux yeux. Et son tout dernier recueil Mordre jusqu’au sang dans le rouge à lèvres est du genre provocateur, Extrait “ on se fait un cadavre exquis sur la banquette arrière, je le préviens, je suis vierge, il glisse son chapelet d’héritage entre mes grandes lèvres et me pénètre avec Jésus-Christ en érection sur la croix.” Avec une telle entrée en matière, pas sûr qu’il soit invité à commenter aux Deux filles le matin à TVA ou chez Anne-Marie Dussault à RDI où elle risquerait de faire une syncope. Qu’importe, rien que le bouche à oreille va faire largement son petit bonhomme de chemin. Si les mots ne vous font pas peur, alors plongez. En ce monde tellement formaté, que ces écrits là sont oxygénants.
Mordre jusqu’au sang dans le rouge à lèvres José Claer. L’Interligne 85p. www.interligne.ca |
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Propagation de la culture et émancipation féminine
Voilà les deux thèmes exploités dans le roman de Jojo Moyes “Le vent nous portera” qui met en scène une jeune anglaise qui étouffe dans la société de la Grande Albion. Elle va épouser un américain, beau et prometteur de lendemains qui chantent. On connaît le dicton “qui prend mari, prends pays”. Elle ira donc vivre avec son conjoint, chez lui dans le Kentucky. Mais l’intégration aux moeurs américaines se fait difficilement. Et c’est là qu’elle va faire la connaissance d’une femme qui opère une bibliothèque mobile. Allez transmettre la connaissance dans des coins reculés. Elle trouvera là un échappatoire de premier plan. Elle va s’épanouir comme jamais. C’est aussi un beau plaidoyer pour l’amitié féminine.
Le vent nous portera Jojo Moyes. Milady 602p www.milady.fr |
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Une romance et un thriller aux éditions Hugo
La vie a quand même du bon lorsqu’elle vous amène deux romans solides, l’un une romance, l’autre un thriller enlevant. Dans l’ordre Nos âmes tourmentées de Morgane Moncomble et d’Olivia Kiernan “Les liens du sang”. A Culturehebdo, rarement on touche au genre de la romance. Mais pourquoi pas une exception qui va confirmer la règle ? D’autant que l’auteure (s’il-vous-plaît de grâce pas autrice) adore écrire et ce depuis l’âge tendre de 12 ans. Ici c’est une femme, Azalea qui a gardé un contentieux avec sa ville natale de Charleston et surtout avec sa mère qu’elle ne voyait plus depuis belle lurette. Or voici que cette dernière vient de rendre son dernier souffle. Elle n’était pas rancunière car sa succession ira bien à sa famille dont la maison familiale. Dans la tête de l’héritière, on vend tout et hop on disparaît du décor qui nous rappelle tant de mauvais souvenir. Mais Cupidon s’est invité en la personne d’un voisin, viril et spécial, portant tatouage, a bien percé son secret. Que faire ? Vous allez partager l’effeuillage de la marguerite d’Azalea en vous demandant ce que vous auriez fait à sa place. |
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La commissaire Frankie Sheehan avec deux cadavres sur les bras
Retenez ce nom Olivia Kiernan qui se fait une niche dans l’univers du thriller. Son premier “Irrespirable” avait retenu la critique. Encouragée par cet accueil, elle persiste et signe avec Les liens du sang. Un sacré suspense qui nous amène à Clontarf, une station balnéaire pas très loin de Dublin. C’est que deux dépouilles ont été découvertes dans...une église. Il y a une piste, mais vraiment à vérifier, car ces meurtres surviennent alors que sort de prison un individu qui avait trucidé ses parents alors tout juste adolescent. Crimes dont il se disait innocent. Mais même si le lien de cause à effet est ténue, la commissaire Frankie Sheehan (qui est l’enquêteuse fétiche de l’écrivaine) va tenter de voir s’il n’y a pas une corrélation entre ces deux affaires. Et la beauté de la structure chez la romancière, c’est de nous réserver des surprises, l’humain étant un tas de petits secrets comme le disait jadis André Malraux. Ceux qui aiment le genre du thriller vont jubiler au-delà de toute expression. Bienvenue dans les brumes irlandaise.
Les liens du sang Olivia Kiernan. Hugo Thriller 393p. www.hugoetcie.fr |
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Commémoration d’un amour inavouable
Depuis, mon coeur a un battement de retard de Valérie Cohen est d’abord un beau titre qui annonce le menu. C’est l’histoire d’une femme qui a un business gratifiant, conjoint d’une grande correction à son endroit et un adolescent comme on en rêverait. Sauf que tout n’est jamais parfait. Dans sa prime jeunesse, la dame a eu un amour déçu. Le gars l’avait laissé tomber. Et depuis tout ce temps, chaque 12 mars jour de la rupture en question, voilà qu’elle se remémore cette fracture de vie. Et quel hasard le jour où sur un site de rencontres de gens mariés, elle aperçoit son Roméo d’antan. Et cédant à ses pulsions confuses elle va le contacter et…..on ne vous en dit pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir. C’est un livre de romance qui interpellera sans doute des lectrices qui ont connu des chagrins d’amour ou pour les hommes l’inverse. Le coeur a ses raisons comme dit l’adage.
Depuis, mon coeur a un battement de retard Valérie Cohen. Édito 304p. www.editionsedito.com |
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Il était une fois la télévision au Québec
La télévision, même en ces temps de bouleversements numériques demeurent le reflet de la société. C’est le constat que fait Robert Armstrong qui présente un essai La télévision au Québec, miroir d’une société. L’homme reprend toute la saga de la télé dans la province. Et ceux qui pensent que le petit écran a surgi seulement en 1952 avec l’ouverture officielle à Radio-Canada en 1952 par Henri Bergeron, détrompez-vous. Car il faut remonter à 1931 alors qu’une filiale VE9EC, propriété conjointe de CKAC et de La Presse diffusait déjà des émissions en direct avec un auditoire forcément microscopique. Il évoque la figure d’Alphonse Ouimet, cet ingénieur, un pilier de la Société d’État qui va nous donner cette petite télé aux oreilles de lapin, comme on appelait son antenne au-dessus de l’appareil. Puis il y a tout ce qui va suivre en télévision dans la Belle Province. Pour retracer cette épopée il a eu recours à un grand nombre de collaborateurs. Le résultat est à la hauteur de l’effort consenti.
La télévision au Québec, miroir d’une société Robert Armstrong. Presses de l’Université Laval 302p. www.pulaval.com |
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Les dangers de Facebook noir sur blanc
Ceux qui redoutent la puissance et le niveau de malveillance de Facebook ont de quoi se mettre pleins d’arguments sous la dent avec ce brûlot de Robert McNamee “Facebook une catastrophe annoncée”. Il n’est pas n’importe qui. Rien de moins que le mentor de Mark Zuckerberg fondateur du réseau social numérique. Il a été au coeur de la construction de cet empire. Et il en voit les dérives. Il a quitté Facebook et a fondé entre autres le Center for Humane Technology dont l’objectif est de dénoncer les dérives des médias sociaux. C’est un ouvrage très documenté qui nous fait voir l’organisation de l’intérieur. Et les mensonges et l’arrogance de Zuckerberg qui se croit au-dessus de tout, surtout des gouvernements. Et que dire de la no. 2 Sheryl Sandberg qui a pour mission de donner du vernis à l’entreprise. Réellement on prend la mesure de cette extraordinaire puissance et celle des Google de ce monde et autres, les fameux GAFA qui sont un empire dans un monde en folie.
Facebook une catastrophe annoncée Roger McNamee. Édito 429p. www.editionsedito.com |
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Sur la transversalité des connaissances entre arts et sciences
Sciences et arts de Virginie Francoeur est un essai assez difficile à résumer pour qui n’est pas en contact direct avec l’ouvrage. C’est pourquoi, pour une rare fois, nous nous contenterons de reproduire la quatrième de couverture, sachant ainsi que nous allons réellement traduire la démarche préalable.
“Cet ouvrage se veut à la fois réflexion théorique et pratique pour offrir un regard inédit sur les sciences et les arts afin de décloisonner ces disciplines pour multiplier leurs potentialités. Nous avons voulu (re)donner chair à la matière brute, la matière objective. Cette réflexion arrivera-t-elle à se déployer en d'autres volets pour sensibiliser de nouveaux publics ?
« Artistes, écrivains et scientifiques ont été dépassés, gênés, d'avoir trop longtemps empêché ces liens et ces possibles. Il y a eu cette exposition abattant tous les murs. Etonnante exposition où le visuel, le littéraire et le scientifique ont créé un espace époustouflant d'humanité ». Anne Peyrouse chargée d’enseignement, département de littérature, théâtre et cinéma, Université Laval.
Sciences et arts Virginie Francoeur. Presses de l’Université Laval 138p. www.pulaval.com |
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Le coin de la BD
Une belle fournée pour qui aime la bande dessinée, placée sous le signe de diversité des thèmes. A preuve, inspiré des Bacchantes d’Euripide Simon Labelle chez Glénat, a concocté une histoire enlevante se déroulant dans le milieu viticole des Cantons de l’Est et qui a pour titre Le pouvoir de l’ivresse. C’est que le maire d’une petite localité, au caractère bien trempé, ne prise pas les agissements d’un propriétaire de vignoble qui mêle la cueillette des raisins à des bacchanales dont la décence nous interdit de reproduire ici les frottis d’épiderme. Et le maire de vouloir en découdre avec ce dépravé qui a une curieuse définition de l’amour de Bacchus. Comme quoi la mythologie peut servir encore de nos jours et de belle façon.
Aux éditions Le Lombard c’est notre compatriote Hubert Reeves qui a pris la voie de la BD pour nous expliquer Les océans. L’astrophysicien quitte le cosmos pour s’amener du côté des mers et les dangers qui non seulement les guettent mais qui font déjà des ravages, notamment les fameuses bouteilles de plastiques. Et le scientifique qu’il est par toutes les pores de la peau, nous fait voir l’importance qu’ont les océans pour l’équilibre de la biosphère. Sa description des composantes de ces vastes étendues d’eau est d’une didactique merveilleuse. On ne peut rêver meilleure prof. Il est soutenu par le travail des bédéistes Casanave et Vandermeulen.
Chez Dupuis c’est la deuxième partie d’une saga qui en contiendra quatre L’espoir malgré tout d’Émile Bravo et mettant en vedette Spirou et bien entendu Fantasio dont l’histoire se déroule en pleine Seconde guerre mondiale, avec ce que l’on voit de meilleur ou de pire chez l’être humain. C’est l’époque du rationnement, de la débrouille et des méfiances. L’auteur restitue bien le contexte de cette époque. Nos deux héros n’en sont que plus admirables de préserver leurs belles valeurs dans cette époque de tourmente. On voit que le créateur a su se documenter sur l’époque pour en bien rendre l’ambiance.
Une belle science-fiction chez Dargaud Renaissance le tome 2 Interzone fruit des talents conjugués de F. Duval, Emem et F. Blanchard. Imaginez, des habitants de la planète Näkän sont mis à contribution pour sauver notre bonne vieille Terre menacée. Et on va suivre cette mission de haute volée, à travers deux personnages qui s’aiment d’amour tendre, Swänn et Säti. Ce récit cosmique vaut le détour par sa dynamique et la qualité du dessin. On est véritablement transporté dans un autre monde. Est-ce que ce n’est pas ça que l’on demande à la bande dessinée, de nous faire évader ? Mission réussie. C’est chez Dargaud.
Chez Artège, une grande figure historique Madame Élisabeth de France soeur cadette de Louis XVI qui connaîtra la même fin funeste que son frère le roi et son épouse Marie-Antoinette. Un personnage haut en couleurs comme les aiment Stéphane Bern, dévote et célibataire. Coline Dupuis sur des dessins magnifiques de Emmanuel Cerisier nous fait découvrir un angle spirituel chez cette noble de haute extraction. Une femme de coeur et de courage également. C’est un beau devoir de mémoire de rappeler cette figure royale si injustement appréciée. |
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Jean-Pierre et Rachid
La question de la laïcisation ramène sur le tapis de l’actualité toute la question du vivre ensemble. Et la littérature emboîte aussi le pas, témoin de notre époque. Voici un roman sur deux confessionnalités qui se confrontent. Il a pour titre Quelque part en occident de Stéphane Lefebvre qui nous prend à témoin de la relation qui va se nouer entre un québécois de souche prénommé Jean-Pierre et un autre d’origine musulmane, c’est Rachid qui fait du prosélytisme à sa façon. Comment les convictions religieuses du dernier vont-elles parvenir à imprégner celles de l’autre. L’auteur fait bien voir la différence des cultures de l’un et de l’autre. Car pour notre musulman, le Coran c’est son oxygène de vie. Et Jean-Pierre est encore taraudé par le démon de la chair, on le voit dès les premières pages alors qu’il suit une fille à l’allure de Naomi Campbell, cette top noire dont la “copie” à des fesses remarquables foi du narrateur. Vous allez vivre l’évolution de Jean-Pierre et c’est un exercice bien décrit de l’intérieur.
Quelque part en occident Stéphane Lefebvre. Annika Parance éditeur 232p. www.apediteur.com |
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Des nouvelles d’une pointure littéraire afro-américaine
John Edgar Wideman est un écrivain afro-américaine de renom qui a été entre autres, le deuxième écrivain noir aux États-Unis à remporter la bourse Rhodes de l’université d’Oxford. Il a arraché nombre de distinctions qui en font un écrivain respecté par ses pairs. Le New York Times ne tarit plus d’éloges sur lui. Si c’est la première fois dont vous en entendez parler, une bonne façon d’entrer dans son univers est de lire son recueil de nouvelles Mémoires d’Amérique qui fut publié la première fois sous le titre American histories. Il y est question autant d’une visite au château qui a vu le tournage de la série culte Downton Abbey que d’une conversation sur l’abolition de l’esclavage. Car natif de Pittsburgh il a éprouvé la vie dans un ghetto noir, celui de Hometown. C’est une plume sensible qui se fait aussi philosophique. Comme lorsque visitant le château anglais précité, il essaie de se mettre dans la peau des aristocrates qui se voient vivre comme des animaux que l’on vient voir comme au zoo.
Mémoires d’Amérique John Edgar Wideman. Gallimard 267p. |
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Sur une cinéaste désillusionnée concernant l’amour
Que de beaux romans cet automne. En voici un dans une classe à part Clic-Clac de Nathalie Azoulai. On fait connaissance avec une cinéaste auréolée, Claire Ganz qui tourne un film qui donne le titre au roman. En même temps le clic-clac signifie ce lit pliant qui sert de couche d’appoint quand on reçoit des invités et que l’on remise plié dans un coin. Une métaphore en même temps, car l’histoire du film ce sont les retrouvailles de deux amants qui ne se sont pas vus depuis belle lurette. Que vont-ils se dire ? Pour la femme de ce duo, c’est pas compliqué, on baise et je me tire, sans chichis. Mais l’actrice qui doit jouer son rôle se rebiffe. Elle n’aime pas la vision de la cinéaste. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que cette dernière fait revivre les atermoiements de sa propre mère qui a toujours attendu l’amour qui n’a pas été au rendez-vous. Vous allez beaucoup aimé ce livre qui est lui-même comme un film qui se déroule sous nos yeux. Ce pourrait faire d’ailleurs une très belle histoire au grand écran. A défaut du 7ème art, rien n’empêche de se faire son propre cinéma.
Clic-Clac Nathalie Azoulai. P.O.L. 185p. www.pol-editeur.com |
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Roman camerounais ou français ? D’abord le récit de femmes
Hemley Boum est une écrivaine camerounaise qui s’est établie en région parisienne. Elle a déjà acquis ses lettres de noblesse en décrochant il y a quatre ans, le Grand Prix de l’Afrique noire pour son roman “Les maquisards”. La femme a du style à revendre et a décidé pour son dernier opus Les jours viennent et passent de traduire les préoccupations de trois générations de femmes de son pays, un personnage central Anna, la fille de cette dernière Abi, et Tina rescapée des camps de Boko Haram. Anna est dans la réminiscence du passé. Et elle est pleine de bonnes attentions pour Tina qui aussi jeune soit-elle a un corps de femme, propre à générer chez les mâles, les pires concupiscences. C’est, pour le lecteur blanc, ignorant des moeurs africaines, une belle introduction à la vie des femmes dans le continent noir. A la lecture, on comprend pourquoi Madame Boum a réussi à attirer l’admiration des amants de la belle littérature. Et ce livre donne aussi la voix aux africaines et leurs revendications.
Les jours viennent et passent Hemley Boum. Gallimard 366p. |
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Le maître de la fantasy rapplique
Terry Goodkind est au zénith de son talent de maître de la fantasy, lui qui a cartonné avec plus de vingt millions de lecteurs pour sa saga “L’Épée de Vérité”. Il en a signé une autre qui augure bien et qui devrait lui assurer une très large audience c’est “Les Enfants D’Hara”. Le tome 2 paraît “Les carnassiers de la haine”. Ces carnassiers ce sont les hordes de la Déesse d’Or. C’est une civilisation de prédateurs qui veulent s’emparer du monde, rien de moins. Cette menace gronde au moment où Kahlan est enceinte de jumeaux. Une magicienne voyante l’avait prévenue de cette double grossesse. Et qui promet quand à l’avenir de ces deux petits êtres en gestation. Mais comment les sécuriser face à la guerre qui s’annonce ? Pas mal d’ingrédients qui nous gardent captifs. Encore une fois Goodkind maîtrise bien ce qui a fait son succès phénoménal.
Les Enfants D’Hara Terry Goodkind. Bragelonne 141p. www.bragelonne.fr |
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De l’antisémitisme au Québec et dans les pages du Devoir
Pierre Rioux professeur titulaire en histoire à l’Université d’Ottawa, est l’autorité pour tout ce qui touche l’histoire de la diaspora juive au Québec. On se souviendra de son ouvrage de référence sur l’histoire des juifs au Québec et aussi “Chacun ses juifs” dont on a la version anglaise qui sort sous le titre A reluctant welcome for jewish people. Le gars a repéré 200 éditoriaux du quotidien nationaliste, allant de 1910 à 1947 par conséquent de son fondateur Henri Bourassa jusqu’au directeur Georges Pelletier. Il a été beaucoup débattu à savoir du degré d’antisémitisme au sein du journal. Cet essai donne le la et apporte une éclairage que procure le temps. Il a retenu aux fins de son étude 60 éditoriaux. Dans la Belle Province la présence juive posait à l’évidence problème. Rapport amour-haine serait trop fort sans doute, mais comme une communauté sous forme de mal nécessaire. On était à des années lumières du concept du vivre ensemble.
A reluctant welcome for jewish people Voices in Le Devoir’s editorials 1910-1947 Pierre Anctil. University of Ottawa Press 364p. www.press.uOttawa.ca |
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Le coin santé physique et psychique
Les Timothy Leary et Allen Ginsberg qui furent les chantres du LSD seraient ravis de lire Voyage aux confins de l’esprit aux éditions Édito, du journaliste scientifique Michael Pollan qui nous annonce que cette substance tirée d’un champignon hallucinogène est “réhabilitée” et sert maintenant à de nouveaux traitements en santé mentale. Maintenant on s’en sert pour vaincre des dépendances telles l’alcool et le tabac. Pour éradiquer les anxiétés liées à la mort. Que ce pourrait être d’une efficacité comparable et avec moins de dommages que la pratique de la trépanation qui était le protocole mis en place des générations auparavant. Et la méthodologie curative au moyen du LSD se fait sur une courte durée et avec un taux d’efficacité à l’avenant.
Voyages aux confins de l’esprit Michael Pollan. Édito 529p. www.editionsedito.com |
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Deux romances chez l’éditeur Hugo
C’aurait plus s’intituler “ce qui ne tue pas rend plus fort” mais Colleen Hoover a plutôt choisi Un bonheur imparfait. L’histoire d’un couple Graham et Quinn. Les deux tourtereaux se sont connu et ensuite ont juré devant Dieu et les hommes de s’unir éternellement par la voie du mariage. Mais alors que dans les contes, la classique terminaison “ils se marièrent et eurent de nombreux enfants” ne fonctionne pas, pour la raison que les deux partenaires de vie ne parviennent pas à avoir d’enfants. Si l’époux se fait fataliste, c’est au grand dam de de Quinn qui considère qu’il ne prend pas l’affaire avec plus de gravité, alors que l’idée de concevoir la taraude. Est-ce que cette turbulence dans leur vie de couple aura raison de celui-ci ? C’est ce que vous découvrirez.
Ailleurs c’est le tandem formé par Stuart Reardon et Jane Harvey-Berrick. Si vous ne connaissez pas le premier, sachez que c’est un ancien joueur de rugby maintenant retraité qui fait du coaching de remise en forme et se prête au jeu du mannequinat. Le gars a une sacrée belle gueule et on le voit sur la couverture d’ailleurs de l’ouvrage. Il n’a pas eu le drame de la page blanche, car pour son roman il a puisé dans son vécu de sportif et de mannequin. Et le protagoniste du roman est comme lui un ancien rugbyman qui passe au métier de mannequin avec toutes les dérives que le milieu de la mode comporte, surtout les mirages des hallucinogènes et la dive bouteille. Il pourrait bien tourner le dos à cet aspect peu reluisant, mais en même temps, il veut se construire une place enviable. Quels sont les compromis qu’il devra faire, et au prix même de sa vie amoureuse. Un challenge sentimental que les amateurs du genre apprécieront au plus haut point. |
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La Petrowski se souvient
Dans le milieu journalistique, Nathalie Petrowski est une icône en raison de ses billets parfois assassins qui ont fait sa marque de commerce. Elle a toujours été une scribe sans filtre qui ne s’est jamais fait de mouron pour dire son fion. Alors vous pouvez imaginer si on avait hâte de lire ses souvenirs de carrière qui paraissent sous le titre La critique n’a jamais tué personne. Peut-être pas tué mais elle en a meurtri plusieurs dont René Simard, qui lui a pardonné depuis. Elle revient sur son parcours de jeune journaliste au Journal de Montréal, le décor minimaliste qui faisait office de salle de rédaction, la culture éditoriale chez Québecor. Puis son passage au Devoir et ses rapports houleux avec Lise Bissonnette. Et ne parlons pas de Claude Ryan le “pape” de la rue Saint-Sacrement qui ne savait même pas qui elle était bien qu’elle était une vedette de son quotidien!. Et le dernier chapitre à La Presse et une finale qu’elle aurait sans doute souhaitée différente. Il y a un style Petrowski que nous à la rédaction on adore. La vivacité du ton et le sens de la narration innée. On a dévoré l’ouvrage d’une traite tellement on ne pouvait s’en arracher. Mais on avait une petite frustration, c’est le livre qu’elle n’a pas écrit, où elle nous en aurait raconté encore davantage sur les coulisses du show-business de notre très petite province. On en aurait demandé mille pages. On voit bien que le monde qu’elle a connu est maintenant disparu et que le journalisme de maintenant n’a plus rien à voir. Ce sont des comptables qui dirige, sous la dictature des clics. En tout cas, mettez ce livre au-dessus de votre prochaine liste d’achats. Et pourquoi pas un tome II madame ?
La critique n’a jamais tué personne Nathalie Petrowski. Éditions La Presses 291p. www.editionslapresse.ca |
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Le Maroc du deuxième millénaire sous Mohammed VI
Le règne du roi du Maroc Mohammed VI a fait l’objet de plusieurs livres assez critiques. On avait hâte de pouvoir lire une contrepartie, car dans la vie, tout ne se joue pas d’une seule couleur. Et il faut prendre en compte qu’à l’ère des menaces intégristes, la position du monarque est tout sauf confortable. Et pour ce faire il doit être davantage à l’écoute des revendications de son peuple. C’est pourquoi, contrairement à son père Hassan II qui était assez despotique avec l’opposition, le fils a été la figure de proue de réformes entreprises avec l’avènement du deuxième millénaire. Et c’est à quoi s’emploie Jean-Marie Heydt qui s’emploie à faire un bilan largement positif des actions menées par le souverain. Il est docteur en sciences de l’éducation comparée et diplômé d’études européennes et enseignant universitaire. Sa feuille de route est très longue. Il invite le lecteur à une relecture des faits qui ont marqué jusqu’ici le passage de Mohammed VI. Et à quels enjeux il est confronté. Les choses ne vont peut-être pas assez rapidement au goût du peuple, mais le roi a de la vision et il a quand même fait entrer son royaume dans la modernité ce qui n’est pas une mince affaire au vu des traditions du Maghreb. Et l’auteur ne serait pas un universitaire accompli sans devoir nous gratifier d’une bibliographie pour ceux qui voudraient pousser plus loin la connaissance de la géopolitique marocaine.
Mohammed VI Jean-Marie Heydt. Favre 181p. www.editionsfavre.com |
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Un bédéiste chinois qui s’attaque à l’Histoire de la Chine
Jing Liu on pourra dira tout ce qu’on voudra de lui, mais il n’a pas peur des défis. Il s’est entrepris de raconter tenez-vous bien, l’Histoire de la Chine en bandes dessinées. C’est bien sûr un angle singulier pour décrire l’épopée de cet immense pays et ses soubresauts millénaires. Nous avons donc deux tomes de son Histoire de la Chine en BD. Le premier traite de la civilisation chinoise de l’Empereur jaune à la dynastie Han (-2697 à 220). Le second aborde la période des Trois Royaumes à la dynastie Tang (220-907), c’est l’ère de l’unification qui a surgi après des divisions sans fin. Deux autres tomes suivront dont le dernier s’attachera à la dynastie Qinj qui prend fin en 1912. Quel travail, de recherche en premier, avec une façon de synthétiser pour ne retenir que l’essentiel. Puis il y a l’illustration avec des petits schémas éclairants sur tel ou tel aspect. C’est du grand art. Et ceux qui décernent des prix dans le secteur de la BD doivent impérativement regarder de ce côté là.
Histoire de la Chine en BD Tome I et II. Jing Liu. Le Prunier/Sully
www.editions-sully.com |
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Deux petits nouveaux à la Bibliothèque Québécoise
La renommée collection de poche accueille deux nouveaux titres à son catalogue. Micheline Dumont avec Le féminisme québécois raconté à Camille nous apprend que les revendications des femmes au pays et dans la Belle Province, ne remontent pas à hier. A preuve, l’ouvrage s’ouvre sur une photo datant de 1898 montrant des congressistes du Conseil national des femmes du Canada. Ces suffragettes toutes vêtues de noir prenaient la chose très au sérieux. C’est une histoire, avouons-le méconnu qu’elle nous invite à découvrir.
Changement de couleur avec Thomas King qui nous présente des récits autochtones Histoire(s) et vérité(s) qui est en fait une variation sur un même thème, le sujet de base s’ouvrant sur une légende amérindienne voulant que la Terre ait flottée dans l’espace sur le dos d’une tortue. Tous les chapitres commencent ainsi avec une déclinaison du récit pour chacun. L’auteur avance que cette lecture nous fera mieux comprendre l’âme des Premières nations. |
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Déracinement migratoire et turbulence adolescente
Michèle Matteau en choisissant de s’intéresser à ce qui se passe dans la tête d’un migrant n’était pas confronté au syndrome de la page blanche, car il y a tant à dire sur ceux qui quittent leur pays pour un autre. Avec quelles conséquences ? Entre ici et là-bas raconte ce qui arrive à Ganaëlle une africaine de l’Est âgée de 17 ans, qui a quitté son pays pour s’installer à Ottawa. Elle fait tout en son pouvoir pour être une bonne canadienne. Mais ses aspirations, ç’avait d’abord été imaginé dans son pays
d’origine. Ensuite sa mère n’a plus du tout le même comportement, devenant irascible, voire violente. Et dire qu’on allait se retrouver en terre promise. L’auteure a bien investie l’âme de l’adolescente et tout ce qui peut bien lui passer par la tête.
Entre ici et là-bas Michèle Matteau. Éditions David 162p. www.editionsdavid.com |
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L’exil puis le choc du retour
Irène Chassaing a titré son essai sur le récit du retour au pays natal dans la littérature canadienne francophone contemporaine Dysnostie. Si ce mot vous est étrange, c’est tout à fait normal puisque c’est un néologisme dont l’étymologie vient de deux mot grecs dys (difficulté) et Nostos (le retour). En somme ce qui est exploité ici dans cette recherche c’est le désenchantement de personnages dans notre littérature qui, après s’être exilés reviennent au pays, désenchantés. Ce sujet remonte bien sûr très loin dans l’Antiquité mais au Canada on ne le voit surgir qu’en 1979 à la faveur de “Pélagie la charrette” d’Antonine Maillet. Alors que le thème de la migration est dans l’actualité, c’est une étude qui tombe à point nommé.
Dysnostie Irène Chassaing. Presses de l’Université Laval 266p. www.pulaval.com |
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Maurice Genevoix l’écologiste
Pour ceux qui connaissent ce nom, le regretté Maurice Genevoix a été dans la littérature française des poilus qui ont connu l’horreur du feu au cours de la Première guerre mondiale avec son roman phare “Ceux de 14” un vibrant plaidoyer dénonçant cette boucherie. Mais l’homme de lettres avait un amour sans limite pour la nature. Et c’est ce que met en lumière Benoît Fidelin qui présente Genevoix, mon ami. Sur la couverture du livre une image qui vaut mille mots, avec Genevoix taquinant le poisson avec sa ligne au bord d’un calme cours d’eau. Image bucolique à souhait. C’est donc un autre visage de cet académicien que nous offre l’auteur. On n’est pas très loin ici des sensibilités champêtres d’un Giono.
Genevoix, mon ami Benoît Fidelin. Bayard 161p. www.editions-bayard.com |
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Le premier juge acadien de la Cour suprême du Canada se raconte
Michel Bastarache est un juriste qui passera à l’histoire de la Cour suprême du Canada pour avoir été le premier acadien à siéger au plus haut tribunal du pays. Sa fiche en carrière est impressionnante au possible. Simplement de rappeler qu’il a été admis à six barreaux! Ce pourrait être grandement satisfaisant et un modèle de réussite sociale et professionnelle. Malheureusement le destin s’est acharné sur ses deux enfants qui sont décédés d’une rare maladie neurologique qui fait en sorte que le corps s’arrête de se développer et la victime même adulte, offre l’apparence d’un corps de dix ans. Il est à l’heure d’un bilan de vie qu’il a couché sur papier avec l’aide du journaliste Antoine Trépanier. Cela donne Ce que je voudrais dire à mes enfants. Écrit avec simplicité, ce juge émérite se livre en toute transparence. Un bel être toujours épris de justice.
Ce que je voudrais dire à mes enfants Michel Bastarache. Presses de l’Université d’Ottawa 285p. www.pressesuOttawa.ca
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La vie d’Elvis en bande dessinée
Le King Elvis Presley, dont le patronyme est un logo vivant à lui seul. Son souvenir est pérenne. On en a encore la preuve avec cette BD biographique de cette icône du rock et dont les déhanchements animaliers en remuaient plus d’un. Elvis ombre et lumière est cosignée du musicien Kent et de Patrick Mahé ancien rédacteur en chef du Paris-Match et présentement à la barre du Télé7 Jours. En clair ce sont les riches heures de l’interprète de Blue suede shoes. C’est didactique comme on peut s’y attendre et d’un traitement dynamique. Ceux qui veulent le connaître mieux sont servis et pour les autres, les fans, des anecdotes qui leur ont peut-être échappés.
Elvis ombre et lumière Kent et Patrick Mahé. Seuil|Delcourt
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Une BD coquine signée Zep
Il semble bien que le Happy Sex 2 de notre ami Zep a trouvé sa clientèle, puisque voici le tome 2. Grosso modo, ce qui fait rire ici, ce sont toutes les gaucheries qui se produisent dans les chambres à coucher du monde. Avec les nouvelles folies de notre époque. Comme le mec qui se rend compte que sa conquête est tatouée des pieds à la tête. Ou l’autre bonhomme qui demande à sa femme après lui avoir titillé le bouton, de jouir comme une femme fontaine. Vous êtes assurés de vous bidonner. Et le pire, c’est que ces maladresses, on les a souvent vécues nous-mêmes.
Happy Sex 2 Zep. Delcourt 62p. www.editions-delcourt.fr
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Le coin des arts martiaux
Chez Budo deux parutions d’intérêt pour ceux que le combat passionnent. De Darren Levine et John Whitman c’est le guide officiel Krav Maga intégral qui comporte 250 techniques d’auto-défense et de combat au corps-à-corps. Pour ceux qui entendent parler pour la première fois de cette méthode, sachez que c’est celle employée par l’armée israélienne. Comme notre société un peu folle nous expose plus qu’avant à croiser des gens mal intentionnés, cette discipline est celle qui se présente avec le plus de réalisme. C’est le plus complet du genre avec des illustrations simples pour assimiler rapidement la gestuelle appropriée. Ailleurs c’est Roland Habersetter qui nous dit tout sur le wushu chinois mieux connu sous le nom de Kung-Fu rendu célèbre par les chorégraphies acrobatiques du regretté Bruce Lee. Kung-Fu pratique C,est son titre couvre de l’amateur à l’expert. Et comme pour le précédent, des illustrations explicites. A la différence du précédent ouvrage, les mouvements sont plus sophistiqués, complexes parfois. |
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Le coin santé physique et psychique
A l’ère numérique, les amours numériques. Et la question qui se pose et qui est le titre d’une étude intéressante L’amour virtuel, un amour véritable signé Caroline Gravel qui enseigne la philosophie au niveau collégial. Le sujet nous intéresse au premier chef car nous avons connu une jeune femme qui s’est marié illico à peine quelques semaines de correspondance sur le web. Peut-on vous dire que ce fut un fiasco. Dans son essai, l’auteure fait le tour de la question, notamment l’enjeu de la distance. C’est un livre que toutes les victimes potentielles du Cupidon de notre temps auraient intérêt à lire. C’est aux Presses de l’Université Laval.
Et chez Le Prunier Sully Doki Suda a écrit La vie du Bouddha Shakyamuni ce sage qui, il y a 2500 ans fonda en Inde le bouddhisme. Au passage, le mot Bouddha veut dire, éveillé. L’avantage de ce que nous soumet Suda, c’est que ceux qui trouvent rébarbatifs les traités sur cette religion ont l’avantage ici d’avoir une synthèse au plus près de ce qu’il faut savoir de cette spiritualité parmi les plus importantes dans le monde. Le bouddhisme fait immédiatement référence à la sagesse et à la cohabitation harmonieuse. Un petit livre référence qui deviendra la porte d’entrée de plus grandes explorations.
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