- LIVRES mai 2019 -
 
 


 


Un livre émouvant sur Paris au temps de Maigret et son créateur

Parmi les beaux trésors que nous réserve le monde du livre, Maigret traversées de Paris du spécialiste de Simenon Michel Carly. Comment dire ? Ce sont 120 lieux et itinéraires qui ont été parcourus autant par le célèbre créateur que l’écrivain. On baigne dans cette capitale parisienne d’un autre temps, alors qu’il y avait 23 mille petits zincs pour écluser le gorgeon, alors qu’il n’y en a à peine 9000 de nos jours. C’est agréable d’être dans les pas de Maigret et de reprendre les trajets qui furent les siens. Tantôt Carly rapporte une scène de roman et la remet dans son contexte cartographique de la Ville Lumière. C’est toute une ambiance qui attend le lecteur, et un pur ravissement pour ceux qui sont des accros du légendaire limier.

Maigret traversées de Paris. Les 120 lieux parisiens du commissaire. Michel Carly. Omnibus 189p.   

 


 


Première non fiction pour Bret Easton Ellis

Il fallait que Bret Easton Ellis en ait sacrément marre de l’ère numérique que nous vivons, pour délaisser l’espace d’un moment le monde du roman pour s’essayer à la non-fiction. White qu’il nous offre, est une véritable récréation pour les esprits car l’écrivain a une grande qualité, l’authenticité. C’est le fait d’être sans filtre qui donne tout le sel de cette présentation qui balance entre pamphlet, passages autobiographiques, réflexions sur le travail d’écriture. Mais il le dit dàs le début, c’est qu’il s’est rendu compte que les médias sociaux le plongeait dans une colère telle qu’il ne l’avait jamais ressentie auparavant. En prologue il y a une citation de Janet Malcolm qui est le credo de son propre livre, quand elle écrit « l’hypocrisie est le lubrifiant qui permet à la société de fonctionner de manière agréable ». Ça vous donne une idée des dénonciations qu’il contient. Ensuite, lui ouvertement gay, décrit sa vision très nette du milieu homosexuel, le meilleur comme le pire. En disant en somme que les gays sont « acceptés » qu’en autant qu’ils ne dérangent pas trop. Bref, vous ne partagerez peut-être pas toutes ses idées, mais vous allez apprécier sa grande honnêteté.

White. Bret Easton Ellis. Robert Laffont 291p.     www.laffont.ca

 


 


Sur les « mormons » de Macron

Les conseillers qui entourent Emanuel Macron à l’Élysée ont hérité du surnom de mormons, ces trentenaires touts dévoués qu’ils sont à la personne du Président de la République. Un peu comme l’a fait autrefois un John F. Kennedy une fois à la Maison-Blanche, l’actuel locataire de l’Élysée a voulu s’entourer des plus brillants de sa génération. Mais ils n’ont aucune expérience politique, hormis quelques croûtons des vieux partis que le président a emporté dans son sillon de son mouvement En Marche. Pour tout connaître des coulisses du pouvoir français, allez lire ce qu’en disent Jérémy Marot et Pauline Théveniaud dans Les apprentis de l’Élysée. Ils racontent, et vous en aurez des potins, comment les jeunes énarques et autres, sont arrivés au palais, ne sachant pas quel bureau occuper. Comme des enfants d’école qui attendent une assignation. On saura aussi que le premier cercle du président, n’est constitué que de deux personnes, sa femme Brigitte et le secrétaire-général de l’Élysée, Alexis Kohler. Ce livre fait de nous d’heureux voyeurs par les trous de serrures.

Les apprentis de l’Élysée. Grandeur et décadence de la maison Macron. Plon 352p.        www.plon.fr

  

 


 


Le meurtre de dirigeants politiques n’a que peu d’impact

Avis à ceux qui espèrent leur minute de gloire en voulant trucider un homme de pouvoir sur la place publique, l’Histoire enseigne que ça ne changera en rien le monde. Et c’est ce que démontre Olivier Coquard professeur au lycée Henri-IV à Paris. Il lance Tuer le pouvoir où il a sélectionné de grands crimes d’État, allant de Caligula à John F. Kennedy en passant par Henri IV, Charlotte Corday, Abraham Lincoln et Yitzhak Rabin. Il fait remarquer qu’en général l’assassin choisit un grand espace public pour marquer les imaginations. Et c’est là que le tueur sera désillusionné, car si ça crée un tsunami émotionnel qui dure un certain temps, ça ne mettra nullement fin au régime politique que le criminel voulait voir disparaître. Chaque chapitre est raconté avec la vivacité d’un Stéphane Bern. De l’Histoire vivante comme hélas on n’en trouvait pas dans nos classes.

Tuer le pouvoir. Olivier Coquard. First 311p.     www.editionsfirst.fr

 


 


Tout savoir sur la mafia corse

En 2013 Jacques Follorou faisait paraître « Guerre des parrains corses ». Il persiste et signe cette fois avec Parrains corses la guerre continue. Pourquoi cette mise à jour. Simplement que parce que ça joue dur sur l’Île de Beauté, les balles de revolver partent pour un rien, et la figure qui trônait dans son patelin hier, repose maintenant six pieds sous terre. Ensuite vous serez sans doute intrigués par le mot parrains au pluriel. C’est que contrairement à d’autres mafias dans le monde, notamment celle des calabrais et siciliens qui nous sont plus connues, celle corse n’a pas cette hiérarchie avec un parrain suprême et des lieutenants. Ça ne fonctionne pas à la verticale. Il y a plusieurs chefs de territoires qui font leurs petits arrangements entre eux. Mais tout comme les grandes mafias italiennes, le code d’honneur a pris le bord, et on s’entretue pour un rien, dans l’irrespect total des uns et des autres. Mais comme les autres mafias, ce n’est pas le braquage de banques qui les intéressent mais d’infiltrer l’économie normale pour blanchir l’argent sale, ou s’attribuer des contrats publics en gonflant les factures. Avec l’auteur nous avons la radiographie exacte de la mafia corse. Et en plus c’est raconté avec brio, ce qui ne gâche pas notre plaisir.

Parrains corses la guerre continue. Jacques Follorou. Plon 330p.    www.plon.fr

 


 


Psychologie, sur les troubles suite à des traumas

C’est un gros pavé de plus de 500 pages qui arrive sur les rayonnages des librairies Les troubles liés aux événements traumatiques un docte ouvrage en collectif sous la direction de Suzie Bond, Geneviève Belleville et Stéphane Guay. Qui est destiné certes aux professionnels de la santé mentale, mais qui par ailleurs intéressera un lectorat soucieux du domaine, surtout qu’on apprend selon une dernière statistique qu’au Canada seulement 76% des individus connaîtront un événement traumatique dans leur existence. Et que si dans l’ensemble on finit par surmonter le choc, il en resterait 10% qui auront besoin de soins suivis. Cette somme fait tout le tour de la question avec des chapitres intéressants qui nous sont familiers comme les cauchemars. Qui n’en fait pas l’expérience, une ou plusieurs fois dans l’année ? Sauf qu’ici on les décrits en nous disant à quel moment ça peut devenir problématique, non seulement pour notre équilibre mental mais au plan de la santé physique. Bref, à peine sorti des presses, ce traité s’impose comme un ouvrage de référence.

Les troubles liés aux événements traumatiques. Collectif. Les Presses de l’Université Laval 509p.   www.pulaval.com

 


 


La femme n’existe pas!

C’est écrit en toutes lettres en quatrième de couverture de Seule une femme de la psychanalyste Julia Kristeva « La femme n’existe pas ». Sans entrer dans le détail de l’affirmation, cette observation est dans la continuité de la fameuse phrase de Simone de Beauvoir « on ne naît pas femme on le devient ». Car il n’y a pas qu’une seule femme. Et le titre s’explique à la lecture du propos par le fait que la femme est seule dans le choix de son identité. Elle sera car telle est son désir pourrait-on résumer. Il y a des entrevues menée avec l’auteure dont une avec Marie-Christine Navarro qui signe également la préface et qui suit les cours de sémiologie que donne la première à la Sorbonne. Pour le reste c’est un collage d’articles de Kristeva. On se rend compte à quel point une femme a, au contraire de l’homme, l’hypothèque de la maternité qui occulte bien des choses dans le développement de sa personne.

Seule une femme. Julia Kristeva. Éditions de l’Aube 268p.   www.editionsdelaube.com

 


 


Qu’est-ce que la limnologie ?

Interrogeons l’homme de la rue, et il est à parier que la majorité ne saurait donné aucune bonne réponse. C’est tout simplement l’étude des lacs. Warwick F. Vincent professeur de biologie à l’Université Laval, enseigne cette matière et l’océanographie. Son petit livre Les lacs une brève introduction est, instructif en diable. D’entrée de jeu il nous apprend que c’est un écosystème très complexe. Quand on regarde la feuille de route du scientifique que l’on vous fera grâce de reproduire ici, il a parcouru une bonne partie du monde pour étudier les lacs dans tous les contextes géographiques possibles. Avec grande vulgarisation il nous apprend une foule de choses sur la constitution des lacs, de ceux qui sont « sans vie » et peut-on les ressusciter. Bref, pour qui a à cœur le sort de la planète, c’est un plus pour la connaissance.

Les lacs une brève introduction. Warwick F. Vincent. Presses de l’Université Laval 190p.     www.pulaval.com

 


 


Il est modeste Horst Kornberger quand il dit qu’il n’est pas un expert des abeilles. Son ouvrage qu’il nous sert avec générosité Crise des abeilles, crise d’humanité oppose un sérieux démenti. Ça frise presque l’érudition. C’est que si son objectif est de nous alerter sur le fait que la maltraitance des abeilles risque d’entraîner notre disparition, c’est aussi toute une connaissance encyclopédique sur elles qu’il met à notre portée, rappelant par ici que dans l’Égypte ancienne on pratiquait l’apiculture, avec à l’appui la reproduction d’une gravure d’abeilles sur une fresque dans la Vallée des Reines, et par là que Goethe s’intéressant à la botanique. Bref, il se fait sonneur d’alerte. Et que la sauvegarde de notre planète, et de notre survie humaine, dépend de la manière dont on protégera ces insectes si utiles à la pollinisation des plantes. C’est à dessein que le sous-titre de son traité indique « pour une société de bienveillance ». On sort de cette lecture plus intelligent que lorsqu’on est entré.

Crise des abeilles, crise d’humanité. Horst Kornberger. Yves Michel 220p.    www.yvesmichel.org

 

 


 


Gisela Enders prêtresse du frugalisme

L’allemande Gisela Enders ne gobe absolument pas le précepte biblique qui condamne l’homo sapiens à travailler à la sueur de son front jusqu’à ce que mort s’ensuive ou presque. Au contraire, elle prône le bye bye boulot aussi peu qu’à l’âge de 40 ans. Son credo ? Pourquoi travailler ? Du moins s’astreindre à une occupation certes, mais juste de quoi se constituer un petit pécule et bien l’investir de sorte que ça rapporte suffisamment pour ne plus voir la tronche d’un patron. Mais pour cela il faut être hyper discipliné. Elle épouse donc la théorie américaine du frugalisme qui n’est rien d’autre que ce qu’on nommait il y a quelques années la simplicité volontaire. C’est que personne est contre la vertu, mais de réduire son train de vie à l’heure du consumérisme effréné relève de renoncement héroïque. Mais ça s’apprend et c’est ce qu’elle nous montre dans J’arrête de travailler!. Si l’objectif est d’être aussi beau et souriant à la vie que ce couple avec enfant présent sur la couverture de l’ouvrage, on est tout de suite preneurs. Grosso modo, elle est partisane qu’investir un 40 mille euros dans l’immobilier est un investissement sûr qui permettra de réaliser son rêve de regarder passer les saisons par sa fenêtre. Moult conseils de vie financière sont offerts qu’on serait fou de ne pas mettre en pratique.

J’arrête de travailler! Gisela Enders. Éditions Yves Michel 197p.    www.yvesmichel.org

  

 


 


Un gourou du bonheur mal servi

Il s’appelle Richard Young. Son succès il le doit à ses ouvrages de croissance personnelle. Et justement, le matin du jour où il doit procéder à une séance de signature de son dernier opus, on le retrouve raide mort dans sa chambre d’hôtel à Montréal. Pauvre lui qui enseignait le bonheur aux autres et qui connaît ainsi une fin de vie abrupt. Comme un cordonnier mal chaussé. Une enquêteuse est sur l’affaire et d’office parle de crime. Voilà la trame de Bonheur meurtrier de Dominique Girard. Un esprit chagrin a déjà dit un jour et très méchamment que ceux qui peuvent font et ceux qui ne peuvent pas enseignent. L’auteure qui donne des cours d’écriture fait magistralement la démonstration du contraire avec ce polar maîtrisé de bout en bout et dont on pourrait dire qu’il nous rappelle que l’être humain est beaucoup plus complexe qu’on voudrait le croire. A lire sans faute bien entendu.

Bonheur meurtrier. Dominique Girard. Fides 234p.    www.groupefides.com

 


 


Le siège de Mossoul comme un long poème

Décidément Félix Jousserand est inclassable. Identifié comme poète et performeur il nous a donné des anthologies sur le rap et le slam. Et voilà qu’il réussit à nous jeter par terre avec Le siège de Mossoul. Décidément ses curiosités sont sans limites. Et fatalement il est d’une grande intelligence, car celle-ci puise sa source dans la curiosité. Et il lui en a fallu pour se plonger dans les rapports d’opérations sur cette guerre qu’il décrit comme le plus grand conflit du XXIème siècle. Qui dura neuf mois, automne 2016 à l’été 2017, comme pour un accouchement, alors que la ville de Mossoul capitale du nord de l’Irak et asservi par les islamistes radicaux de Daesh, est encerclée par les forces de la coalition. Typographiquement, le livre est mis en page comme un poème. Et qui décrit par le menu tout ce qui va se dérouler jusqu’à l’assaut final, libérant du même coup un million et demi de personnes prises en otages.  Un exercice dont il se tire avec les honneurs et, poète oblige, nous rend tout ce que la guerre peut avoir d’horrible. Une méthode singulière pour nous présenter ce conflit mais qui a le mérite de décrire les choses en vraies.

Le siège de Mossoul. Félix Jousserand. Au diable vauvert 159p.    www.audiable.com

 


 


Quand un kangourou doté de la parole se pointe chez vous

Nous tenons à prévenir le futur lecteur, il n’y a rien de logique dans Les chroniques du kangourou de Marc-Uwe Kling. Ce touche-à-tout, poète slam, auteur-compositeur et comédien de stand-up est une figure qui compte pour la jeunesse allemande. S’est-il inspiré pour son sujet de l’aphorisme d’Oscar Wilde qu’il met en prologue de son livre et dans lequel le dandy anglais disait « Qui est l’ami d’un kangourou a vraisemblablement une girafe pour voisine ». Un beau matin, on frappe à sa porte. C’est un emblématique marsupial australien qui se présente et qui vient quêter deux œufs pour se faire une omelette car il a oublié d’en acheté au marché. Et l’animal pittoresque va se pointer à nouveau pour demander cette fois à son voisin d’en face s’il aime le groupe Nirvana. Va s’ensuivre un échange constant et surréaliste qui va alimenter de quoi écrire ce bouquin complètement dingue. On rit énormément. Et rien que pour ça, Herr Kling est un bienfaiteur de l’humanité.

Les chroniques du kangourou. Marc-Uwe Kling. Robert Laffont 300p.   www.laffont.ca

  

 


 


Monsieur Rhésus a des lettres

Le Dalaï-Lama a dit ceci un jour que la grande erreur que commette les hommes, est de chercher la permanence des choses, dans le travail, l’amour, le bonheur. Or toute la démarche de vie est un constant déséquilibre avec lequel l’homo sapiens doit apprendre à surfer. Et ce n’est certainement pas Robert Hébert qui dira le contraire qui fait dire en quatrième de couverture de son dixième ouvrage «Monsieur Rhésus que « l’humanité préfère encore croire à des mondes réellement possibles sans accidents ». Dans ces chapitres il nous livre sa pensée qui peut prendre tantôt l’allure d’un poème, tantôt sous un angle philosophique ou dans le genre essai. Assez inclassable le monsieur. Le titre d’un passage donne la tonalité « Pour une herméneutique des cendres mêlés ». Ce pourrait passer pour un livre totalement hermétique. Mais non. Il aime tout simplement nous provoquer pour qu’on se réveille de notre torpeur collective. N’oublions pas que c’est un philosophe au point de départ, il pense donc il est. Et on aime.

Monsieur Rhésus. Robert Hébert. Nota bene 181p.   www.groupenotabene.com

  

 


 


Gilets jaunes ou le retour de la question sociale

Quand un historien Gérard Noiriel et un journaliste au Monde Nicolas Truong se rencontrent, ça peut donner des échanges intéressants, d’autant plus que ce dernier est responsable des pages Débats du quotidien. Et le sujet de leur rencontre ?, les Gilets jaunes. Que ce mouvement soit aller dans toutes les directions, qu’il s’essouffle présentement et qu’au final qu’il n’ait arraché que quelques miettes au Jupitérien président Macron, il n’en demeure pas moins qu’il s’est inscrit dans l’Histoire. Surtout qu’il annonce le retour de la question sociale. Tous aspects de ce courant sont passé en revue et l’historien se fait fort de rappeler en quoi les Gilets jaunes ont marqué le coup, c’est d’avoir fait entendre la parole du peuple, qui s’était tue depuis plusieurs décennies. Et Noiriel en bon connaisseur du passé se fait fort de nous dire à un moment donné que concernant les « fausses nouvelles » rien de nouveau sous le soleil puisque au XVIIIème siècle on en colportait. Au plan intellectuel c’est une rencontre de haut niveau, car on s’est donné la distance pour apprécier ce phénomène social et si on peut y déceler un héritage durable.

Les Gilets jaunes à la lumière de l’Histoire. Gérard Noiriel. Dialogue avec Nicolas Truong. Le Monde/l’Aube 130p.    www.editionsdelaube.com

   

 


 


Un premier roman éblouissant

Chose certaine si Madeleine de Place maintient le cap comme le fait présentement avec ce premier roman Dis, quand reviendras-tu ? il y a fort à parier qu’elle sera couronnée par ses pairs en littérature. Car comme entrée dans le monde des lettres ça frappe fort. Voici le sujet, une adolescente de 14 ans met au monde dans la honte (nous sommes en mille neuf cent soixante-cinq) un petit garçon. Sa propre mère qui crie à la désespérance, se présentera à l’hôpital pour voir sa fille, déplorant ça lui fait rater son bridge! C’est dans ce contexte si peu accueillant que vient au monde le petit Gabriel. Qui va grandir et qui, on le comprendra avec un tel atavisme, entretiendra une méfiance du monde. On le ferait à moins. Il va se marier et avoir deux filles. Mais il ne donne pas les apparences du bonheur. Mais le destin réserve parfois des surprises qui changent la donne. Vous irez lire sous quelle forme cela va se produire. Nous avons aimé ce roman car l’écrivaine n’a pas cherché pour son premier opus à faire de l’effet stylistique. Le tout coule de source avec un sujet, un verbe et un complément à la bonne place. Mais surtout une histoire.

Dis quand reviendras-tu ? Madeline de Place. Éditions de La Martinière 237p.     www.editionsdelamartiniere.fr

 


 


Comment le bouddhisme a imprégné la littérature française

Professeure de littérature à l’Université du Québec à Chicoutimi et présidente de l’Association canadienne des études francophones du XIXème siècle Cynthia Harvey nous arrive avec un essai étonnant Portrait du romancier en bouddha où elle nous montre l’influence directe ou sous-tendu du bouddhisme chez les littérateurs du français du XIXème siècle. Et pour illustrer son propos, elle prend trois exemples, Balzac, Flaubert et Zola. Bien que le premier soit le chantre du christianisme, il n’échappe pas au courant humaniste de la philosophie orientale. Flaubert lui on le sait était tout imprégné d’orientalisme et Zola à travers son positivisme et son socialisme était dans le droit-fil bouddhique. Car ce n’est qu’au XIXème siècle en effet qu’on prendra connaissance du courant spirituel notamment lors de la publication en 1844 de L’Introduction à l’histoire du bouddhisme indien du philologue Eugène Burnouf. Comme la découverte d’un continent dit l’essayiste. Et de là, elle nous montre comment cette infiltration va avoir des incidences dans l’œuvre des trois romanciers qui font l’objet de sa sélection.

Portrait du romancier en bouddha. Balzac, Flaubert, Zola. Nota bene 151p.    www.groupenotabene.com

 

 


 


Le Djian nouveau est arrivé

Celui-là on l’attendait comme le beaujolais nouveau. Et en effet la cuvée 2019 de Philippe Djian est un grand cru. Les inéquitables, c’est son titre, raconte la mort de Patrick. Sa veuve Diana, reçoit le soutien de Marc le frère du défunt qui viendra héberger chez elle le temps qu’elle se remette de cette disparition. Puis il va arriver que le Marc en question va découvrir sur une plage trois sachets de drogue qu’il songe aussitôt à revendre. Et pour ce faire il entre en contact avec le frère aîné de Diana. Et le frérot n’est pas dans les bonnes grâces de cette dernière.  C’est alors que débute un psychodrame dont seul l’écrivain a le secret et qui élève une simple histoire à un niveau de tension qui capte le lecteur et qui a fait sa marque de commerce. Et puis il y a la force des dialogues qui fait en sorte que c’est comme si on voyait un film se dérouler sous nos yeux. Si vous aimez Djian sachez que c’est dans la continuité de sa production qui tutoie l’excellence.

Les inéquitables. Philippe Djian. Gallimard 166p.  

 

 


 


Poésie du ras le bol

Il vous arrive sans doute que vos pensées soient désordonnées, comme un embouteillage dans votre cerveau et que vous avez envie de tout envoyer valser pour faire place à de l’air pur. C’est à quoi fait penser le recueil de poésie Reste ou va-t-en de Tara-Michelle Ziniuk. Comme ce goût de faire éclater des plein de choses. En tout cas ça interpelle drôlement. Extrait « Quand je m’aperçois que la goutte qui a fait déborder le vase était une goutte d’acide, je reste là, dissoute et conne.  Tu quittes la ville, c’est la chose à faire. Je peins mon visage avec le jour, pour que sa couleur s’accorde avec la ville déjà rouge ».

Reste ou va t-en. Tara-Michelle Ziniuk. Triptyque 114p.     www.groupenotabene.com

 


 


Le coin lecture interdite

Les deux ouvrages dont il est question ici et publiés se seraient retrouvées, et il n’y a pas encore si longtemps, dans « l’enfer » des bibliothèques. C’est-à-dire, bannis par le clergé qui dictait ex cathedra ce qui convenait à la morale. Ouf, tout cela est bien derrière nous et on peut sacrifier désormais à son plaisir de l’érotisme. Chez l’éditeur Tabou qui paradoxalement n’en a aucun, deux titres qui stimuleront la libido de plus d’un. Si après avoir feuilleter ces ouvrages vous demeurez de marbre côté du bas ventre, c’est qu’irrémédiablement il y a problème. D’abord de Blanche de Saint-Cyr c’est Liu, esclave impériale. Nous sommes plongés en Chine au IXème siècle, plus exactement à la cour du roi Taïzu qui règne sur le royaume du Nanzho. Des luttes intestinales fragilisent le pouvoir du monarque. Parmi les personnages remarquables qui peuplent le premier cercle du monarque se trouve la mignonne Liu, jeune esclave qui doit répondre aux désirs lubriques de messieurs peu désirés et désirables dont l’affreux Ping, alors que son cœur bat pour Calaf prince cadet. Est-ce que cette tendre enfant échappera aux sales mains. C’est à lire. Et c’est toujours intéressant de voir comment une femme traduit le désir charnel. En passant, l’écrivaine, avec ce titre fait son entrée en littérature. Chapeau bas.
Maintenant pour ceux à qui la littérature ne suffit pas et qui veulent voir la chose, alors dirigez vos yeux vers cette BD du génial scénariste et illustrateur Eric Hartmann qui en est à son sixième tome érotique avec Orgies barbares dont l’élémentaire décence ne nous permet pas de reproduire dans cette colonne la couverture, de peur messieurs que la table sur laquelle repose l’album se soulève…C’est que le bédéiste qui nous transporte au Moyen Âge avec pour aguichantes coquines trois ensorcelantes sorcières, montrent en mode majeur ce qui excite. Il satisfait tout voyeur en titre. Et son dessin et ses couleurs sont tels, que, outre ces petites cochoncetés, le gars est demandé en pub par de grandes marques pour la sûreté de son talent, comme Adidas et Panini.

 


 


Un entretien fondateur avec Nicole Brossard

En poésie québécoise Nicole Brossard est une pointure auréolée depuis longtemps, notamment récipiendaire du prix Athanase-David qui couronne son œuvre. C’est toujours intéressant de voir comment un poète ou une poétesse se voit d’abord et ensuite sur le monde qui l’entoure. Et à notre époque folle où tout le monde est scotché sur son téléphone intelligent ne voyant rien autour d’eux, il sera intéressant d’entendre la voix de la poétesse. C’est à cette fin que Gérald Gaudet a entrepris un long entretien avec elle et ça donne Nicole Brossard, l’enthousiasme, une résistance qui dure. Il raconte que lorsqu’il l’a rencontré pour la première fois en 1985, elle avait déjà vingt ans de métier derrière elle. Il lui pose les bonnes questions, notamment sur ce que l’on conçoit souvent de déroutant quand on lit de la poésie, pourquoi ? Elle est très ouverte à ce propos, reconnaissant avoir été elle-même opaque dans son œuvre. Dans un même élan elle parle ouvertement de son lesbianisme et comment son orientation la rapproche des femmes et pas seulement du côté du désir. En somme, un petit bijou d’interview, qui vous donnera le goût d’explorer le travail de cette femme d’une sensibilité et d’une lucidité exquise.

Nicole Brossard, l’enthousiasme, une résistance qui dure. Gérald Gaudet. Éditions du Noroît 106p.     www.lenoroit.com

 

 


 


Poèmes sur le thème de la solastalgie

Les poètes indifférents au monde et vivants sur des nuages ? Que non avec Antoine Boisclair qui voit tellement les transformations du monde qu’il en a fait le thème de son recueil intitulé Solastalgie. Ce néologisme qui donne son nom au titre date de 2003. Et c’est la posture psychique des êtres qui ne parviennent pas à se faire à certaines transformations. Exemple une école d’enfance rasée pour faire place à un McDo ou bien l’uniformisation du commerce de détail à travers le monde. En clair une inadaptation difficile au changement. Alors mettez ce syndrome entre les mains d’un poète de la trempe de notre homme et ça donne de beaux passages comme celui-ci « Le long des villages où l’histoire commence à l’église et se termine à l’usine. Le vent s’amuse seul sur une balançoire depuis qu’on a fermé l’école. On organise un tournoi de démolition ».

Solastalgie. Antoine Boisclair. Noroît 84p.    www.lenoroit.com

  

 


 


Art est disparu on anticipe tous les scénarios

Il faut signaler en partant que Le livre des choses cachées de Francesco Dimitri a enlevé le prix Douglas Kennedy 2019 à titre de meilleur thriller étranger, une distinction patronnée par le magazine VSD et la chaîne RTL. On ne sait pas quels autres talents étaient en lice, mais le gagnant ne l’a pas volé car effectivement on a affaire à un bouquin bien ficelé. L’histoire est toute simple. D’abord le décor, les Pouilles en Italie. Et ce sont quatre potes qui rituellement se retrouvent. Sauf qu’il va manquer un joueur, Art. Absence particulièrement remarquée car ce n’est pas la première fois qu’il leur fait le coup il y a bien longtemps, mais il n’avait pas eu à s’expliquer d’une part, on ne lui en avait pas demandé la raison. Mais ça recommence. Et se rendant chez lui, un peu plus inquiets que d’habitude, les proches auront connaissance d’un manuscrit de sa main intitulé «Le livre des choses cachées ». Une variation sur un thème bien exploité dans ce type de littérature, la question des squelettes dans le placard. Connaît-on réellement nos proches ? Malraux avait raison de définir jadis l’homme comme un tas de petits secrets, ce roman nous remet à l’esprit cette vérité.

Le livre des choses cachées. Francesco Dimitri. Hugo thriller 380p.   www.hugoetcie.fr

  

 




 


Le coin santé physique et psychique

Deux ouvrages cette semaine aux éditions Novalis, à commencer par celui d’une résurrection, celle de Brigitte Bédard qui a connu les bas-fonds avec les dépendances aux substances novices que cela entraîne. Elle avait pas mal fait le tour. Dans J’étais incapable d’aimer elle raconte cette recommandation qui lui fut faite de rencontrer un moine de l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac. Elle s’y rendit donc. Sur le domaine, les visiteuses forment à la Villa Sainte-Scholastique tenue par une religieuse. Et lorsqu’elle raconta à cette dernière le but de sa démarche, il faut voir la réaction de cette dernière, qui riant, lui répondit qu’il ne connaissait rien aux femmes! Attendez de voir la suite. C’est la découverte du patrimoine spirituel du catholicisme qui l’engagera vers la voie de la rédemption. Qui prenait appui bien entendu sur les bons conseils du moine. Comme quoi il ne faut jamais désespérer. Elle c’est le Christ qui l’a libérée.

Archiprêtre à la cathédrale de Strasbourg Michel Wackenheim a senti le besoin chez l’éditeur Novalis, de s’exprimer sur un sujet qui peut sembler ringard, Les sept péchés capitaux. Il rappelle que c’est à saint Thomas d’Aquin que l’on doit leur identification. Et qu’ils sont toujours au catéchisme officiel de l’Église catholique. Leur vision a évidemment évolué avec les siècles. Mais ils sont toujours là, prenant des formes bien diverses. Ce prêtre d’une grande sagesse nous les présente un à un, avec plus de perspective et comment on peut les vaincre.

S’il est normal que les femmes prennent le devant de la scène pour occuper le champ social d’où elles étaient absentes, toujours dans l’idée que le monde appartenait aux hommes, la donne a passablement changé au point que l’on occulte totalement ce que devient l’homme maintenant à l’heure des revendications féministes. Beaucoup de choses se sont dites sur les hommes, mais les premiers concernés ont leur part de tort car hélas il est une vérité que les mâles se taisent et n’osent se montrer vulnérables pour ne pas nuire au credo machiste. Or l’homme a son lot de problèmes, comme celui parfois d’être victime de violence conjugale, ou contraint dans sa sexualité en raison d’un handicap. Pour tout savoir à son propos, à lire sans faute cet essai en collectif Réalités masculines oubliées aux Presses de l’Université Laval, sous la direction de Jean-Martin Deslauriers, Marc Lafrance et Gilles Tremblay. Plusieurs types d’hommes sont soumis à l’examen. Même le militaire qui revient dans la vie civile et sa réadaptation pas toujours facile.

Aux éditions du Dauphin Blanc de Nora Caron qui débarque avec La Voie des Travailleuses de Lumière. Elle est présentée comme travailleuse énergétique spécialisée dans la libération des personnes parasitées par des entités. Dans ce petit livre, elle nous présente des êtres qui ont eu de la difficulté dans ce monde, même en dépit de leur aisance matérielle. Il y en a qui malgré tout ressentait un vide abyssal. Elle-même ne l’a pas toujours eu facile et nous raconte son parcours. Il y a dans un premier temps, exposition de la problématique et ensuite comment opérer une reprise de pouvoir.

Chez Édito deux sorties. La première, de Laurence Baranski « La mort n’est pas la fin ». On connaît cet adage « La nature a horreur du vide ». Alors dans ce cas, comment pourrait-elle s’accommoder de la mort dont plusieurs considèrent comme le vide. Pour cette coach il n’y a pas de vide avec la fin de la vie physique, que la mort fait partie de la vie. Le but recherché avec ce livre est de rassurer ceux qui ont une peur frousse d’en parler, qui la considère comme un tabou et qui nourrissent par la même occasion de leur hantise. Ou aux autres qui intellectuellement cherchent une réponse. Au final, l’essayiste ne donnera pas tort au compositeur Gabriel Fauré qui lorsqu’il composa son fameux Requiem, compara cette œuvre comme une berceuse.

Le second livre lui, donne la parole à Alexandre Mars qui est homme d’affaires prospère, mais surtout grand philanthrope. On le considère comme un des majeurs dans la catégorie des quarante ans et moins. En connaissez-vous des capitalistes qui pestent contre l’inégalité des richesses ? Eh bien en voilà un. Qui peste contre les Piscou de ce monde qui retiennent leur fric. Et il le dit, que si le partage n’est pas au rendez-vous nous courons à notre perte. Car dit-il, c’est scandaleux qu’un milliard de gens vivent avec moins de deux dollars par jour. Il a donc donné l’exemple en fondant Epic un organisme de bienfaisance qui rencontre des chefs d’entreprise afin qu’ils donnent davantage, notamment à son organisation, qui elle, redistribue les dons à des OSBL méritantes après examen minutieux. Il ne prétend pas être l’Abbé Pierre mais il fait sa part. C’est un des 50 français les plus influents du monde selon le magazine Vanity Fair. Sa parole vaut la peine d’être entendue.

Enfin chez l’éditeur Broquet du Dr. Athena Perrakis qui présente Le grand livre des chakras. D’abord un rappel de la définition d’un chakra, qui est un centre d’énergie qui font la transition entre le monde visible du corps physique et le monde invisible de l’énergie. Les acupuncteurs en savent quelque chose, eux qui plantent leurs aiguilles pour les stimuler. L’auteure est une chercheuse en métaphysique. Cet album est composé d’exercices pratiques pour nous relier à cette énergie des chakras. Il y en a neuf principaux que l’on passe en revue. Puis vous avez différentes recettes de concoctions, souvent réalisées avec des huiles essentielles. On saluera l’éditeur pour la qualité graphique apportée à l’ouvrage qui est en même temps tout un cours sur la culture indienne à ce chapitre. Une sorte d’érudition du domaine à la portée de tous.

 


 


Un jeune, un vieux et les soviets vus de l’intérieur

Robert Littell ne connaît nullement le syndrome de la page blanche puisqu’il trouve son inspiration dans les véritables faits de l’Histoire. Et il le fait encore une fois en tutoyant l’excellence dans Koba où cette fois un jeune garçon moscovite, Léon, qui par un concours de circonstances au moment des purges staliniennes va devoir se cacher du NKVD, la police secrète du sinistre Béria. Et dans son refuge il va tomber sur un vieux monsieur qui fut un apparatchik du régime et qui est sous surveillance. Il en sait trop. Et ce qu’il sait des maîtres, autant Lénine que Staline, il va le partager avec le petit. Et loin d’être un discours acrimonieux, l’aîné va montrer que les dictateurs ont souvent des côtés…humains comme pour Staline, le révéré et craint père des petits peuples. C’est un prisme du pouvoir soviétique à travers les divulgations du vieux. Il y a beaucoup de dialogues dans ces pages et en lisant le tout on se disait que ça pourrait faire un fabuleux huis clos théâtral. En attendant, savourons ce délice historique qui nous éclaire un peu plus sur la diversité des hommes. Entre parenthèses, Koba qui donne son nom au titre, était celui sous lequel était connu Staline de la part de la police tsariste qui le traquait comme révolutionnaire géorgien.

Koba. Robert Littell. Baker Street 257p.    

 


 


 Tout savoir ou presque sur d’Iberville

Les plus jeunes qui n’ont pas connu le flamboyant et regretté comédien Albert Millaire dans la peau de l’explorateur d’Iberville ne savent sans doute rien de cette énorme pointure de la colonisation française sur le continent nord-américain. Quel vide abyssal dans une province, la Belle province, où la devise est Je me souviens. Mais cessons de nous lamenter, car grâce à Jean-Marc Beausoleil on a droit à un magnifique survol de la vie de Pierre LeMoyne d’Iberville. En effet, tout part d’un roman Corsaire d’hiver où l’on fait la connaissance avec chorégraphe de combat qui désespère de l’inculture actuelle et qui est sollicité pour la réalisation d’un film, une comédie d’aventures ayant pour titre « Le fléau des Anglais ». Et là dedans on trouvera un financier russe dont on ne sait trop d’où provient son fric, qui permet la production, et qui est très interventionniste. Mais ce n’est pas ce qui retient notre attention, plutôt le fait que l’écrivain nous donne un vivant cours d’Histoire. C’est un beau tribut à d’Iberville qui a eu une vie époustouflante et c’est un euphémisme. Si vous aimez le passé vous êtes servi ici sur un plateau d’argent.

Corsaire d’hiver. Jean-Marc Beausoleil. Les éditions Sémaphore 164p.    www.editionssemaphore.qc.ca

  

 


 


Des rituels étranges et anachroniques aux Nouvelles-Hébrides

Ce qu’il y a de formidable avec la connaissance, c’est que plus on apprend et plus on se rend compte que nous sommes des nains devant le savoir. Ainsi qui d’entre nous, levez la main, savaient ce qu’est le culte du cargo ? Grâce à Marc Trillard vous saurez tout ou presque à son sujet, sur ces rituels qui ont pris naissance à la fin du XIXème siècle en Océanie. Où les indigènes étaient fascinés par l’abondance des biens matériels entre les mains des occidentaux. Ils ignoraient tout ce qui se tramait derrière la production et le financement des biens. Pour eux, c’étaient comme des fabricants de produits miracles. Donc est né ce culte du cargo pour favoriser l’arrivée de l’abondance. Autrement dit c’est une vision millénariste du monde. Dans son roman Aéroplanes l’écrivain met en scène une journaliste qui débarque en 1979 en Nouvelle-Calédonie et aux Nouvelles-Hébrides. Et c’est dans cet archipel qu’elle sera confrontée à ce culte local. L’occasion de faire votre initiation dans cet univers parallèle et captivant. Ah, oui, vous a-t-on dit que c’est magnifiquement écrit ?

Aéroplanes. Marc Trillard. Éditions Le mot et le reste 365p.  

 


 


Il était une fois un camp pionnier pour autistes

On parle tellement d’autisme de nos jours, à croire que c’est un syndrome tendance. Et on cherche toujours à pénétrer la pensée de ces êtres aux comportements déroutants. Car il n’y a pas qu’une forme d’autisme. Alors imaginez-vous en 1967 quand Fernand Deligny va s’intéresser à leur cas en ouvrant un lieu d’accueil nommé pour eux dans les Cévennes. A sa façon un saint homme, car qu’est-ce qu’ils étaient l’objet de préjugés ces enfants et ados en marge du monde. Ce noble monsieur est décédé il y a plus d’une vingtaine d’années. Jacques Lin qui poursuit son œuvre est à la tête du lieu d’accueil « Les Graniers » à Monoblet. Il raconte Deligny et toute l’approche faite auprès de ces « patients » spéciaux avec leur intelligence bien à eux dans un livre touchant La vie de radeau. On peut désespérer de l’état du monde, mais quand on lit ces pages on se dit que ces petites lumières nous donne encore à rêver de lendemains qui chantent pour peu qu’on s’en donne la peine et aussi par l’éducation. Car plus on sait, moins on a peur. Ces chapitres nous aident davantage à comprendre l’autisme et ces manifestations.

La vie de radeau. Le réseau Deligny au quotidien. Éditions Le mot et le reste. Jacques Lin 160p.  

 


 


Revoir un amour dix-huit ans plus tard

Pour Dîner à Montréal son dernier opus, Philippe Besson a accolé comme désignation le mot roman. Pourtant tout laisse à croire à une autofiction, mieux un récit. On laissera le soin aux exégètes de l’auteur d’en débattre. Pour l’instant, Besson nous dit la suite de ses retrouvailles avec son ex-amant Paul Darrigrand qu’il n’avait pas vu depuis dix-huit ans et qui se sont retrouvés à Montréal alors que l’écrivain venait pour une séance de signature. On voulait connaître la suite de « Un certain Paul Darrigrand ». La voici. L’eau avait coulé sous les ponts depuis. Son ex a depuis refait sa vie avec une femme, Isabelle. Et Besson a une nouvelle liaison avec Antoine. Et les quatre vont se retrouver au restaurant. Avant même d’ouvrir le livre, on sera intéressé à savoir comment se sent la compagne de Paul là dedans quand on sait généralement que les femmes prisent peu les bisexuels, considérés souvent comme des vampires qui vont souvent de l’un à l’autre sexe, s’aimant surtout eux-mêmes. On vous laisse le soin de découvrir la tonalité qui régnera dans ce quatuor singulier autour d’une bonne bouteille. Ce qu’il y a de bien, outre comme on sait que le romancier sait dire les choses avec une aisance déconcertante, c’est la description de nouvelles situations sentimentales qu’on aurait à peine imaginé il y a trente ans. Dans son genre c’est une perle littéraire qu’on nous offre.

Dîner à Montréal. Philippe Besson. Jullliard 190p.   www.laffont.ca

 


 


Un jeune amerloque qui va vivre son rêve

La réputation de Michael Zadoorian n’est plus à faire. On se souviendra qu’il a fait un carton avec « Le cherche bonheur » porté au grand écran. C’est un observateur attentif de la société américaine. Avec Beau repaire c’est une remontée dans le temps dans les années 70 et plus exactement à Détroit.. Y vit Danny Yzmenski qui est pas mal perdu dans ce monde. Faut dire d’une part que dans la capitale américaine de l’automobile ce n’était pas la joie qui régnait au lendemain des émeutes raciales tristement célèbres qui ont mis la ville à feu et à sang. Puis sur un plan familial c’est calamiteux, avec son lot de drames petits et grands. Heureusement que chez lui la musique ne fait pas qu’adoucir les mœurs. C’est sa vie. A telle enseigne qu’allant au bout de sa passion il deviendra disc-jockey. C’est une vie banale en soi, mais dans les mots de l’auteur, quelle humanité. Avec lui, les petites choses au quotidien prennent du relief, comme cette séquence où il est interpelé par la police lors d’un contrôle routier. Il y a de l’intensité. C’est le plus beau compliment à faire.

Beau repaire. Michael Zadoorian. Fleuve 345p.     www.fleuve-editions.fr

 


 


Qu’est-il réellement arrivé à grand-père ?

Nous sommes en Italie en 2001. Bartolomeo, au lendemain de la mort de sa grand-mère, trouve dans un tiroir une lettre où son aïeule a écrit que son grand-père aurait « disparu probablement noyé ». Mais là où ça cloche dans la tête du petit-fils éploré, c’est qu’on a toujours raconté que son grand-père était mort au combat. Il va donc entreprendre une recherche pour en découdre qui va le mener à Londres dans le quartier de la Petite Italie. En compagnie d’une anglaise qui a connu ses grands-parents il va tenter de connaître la vérité. Qui en réalité tient un peu de deux énoncés, oui il est mort noyé et oui, en cours d’une attaque d’un sous-marin allemand contre un navire, l’Arandora Star qui rapatriait des ressortissants italiens vers le Canada. Voilà la toile de fond de Un cœur vaillant de Caterina Soffici qui mêle la réalité historique à la fiction et ce, avec une maestria qui force l’admiration.

Un cœur vaillant. Caterina Soffici. Les escales 261p.   www.lesescales.fr

 


 


Jules Verne avait compris l’importance des médias

Quand on referme la dernière page de l’essai Jules Verne et la culture médiatique un  collectif placé sous la direction de MM. Guillaume Pinson et Maxime Prévost on se plaît à imaginer à quel point l’auteur du Tour du monde en quatre-vingts jours aurait pris un plaisir fou à exploiter les réseaux sociaux. C’est que de son temps, et c’est l’objet de l’étude, Verne a utilisé au maximum les ressources médiatiques qui étaient à sa disposition alors, notamment la pléthore de journaux qui foisonnaient à son époque. C’est un des rares écrivains à comprendre l’importance des médias pour faire rayonner son travail. Avec le succès que l’on sait. Ce créateur de mythologies correspondait en tout point avec l’esprit de son temps et savait satisfaire ces besoins d’exotisme et d’aventures qui arrachaient les petites gens à leur misère en les faisant rêver. Et on ne se limite pas au vécu de Verne mais à son après. Comment l’œuvre a-t-elle pu se pérenniser.

Jules Verne et la culture médiatique. De la presse du XIXème siècle au steampunk. Sous la direction de Guillaume Pinson et Maxime Prévost. Presses de l’Université Laval 254p.   www.pulaval.com

   

 


 


Les souvenirs du roi de l’évasion

Sur la couverture de ses souvenirs François Besse se présente tel un vieux beau, âgé de 75 ans. Et quelle vie. C’est le roi de l’évasion en France, avec sept fuites de tôle en carrière criminelle. C’est un braqueur qui s’en prenait à des commerces, et heureusement son triste palmarès ne compte aucun bain de sang. Il s’est un temps associé à Mesrine qui le traitait de moine. Car Besse ne partageait pas son goût de la vengeance et du sang. Ils se sépareront après une évasion spectaculaire du quartier de haute sécurité de la prison de Fresnes. C’est raconté avec un dynamisme qui nous captive. Comment se sent-on quand on fait partie des plus recherchés par la police et même avec une condamnation à mort par contumace sur le dos ? Quand il sera repris une dernière fois, c’est le procureur général qui généralement poursuit l’accusé, qui réclamera une sorte de clémence en terme d’emprisonnement avec pour idée que le malfrat présentait énormément de potentiel de libération. Effectivement il ne se trompera pas. Besse entreprendra en prison des études en philosophie et lira tout Spinoza. A la fin de son terme d’incarcération il fera du travail social, notamment auprès des sans domicile fixe au sein de l’organisation Emmaüs défi. Une vie pas comme les autres que vous lirez avec bonheur car c’est un livre d’espérance.

Cavales. François Besse. Plon 248p.    www.plon.fr

    

 


 


Simon Labrecque et ses petites touches québécoise

Difficile de classer la démarche de Simon Labrecque avec sa plaquette Un désir de liens sous-titré « La mémoire qui nous agite ». Ne vous fiez pas à la quatrième de couverture pour en saisir le contenu, car l’hermétisme de sa présentation peut vous faire reculer. Car au contraire, l’intérieur vaut le détour. Ce sont de petits textes qui touchent à tout, de L’amélanchier de Jacques Ferron, à une vente d’une toile de Saint-Jérôme à la proclamation de Denys 1er à l’Anse-Saint-Jean, seul monarque québécois à ce jour. Et il ya beaucoup de limpidité dans les commentaires. Ça nous donne des aperçus de la civilisation québécoise comme l’aspect politique de la structure de nos paroisses. Bref ceux qui ont un goût de québécitude savent où se loger.

Un désir de liens. Simon Labrecque. Liber 153p.    

 


 


Journal d’hôpital

Olivier Blais a un parcours singulier. D’abord étudiant en sexologie, il a obtenu un diplôme en musique ainsi qu’en communication et surdité. On voit que ses centres d’intérêt sont très diversifiés. Ne lui manquait que l’écriture. Et pour ce faire il n’a pas eu à être confronté au syndrome de la page blanche car il a puisé son sujet avec son expérience d’une tumeur à l’hypophyse. Avec tout le cortège de traitements en radiographies. Il y a de quoi écrire, surtout quand vous devez franchir cette course à obstacle contre la « bête » qui vous dévore. Ça donne Chroniques de radiothérapie et autres divagations. C’est « punché » en diable et vous saurez tout ce qui vous attend dans nos chers hôpitaux si vous avez à subir ces épreuves, ce qu’on ne vous souhaite pas. Chapeau l’auteur à qui les radiations ont inspiré ces belles pages chargées d’humanité.

Chroniques de radiothérapie et autres divagations. Olivier Blais. La plume d’or 173p.     www.lpd.com

 

 


 


Découverte indienne de la culture et du corps des américaines

Itinéraire d’un singe amoureux de Amitava Kumar est notifié roman mais il a tout d’une autobiographie. Celle d’un jeune indien qui quitte son pays pour entreprendre des études à l’Université Columbia de New York. On est au début des années quatre vingt-dix Quel choc culturel pour cet homme. Comme si on n’avait jamais vu d’immigrants alors qu’on oublie que le pays de l’Oncle Sam s’est forgé d’immigrants. Oui c’est vrai, ils étaient pour la plupart de type caucasien. Donc adaptation pour notre universitaire qui en même temps est subjugué par l’allure des jeunes américaines qui viennent alimenter ses fantasmes. Cet exil sera riche d’enseignements, surtout sur lui-même. C’est quasiment un voyage initiatique. L’auteur est aujourd’hui professeur au chic collège Vassar, là où a étudié Jackie Kennedy dans sa jeunesse. C’est un livre d’une grande intelligence car il fourmille de détails sur la culture de nos voisins au sud de la frontière. Où l’acceptation de la différence n’est pas acquise quand on n’est pas blanc et protestant.

Itinéraire d’un singe amoureux. Amitava Kumar. Gallimard 342p.   

  

 


 


C’est quoi un poème ?

En catimini le poète Paul Chamberland est entré dans le club des octogénaires. Et il ne cesse d’explorer la littérature et ses méandres. Surtout la poésie son champ de bataille ou de bonheur plutôt. Il publie Le dire vrai du poème qui est un collage d’essais déjà publiés ainsi que inédits où il s’interroge à haute voix sur la poésie. C’est une réflexion étoffée. Et cette publication trouvera un écho intéressant auprès de ceux qui comptent entrer en poésie comme d’autres en religion. Quand devient-on poète ou que l’on sait que l’on fait de la poésie ? Cette anthologie en est une de définitions de la poésie.

Le dire vrai du poème. Paul Chamberland. Le Noroît 169p.    www.lenoroit.com

   

 


 


Deux livres sur l’art de vendre.

La chose peut sembler galvaudée mais vendre a quelque chose de l’art car il faut du talent pour ce faire. Comment arracher un consentement à un client, demande toute une finesse de psychologie de la nature humaine. Si vous vendez quelque chose dans la vie, ne serait-ce que vous-mêmes, deux titres paraissent aux éditions Béliveau qui vous intéresseront au premier chef et écrit par deux conférenciers du domaine. D’abord Yannick Pagé et un classique dans son genre L’ABC de la vente et de la représentation. Il aborde des aspects périphériques du secteur qui n’avait pas été exploité auparavant. Ailleurs c’est Vincent Fournier qui présente Arrêtez de vendre et laissez vos clients vous acheter. Qui en passant est une édition revue et augmentée. Avec ces deux livres vous avez vraiment les principes fondamentaux de la vente, qui vous évitera d’en lire davantage.

 

 


 


Un labyrinthe familial

Comment réagiriez-vous madame si une vieille dame vous croisait et qui dirait vous connaître depuis longtemps. Et pour ajouter un supplément de mystère, ajoute vous avoir vu dans une ville où vous n’avez jamais mis les pieds, avec en prime un détail, qu’elle sait que vous portiez ce jour là une perruque d’une autre couleur ? C’est ce qui arrive avec Romane le personnage principal de La vie m’attendait de Julien Sandrel. Ce roman est à rebours d’un courant où on fait éclater l’hypocrisie des familles. Dans ces pages, c’est plutôt un beau plaidoyer en faveur des liens familiaux qui peuvent s’avérer utile quand on traverse des soubresauts de vie, comme quand la santé n’est pas au rendez-vous. C’est écrit avec une limpidité qui fait traverser les pages à toute vitesse. On découvre en même temps que Romane les surprises qui l’attendent.

La vie qui m’attendait. Julien Sandrel. Calmann Lévy 317p.    www.calmann-levy.fr

 

 


 


Harmonie laïque et religieuse

La question de la laïcité au Québec est récurrente dans l’actualité et c’est même devenu un sujet explosif venant juste derrière la nitroglycérine. Et ça touche tous les pays occidentaux en butte aux phénomènes migratoires. Les camps sont vraiment divisés entre les partisans du port ostentatoire des signes religieux même dans la fonction publique et ceux qui sont des tenants que toute démonstration religieuse doit se confiner aux quatre murs de son chez soi ou au temple. Toute une littérature faite d’essais éclairants, permet de se faire une idée. Comme celui de Gérard Lévesque ancien professeur de philosophie au cégep de Sainte-Foy qui débarque avec La laïcité en harmonie avec la liberté religieuse. Sans le savoir il a une approche confucianiste avec Confucius avait enseigné à ses disciples que le soleil éclaire à la fois les roses et les tulipes. La question fondamentale ici, est qu’est-ce qui coïncide le mieux avec le bien commun ?

La laïcité en harmonie avec la liberté religieuse. Gérard Lévesque. Liber 204p.     

  

 


 


L’histoire captivante du Colisée de Rome

Il est peuplé de mille chats, est le monument le plus visité de Rome, 4 millions de visiteurs par année, nous avons nommé Le Colisée construit par Vespasien tout à sa gloire. Le commun des mortels, même un romain, serait bien en peine de raconter, ne serait-ce qu’une anecdote concernant cette arène qui fut le plus imposant de la capitale. Eh bien nous avons deux guides absolument fantastiques Keith Hopkins et Mary Beard qui sont les profs d’histoire comme on aurait aimé en avoir dans nos classes. Ils déboulonnent bien des idées reçus notamment la vision que nous en donnaient les péplums hollywoodiens. On apprendra que pour un immeuble aussi imposant, on l’utilisait à peu près pas, un jour sur cinq en moyenne. Si à Montréal on trouve imposant le Centre Bell avec ses vint mille spectateurs, que dire de cet édifice qui pouvait en accueillir cinquante mille. On verra qu’il existait un système bien organisé des promotions des événements qui s’y produisaient dont les moins glorieux, la mort des chrétiens offert en spectacle à l’auditoire gorgé de sang. Le sublime le dispute à l’horrible. Les auteurs nous donnent le goût de prendre le premier avion en partance pour Rome.

Le Colisée. Keith Hopkins et Mary Beard. Tallandier 268p.    www.tallandier.com

 


 


L’homosexualité parisienne durant les années folles

Nous avons une affection particulière pour les éditions Séguier qui se sont trouvé un créneau amusant du côté de tout ce qui est marginal. Et là il frappe dans le mille en exhumant des vieux grimoires un roman sorti en 1929 Au Poiss’ d’or d’Alec Scouffi qui portraiture comment se vivait l’amour qui n’ose dire son nom au cours des nuits parisiennes. On a beaucoup glosé sur le Paris by night où tout était permis. Mais en réalité, excusez le jeu de mot facile, ce n’était pas si rose. A commencer par le romancier dont on croit qu’il a été assassiné par un amant de fortune. L’histoire raconte celle d’un jeune homme qui débarque à Paris en provenance de Saint-Germain-en-Laye. Le Poiss » d’or qui donne son titre au livre est un petit hôtel bien ordinaire au pied de Montmartre et où il crèche et où il vit ses amours clandestines. C’est tout une faune qui revit sous nos yeux. Et chapeau à l’éditeur pour la trouvaille pour cette perle où on voit bien que l’homosexualité se vivait assez dramatiquement au final et dans les radars des forces de l’ordre qui ne badinait pas avec la morale.

Au Poiss’ d’or. Alec Scouffi. Séguier 274p.    www.editions-seguier.fr

   

 


 


Voir de quoi à l’air un démiurge de l’écriture

Chez Séguier on a eu la bonne idée de redonner vie à un ensemble de textes écrits par Léon Daudet (1867-1942) fils du grand Alphonse Daudet. Tout un personnage que cet homme qui fut à la fois journaliste, écrivain et homme politique de droite, ami d’enfance de Marcel Proust, et malheureusement antisémite. Comment faisait-il lui toujours dans l’action et avec le suicide de son fils continuellement en tête, a-t-il pu écrire autant. On dénombre 300 opus à la Bibliothèque nationale portant sa signature. Le communiqué de presse qui accompagne ces Écrits d’exil allant de 1927 à l’année suivante rapporte qu’en seulement vingt-neuf mois il a pondu une vingtaine de livres. Mais la chronique rapporte qu’il n’a pas eu le succès d’audience escompté. Mais rien ne le décourageait tout à sa passion écrivaine. On a donc rassemblé dans ce qui sort aujourd’hui différents écrits dont des portraits d’hommes illustres dont Hugo dont il épousa la petite-fille, une union qui ne résistera pas très longtemps au temps. L’intérêt de cette lecture c’est que bien qu’il ait été critiqué de toutes parts, on reconnaissait unanimement cet immense talent qu’il avait de bien décrire les êtres humains. C’était un grand observateur de ses contemporains. Proust le compara au mémorialiste Saint-Simon, ce qui n’est quand même pas rien.

Écrits d’exil 1927-1928. Léon Daudet. Séguier 301p.    www.editions-seguier.fr

  

 


 


Un roman sur le grand dérangement

René Verville est à la ville un ingénieur électricien retraité mais c’est aussi un passionné d’histoire, celle de Nouvelle-France et tout particulièrement celle de l’Acadie. Il nous arrive donc avec un roman L’Acadie du capitaine Dunning. Qu’il situe à l’époque de triste épisode de l’histoire de l’Acadie, le grand dérangement, au moment où les forces anglaises forceront l’exil, notamment en Nouvelle-Angleterre. Le personnage principal qui donne son titre au livre, est justement un de ces capitaines de vaisseau qui doit convoyer des familles entières vers Williamsburg en Virginie. Et un de ses collègues également capitaine de vaisseau, lui pose un défi, à savoir que le dernier qui arrivera au cap Charles à l’embouchure de la baie de Chesapeake, devra payer la traite au vainqueur sous forme de beuverie et d’une nuitée avec une prostituée à Boston. Sauf que cet arrangement va être singulièrement perturbé par le fait que le capitaine Andrew Dunning battra la chamade pour une acadienne à son bord. C’est comme vous le voyez une romance historique. Il y a aussi le climat de l’époque, bien décrit qui repose sans doute sur des recherches préalables. Bref pour les adeptes du genre, c’est du bonbon.

L’Acadie du capitaine Dunning. René Verville. Fides 281p.    www.groupefides.com

 


 


Politique et économie face aux ressources naturelles à protéger

Les essais sont merveilleux lorsqu’ils sont publiés au moment où des sujets sociaux d’envergure font débat et qui permettent d’approfondir tous les aspects d’une problématique. C’est le cas de Penser le gouvernement des ressources naturelles un collectif placé sous la direction de Didier Busca de l’Université de Toulouse et de Nathalie Lewis de l’Université du Québec à Rimouski. Les participants à cette recherche fouillée examinent tous les enjeux liés à la protection de l’environnement. Et on rappelle des observations faites à la fois en France et au Québec. Comme les contributeurs viennent d’horizons divers, plusieurs aspects de la question sont au feuilleton. Un autre vibrant plaidoyer pour la préservation de nos ressources naturelles.

Penser le gouvernement des ressources naturelles. Sous la direction de Didier Busca et Nathalie Lewis. Presses de l’Université Laval 471p.  www.pulaval.com

 


 


Se soulager du fardeau familial

La montréalaise d’origine colombienne Maria Christina Jimenez nous arrive avec une saga familiale qui a pour décor la cordillère des Andes. Nous voyons vivre une famille modeste, voire pauvre avec un petit garçon, personnage central, prénommé Pablo qui doit composer avec le lourd vécu d’une mère et d’un père alcoolique. Et il se fait bien la promesse de ne pas être comme eux au fur et à mesure où il grandira. C’est ce qu’il fera pour lui-même et sa descendance. S’il n’a pas eu d’emprise sur le passé, il entend bien régenter l’avenir avec des principes de supériorité et surtout de virilité. Mais le problème c’est que même le futur on ne le gère pas. C’est une fresque humaine, très humaine qui nous est offerte avec des tempéraments forts. Vous aimerez assurément. Le problème c’est que ça se lit trop vite.

La colombe et le corbeau. Maria Christina Jimenez. Fides 183p.   www.groupefides.com

    

 


 


Une épopée dans la Perse du début du XXème siècle

La Perse comme l’Iran, au choix, n’a jamais été une terre tranquille. Il y a de quoi alimenter bien des romans. Eh bien c’est ce qu’a fait Parisa Reza qui s’inspire de ce qui s’est passé en 1908 alors que la Perse est sous la gouverne d’une monarchie constitutionnelle. Le shah, le monarque en somme, sera en guerre contre les édiles du peuple et fera bombarder le parlement pour assujettir le pays à son pouvoir. Il faut rappeler que ça ne fait pas deux ans que le pays est sous monarchie constitutionnelle au prix d’une révolution. Il s’en déroule donc une deuxième. Et c’est là que le roman fait intervenir un précepteur français auprès d’un prince iranien. Tous deux se retrouvent à Tabriz, une ville qui ne veut pas se soumettre au joug royal. S’ensuit des combats violents. Et le prince va s’en prendre aux rebelles. Le précepteur choisit de même son camp. C’est une épopée vibrante qui a réellement eu lieu et qui permet d’installer des êtres de première grandeur. Ce pourrait faire un sacré beau film. Avis aux scénaristes en panne d’imagination.

Les confessions d’un anarchiste. Parisa Reza. Gallimard 246p.

   

 


 


Un thriller sur la rade de Cherbourg

Il y a des vocations tardives en littérature qui valent la peine. Prenez Charles Daubas qui à 38 ans publie son premier roman Cherbourg. Le titre est tout simple et se limite au simple nom de la ville. Mais qu’est-ce qui attend le lecteur curieux! En effet, ce thriller débute par une explosion mystérieuse d’une partie de la rade de la ville. Qu’on s’explique difficilement et tout le monde se lance la balle. Ça prend alors des proportions inattendues. Et voilà qu’en prime un adolescent affirme qu’un de ses amis est disparu au cours de l’accident. Avec un seul de ces ingrédients il y aurait motif à construire quelque chose de bien, mais ave tous ces éléments qui s’entrecroisent, l’écrivain novice n’a plus le syndrome de la page blanche. C’est une nouvelle carrière littéraire à suivre assurément.

Cherbourg. Charles Daubas. Gallimard 178p.

    

 


 


Un millénium se jure de devenir le futur parrain de Naples

Roberto Saviano depuis son célèbre roman Gomorra, n’a cessé de décrypter les méthodes de la mafia. Ce qui lui vaut depuis ce temps d’être sous surveillance constante des forces de l’ordre. Est-ce que ça met un frein à sa mission d’écriture toute particulière ? Bien sûr que non. On se souviendra de son best-seller « Piranhas » où le sang coulait à flot dans les rues de Naples. Il persiste et signe avec Baiser féroce où le jeune Nicolas avec ses acolytes, très jeunes en passant, n’a qu’un but en tête, mettre la main sur Naples et en devenir le prochain parrain. Et encore là que de sang versé, sans compter le code d’honneur qui en prend pour son rhume. Réussira t-il son coup ? On vous le laisse le découvrir. C’est du Saviano pur jus, qui ne déçoit en aucune façon.

Baiser féroce. Roberto Saviano. Gallimard 398p.

    

 


 


Un Mary Higgins Clark commémoratif

L’année 2015 marqua le 70ème anniversaire des « Mystery Writers of America » qui rassemblent les grosses pointures de la littérature policière américaine. Et parmi les événements commémoratifs on avait demandé à la reine tout azimut du polar made in U.S.A Mary Higgins Clark d’y aller d’une contribution. Et cela prend la forme d’une anthologie de nouvelles regroupée sous le titre Meurtres à Manhattan dans sa traduction française qui nous parvient. La célébrissime auteure a convié des confrères écrivains à pondre chacun une nouvelle policière ayant pour thème le quartier de Manhattan. Et elle-même en présente une intitulée « La robe à cinq dollars ». Comme elle le dit en introduction, le genre du polar était méprisé par les soient-disant amants de la « grande littérature ». Depuis, on s’est rendu compte que ce style a atteint ses lettres de noblesse et ces nouvelles qu’on nous offre le démontre bien. C’est un beau tribut à ne pas manquer.

Meurtres à Manhattan. Mary Higgins Clark présente. Albin Michel 376p.    

   

 


 


Le coin Miam miam

Tassez vos livres de cuisine pour faire place à deux autres ouvrages qui viendront enrichir votre collection de recettes. D’abord chez Broquet Mangez végane de Gina Steer et Saskia Fraser. La jeune génération, plus soucieuse de santé que jamais, fait bien attention à ce qu’elle ingurgite. La meilleure preuve rien qu’à Montréal, c’est déclin des delicatessen où jadis les gens venaient s’empiffrer de gros plats grecs avec deux ou trois féculents. La propagande végétalienne a fait depuis des petits et maintenant, retour de situation, c’est à celui ou celle qui serait le plus fidèle au crédo de l’alimentation végane. Et il ne faut pas oublier au passage ce qui a changé la donne considérablement, à savoir la préoccupation du sort animal. La littérature végane est nombreuse, mais celui de ces deux auteures, vaut le détour par le savoureux des plats présentés. Tellement santé. Comme ce pâté aux champignons et vin rouge, la salade chinoise avec vinaigrette, soya et gingembre ou encore la délicieuse cocotte de légumes et lentilles.

Chez Fides de Mélinda Wilson voici Fleurs comestibles du jardin à la table. Il complète très bien l’ouvrage précédent sur la cuisine végane car nous n’avons ici qu’à de la flore comestible. Ce livre est devenu un classique puisqu’on en est à sa troisième réédition, avec encore plus de fleurs au menu. L’auteure habite la charmante localité de Racine en Estrie. Chez elle, sa vocation était prédestinait, car sans la savoir, toute enfant, elle mangeait des fleurs! Si vous ne connaissez pas encore cet ouvrage de référence, il se présente comme un glossaire de toutes les fleurs que peut ingurgiter un être humain, avec pour chacune une fiche signalétique complète avec leurs utilisations particulières et le temps de séchage. Sans le vouloir, son livre est devenu le plus tendance qui soit. Et au passage de belles photos viennent enrichir la présentation graphique en même temps qu’elles contribuent à leur reconnaissance dans les champs.

  

 


 


Chanter la montagne

L’éditeur Hoëbeke a eu l’ingénieuse idée d’exhumer un trésor de la littérature alpine, Contes à pic de Samivel qui était le pseudonyme de Paul Gayet-Tancrède (1907-1992). Ce livre est paru pour la première fois en 1951. Dans ces petits contes l’auteur fait « chanter la montagne » selon les termes de l’éditeur. Et ça donne des variétés de couleurs littéraires intéressantes. Le talent est vraiment au rendez-vous. Ensuite il y a chez l’écrivain une richesse stylistique sans pareil qui fait que chaque histoire à sa tonalité. Et on a vraiment l’impression de chapitre en chapitres, que ce serait écrit comme par un collectif. Bref, un petit bijou qui sera une véritable récréation pour l’esprit.

Contes à pic. Samivel. Hoëbeke 192p.   www.hoebeke.fr

   

 


 


Une autiste Asperger qui est frappée par Cupidon

Disons le tout de go The kiss quotient  de Helen Hoang est une romance. Mais elle a ceci de singulier que l’héroïne est atteinte d’autisme et d’Asperger tout particulièrement. Ce qui est un syndrome, du moins l’autisme, plus répandu qu’on ne le pense. Rien qu’avec ceux-ci sur la planète, l’écrivaine est assurée d’un vaste lectorat. Et elle a écrit son roman en connaissance cause puisqu’elle est elle-même une Asperger. Et c’est de sa propre expérience qu’elle a trouvé la matière pour son sujet qui n’est pas banal. L’histoire de Stella Lane, Asperger de son état, dont le caractère est fracturé entre une timidité et un côté sans filtre déconcertant. Bien que de se mettre en couple est très loin de la réalité, au point même de ne pas en voir la nécessité, elle subit des pressions, notamment de sa mère. Car une femme célibataire encore de nos jours c’est inconcevable. Elle va donc se mettre en quête d’un mâle. Et il apparaîtra sous la forme d’une escorte masculine. Voyez la suite qui va changer radicalement la vie de Stella.

The kiss quotient. Helen Hoang. Hugo roman 345p.   www.hugoetcie.fr

 

 


 


Variations poétiquement colorées sur le temps qui passe

Le titre de ce recueil de poésie Mes souliers me font mourir peut laisser croire à quelque chose de très terre à terre. Au contraire, cette petite plaquette qui a valu à la poétesse Robyn Sarah en 2015 le prix du Gouverneur général comporte de sacrées belles envolées. Extrait « Et les grappes pendaient des arbres en été sur des branches qui se berçaient au vent, c’était l’été quand partout on entendait des cris de nouveau-nés ». Réalisme certes mais beaucoup imagé. Comme des variations poétiquement colorés. Un peu comme le ferait un peintre avec différents essais. Bref de la poésie de haut niveau qui mérite bien son prix.

Mes souliers me font mourir. Robyn Sarah. Les éditions du Noroît 92p.    www.lenoroit.com

   

 


 


Dans la tête à Papineau

Le communiqué qui accompagne la sortie de Louis-Joseph Papineau, un demi-siècle de combat chez Fides rappelle que cet homme fut sans conteste la personnalité publique la plus en vue de la première moitié du XIXème siècle au Québec. Et pour ses contemporains il avait une intelligence si vite, qu’il a généré une expression qui s’est perpétué par la suite « Avoir une tête à Papineau ». S’il avait effectivement une tête bien remplie et bien faite, ses écrits en sont le reflet. C’est pourquoi on aura intérêt à lire cette anthologie de ses interventions publiques. Ça s’échelonne de 1822 à 1867, année de la Confédération qui donna naissance au Canada. On doit ce travail de sélection des textes à MM. Yvan Lamonde et Claude Larin.

Louis-Joseph Papineau. Un demi-siècle de combat. Louis-Joseph Papineau. Fides 416p.  

   

 


 


Un flic en jupon d’Hollywood acharnée

Renée Ballard est le personnage central de, En attendant le jour de Michael Connelly. C’est une enquêteuse au sein du corps de Hollywood. Dire qu’elle est une passionnée de son métier est bien en dessous de la réalité, elle en mange. Tellement, qu’au mépris des instructions de sa hiérarchie, elle va même entreprendre, elle qui est quart de nuit, des enquêtes de jour. Elle est peut-être carencée côté sommeil, mais l’adrénaline prend le relais. Surtout qu’elle est sur deux affaires qu’elle veut élucider à tout prix, la mort d’un prostitué mâle et celle d’une fille dans un night-club. Malgré les avertissements de ses supérieurs, elle n’en a cure, il lui faut résoudre ces homicides. Vous adorerez la détermination de cette femme sans peurs et sans reproches comme on dit communément.

En attendant le jour. Michael Connelly. Calmann-Lévy 418p.    www.calmann-levy-noir.fr

 

 


 


L’histoire trop méconnue des pilotes de chasse femme en URSS

Il y a quelques semaines, on diffusa à la télé, un formidable et rare documentaire su un pan méconnu de la Seconde guerre mondiale, à savoir l’importante contribution des femmes dans l’armée soviétique, tant dans les airs comme pilotes de chasse que sur la terre dans les régiments d’infanterie. Si vous avez raté cette diffusion ou que vous l’avez vu mais que vous auriez aimé en savoir davantage, voici que sort Femmes dans un ciel de guerre de Martine Gay qui se penche sur la contribution des aviatrices russes entre 1941-1945. C’est une pilote Marina Raskova qui convainquit la défense soviétique de recruter et de former en un temps record des jeunes filles qui allaient seconder l’effort de guerre. S’il y avait bien un communisme égalitaire ce fut sous cet aspect qu’il se vit. Les novices de l’air étaient tout de même jeunes, entre 17 et 25 ans. Qui se montrèrent d’une vaillance telle qu’on leur accola des surnoms de femmes redoutables. L’auteure qui se fait historienne est elle-même pilote et a rencontré deux de ses femmes vétérans. C’est toute une épopée qui va se dérouler sous vos yeux et qui rend justice à ces femmes qui n’avaient pas froid aux yeux.

Femmes dans un ciel de guerre. Aviatrices russes 1941-1945. Martine Gay. Éditions JPO 149p.       www.editions-jpo.com

   

 


 


Pour être champion sur Instagram

Avec Facebook, Instagram l’emporte dans la cote de popularité des utilisateurs des réseaux sociaux. Pour la raison que l’on capitalise sur une donnée essentielle de notre civilisation numérique, l’image. Alors qu’autrefois en vacances on prenait deux rouleaux de films un week-end pour prendre quarante photos, aujourd’hui avec le téléphone intelligent ce sont des dizaines de milliers de photos qui sont rendus possibles et qui vont se retrouver fatalement sur Instagram. Mais comme tout le monde s’est lancé dans cette aventure visuelle, souvent avec des idées d’attirer l’attention au plan commercial, une certaine sélection s’est effectuée et il y a des règles à suivre pour cartonner sur la Toile. La californienne Leela Cyd est photographe styliste et elle est rompue sur la mise en scène des objets qu’elle doit mettre en valeur. Elle livre le fruit de son professionnalisme dans Donner du style à son Instagram. Une mine de renseignements appuyée par des photos explicatives. C’est un ouvrage de référence à garder auprès de soi pour y référer.

Donner du style à son Instagram. Leela Cyd. Ko éditions 192p. 

 

 


 


Le coin santé physique et psychique

Rupert Spika qui a été d’abord céramiste, a vu sa préoccupation du monde prendre tout son temps, de sorte qu’on le réclame partout comme conférencier. Disciple de Francis Lucille, mais surtout héritier de la sagesse hindouiste, il nous partage le fruit de quatre ans de réflexion sur La nature de la conscience, titre de son essai. A sa façon il nous met en garde contre l’étourdissement que procure la vie matérielle qui nous fait négliger là, où se trouve le vrai bonheur, c’est-à-dire la conscience. Jésus n’a-t-il pas dit que le royaume des cieux est en nous ? Cet ouvrage sur l’unité de l’esprit et de la matière comporte un chapitre dont le thème rejoint la multitude à savoir la recherche du bonheur.. Et il pointe ce qui nous blesse dans cette quête parsemé souvent de mirages. C’est aux éditions Accarias.

Enfin aux éditions du Dauphin Blanc, signalons la sortie de deux titres. D’abord de Bernard Baudoin « Le voyage de l’âme dans une nouvelle incarnation ». Captivé par ce qui se passe après la mort, son credo est que ce qu’il appelle une « re-naissance » est de même intensité au niveau de sens, voire plus, que la mort physique. Il explique aussi comment vivre son quotidien en pleine lumière. Ailleurs, un titre qui complétera très bien le précédent puisque son auteur Matt Kahn a expérimenté aussi jeune que l’âge de huit ans, une expérience hors du corps physique qui le marquera à jamais. On saura que l’âme n’est pas une entité statique mais qu’elle évolue constamment. Le titre ? Tout est là pour vous aider.

   

 


 


L’ultime patiente d’un psychanalyste

La psychologue danoise Cathrine Bomann entre dans la littérature avec Agathe qui fait déjà un carton. C’est un huis-clos entre un psychanalyste septuagénaire qui est plus proche du terminus avec un long passé de spécialiste des âmes. Un peu désabusé. Or au moment où chez lui opère une sorte de table rase, s’amène une patiente, Agathe, qui va le remuer passablement. Elle, elle est désabusée, se cherche comme celui chez qui elle vient consulter. Ils sont lucides, vidés mais ne désespère pas tout à fait. Et c’est cette lueur d’espoir mutuel qui va les amener vers un autre chemin où les lendemains qui chantent. Ce pourrait faire une belle pièce de théâtre ou un film superbe. Pour le moment faites-vous de belles images en parcourant ces chapitres magnifiques sur la condition humaine.

Agathe. Cathrine Bomann. La Peuplade 160p.    www.lapeuplade.com

 

 


 


Prenez garde à cette charmante fillette

L’historien Jean Teulé un géant au propre comme au figuré, sorte de sa zone de confort des histoires médiévales avec Gare à Lou!, une histoire fantastique qui met en scène une charmante jeune fille comme vous celle apparaissant en couverture et qui détient des pouvoirs. De sorte que, attention à celui ou celle qui n’obtient pas grave à ses yeux. Elle leur jette des sorts. Il fallait voir l’autre jour Tulé sur le plateau d’On n’est pas couché racontant l’histoire de la sélection de celle qui figure sur la jaquette. Au départ la désignée était toute honorée, mais l’auteur l’a prévenu qu’elle ne serait pas la même sur la photo de la quatrième de couverture, là où sa véritable nature se révèle. En bout de lecture vous adhérerez pleinement à l’adage qui veut que l’habit ne fait pas le moine.

Gare à Lou! Jean Teulé. Julliard 182p.     www.laffont.ca

 

 


 


Deux titres incontournables chez le Petit Pavé

Nous attirons votre attention sur la production des titres des éditions du Petit Pavé, qui tambour battant défend bien ses auteurs et on comprend pourquoi lorsqu’on met le nez dedans ces beaux ouvrages dont deux opus nous parviennent. Le premier signé Cécile Delile a pour titre Zola l’amoureux. La romancière qui en est à son quatrième titre semble avoir une prédilection pour les grandes figures artistiques de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. Et elle jette une lumière nouvelle sur ces « monuments ». Ainsi avec le célèbre auteur de J’accuse lors de l’affaire Dreyfus, elle s’attache à la dimension amoureuse de l’écrivain. C’est une sorte de biographie romancée où si les faits sont exacts elle imagine les scènes. Un peu comme un producteur de documentaire qui reproduit des scènes pour ses plans, faute du matériel disponible. On le suite sur les routes de Médan, tandis qu’il enfourche sa bicyclette et qu’il photographie ses belles. Car on cœur a été parfois divisé comme vous le verrez. On appréciera la belle stylistique dynamique de l’écrivaine qui nous raconte, faut-il le mentionner, une sacrée belle romance.

Puis changement de tonalité avec Anatole le guérisseur de Philippe Audureau. Qui nous intéressera au premier chef parce que le protagoniste dans ses pérégrinations va venir s’établir en Nouvelle-France au moment de la Conquête par les anglais. C’est donc un pur roman qui nous est conté, celui de ce bonhomme qui était régisseur dans un domaine et qui, tel un romanichel va sillonner la douce France, en roulotte avec sa jument Philomène et son chien Socrate. Comme cargaison, des potions et onguents dignes d’un apothicaire mobile. Il va finir par crécher dans une famille du Bas-Poitou, mais la stabilité qu’il croit trouver sera de courte durée. Bref, il émigre au Québec, la nouvelle appellation de la Nouvelle-France. On est alors sous le régime anglais. Il fera la rencontre d’une dame, comtesse de son état mais rejetée par les siens. Et par des détours sinueux de l’existence il va finir par accepter un nouveau mode de vie chez des amérindiens. Avez la moitié de ces faits, vous avez déjà de quoi structurer tout un roman. Là c’est à une véritable fresque de vie à la quelle nous sommes témoins. L’auteur nous apprend on aime le choc des cultures. Il réussit très bien à démontrer son intérêt dans ces pages fulgurantes.

 

 


 


L’ABC pour devenir un tribun

Le poète Boileau disait en son temps que ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire viennent aisément. C’est un peu à quoi on pensait en feuilletant ce formidable traité d’élocution Briller à l’oral pour les nuls par l’avocat Charles Haroche qui est un animateur de concours d’éloquences en France. Il livre ici les préceptes fondamentaux pour être capable de capter l’attention. Et ça vaut pour le monde du travail où à valeur égale au plan professionnel, un employeur sera plus tenté par un postulant qui maîtrise le verbe. Un must dans son genre.

Briller à l’oral pour les nuls. Charles Haroche. First 357p.    www.pourlesnuls.fr

 

 


 


Des maîtres brasseurs explorent la bière artisanale dite fermière

Le tandem formé par Martin Thibault et David Lévesque Gendron se sont fait largement connaître par de précédents ouvrages sur la bière qui en ont fait rapidement des sommités dans leur domaine. Et ce n’est pas terminé. A preuve Le goût de la bière fermière Vous apprendrez en leur compagnie à faire la distinction entre la saveur fermière et le brassage fermier. En plus comme ils se déplacent de par le monde pour connaître des techniques qui sont propres à des cultures, c’est un supplément de connaissances brassicoles qui nous est partagé. Et comme toujours pour leurs bouquins, l’éditeur a apporté un soin jaloux à la présentation graphique. Un indispensable dans votre bibliothèque culinaire.

Le goût de la bière fermière. Martin Thibault et David Lévesque Gendron. Druide 278p.      www.editionsdruide.com

 

 


 


On décortique comment Macron a emporté l’Élysée

L’actuel locataire de l’Élysée a stupéfié tous les analystes en créant un phénomène inédit, faire voler en éclats tant la gauche que la droite et en réussissant avec son mouvement s’emparer du pouvoir. Ensuite, Emmanuel Macron ne venait pas du sérail habituel d’un parti politique. Puis il y a l’étonnante jeunesse  qui en fait le plus jeune président de la République de l’Histoire de France. Un trio formé de Bernard Dolez, Julien Fretel et Rémi Lefebvre refont la suite des événements qui ont concouru à cet exploit de La République en Marche, nom du mouvement vainqueur. Ils décortiquent le contexte qui a permis ce précédent. En même temps ils démontrent le vieil adage qu’à vaincre sans périls on triomphe sans gloire et que ce nouveau pouvoir repose sur des assises fragiles. C’est la meilleure analyse du genre sur le régime en place. Un magistral cours de sciences politiques.

L’entreprise Macron. Bernard Dolez, Julien Fretel et Rémi Lefebvre. PUG 269p.     www.pug.fr

 

 


 


Mariages, pour le meilleur ou pour le rire

La meilleure illustration du célèbre vœu rituel du mariage vous allez le trouver dans Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla de Jean-Christophe Rufin qui nous fait découvrir un type Edgar qui roule sa bosse comme il peut, mais doté de grandes ambitions et Ludmilla une cantatrice lyrique originaire d’Ukraine. La conjoncture des astres a fait en sorte que ces deux êtres improbables ont fini par former un couple. Mais quel couple, ils se sont mariés autant de fois que le titre, séparés ensuite. Mais ce qui demeure la constante et le message du roman, c’est que quoi qu’il advienne, on s’aime tout de même et on tient bon. Avis à ceux dont les unions dites durables ne durent généralement pas plus de deux années.

Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla. Jean-Christophe Rufin. Gallimard 374p.

 

 


 


Une vision de la vie après la vie

Mitch Albom l’auteur aux trente-cinq millions de titres vendus va sans doute encore tutoyer le succès avec L’autre personne que j’ai rencontrée là-haut. Qui est en même temps un roman initiatique. C’est un vétéran de l’armée qui bosse maintenant comme mécanicien dans un parc d’attraction. En voulant sauver une jeune fille prénommée Annie, il va perdre la vie. Cette dernière fera son bout de chemin terrestre traînant avec elle un choc post-traumatique de cet incident dramatique. Elle mourra à son tour. Et qui verra t’elle dans l’Au-delà ? Ce cher Eddie. L’auteur a puisé son inspiration dans le souvenir d’un vieil oncle qui n’avait pas une grande estime de lui-même. Ce livre apaisera ceux qui nourrissent un tas d’inquiétudes sur ce qu’il advient après la mort physique. Ce n’est peut-être pas la réponse définitive mais cela amènera au moins un peu de quiétude métaphysique.

L’autre personne que j’ai rencontrée là-haut. Mitch Albom. Kero 215p.   www.editionskero.fr

 

 


 


L’antidote à cette obsession du jeunisme

Quelle époque qui n’en a que pour la jeunesse et où à trente-cinq ans dans certains domaines on vous considère déjà comme ringard. Et où des filles de vingt-cinq ans à peine se trouvent vieilles et sont déjà adeptes du Botox. Eh bien si vous en avez ras le bol de cette vision du monde, allez voir comment Hendrik Groen âgé de 85 ans a opéré une révolution de palais avec son groupe de vieux éclatés dans une résidence pour gens âgés d’Amsterdam. Tant qu’il y a de la vie est un roman. On doute même de l’identité de l’auteur. Mais ça c’est un détail au regard du contenu qui est jubilatoire. Les vieux qui font partie de son club sont comme des enfants qui multiplient des facéties qui enragent la gestionnaire de la maisonnée. C’est irrévérencieux, fait sauter les codes et est en même temps salutaire dans ce monde si formaté.

Tant qu’il y a de la vie. Journal d’Hendrik Groen, 85 ans. Presses de la Cité 413p.      www.pressesdelacite.com

 

 


 


Les victimes ? Une série d’enfants

A la ville Angélina Delcroix fait des études en psychothérapie. Si je serais grande est son second roman après « Ne la réveillez pas » qui a reçu un très bel accueil. Le sujet est cette fois morbide puisqu’il est question d’une série de crimes touchant des enfants. Une enquêteuse Joy Morel, enceinte de quatre mois, est mandatée pour élucider l’affaire. On pourra imaginer l’infinie délicatesse de ses supérieurs qui sachant son état, l’envoie tout de même sur ce terrain scabreux. Et effectivement ce qu’elle va découvrir dépasse l’entendement. On ne vous en dira pas plus pour ne pas bouder votre plaisir. Même si le thème n’est pas jojo, en revanche quel bonheur de lecture. Une auteure dont le nom est à suivre.

Si je serais grande. Angélina Delcroix. Nouvelles plumes 387p.   www.nouvellesplumes.com

 

 


 


Quand votre jeunesse vous saute au visage

C’est rare que l’on rapporte les citations des autres mais rendons à César ce qui lui est dû, c’est le New York Post qui a défini mieux qu’on ne saurait le faire nous-mêmes ce qui attend le lecteur de 37 fois de Christopher J. Yates. « Comme les couches d’un oignon, ce livre garde le lecteur accro à chaque révélation ». De quoi en est-il au juste ? Il était une fois trois adolescents, très liés, Hannah, Patrick et Matthew. A leur stade de vie, il s’est passé quelque chose que vous comprendrez qu’on ne vous dévoilera pas ici, de l’ordre du fait divers, qui va remonter à la surface des années plus tard. C’est qu’entretemps, les deux premiers ont convolé en juste noces. Comme Hannah est chroniqueuse judiciaire elle voudra revenir sur cet incident d’autrefois qui les a stigmatisés. Et Patrick ne prise pas trop cette investigation journalistique. Et le comparse Matthew s’amène à son tour dans le décor. Et on verra de pages en pages comme pour ces fameuses pelures d’oignons, sortir des squelettes du placard. Comme dit un collègue de la rédaction, on ne connaît vraiment quelqu’un que demain.

37 fois. Christopher J. Yates. Cherche midi 406p.    www.cherche-midi.com

 

 


 


Un shérif bien spécial

Le Mid-West américain est propice à de belles histoires comme celle que nous offre Anthony Neil Smith qui vit dans le Minnesota et qui a acquis ses lettres de noblesse dans le roman policier. Toujours dans son créneau il s’amène avec Lune noire. Son héros Billy Lafitte bossait comme enquêteur pour la police du Mississipi où ses façons de faire peu orthodoxes lui ont attiré des blâmes. On a eu un cas similaire il y a quelques années au Service de police de Montréal où un limier avait une interprétation assez élastique du code de procédure et qui pourtant lui valait d’être très efficace. Pour revenir à notre histoire américaine, au  final, pour s’en débarrasser, on l’envoie comme shérif adjoint dans un bled du Minnesota. Mais ça ne fera pas très longtemps que notre mec est dans sa nouvelle assignation qu’il y aura soudainement des morts en grand nombre. Ce qui lui vaudra d’être suspecté par le FBI. Est-ce que c’est lui qui aurait poussé trop loin le bouchon de justicier ? A lire.

Lune noire. Anthony Neil Smith. Sonatine 294p.    www.lisezsonatine.com

 

 


 


Homicide étrange en milieu universitaire israélien

Dommage que le roman israélien ne parvienne pas plus souvent à nous, car il y a des perles à découvrir comme ce Shlomo Sand qui est professeur d’histoire émérite à l’Université de Tel-Aviv. Il a donc choisi de situer son polar dans ce milieu qu’il connaît bien. Tout commence par l’assassinat d’un professeur d’histoire en renom. Puis bizarrement, ce sera au tour de son frère jumeau d’être exécuté. Et pour les enquêteurs, dont le commissaire Émile Markus mille conjonctures peut expliquer ces crimes. Ce qui ajoute à la l’étrangeté de ces affaires, c’est que les services secrets israéliens s’affairent à vouloir étouffer le tout. Comme le romancier puise dans ce qu’il connaît, on apprend que dans le milieu du haut savoir c’est loin d’être la fraternité qui règne au sein du corps enseignant. C’est une piste mais il y en a tant d’autres. Vous participerez à toutes les étapes de résolution de ces homicides. Vous avez là tout ce qu’il faut comme ingrédients pour faire un plat réussit. Eh que c’est bon!

La mort du khazar. Shlomo Sand. Le Seuil 381p.    www.seuil.com

 

 


 


 La pensée unique selon Mathieu Bock-Côté

Le chroniqueur et polémiste Mathieu Bock-Côté rage en ce moment. Et pour cause, il ne peut plus supporter cet état d’autocensure qui fait en sorte qu’il existe une dominante du politiquement correct. Il se fait sonneur d’alerte dans son essai L’empire du politiquement correct. Disons que sa démarche est volontairement faite pour se faire une niche au sein de l’intelligentsia française. Le style quel que peu exigeant est nettement au-dessus de ses chroniques au Journal de Montréal. Et l’appareil critique en fin d’ouvrage laisse croire à une thèse universitaire. Mais revenons à l’essentiel, le message. Tout est résumé dans une citation du début « « Or il n’y a pas de débat intellectuel là où il ne s’agit plus de démêler le vrai et le faux mais de dénoncer le mal ». Avec pour conséquence une menace pour la démocratie. Il ne cite pas la situation au Québec où il est interdit de faire des vagues et même une libraire montréalaise a tenté de l’empêcher de faire un débat sur place. C’est connu, la peur est la marque de commerce du fonds de commerce des québécois. Son propos s’en tient à des généralités admissibles et visibles un peu partout sur la planète, dont la montée des populismes. Bref, l’auteur à sa clientèle qui voudra explorer plus avant sa pensée critique.

L’empire du politiquement correct. Mathieu Bock-Côté. Cerf 300p.   www.editionsducerf.fr

 

 


 


Le livre le plus passionnant de l’année

Bien que l’année 2019 l’année ne soit pas terminée, on se hasarde à déclarer tout de go que le livre le plus passionnant est déjà trouvé et il a pour titre Flâneuse de Lauren Elkin. Elle s’est donnée le rôle de flâneuse et entreprend de raconter tout ce qu’elle voit de villes comme Paris, Tokyo, Londres et Venise. Avec un lot inépuisable d’anecdotes dans un luxe de détails. En sa compagnie on a vraiment le tempo des pays qu’elle rencontre. Comment elle prend le temps de s’asseoir dans une pizzeria quelconque de Venise pour bien observer la faune, de son inadaptation à la vie japonaise avec ses chauffeurs de taxi en gants blancs s’il-vous-plaît et banquettes recouvertes de dentelles. C’est une mine de renseignements sur l’état de ces grandes mégapoles. Avec des références à l’histoire et de grandes figures de la littérature féminine. L’auteure qui est docteure en études anglophones à l’Université Paris-Diderot, est également journaliste littéraire et publie dans des journaux aussi prestigieux que Le Monde, The Guardian et le New York Times. Vous sortirez de cette lecture, plus intelligent que lorsque vous êtes entré.

Flâneuse. Lauren Elkin. Hoebeke362p.      www.hoebeke.fr

 

 


 


Vagabonde à Berlin

D’abord avant de raconter ce qui attend le lecteur dans Kukolka de Lana Lux il faut vous dire un mot du parcours de l’écrivaine. D’abord elle est née à Dnepropetrovsk en Ukraine. Cette jeune femme de 33 ans a migré en Allemagne avec ses parents et à titre de réfugiés. Elle a ensuite entrepris des études en nutrition pour se consacrer à sa passion première le jeu d’actrice. Elle vit maintenant à Berlin. Son livre raconte des filles qui se retrouvent dans un orphelinat d’Ukraine. L’une des pensionnaires, Samira une tzigane brimée pour sa différence, trouve une amie en la personne de Marina. Son élue étant adoptée par la suite par un couple d’allemands, Samira prend la fuite de l’établissement pour la retrouver à Berlin. Dans cette dernière ville, sans ressources, elle sera accueillie par des vagabonds qui lui donneront les cours de base pour faire la manche. Comme elle est mignonne ça marche. Mais en même temps elle sera confrontée à une dure réalité des milieux mafieux de l’Europe de l’Est. La conclusion sera heureuse lorsque, tel était son désir elle retrouvera enfin son amie Marina. Tout ça écrit avec maestria.

Kukolka. Lana Lux. Denoël 340p.    www.denoel.fr

 


 


Une jeune fille éberluée par la voix de Maria Callas

Quand la BD est au service de la culture générale elle accomplit un travail salutaire. Comme ici avec Opératique de l’auteure Kyo Maclear et de l’illustrateur Byron Eggenschwiler qui a une longue feuille de route auprès de grands magazines. Ça raconte ce qui va se passer dans la vie de l’étudiante Charlie dont le cœur bat la chamade pour un garçon. Le prof a lancé le défi suivant, que chaque élève trouver une pièce musicale qui servira comme travail de fin d’année. Auparavant il aura fait entendre en classe la voix de la diva absolue, nous avons nommé Maria Callas. Comme un chemin de Damas pour la fille qui va se mettre en quête de découvrir ce que fut son existence. C’est à la fois instructif et permet au jeune lecteur d’être initié à l’art lyrique. Chapeau à la Pastèque pour cette belle sortie qui devrait se retrouver au programme obligatoire.

Opératique. Kyo Maclear et Byron Eggenschwiler. La Pastèque 157p.   www.lapasteque.com

 

 


 


Tout sur le Wax tissu emblématique de l’Afrique

Quand on voit les femmes et aussi les hommes, déambuler dans les rues d’Afrique dans leurs boubous ultra colorés, il y a une vision majestueuse que vient renforcer le fameux port de tête. Ce qu’on ignore, c’est que ces tissus voyants ont une histoire. Ils ne sont pas là par hasard. Ce tissu se nomme le wax. Et pour en savoir davantage, la référence érudite en la matière est l’anthropologue Anne Grosfilley qui est une experte mondialement reconnue en matière de tissus africains. Elle nous présente Wax 500 tissus qui est la somme de son savoir. Elle revient aussi loin en arrière que dans les années 20. On apprendra que différents thèmes sont exprimés dans les motifs, comme la migration ou bien la fertilité. On est estomaqué par la science dispensée dans ces vignettes éclairantes. Après avoir terminé cet album haut en couleurs va sans dire, vous ne reverrez plus les robes africaines de la même façon.

Wax 500 tissus. Anne Grosfilley. Éditions de La Martinière 381p.   www.editionsdelamartiniere.fr

 

 


 


 Le coin santé physique et psychique

Le stress est un véritable fléau dans nos sociétés. Et l’ère du numérique n’aide pas à enrayer le phénomène, bien au contraire. En plus que les employeurs rempilent avec des définitions de tâches à n’en plus finir. Et pour les femmes l’insoluble dilemme de la conciliation travail-famille. Quoi de plus pour en rendre dingues plusieurs. Marie-Louise Roy qui est coach, livre sa recette L’antidote au stress. Après avoir identifié les signes et symptômes, elle est partisane que la créativité peut venir à bout de notre épuisement. C’est aux éditions AdA.

Christian Tétreault est ce scripteur, écrivain et biographe bien connu des téléspectateurs. Il est entre autres derrière le succès de la série télévisuelle culte « Un gars, une fille ». Le succès ne résout pas tout et l’aisance matérielle qui vient avec. Il a eu la douleur de perdre un enfant, réputé être le premier des traumatismes dont on ne se relève que difficilement. C’est pourquoi il a tenu à témoigner que Nos enfants sont immortels aux éditions de L’Homme. Il fait partager des témoignages de gens qui sont passé par là. On sait qu’il a dû aussi lutter personnellement contre le démon de l’alcool. Il s’en ouvre pleinement pour ouvrir la voie à ceux qui sont enlisés dans leur dépendance. Bref, c’est un livre chargé d’humanité. L’auteur dispose d’une qualité recherchée dans ce monde si formaté, l’authenticité. Pour cette raison vous adorerez cette démarche écrite qui fera du bien à beaucoup de gens.
En thérapie c’est un fait admis que l’écriture est souvent un exutoire sensationnel pour se délivrer de l’émotion bonne ou mauvaise qui est enfermée en nous. Mais s’il semble aisé de prendre le crayon et de se mettre à écrire, il n’en demeure pas moins que devant la page blanche beaucoup sont freinés ou peinent à se relire. Guylaine Cliche anime des ateliers d’écriture. Son savoir elle l’a consigné dans un guide ayant pour titre Auteur de ma vie aux éditions Le Jour. Non seulement l’ouvrage livre les petits trucs de la professeure, mais en plus on a un accès audio à une visualisation guidée. Les conseils qu’on y trouvent peuvent trouver d’autres applications, comme d’écrire ses souvenirs posthumes que la famille découvrira après notre décès, etc.

 


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